Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

ressortir avec plus de précision les chiffres indiqués dans ces deux documents, nous convertirons, sur le tableau suivant, les lieues gauloises en milles romains et en kilomètres; la lieue gauloise équivaut à un mille et demi ou quinze cents pas, le mille romain étant de 1481 mètres.

[blocks in formation]

M. A. Longnon a établi d'une façon indiscutable qu'elle fut dressée vers l'an 337.

[blocks in formation]

Suivant l'Itinéraire d'Antonin, il y avait entre Fanum Minervae et Ariola 16 lieues gauloises ou 24 milles romains, soit 35 k. 514 m.; entre Ariola et Caturiges 9 lieues gauloises ou 13 milles et demi, soit 19 k. 993. Or ces chiffres de 16 et de 9 indiqués dans ce document sont confirmés par la Table de Peutinger, laquelle omet, il est vrai, la station d'Ariola, mais mentionne entre Fanonia ou Fanum Minervae el Caturiges la distance de 25 lieues gauloises. Pour obtenir le tracé exact MÉMOIRES, 2 Série. T. IV.

2

de la voie entre ces deux stations extrêmes, il faudra, sur la carte de l'état-major, relever la direction des tronçons signalés par les ingénieurs comme étant de construction romaine, puis, en partant de l'ancien prieuré de Notre-Dame de Bar, édifié sur l'emplacement de Caturiges, mesurer 19 k. 993 m., pour se trouver sur l'emplacement probable de la station désignée par l'Itinéraire sous le nom d'Ariola. Nous examinerons plus loin la valeur des différentes propositions émises jusqu'à ce jour par les différents auteurs qui se sont occupés de cette question.

Du milieu du Ive siècle, époque à laquelle remonte la Table dite de Peutinger, il faudra descendre jusqu'au x siècle avant de rencontrer de nouveaux renseignements sur cette voie romaine qui, encore en parfait état au moyen âge, était la plus fréquentée (1). C'est par cette voie que se transportent de Champagne en Lorraine les héros de la célèbre Chanson de Garin le Loherain. De Châlons, l'armée de Pépin pénètre dans le Barrois : « On fit, dit la Chanson, une première pause à Barle-Duc, le tref (2) du Roi fut tendu en vue de la rivière, sous Vernis. De Bar-le-Duc on gagna Laigny, mais il n'en étoit éloigné que de deux lieues... >>

M. P. Paris traduit Vernis par Varney; nous préférons iden

(1) Au nombre des sources à consulter, nous avons indiqué les Vies des saints comme pouvant parfois procurer quelques renseignements intéressants, mais jusqu'à ce jour nous avons inutilement parcouru ce que rapportent les Acta Sanctorum et le Gallia Christiana sur saint Balderic, fondateur du monastère de Saint-Germain de Montfaucon dans la première moitié du viie siècle, dont la vie est rapportée dans le Bréviaire de Reims de 1630, et sur celle de saint Rouin, qui fondait l'abbaye de Beaulieu vers la même époque. Dans ces deux volumineuses collections, si riches en renseignements de toute nature, on discute le degré d'authenticité, la valeur des textes fournis par les différents auteurs qui ont écrit la vie de ces deux saints et fait le récit de leurs miracles, mais on n'y reproduit point textuellement, et dans son entier, la légende qui a dû nous être transmise par les premiers religieux des monastères de Saint-Germain et de Beaulieu. Nous aurons donc à poursuivre nos recherches et à revoir ce qui nous est parvenu des récits légendaires relatifs à saint Mansuy, à saint Eucher, à saint Elophe et autres saints originaires de notre pays.

(2) Tref tente, pavillon.

tifler ce nom de lieu, désigné par Jean de Flagy, avec celui de Venise, écart de la commune de Varney, situé sur la voie romaine.

C'est par cette même route que Girbert et ses compagnons vont à Metz retrouver le duc Garin: « ... le jour se levoit quand ils sortirent de Chalons pour ne s'arrêter qu'à Possesse, à demi-chemin de Bar-le-Duc, où ils arrivèrent le lendemain avant-midi. Ils y prennent leurs hôtels, y reposent une nuit et le lendemain laissent Naisil (c'est-à-dire le château de Bernart) sur la droite et vont passer la Meuse à Commercy, en tournant du côté de Saint-Mihiel, pour ne descendre de cheval qu'à Gorze. »

Il serait, croyons-nous, difficile de préciser avec plus d'exactitude le tracé de cette voie secondaire qui, de Naix, se dirigeait sur Metz, laissant sur sa droite le Châtel de Boviolles et prenant sur la gauche, un peu avant ce dernier village, la direction de Vaux-la-Petite, gagnait par le montant du Chemin ferré le sommet du plateau, les bois Laval et de la Roue, et, pénétrait sur le territoire de Saint-Aubin, où ce chemin est encore désigné sous le nom de Chemin des Romains; en cet endroit la voie sert de limite à la commnne de Saulx.

Si la Chanson de Garin le Loherain nous a procuré de précieuses indications, il existe, appartenant à la même époque, des documents manuscrits qui nous édifieront d'une manière encore plus précise sur la partie de la voie romaine proche de la station d'Ariola.

Avant d'entreprendre la rédaction de cette étude, nous avons dépouillé le cartulaire de l'abbaye de Montiers-en-Argonne (1), dont, au XIIe siècle, les possessions étaient en grande partie situées sur le parcours de cette voie antique, entre Somme-Yèvre et Bussy-la-Côte; les mentions que nous y avons relevées sont nombreuses et du plus haut intérêt pour la question présente. Si, dans les actes que nous avons relus et revus avec soin, il n'est point parlé d'un lieu-dit Ariola, ni fait allu

(1) Je dois à l'obligeance de mon excellent confrère, M. A. de Bar thélemy, la connaissance de deux copies de ce cartulaire.

sion à la station de ce nom, sur l'emplacement de laquelle les véritables savants sont loin d'être d'accord, les textes recueillis permettent loutefois de démontrer avec toute la certitude désirable que la Maison du Val n'a jamais pu être désignée sous le nom de Vadum Verae, ainsi que le veut un archéologue de notre pays, qui place en ce lieu la station d'Ariola.

Nous ne savons si les archives de la Meuse pourraient nous fournir quelques mentions de l'antique voie dans son parcours entre la Maison du Val et Bar-le-Duc. M. A. Jacob, notre collègue, saura sans nul doute répondre à cette question, mais, en poursuivant nos recherches dans la direction de Popey, nous avons retrouvé cette voie désignée, en 1688, le Grand Chemin autrement dit la Levée (1), puis en 1710, sous la dénomination de Haut Chemin appelé Levée de Jules César (2).

La plus ancienne carte de la Lorraine indiquant les voies romaines de notre région est celle dressée, en 1707, par Guillaume Delisle, pour servir à l'Histoire ecclésiastique du diocèse de Toul du P. B. Picard; sur cette carte, ainsi que sur celle du duché de Bar faite par D. Bugnon, vers 1725, pour l'Histoire de Lorraine de dom Calmet, le tracé de la chaussée romaine de Toul à Reims est inexact. Denis, dans sa carte routière publiée en 1777, ne donne aucune indication de la voie antique; Cassini ne signale point les tronçons qu'il a dû remarquer dans ce parcours qui nous occupe, et c'est seulement sur les cartes de l'état-major qu'apparaissent les premières indications sérieuses concernant le tracé d'un grand nombre de voies romaines.

Les noms de lieux-dits, mentionnés sur le plan cadastral de chaque commune, peuvent fournir de précieuses indications dans la recherche à faire du tracé des voies antiques disparues pour la plupart de la surface du sol; l'étude sérieuse qui en sera faite procurera des renseignements sur l'origine, la destination, la nature de quantité de chemins aujourd'hui abandonnés, mais dont le souvenir s'est conservé à travers les (1) Arch. de la Mairie de Bar-le-Duc, R. 25, f° 60. R. 32, f 30.

(2)

"

âges dans la dénomination des cantons qu'elles traversaient. Déjà, dans un petit travail publié en 1883, nous avons tenté, en rédigeant la monographie du territoire de Nantois, de signaler toutes les ressources que l'étude des noms de lieux devait offrir pour reconstituer dans son passé l'histoire de la plus humble des communes de notre département. L'examen attentif de la configuration du sol et de la situation topographique de la petite vallée de Nantois, l'indication de découvertes archéologiques qui y ont été faites, m'ont permis de rétablir, tels qu'ils avaient dû exister au temps de l'époque gallo-romaine, les travaux entrepris par les conquérants de la Gaule pour procurer à la cité de Nasium les eaux dont elle avait besoin pour ses thermes, de retrouver les vestiges de l'aqueduc, d'indiquer avec exactitude le tracé des voies anciennes qui traversaient le territoire de cette commune, et d'évoquer, toujours en nous appuyant sur l'indication des lieux-dits, les souvenirs de tout un passé qui se perd dans la nuit des temps.

L'étude des noms de lieux mentionnés dans le cadastre peut au premier abord paraître bien aride, et effrayer quelquefois le travailleur. Dans cette longue nomenclature qui comprend, pour les trois cent six communes dont je m'occupe, pas moins de quarante-deux mille noms, au milieu de dénominations bizarres ou dénaturées qui paraissent n'avoir jamais eu un sens bien déterminé, l'observateur recueille avec surprise des indications propres à intéresser l'histoire, la philologie, la linguistique, et dont la valeur s'affirme de plus en plus à mesure qu'il groupe avec méthode les résultats de ses premières découvertes.

Si, détruites en grande partie à l'époque de la Révolution, ou par l'incurie de ceux mêmes qui seraient le plus intéressés à en assurer la conservation, les archives des communes se trouvent réduites à fort peu de chose; si, dispersées au loin dans les grands dépôts créés par l'Etat ou les départements, il est parfois difficile d'aller les consulter sur place, il n'est point impossible, en étudiant le cadastre, d'acquérir sur l'histoire particulière des communes, même les moins importantes,

« VorigeDoorgaan »