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ple, ils difent que Dieu a fait librement le monde, comme il l'a fait, & prédeterminé tout ce qui eft arrivé & qui arrivera à l'avenir librement; mais qu'il ne peut rien arriver que ce qui arrivera réellement, comme il n'eft rien arrivé, qui ne fût prédeterminé auparavant. Il n'eft donc pas libre aux hommes de ne pas faire ce qu'ils font, ni de faire ce qu'ils ne font pas. Si cela eft, ni Dieu, ni les hommes n'ont aucune liberté. On ne dit pas que l'on croit librement les axiomes des Mathematiques, ou des propofitions démontrées ; quoi qu'on les embrafle Sponte nature, parce que.. nos Esprits font naturellement & néceffairement déterminez à embrailer ce qui elt évident; dès que nous entendons les termes, dont on fe fert, pour l'exprimer. Pendant qu'on ne. diftinguera pas le spontaneum, & le liberum on confondra des chofes tout à fait differentes. On donnera fujet aux perfonnes éclairées de foup-. çonner qu'on couvre le Spinofilme, fous l'équivoque des mots.

XVI. L'Auteur traite de la Liberté, & réfute ce que les Stoïciens appelloient la néceffité de la Deftinée Si Homme étoit foumis à cette né¬ ceff

ceffité, il ne pourroit pas être loué, pour être vertueux; ni blåmé, pour être adonné au Vice. On ne loue pas une Machine, pour les mouvements qu'elle fait; ni on ne lablâme pas, pour le mouvoir d'une autre maniere. Ou louë feulement fon Ouvrier, lors qu'elle fe meut, comme il faut qu'elle fe meuve, pour produire l'effet auquel elle a été destinée: comme on le blâme, lors qu'on voit que fa Machine n'eft pas propre pour l'usage, pour lequel elle a été faite. Les anciens Chrétiens, comme dit fort bien Mr.Fabricius,ont enfeigné, d'une même bouche, ce que les Sain,,tes Lettres leur apprenoient, & ce ,, que le fens Commun dictoit; & l'ont défendu conftamment, contre les Valentiniens, les Marcionites & les Manichéens; favoir, que les hommes ont leur libre arbitre, en

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"9 ce qui regarde la Vertu & le Vice, fans être néceffitez, ni déterminez à rien; & ne peuvent attribuer qu'à eux mêmes le mal, qu'ils font ; ,, quoi que pour faire du bien & des ,, œuvres, que Dieu approuve, ils aient befoin de la grace de Dieu, ,, qu'il est prêt d'accorder à tous ceux, ,, qui la lui demandent. On peut con,, fulter

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,, fulter là-deffus Flaminius Nobilius, dans fes deux Livres de la Prédestination, imprimez à Rome en 1581. Ifaac Habert Evêque de Va bre, en fa défense de la doctrine des Peres Grecs, à Paris 1647. Denys Petar, dans fes Dogmes Théologiques, où il traite, en divers endroits, du Libre Arbitre, Louis Thomaffin dans fes Mémoires fur la Grace &c. Voffius dans le Liv. VII. de fon Hiftoire Pela,, gienne, & Grotius au T. III. de fes Oeuvres Théologiques.

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S. Augustin lui même; qui eft le principal défenfeur, de la néceffité de la Grace, contre les ,, Pelagiens ; n'a pas laiffé de défendre auffi fortement la caufe du Franc Arbitre; comme dans fon Livre de Fide contra Manichæos, Ch. X. Quis enim non clamet fultum effe præcepta dare ei, cui libcrum non eft quod præcipitur facere & iniquum effe eum damnare, cui non fuit potef tas. Et has injuftitias & iniquitates miferi non intelligunt Deo fe dlcribe

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re.

Sed quid verum eft, nifi & Dominum dare præcepta, & animas liberæ effe voluntatis & málum xaiuram non effe, fed effe averfionem à Dei Tom. XXVII. P. 1. C præ

præceptis, & effe juftum judicium Dei, qui damnet peccantes?

Les Perés Bénedictins croyent, après le Pere Sirmond Jefuite, que ce Livre eft d'Evodius, Evêque d'Uzale, Ville de la Province Confulaire, en Afrique. Cela pourroit être, mais il n'y a rien de mieux dit, contre les Manichéens; & dans des fentimens tels que ceux, que l'on voit exprimez dans les paroles précedentes, il eft certain que l'on ne leur peut rien répondre de raifonnable. Auffi S. Augustin fe tire-t-il très-mal d'affaire, quand il fuppofe le contraire. On fait qu'avant que d'être Chrétien il étoit de cette fe&te; & d'habiles gens ont foupçonné qu'il avoit retenu une partie des fentimens de Manès; à moins qu'il ne pût croire des chofes contradictoires. Les Manichéens croyoient deux Principes, ou deux Dieux, dont l'un étoit bon & l'autre mauvais. Le premier ne faifoit que du bien & l'autre que du mal. C'eft ce que Tyrbon, Manichéen, reconnut, dans une Lettre qu'il écrivit à un Evêque Orthodoxe, nommé Archelaus. On trouve c tte Lettre en S. Epiphane dans la LXVI. Hérefie, où il explique ce que Manès

croyoit

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croyoit de Dieu, quoi qu'avec affez de confufion. S. Auguftin, dans fon Livre des Hérefies, décrit auffi obfcnrément celle de Manès.

Dans fon Ouvrage, contre Felix Manichéen, il eft auffi peu méthodique; & c'est ce qui a fait, qu'il eft affez difficile de l'accorder avec luimême. Il dit au Livre II. c. 3. & fuiv. que l'Homme a fon Franc Arbitre; ce qui ne peut fignifier autre chofe, finon qu'il peut obéïr aux Commandemens de Dieu. On n'a qu'à confulter, fur ce mot & fur cette matière, l'Index des Bénedictins, fur S. Auguftin, aux mots Arbitrium & Libertas; pour voir que S. Auguftin admettoit le Franc Arbitre & la Liberté; c'eft à-dire, le pouvoir de bien faire, ou de mal faire; quand il étoit néceffaire, pour réfuter fes Adverfaires; & que néanmoins, felon fon Systême, il n'y avoit que les Elus, qui puffent faire du bien, au moins jufqu'à la fin de leur vie; puifqu'il n'y avoit qu'eux feuls qui reçuffent lagrace efficace, fans laquelle on ne peut pas obéir à l'Evangile ; & que les Réprouvez ne la recevoient point.

Dans fa Difpute

contre Felix C 2

Liv.

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