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création d'un lit d'étiage, ouvrages sur les affluents, etc., et les porte à une somme de 60 millions, qui, quintuplée, lui donne, pour la France entière, une dépense de 300 millions. Ce chiffre est très-considérable sans doute; mais il égale à peine, de deux années de guerre, et il procurera de longues années de prospérité.

L'auteur estime à 21 millions la charge annuelle qu'il conviendra de s'imposer pour ces travaux; considérant ensuite que ceux-ci doivent profiter à la fois à l'État et aux propriétaires commerçants et industriels des pays inondés, il porte à 12 millions la part de l'État, et à 9 celle des particuliers, qui seront imposés proportionnellement à la zone d'inondation dans laquelle ils se trouveront, absolument de même qu'en fait de desséchement de marais.

Ce revenu annuel de 24 millions, au lieu d'être appliqué directement à l'exécution des travaux, sera employé à payer les annuités relatives aux intérêts et à l'amortissement d'un emprunt de 300 millions, qui permettra de faire ces travaux dans un bref délai.

Ici se termine l'excellent Mémoire inscrit sous le n° 791. Les détails dans lesquels nous sommes entrés à son égard ont dù vous faire reconnaître qu'il offre d'éminentes qualités qui dévoilent l'ingénieur habile et pratique, ainsi que vous convaincre qu'il répond pleinement aux deux premières questions du Concours. Quant à ce qui concerne le bassin de la Garonne en particulier, il est vrai que l'auteur ne s'est point occupé du soin d'y faire l'application de son système; mais, ainsi qu'il le dit dans l'introduction, il a suffisamment

indiqué ce qui doit être pratiqué pour chaque fleuve, d'après les diverses circonstances hydrauliques, topographiques et agricoles qui lui sont propres, et n'aurait pu faire davantage sans procéder aux études complètes de la Garonne. En plusieurs parties de son travail, il donne d'ailleurs sur ce bassin, et d'après M. Baumgarten, d'assez nombreux renseignements qu'il ne se borne pas simplement à reproduire, mais dont il déduit des conséquences importantes sur le degré de perméabilité du sol, les vitesses de courants, etc.

Quoi qu'il en soit, prenant en considération le haut mérite d'un Mémoire dont la publication ne pourra que vous faire honneur, vous n'hésiterez pas à décider avec nous qu'il est digne du prix que vous avez offert.

En conséquence de ce qui précède, votre Commission vous propose : 1° de mettre sur le même rang les Mémoires inscrits sous les nos 759 et 763, et de décerner une médaille d'argent petit module à leurs auteurs; 2° d'accorder à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 794 le prix du Conconrs, savoir une médaille d'or de la valeur de 300 fr.

Bordeaux, ce 11 mars 1857.

RAPPORT

DE M. HENRY BROCHON

SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX OFFERT PAR M LE BARON DE DAMAS

SUR LE PAUPÉRISME 1.

MESSIEURS,

Inspiré par un sentiment élevé et par une pensée généreuse, M. le baron de Damas a proposé à l'Académie, en mettant à sa disposition une somme de 500 fr., d'ouvrir un Concours sur la question suivante :

« Quelles sont les causes morales du mal qui affecte aujourd'hui toutes les classes de la société, et qui se manifeste dans le peuple par le paupérisme, dans les autres classes par mille souffrances analogues? Quels sont les moyens de les prévenir et de les combattre? »

L'Académie s'est empressée de répondre à la confiance de M. le baron de Damas et de favoriser son

'Au nom d'une Commission composée de MM. Burguet, Ch. des Moulins, Saugeon, Gout Desmartres, Vaucher, Fauré, et Henry Brochon, rapporteur.

honorable dessein en se rendant le ministre de sa munificence.

En mettant au Concours cet important sujet, vous avez, Messieurs, dans le Programme des Prix pour l'année 1856, accompagné la question dont je viens de rappeler les termes, d'observations posées avec une grande sagesse et un haut discernement, afin de bien préciser le sujet, de bien déterminer sa portée et ses limites: « Quelle est la nature des changements nécessaires pour arrêter l'accroissement de la misère, et même la prévenir?-dit le Programme de l'Académie.Gardons-nous de tomber dans une erreur trop commune de nos jours. On cherche hors de soi des remè des généraux; on accuse les lois, le gouvernement, tandis que c'est sur soi-même, sur sa famille, sur ceux avec qui l'on a des rapports, qu'il faudrait porter ses regards; c'est là, c'est dans la sphère d'action que la Providence nous assigne, que doit se porter notre activité; c'est là qu'il faut chercher le remède aux maux de la société. »>

Ainsi défini, un tel sujet devait séduire et attirer les esprits amis du vrai et du bien. Dix-sept Mémoires ont été adressés à l'Académie.

La Commission à qui vous avez confié l'appréciation de cet important concours, s'est livrée à un long et consciencieux examen la gravité de la question, le nombre et l'étendue des Mémoires, la confiance du donateur, tout nous imposait un sérieux devoir; nous nous sommes efforcés de le remplir.

Avant tout, la Commission doit rendre justice à l'en

semble de ce concours: sauf quelques ébauches faibles et incomplètes, la généralité des compositions se place à un niveau satisfaisant, qu'ont dépassé quelques-unes d'entre elles.

Une surtout a conquis tous les suffrages, et votre Commission est unanime pour vous demander de lui décerner le prix; car cette œuvre très-remarquable a complétement rempli les conditions du Programme et brillamment atteint le but du concours : c'est le Mémoire inscrit sous le n° 710, et portant pour épigraphe : Non in solo pane vivit homo.

Ce Mémoire révèle un esprit d'une rare justesse, une intelligence nette, ferme, pleine, vigoureuse. Une exquise droiture d'idées en forme le caractère distinctif; une précision mathématique donne à la pensée des contours bien dessinés, et son ampleur la préserve de toute sécheresse.

Le style est en rapport parfait avec le fond même de l'œuvre simple, clair, correct, élégant, il manque un peu de coloris et de chaleur; mais il est pur, abondant, et le lecteur est satisfait en trouvant tant d'homogénéité entre le fond et la forme, tant d'harmonie entre cette pensée si ferme et ce style si net.

En se plaçant à la hauteur du sujet, en demandant aux théories les plus sages les lumières qu'il exige, l'auteur n'a pas oublié que ce sujet touche aux réalités les plus vivaces de l'époque et du pays; que si les principes de la morale et du droit sont éternels et invariables, les faits ont leur puissance et leur actualité. Son œuvre a su tenir compte de tout c'est l'œuvre d'un

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