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Charles XII pouvait recommencer alors la glorie période suédoise de la guerre de Trente ans, n s'il avait la bravoure, il lui manquait le génie Gustave-Adolphe. C'était moins un roi qu'un c taine: il envoya son portrait à Villars sans rien mettre. Heureux de cette indécision, l'insinu Marlborough exhorta l'empereur à céder à tous caprices de Charles XII. Il sema l'or à ple mains parmi les conseillers du jeune roi, remar qu'il n'aimait point Louis XIV, qu'il parlait a enthousiasme des victoires de la Grande-Allia qu'il avait sur sa table une carte de Russie, que yeux brillaient au seul nom du czar. Il devina lors ses desseins, et, satisfait de l'avoir pénétré, i lui fit aucune proposition 2. A ses intérêts, en e Charles XII préférait sa haine. Au lieu de se ré aux Français et aux Magyares, il envahit la Ru laissa dans les neiges la moitié de ses soldats, et perdre à Pultava les restes de son armée, la g de son règne et la fortune de son pays.

N'étant pas secondé par Charles XII, Villars revenir sur ses pas. L'électeur George de Hand qui avait remplacé l'incapable Bareuth dans son mandement, ralliait les Impériaux à Philipsb

que son principal ministre, le comte Piper, avait été gagné par M rough. » Mémoires de Villars. Juin, 1707.

1 Marlborough Dispatches, t. III, p. 350. Lettre de Marlbor Wratislau.

2 « Ces particularités, dit Voltaire, m'ont été confirmées par m la duchesse de Marlborough encore vivante, » Histoire de Charl p. 145.

pour lui couper la retraite; le maréchal se replia sur le Rhin, passa fièrement le fleuve sous les yeux de l'ennemi, et rentra en Alsace avec son armée et un prodigieux butin. Dans cette brillante campagne, il avait détruit les lignes de Stolhofen, occupé trois capitales, Rastadt, Stuttgard et Manheim, nourri et payé son armée aux dépens de l'ennemi, taxé trois cents lieues de pays, et porté les drapeaux de Louis XIV depuis Mayence jusqu'au lac de Constance, et depuis Nuremberg jusqu'à Francfort 1.

à

La situation des affaires était moins favorable dans le Midi, où les Français, au lieu d'attaquer, avaient repousser l'ennemi. Tandis que Villars ravageait l'Allemagne, Eugène et Victor-Amédée envahissaient la Provence. Tous deux passaient les Alpes par le col de Tende, et se répandaient dans le comté de Nice avec quarante mille Austro-Piémontais. L'amiral Schowell, à la tête de soixante bâtiments chargés de vivres et de munitions, suivait leur armée le long des côtes 2. Les alliés se proposaient de prendre et de brûler Toulon, qui contenait cinquante vaisseaux, cinq mille pièces d'artillerie, les chantiers et les approvisionnements de la marine, de là ils comptaient marcher sur Marseille, franchir le Rhône, jeter aux Camisards des mousquets et des cartouches et soulever tout le Midi. Le succès de cette attaque, aussi dangereuse qu'imprévue, était possible de faibles dé

1 Mémoires de Villars, p. 166. Archives de la Guerre, vol. 2015, no30. Lettre de Louis XIV à Villars, 23 juin 1707. Pelet, t. VII, p. 222. 3 Juillet 1707.

tachements gardaient la Provence, Toulon était à peine fortifié et Marseille était ouvert.

Le maréchal de Tessé, qui commandait l'armée des Alpes, fit à la hâte les préparatifs de la défense. Il rassembla sous Toulon les divers corps d'armée disséminés dans les Alpes, renferma dans les villes les grains et les fourrages, brûla les maisons sur la route que devaient suivre les alliés, et défendit sous peine de mort de leur vendre des vivres. Toulon, bien fortifié du côté de la mer, n'avait, du côté de la campagne, ni chemin couvert, ui glacis, et ne pouvait soutenir un siège de six jours.

Au pied des remparts s'étendaient des jardins, des maisons de campagne et des couvents qui cachaient les approches'. Derrière ces bâtiments, les hauteurs Sainte-Anne, Lamalgue et Sainte-Catherine dominaient la place et offraient aux alliés d'excellentes positions pour leurs batteries. Tessé fit travailler nuit et jour aux fortifications d'une place aussi importante, le premier, le plus riche arsenal de la France. Quatre mille ouvriers et tous les matelots de la flotte abattirent les maisons, nivelèrent les jardins et creusèrent un chemin couvert et des glacis. Pour empêcher l'ennemi de prendre position sur les collines

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« Toulon, Sire, n'est pas une place, mais un jardin dans lequel pourtant est renfermé tout ce qu'il y a de plus précieux pour vous, et dont la perte irréparable est indicible. On n'a jamais songé aux fortifications du côté de terre; tout ce qui regarde la mer est en bon état; ce qu'on appelle le glacis, qui n'était pas fermé, est semé de grosses maisons de plaisance, de jardins et de maisons religieuses. » Archives de la Guerre, vol. 2041, no 139. Lettre de Tessé au roi, 12 juillet 1707. Pelet, VII, 109.

environnantes, le maréchal y établit des troupes avec des retranchements et du canon. Pour soutenir ces postes, il organisa sous les murs deux camps qui formaient comme une seconde enceinte et empêchaient l'investissement. Il fit occuper les gorges d'Ollioules, sombre et profond défilé dont la possession assurait les communications avec Marseille. Il mit sur les remparts trois cents pièces de canon, enrégimenta sept mille matelots, quatre mille miliciens, arma neuf mille paysans qu'il dispersa dans la campagne, et, ces précautions prises, attendit l'ennemi de pied ferme.

Les alliés cependant continuaient leur marche, passaient le Var, qui ferme de ce côté la frontière de France, traversaient Grasse, Cannes, Fréjus, et s'engageaient dans le défilé de l'Esterel, long, montueux et boisé, qui s'étend entre Saint-Laurent du Var et Fréjus. Malgré les efforts des paysans et des soldats, les ennemis franchirent la dangereuse forêt de l'Esterel, naguère si fatale à Charles-Quint1, et le 24 juillet ils arrivèrent à La Valette, à une demi-lieue de Toulon, où ils établirent leur camp. L'amiral Schowell se montrait en même temps avec la flotte et débarquait sur le rivage la grosse artillerie nécessaire aux opérations du siége. Dès leur arrivée, le prince Eugène et le duc de Savoie montèrent sur l'une des hauteurs, afin de reconnaître la place. Ses fortifications étaient faibles encore, malgré l'établis

1 Cette vaste forêt, si célèbre dans la Provence, était alors infestée de brigands.

sement des glacis et des chemins couverts, mais les camps retranchés et les postes établis par le maréchal de Tessé écartaient tout danger d'investissement immédiat. Afin de reprendre ces positions indispensables pour le siége, les généraux alliés lancent une colonne de sept mille soldats à l'assaut des montagnes, et, malgré la plus vigoureuse résistance, ils parviennent à s'emparer de la hauteur Sainte-Catherine, sur laquelle ils établissent aussitôt leurs batteries. Mais ils n'y restent que quelques jours. Les Français reprennent Sainte-Catherine à la baïonnette, détruisent les batteries des assiégeants, et leur tuent trois mille soldats1. Eugène et Victor-Amédée livrent inutilement de nouveaux assauts; ils sont repoussés à l'arme blanche.

Voyant l'inutilité de leurs tentatives, après trois semaines d'efforts les ennemis renoncent à investir la place, et, plaçant des batteries sur la hauteur Lamalgue, dont ils se sont rendus maîtres, ils lancent sur la ville une grêle de bombes. Au même instant, du côté de la mer, l'amiral Schowell fait avancer des galiotes jusqu'à l'entrée du port, avec ordre de bombarder la place et de mettre le feu aux immenses approvisionnements qu'elle contient. Mais ici encore la fortune déjoua les espérances des alliés. Tessé fit dépaver les rues, préparer de l'eau dans tous les quartiers, établit des postes chargés d'éteindre les bombes, et, grâce à ses soins, elles brûlèrent à peine

1 Archives de la Guerre, vol. 2042, no 171. 16 août 1707. Lettre de Tessé au roi. Pelet, t. VII, p. 400.

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