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Chaussées de 1848, montre : 1° que l'endiguement longitudinal augmente la hauteur et la rapidité d'écoulement des crues; 2° que l'uniformité de vitesse dans toute la section transversale d'une crue ainsi endiguée, s'oppose au dépôt des alluvions, qui, dans l'état naturel du fleuve, se serait effectuée dans les parties des plaines éloignées du Thalweg, où la vitesse est toujours presque nulle; de sorte que toutes les alluvions ont été transportées à la mer; de là, envasement de l'embouchure du fleuve. Cet endiguement ne met pas d'ailleurs le pays dans une sécurité complète; les divagations du fleuve menacent perpétuellement les digues qui ont éprouvé de fréquentes ruptures, et les inondations qui en sont résultées ont été bien plus dangereuses que celles causées par les crues d'un fleuve libre.

Il y a encore, dit M. Belgrand dans une note à ses Études hydrologiques sur le bassin de la Seine, les inconvénients inhérents à tout système d'endiguement, tels que dépenses premières, dépréciation des plaines comprises entre les rives du fleuve et les digues, exhaussement obligé de tous les ponts en raison de l'exhaussement des crues, endiguement de tous les affluents jusqu'au plus mince ruisseau, difficultés d'établissement des voies de communication parallèles aux vallées, etc. Avant donc, ajoute M. Belgrand, d'entreprendre l'endiguement d'une rivière, on doit en peser toutes les conséquences, avec d'autant plus de soin qu'une fois engagé dans cette voie on ne peut plus reculer, et qu'une fois le lit endigué, il faut renoncer à revenir à l'état primitif. Les digues transversales, au contraire,

et les réservoirs, ne peuvent avoir aucune conséquence fâcheuse, et le plus grand mal qu'il puisse en résulter, c'est la perte des fonds dépensés inutilement.

Déjà fixés par tous ces écrits sur les inconvénients du système d'endiguement longitudinal, les hommes de l'art ne liront pas cependant sans un vif intérêt les considérations neuves présentées à ce sujet dans le chapitre qui nous occupe; ils y verront, entre autres, exposées avec beaucoup de clarté, les diverses causes de la submersibilité des digues, les difficultés que l'on rencontre à assigner une limite à leur hauteur, ainsi que les raisons pour lesquelles on n'a pu les construire solides, et l'énormité des dépenses qu'il y aurait à faire pour les obtenir telles.

Le chapitre V est relatif au système d'ouvrages à entreprendre pour conjurer les fàcheux effets des crues et pour profiter de leurs avantages; c'est donc le plus important. Il est divisé en deux sectious: la première, faisant connaître la disposition générale des ouvrages; la deuxième, présentant les considérations auxquelles on doit avoir égard dans les études à faire pour déterminer les bases essentielles des projets.

Les conditions essentielles auxquelles il parait à l'auteur qu'il faille satisfaire, c'est, d'une part, de laisser les eaux des crues s'épandre dans les vallées, qui pourront ainsi recevoir leurs bienfaisants dépôts; c'est, d'autre part, de s'attacher à ce qu'elles y arrivent avec une vitesse assez grande pour tenir en suspension leur limon, et assez petite pour qu'elle ne présente rien d'offensif et de destructeur.

Un moyen simple de réaliser ces conditions, ce sera, selon lui, de substituer aux digues longitudinales jusqu'ici employées, des digues transversales en terre, qui seront établies de distance en distance sur les plaines des deux rives normalement aux cours d'eau, qui auront leur couronnement horizontal un peu plus élevé que celui des plus fortes inondations, et qui se relieront d'une part aux coteaux, d'autre part aux bords du fleuve par des plans inclinés.

Dans ce système, qui d'ailleurs, comme nous venons de le voir, n'est pas nouveau et a été recommandé, dès 1846, par divers ingénieurs, les sables et graviers roulés par les eaux torrentielles se précipiteront aux limites mêmes du lit majeur, là où il y aura diminution de vitesse, et descendront avec elles à la mer, tandis que les limons seront apportés et déposés dans l'intérieur des digues par l'excédant des eaux qui s'y emmagasineront en perdant leur vitesse.

Ces réservoirs temporaires, qui se videront d'euxmèmes à mesure que la crue descend, réunis aux réservoirs permanents établis dans les parties supérieures des fleuves pour diminuer la hauteur des crues, constitueront un système parfaitement applicable aux vallées qui n'ont pas été défendues jusqu'ici par des digues longitudinales, et qui ont adopté le mode de culture le mieux approprié à cet état de choses.

Dans les vallées déjà pourvues de digues longitudinales, l'auteur pense, mais non sans regret, que les exigences de la culture pourront obliger à conserver cellesci tel est le cas dans le bassin de la Garonne; il pro

pose alors d'abaisser ces digues au niveau des crues ordinaires, de les combiner avec des digues transversales, et de les percer d'une série de vannes qu'on ouvrira au moment du danger. C'est là le système que nous avons vu recommandé dans le Mémoire no 763, avec cette différence que l'on fait communiquer la partie endiguée avec les réservoirs temporaires, non par vannage, mais par déversoir.

Quant à l'étude des projets, l'auteur recommande d'abord qu'avant de décider l'emplacement des réservoirs permanents à établir dans un bassin déterminé, on se fixe bien sur les valeurs relatives de la pluie dans les différentes parties de ce bassin, sur la distribution que l'on y remarque des surfaces perméables et imperméables, enfin sur les directions, les longueurs et les pentes respectives des divers affluents d'une même rivière, et il entre à ce sujet dans beaucoup de développements relatifs au bassin de la Loire.

Il présente ensuite des observations sur les situations respectives des réservoirs placés à une très-grande distance les uns des autres dans des bassins différents, mais tributaires d'un mème bassin principal, et montre qu'il est essentiel d'apprécier les avantages ou les inconvénients divers qui peuvent résulter de leur mise en action simultanée.

Il montre par quels procédés, très-simples et trèsclairement exposés, on parviendra à déterminer: 1o les volumes de liquides à emmagasiner dans l'ensemble des réservoirs, ou les quantités cumulées de liquide qu'il conviendra de soustraire à l'écoulement général

du fleuve, pour qu'à l'avenir les hauteurs des crues soient maintenues dans des limites assignées d'avance; 2o les longueurs à adopter pour l'espacement des digues transversales, qui devra toujours être tel que l'eau coule sur les terres submergées avec une vitesse réduite très-modérée.

Le système des ouvrages recommandé dans ce chapitre, malgré qu'il ait pour lui l'assentiment d'un grand nombre d'ingénieurs, pourra peut-être ne pas paraître à tous d'une entière efficacité. On s'accordera du moins à reconnaître, dans les considérations présentées à cet égard, des détails précieux qui ne pourront être consultés qu'avec beaucoup de fruit par les personnes qui sont chargées du service des inondations.

Le chapitre VI traite des modifications introduites à l'écoulement des eaux par quelques travaux exécutés de main d'homme, et des divers systèmes proposés pour combattre les inondations.

Les puits artésiens exécutés ne tirant des nappes souterraines que la trois centième partie des quantités fournies par la pluie, n'ont aucune influence sensible. Si le nombre de ces puits venait à être beaucoup augmenté, ils trouveraient leur compensation dans les puits absorbants, que l'on creusera certainement un jour pour se débarrasser des eaux nuisibles de la surface.

Les travaux de mines et ceux de drainage sont de véritables réservoirs souterrains qui, aux époques critiques, emmagasinent les eaux surabondantes pour les rendre plus tard et régulièrement aux cours d'eau na

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