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Xe siècle la construction de la cathédrale de Senlis, M. l'abbé Blond reconnaît que le monument primitif a disparu presque complétement, et que quatre petites colonnes, avec leurs chapiteaux, sont à peu près les seuls débris qui nous en restent. La cathédrale actuelle date seulement du x11° siècle. C'est le monument pour la construction duquel le roi Louis VII a donné les lettres que nous citions plus haut. Elle a été commencée sous l'épiscopat de Thibaut, et achevée sous ses successeurs Amaury et Henri. On trouvera dans le mémoire de M. l'abbé Blond d'intéressants détails sur la fondation de cette église, avec un certain nombre d'actes qui servent de justification au récit. Mais ce mémoire s'arrête à la fin du XIIe siècle ; il appelle donc une suite, que nous nous réservons de faire connaître dès qu'elle aura paru.

C. JOURDAIN,

Membre du Comité.

MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'AGRICULTURE, SCIENCES ET ARTS, séant à Douai,

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Ce nouveau volume des Mémoires de la Société de Douai renferme, comme les précédents, plusieurs travaux d'un précieux intérêt. Sans parler des notices nécrologiques et des rapports que la Société a entendus, nous citerons d'abord un fragment de M. Abel Desjardins, doyen de la Faculté des lettres, sur Louis XII et l'alliance anglaise en 1514. Il y eut sous le règne de Louis XII un moment néfaste où la France, après de brillantes victoires, vit l'Europe entière se liguer contre elle; ses armées furent battues au nord et au midi; non-seulement elle perdit toutes ses conquêtes, mais ses frontières furent envahies: le royaume semblait être à deux doigts de sa perte. Mais, lorsque le péril paraissait le plus extrême, tout fut sauvé par la conclusion inespérée de la paix avec la puissance qui s'était montrée jusque-là la plus ardente à continuer les hostilités nous voulons dire avec l'Angleterre. Comment l'irascible Henri VIII, naguère si acharné contre Louis XII, fut-il conduit à traiter avec ce prince et à lui donner en mariage sa sœur Marie? Les historiens attribuent cet heureux événement au duc de Longueville, prisonnier en Angleterre depuis la journée de Guinegate.

Il est certain, en effet, que ce fut Longueville qui, le 7 août 1514, signa la paix de Londres, et qui, quelques jours après, épousa la princesse Marie au nom du roi de France. Mais ce rôle d'apparat est la seule part qui puisse être revendiquée par lui dans la conclusion de cette importante affaire; et, comme M. Desjardins l'établit d'une manière aussi neuve qu'irréfragable d'après les relations des ambassadeurs florentins, l'initiative et le succès de la négociation appartiennent au pape Léon X et à ses agents Roberto Acciajuoli, Francesco Pandolfini et Louis de Canosse. Le saint-siége s'était déclaré contre la France le jour où les victoires et l'ambition de celle-ci avaient menacé la liberté de l'Italie; mais il entendait bien ne pas subir le joug des Espagnols et des Allemands qu'il avait dû accepter pour alliés contre les Français. Or Louis XII, entouré d'ennemis qui le pressaient de toutes parts, s'était résigné à entrer en pourparlers avec le roi d'Espagne Ferdinand le Catholique; moyennant de lourds sacrifices, il avait obtenu de lui une trêve ratifiée peu de temps après par l'empereur d'Allemagne, et il se préparait à conclure avec ces princes une paix définitive, dont le Milanais, ou plutôt l'Italie, aurait en partie payé les frais. Léon X, averti de l'àrrangement qui se préparait, mit tout en jeu pour l'empêcher. Il fit faire des ouvertures à Louis XII, et, en même temps, il usa de toute son influence sur l'esprit d'Henri VIII pour calmer son ardeur belliqueuse et pour modérer ses prétentions. Henri VIII céda d'autant plus facilement qu'il était exaspéré contre Ferdinand le Catholique, auquel il reprochait d'avoir violé tous ses serments et trahi la cause commune. Ces divisions entre les princes qui s'étaient ligués contre la France relevèrent la fortune de son roi. Grâce aux actives démarches du saint-siége, Louis XII obtint de l'Angleterre des conditions favorables, et conclut avec elle ce traité d'alliance qui opposa pour quelque temps une digue aux envahissements de l'Espagne et de l'Autriche. Cette intervention de la cour de Rome dans un événement considérable avait échappé à tous les historiens. M. Abel Desjardins est le premier qui l'ait mise dans tout son jour, à l'aide des documents relatifs aux négociations de la France et de la Toscane, dont il a déjà publié trois volumes sous les auspices du Ministère de l'instruction publique. Où trouver, en effet, ailleurs que dans la correspondance des ambassadeurs, les éléments d'une histoire sincère et authentique des rapports internationaux? Toute négociation est environnée de quelque mystère, et REV. DES SOC. SAV. 4a série, t. VII.

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ceux-là seuls sont compétents pour en discourir qui, de près ou de loin, s'y sont trouvés mêlés.

L'intéressante dissertation de M. Abel Desjardins est suivie d'un mémoire de M. Henri Corne sur les beaux-arts et la littérature au point de vue de l'enseignement populaire. Ce mémoire ne fait que résumer deux conférences publiques organisées à Douai en 1865 par la Société impériale d'agriculture, de sciences et d'arts. L'auteur y soutient que les arts et les lettres sont accessibles aux hommes de toutes les conditions; que, pour céder à l'attrait mystérieux du bien et du beau, sous quelque forme qu'ils se présentent aux regards, pour goûter les merveilles de la poésie et de l'éloquence, de la peinture et de la musique, il n'est pas nécessaire d'être un grand clerc il suffit d'un cœur droit et du plus simple bon sens. Dans une classe de musique, dit M. Corne, il arrive tous les jours qu'une parfaite sûreté et délicatesse d'oreille, qu'une remarquable aptitude à saisir la science des accords, qu'une sensibilité exquise pour la mélodie se révèlent chez le fils de pauvres ouvriers, qui n'a encore fait qu'un rude apprentissage de la vie. Ailleurs, c'est le sentiment de la ligne et du dessin, c'est la justesse du coup d'œil, l'amour des arts plastiques, qui se dénotent chez un adolescent qui n'avait jamais entendu parler jusque-là de peinture et de statuaire.... Ce sont les hommes les plus près de la nature et encore naïfs dont l'imagination s'ébranle le plus aisément quand ils sont mis en présence de grandes choses: ils aiment passionnément les cérémonies, les pompes, les spectacles émouvants. La vue des merveilles de la civilisation, des magnificences de l'art, les jette dans une sorte de stupéfaction. Ils ont donc, quoique ignorants, une âme ouverte à l'impression du beau, qu'il existe dans la nature ou qu'il soit reproduit dans les œuvres de l'homme. Ce n'est pas nous qui contesterons la justesse de ces vues, le sentiment généreux qui les a dictées, ni les conséquences que M. Corne en tire relativement à l'enseignement populaire. Il existe sans aucun doute, caché dans les profondeurs de l'âme, un sens du beau et du yrai, dont nulle créature humaine n'est dépourvue, qui sommeille et languit chez un grand nombre, parce qu'il manque de culture et d'aliment, mais qui, habilement développé par l'éducation publique, devient pour un peuple une source féconde de jouissances pures et de moralité.

Le volume dont nous avons à rendre compte à la section fait

une large part aux études d'économie sociale; car, outre le remarquable fragment de M. Corne, il contient un mémoire étendu, ou, pour mieux dire, un véritable traité sur les Lois de Dieu dans l'histoire, dû à la plume de M. Tailliar. Déjà, dans un mémoire précédent, qui a vu le jour il y a quelques années et que nous avons signalé ici même à l'attention des amis de la philosophie, M. Tailliar avait exposé les Lois historiques ou providentielles qui régissent les sociétés. C'est la suite de cet important travail que l'éminent magistrat a communiqué à la Société impériale de Douai, et que celle-ci s'est empressée d'insérer dans le recueil de ses travaux. L'auteur ramène le développement des nations à dix faits généraux, à dix lois fondamentales, dont la première est la loi de la sociabilité, c'est-à-dire cet ensemble de facultés et de besoins qui poussent invinciblement l'homme à s'unir à son semblable, et dont la dernière est la loi de progrès, en vertu de laquelle le genre humain améliore sa condition de siècle en siècle, et, malgré des échecs douloureux et des retours apparents, ne cesse d'avancer dans la voie de la civilisation. Nous pouvons d'autant mieux nous dispenser de donner une analyse détaillée de cette théorie, qu'elle se trouve déjà condensée dans le mémoire de M. Tailliar, sous forme de sommaires qu'on ne saurait abréger sans les mutiler. Qu'il nous suffise de dire que M. Tailliar a su se tenir en garde contre les assertions hasardées, et que sur chaque point il peut invoquer, à l'appui de ses doctrines, le témoignage des historiens et des philosophes les plus illustres. Il a fait suivre son mémoire de l'indication de tous les passages des auteurs anciens et modernes qu'il a consultés pour l'écrire. Ce précieux appendice est en quelque sorte une bibliographie méthodique de la philosophie de l'histoire.

Nous quittons les hauteurs de la spéculation, nous revenons à T'histoire proprement dite, et même à l'histoire locale, avec une communication de M. l'abbé Dehaisne, archiviste de la ville de Douai, sur l'université de cette ville en 1790. Cette communication est moins un mémoire, à proprement parler, qu'une série de documents tirés des archives municipales, et relatifs aux dernières années de l'université célèbre que Philippe II, roi d'Espagne, avait fondée au xvr° siècle, pour l'enseignement des lettres divines et humaines, dans les Flandres, et que la Révolution française devait engloutir comme tant d'autres institutions du passé. La plupart de ces documents ont pour auteur M. Placide de Bailliencourt, notaire royal,

que ses concitoyens avaient chargé de répondre en leur nom aux questions qui leur étaient posées par l'Assemblée constituante. On y voit en premier lieu les efforts que fit la municipalité de Douai pour essayer de soustraire les colléges du ressort à l'application des lois qui menaçaient la constitution intérieure, les propriétés et l'existence même des universités du royaume. Quand l'inutilité de ces efforts est bien démontrée, le conseil de la commune se résigne, et il remet au Directoire le tableau fidèle de tous les établissements d'instruction qui dépendaient de l'université. Ce tableau fait connaître le nombre et la situation des colléges, la date de leur fondation, les matières qui y sont enseignées, le traitement des professeurs, le mode de surveillance et d'administration des divers établissements, le nombre des élèves qui les fréquentent, etc. Il est aisé de voir par là combien les matériaux recueillis par M. l'abbé Dehaisne seraient utiles à celui qui voudrait écrire l'histoire de l'université de Douai. Peut-être ne nous apprennent-ils rien qui soit absolument nouveau; mais, en confirmant ce qu'on savait déjà, ils fixent avec précision les idées sur l'état d'une célèbre université au moment où elle disparaît de l'histoire.

C. JOURDAIN,

Membre du Comité.

ANNALES DE LA SOCIÉTÉ IMPERIALE D'AGRICULTURE, INDUSTRIE, SCIENCES, ARTS ET BELLes-lettres de la Loire.

Années 1865 et 1866.

Les livraisons de cette société pendant les deux dernières années renferment, surtout celle de 1865, des travaux particulièrement relatifs à l'agriculture. Quelques-uns, mais en petit nombre, concernant l'industrie, échappent aussi à la compétence de la section historique du Comité. J'ai remarqué dans les 3o et 4o livraisons de l'année 1866 le catalogue des ouvrages sur le Forez publiés en 1864 et 1865. C'est une bonne habitude de cataloguer ainsi les livres intéressant la province que l'on habite; l'émulation s'en mêlant, de bons ouvrages peuvent être projetés et exécutés.

La 4 livraison de l'année 1866 contient en outre un extrait du Dictionnaire géographique ancien et moderne d'un canton de la Loire,

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