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vingt-sept ans, par un jeune Gentilhomme aagé de seize ou dix-sept ans, fils de Monsieur d'Ars, qui pour lors estoit Enseigne de la Compagnie du Capitaine Beaumont, Gentilhomme de Xainctonge. Ce fust à la prinse de Taillebourg, à la barriquade près la halle. Et là, ayant fait ce qu'un homme de bien peut faire, fut tué dans son Drapeau, avec le desplaisir de tous ceux qui l'avoient seulement veu; ayant en cela imité Cesar, lorsqu'il fust tué au Sénat par Brutus l'un se couvrit la teste de sa robe, et l'autre de son Enseigne.

J'ay voulu inserer un Sonnet que j'ay recueilli dans les œuvres du sieur de la Croix Maron, qu'il fit lors qu'il fust tué.

SONNET.

CHASTELLIER qui avoit plus de valeur que d'aage
Voyant à Taillebourg entrer de toutes pars
Les ennemis tuant et forçant les rempars,
Il desprisa la mort, sa furie et sa rage.

D'un valeureux dessein, au milieu du carnage
Courageux il s'eslance, et comme un jeune Mars
Frappant et renversant, crioit : « A moy, soldats !
« A l'honneur, au combat, monstrons nostre courage!>

L'effort se fait plus grand, il est abandonné:
Adonc les ennemis qui l'ont environné,
Admirent la grandeur de son cœur indomptable.

Son sang partout ruisselle... Alors dans son Drapeau
Il fait sa sepulture. O la mort honorable!

Est-il plus beau mourir, ou plus riche tombeau ?

DU LIEUTENANT.

LA charge du Lieutenant est la mesme [que celle] du Capitaine en chef, en son absence, n'y ayant nulle difference. L'on commet les commandements où il y a peril eminent plustost au Lieutenant qu'au Chef, comme la recognoissance des bresches, le logement sur une contr'escarpe importante et difficile. Car où il n'y a grande difficulté, c'est viande pour un Sergent, comme nous avons dit en son lieu; mais où il faut mettre la main à l'œuvre à bon escient, on donne à un Lieutenant quinze ou vingt soldats de chacune compagnie du regiment, et puis va à ce qui luy est commandé. C'est un soulagement pour les Capitaines, et cela leur donne moyen de demeurer à la suite du Colomnel ou du Maistre de camp, sans qu'ils ayent soin de leurs troupes. J'ay souvenance de les avoir vus licentier du temps du Roy Charles Neufviesme. Il est vrai qu'ils eurent le choix de reprendre les Enseignes si bon leur sembloit: et, en ce faisant, les Enseignes estoient sans parti. Je ne sçay d'où cela pouvoit naistre, mais je sçay qu'incontinent après, nous fusmes à la guerre. Ce fut precisement auparavant la Sainct Barthelemy. J'estois alors en garnison à Abbeville, de la compagnie de Monsieur d'Eguieres l'aisné, qui avoit le Regiment de Piedmont, et avions pour nostre Enseigne le Capitaine Serres, qui depuis a esté nommé Monsieur de Vic, qui est mort Gouverneur de Calais. C'estoit un brave Gentilhomme; car bien qu'il fust lors jeune, si est-ce qu'on pouvoit

juger, avec la petite charge qu'il avoit, qu'il seroit un jour grand personnage. Je suis tenu en bien parler c'est luy qui premier me mist l'arquebuse sur l'espaule. Il estoit seul à la compagnie, nostre Lieutenant s'estant retiré licencié, comme j'ay dit, et le sieur de Gueries, nostre chef, estant près Monsieur de Strocy, Colomnel. Vous eussiez jugé, voyant les comportements de ce jeune homme, que c'estoit un Precepteur et vray miroir de vertu. Je croy qu'en ce temps là nous honorions plus un Caporal qu'on ne fait aujourd'huy un Capitaine.

DU CAPITAINE EN CHEF.

LA charge d'une compagnie en chef n'est pas petite, et ce nom de Capitaine est fort honorable et de grand poids, bien qu'il semble à present qu'il soit desdaigné. Je me ressouviens seulement du temps que je prins les armes, et que j'ay allegué cy-dessus, nous n'appellions nos Capitaines que de ce nom là; et mesme devant la Rochelle, lorsque nous parlions des Maistres de Camp, on disoit : le Regiment du Capitaine Guas, le Regiment du Capitaine Goas, de Cossins, de Poillac, et ainsi des autres. Aujourd'huy, ce seroit offenser son simple Capitaine, si on ne disoit Monsieur : je croy que c'est une erreur. Pour leur charge, je n'en parleray pas, pour ce que j'estime qu'il n'y en aye point en France qui n'entende mieux le mestier que moy. Toutesfois, comme François qui desireroit bien voir l'Infanterie en sa splendeur, voire

voir pratiquer en perfection l'Art Militaire, j'en diray un petit mot.

Les compagnies sont entretenues en France pour trois principales raisons. La première, pour empescher les surprises que pourroient faire les ennemis sur nos places. La seconde, pour recompenser les Gentishommes et bons Soldats qui ont bien et dignement servi. La troisième, afin d'entretenir la Milice en sa force, rendre les Soldats entretenus parfaits ou approchant de la perfection, afin de dresser, stiller, aguerrir les nouveaux, lorsque la necessité contraint de dresser de nouvelles troupes; car, en ce temps là on prendra pour faire des membres de compagnies ceux-ci pour servir de Precepteurs aux autres, chose qui a été bien establie. Mais, à la vérité, on l'observe mal, n'y ayant aujourd'huy dans nos vieilles bandes, excepté aux Gardes, aucun exercice qui se pratique, que ceux desquels on ne se peut passer, qui est de mettre les soldats en sentinelle et faire quelques rondes cela est peu ou rien du tout.

Je desirerois voir dresser des bataillons, faire des marches et contre-marches, aller à l'escarmouche, tirer des files et demi files du bataillon, et ayant fait leur salve, le remettre, et en faire sortir d'autre sans le rompre; et mesme pour un besoin, les faire tous combattre sans desordre ce qui se peut, doit ou devroit pratiquer en toutes garnisons. Pour cet effect, les chefs devroient faire supplications aux seigneurs Lieutenans de Roy et Gouverneurs des Provinces y apporter leur authorité. J'entends, ce me semble, une responce d'aucuns qui disent : « Cestuy-ci parle avec sa plume et n'a pas le jugement de cognoistre qu'en

ce pays, ny mesme en Picardie, nous n'avons dans les places que deux ou trois compagnies au plus, et chacune de cinquante hommes: nostre bataillon seroit bien petit, n'y ayant que dix hommes pour teste à nos files bien aisez à faire tirer hors. »

Je responds à cela que nous sommes tous François, et faudroit crier à l'aide-voisin et employer les habitans qui sont serviteurs du Roy, et qu'il seroit bon qu'ils fussent aguerris. Numa Pompilius, grand politic et fort advisé, lors qu'il fust esleu pour commander à Rome, voyant qu'entre les anciens Romains et les Sabbins y avoit de l'envie et des querelles, afin de les incorporer ensemble, institua des festes de chaque estat: et, en ces jours, les faisoit promener à invoquer leurs Dieux, les rendans comme frères et compagnons. Ainsi en pourroit-on user entre le Soldat et le Citoyen, où communement [existe] quelque animosité en sourdine, les mettant en bataille ensemble, et les animer à qui mieux feroit. Et lors vous verriez que les troupes seroient vrayes escholes. Je tiens qu'on doit, en temps de paix, apprendre les preceptes soldatiques par Theorique [théorie], et durant la guerre par Pratique.

Pour m'acquiter de promesse au Sergent, je commenceray l'extraction de la Racine quarrée. Premierement: D'un provient 1, de 4-2,de 93, de 164, de 255 (.... ainsi de suite jusqu'au nombre 4,225 d'où provient 65).

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