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la veille, agréable ou pénible, se continue pendant le sommeil (1).

Il croit aux astres, non absolument toutefois. «Ils peuvent bien incliner (2), mais non pas forcer, contraindre, ny assujettir tout à fait nos âmes à quelque nécessité invincible. » On ne doit pas d'ailleurs << s'enquérir trop curieusement des choses que Dieu s'est voulu particulièrement réserver. » Il est cependant certain que Jésus-Christ nous a déclaré dans saint Luc que nous serions avertis de nous repentir par des signes éclatants du ciel.

Et les comètes? Qui donc pourrait nier qu'elles sont les présages d'événements funestes. << Les cheveux, écrit-il à l'évêque de Poitiers (3), les cheveux me hérissent en la tête quand je pense à eux. » Que d'exemples il a à citer et tous effrayants! Aussi n'y a-t-il qu'une précaution à prendre : c'est que tous les prélats dans leurs diocèses excitent « le peuple à la dévotion pour prier Dieu qu'il nous délivre de ses abboyantes et effrayantes tempêtes. » Je ne sais si M. de La Rocheposay, l'ami de Richelieu et de Duverger de Hauranne, son grand vicaire, le prélat guerrier qui défendit en armes sa ville contre le prince de Condé, et qui a écrit en un latin élégant de nombreux travaux remarquables d'exégèse sur les évangélistes, les Actes des apôtres et l'Ancien

(1) L'abbé d'Artigny, Nouveaux mémoires d'histoire, de critique et de littérature, 1749, a reproduit, article L, t. II, p. 469, sa lettre à Bussy « sur la force et la vertu des songes. >>

(2) Liv. VII, lettre 16.

(3) Henri-Louis Chasteigner de la Rocheposay, évêque de Poitiers, de 1612 à 1635, abbé de Saint-Cyprien et de Nanteuil-en-Vallée.

Testament, a jamais publié un mandement sur ce sujet.

Il croyait à la lune. Quelle longue liste de ses méfaits il donne (1) au lieutenant-général près le siége présidial de Saintes, Raymond de Montaigne, écuyer, seigneur de Saint-Genest, de la Vallée et de Courbiac, neveu ou petit-neveu de Michel de Montaigne (2)!

(1) Liv. IX, lettre 14.

(2) Voir les Montaigne en Saintonge dans la Revue d'Aunis et de Saintonge du 25 janvier 1867. Raymond de Montaigne, lieutenant-général au Présidial de Saintes, avait pour frères ou sœurs : 1°N. de Montaigne, femme de Jehan de Navailles, chevalier, seigneur de Vaure, Roustin et la Rocque, dont le fils, Joseph de Navailles, épousa Françoise Blanchard, fille de Pierre et d'Esther Goy; 2° Anne de Montaigne, mariée en 1617 à Jehan Goy, sieur de la Besne, conseiller du roi et son procureur à Saintes; 3° Joseph de Montaigne, seigneur du Taillan et de Saint-Médard en Bourdelais, et des maisons nobles de Gayac et de Bussaguet, qui eut de Jehanne de Brignies un fils, Henri de Montaigne, seigneur de Bussaguet et de Gayac, conseiller au Parlement de Bordeaux, qui épousa, par contrat du 6 mai 1634, Marguerite Blanchard, fille de feu Pierre Blanchard, écuyer, seigneur de la Faye, et d'Esther Goy.

Ces quatre enfants descendaient très probablement de Raymond de Montaigne, seigneur de Bussaguet, conseiller au Parlement de Bordeaux, que je crois avec : 1° Pierre; 2° N., seigneur de Saint-Michel; 3o Pierre, seigneur de Gayac, qui entra dans les ordres, un des quatre fils de N. Eyquem de Montaigne, grand-père de l'auteur des Essais.

Une Marie-Louise de Montaigne, dame de Courbiac, était, en 1718, veuve de Jean-Mathias de Riquet, chevalier, seigneur et baron de Bonrepos, conseiller du roi en ses Conseils, président à mortier au Parlement de Toulouse, fils de Pierre-Paul Riquet, qui conçut et exécuta l'idée du canal du Languedoc, essayé en mai 1681. Elle était peut-être fille de Nicolas de Montaigne, chevalier, seigneur de Courbiac, qui avait épousé Louise-Hélène de Suberville, veuve en 1695. L'an 1647, un Nicolas de Montaigne était prieur d'Ambreuil, paroisse de Grézac en Saintonge, et très probablement frère d'Anne de Montaigne, épouse à cette époque de Louis de Beauchamp, chevalier, seigneur de Bussac, Saint-Georges et autres lieux, fils d'Isaac de Beauchamp, demeurant au logis noble de Bussac.

La lune, selon ses phases, dirige les marées, vide ou remplit les coquillages, change le sang, les humeurs et les moelles des animaux, des plantes et des femmes, même les yeux des chats, modifie la voix des bêtes, sauf du lion, rend plus ou moins légers les oiseaux. La lune, croissant ou décroissant, accroît et décroît le foie et le corps d'un poisson d'Egypte appelé Physe; elle aggrave ou diminue les maladies, active ou retarde la végétation. Quand elle est à son dernier quartier, « l'escarboton forme une boulette de fiente de bœuf, laquelle il enterre, » et après vingthuit jours trouve « un escarboton formé, animé, né et renouvellé avec elle, » exemple de génération spontanée. Le croissant que la panthère porte sur sa cuisse s'augmente et diminue avec celui de la lune. Et cette belle dissertation sur l'influence de cette planète se termine par un hymne enthousiaste en faveur de la lune et du soleil, « ces deux yeux du monde..., deux principaux instruments de tout l'univers, au son et harmonie desquels toutes créatures, tant raisonnables que déraisonnables, se réveillent et jouyssent, et prennent vigueur et force, deux grands monarques qui ont authorité sur toutes les choses qui sont en ce monde, lumières et flambeaux du jour et de la nuit. »

Il croit aux jours néfastes, comme un vrai Romain. Mais tous les jours ne sont pas heureux ou malheureux pour les mêmes personnes. On se plaint du vendredi ; c'est le jour de la semaine qui lui a été toujours le plus favorable, à lui. C'est un vendredi qu'il partit pour Rome; c'est un vendredi qu'il y arriva. Un vendredi, il fut reçu par la cour de Par

lement lieutenant-général à Cognac; un vendredi, maître des requêtes. Il gagna un grand procès contre Belliard (1) un vendredi, et c'était temps: il durait depuis quatre ans. Il se fiança un vendredi; un vendredi il se maria. C'est-à-dire qu'il ne s'en repentit point. Son père arrive chez lui, à Cognac, un vendredi de l'année 1571. C'est un vendredi que son frère de Bussy vint le voir à Tusson. Toujours il a choisi le vendredi pour commencer quelque entreprise. Et voyez la chance! Il voulait partir un autre jour; affaires sur affaires le retenaient jusqu'au vendredi. En retour, quel mauvais jour que le dimanche ! C'est un dimanche qu'il fut fait prisonnier. Il faillit cinq fois se noyer; cinq fois ce fut un dimanche. Il était donc payé pour détester le dimanche et pour aimer le vendredi. Le charmant Charles Nodier, plus crédule encore que Nicolas Pasquier, a donné des motifs de croire à toutes ces chimères. Il y ajoutait foi, mais c'était par raison. Le lieutenant de Cognac n'en cherchait pas si long; il se contentait simplement d'être superstitieux, comme les hommes de son époque et de la nôtre.

Et comme son père, ajouterai-je! Car Estienne Pasquier a aussi (2) sa lettre qu'il adresse sur « les jours et mois qui ont été fatalement heureux ou

(1) Philippe de Volvire, baron de Ruffec, écrivait de Ruffec, le 12 septembre 1582, à Charles de Bremond, baron d'Ars: « Belliard a esté débouté de son opposition, qui sont de très mauvaises nouvelles pour luy. Son grand ami, le s de Fors (Charles Poussard), s'est laissé mourir. C'est dommage que cela ne lui soit advenu il y a vingt ans. » Ce baron de Ruffec qui aime ainsi à railler fut un des aïeux maternels du duc de Saint-Simon.

(2) Liv. VI, lettre 6.

malheureux à uns et autres » à François Nesmond, lieutenant-général au siége présidial d'Angoulême, dont un neveu, Théodore de Nesmond, maître des requêtes, puis président à mortier, épousa en 1606 Anne de Lamoignon, fille de Chrétien de Lamoignon (1).

Ah! s'écriait Nicolas, que l'on serait plus porté à ajouter foi aux prédictions des sages et aux horoscopes des magiciens, si l'on voulait seulement considérer l'événement funeste qui a mis fin aux jours du grand Henri IV ! N'est-il pas certain qu'il lui avait été prédit que l'année 1610 et le mois de mai lui seraient funestes? Janet, natif de Besançon en Bourgogne, et Farear, Ecossais, passant l'an 1608 à Ruffec en Angoumois (2), avaient annoncé que le roi serait tué dans deux ans. Nicolas Coeffier, conseiller au Présidial de Moulins et maître des requêtes de la reine, « à qui j'ai ouï dire, raconte Nicolas, p. 13, beaucoup de choses qui se sont succédées comme il les avait dites, avant qu'elles arrivassent, m'a dit qu'il avait assuré le roy » qu'entre le solstice d'hiver et le solstice d'été de la présente année il était dangereusement menacé. A l'heure même où Henri était frappé par Ravaillac, du Laurens, archevêque d'Embrun, disait de lui qu'à cette heure même il pouvait « lui survenir quelque désastre. » Est-ce que d'ail

(1) Voir la très curieuse exécution que M. Babinet de Rencogne a faite des prétentions de cette famille insérées dans le Dictionnaire de la Noblesse, de La Chesnaye-Desbois : Les Origines de la maison de Nesmond, apud Bulletin archéologique et historique de la Charente, 4 série, t. VI, p. 389.

(2) Liv. I°, lettre 1'.

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