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CHAPITRE VI

(1710.)

Campagnes de 1710.-Siéges de Douai, de Béthune, d'Aire et de SaintVenant.-Lenteurs des hostilités sur le Rhin.-Invasion des AustroPiémontais dans le Midi.-Soulèvements dans les Cévennes.- Débarquement des Anglais à Cette.-Retraite des Autrichiens et rembarquement des Anglais.-Guerre acharnée en Espagne entre l'archiduc et Philippe V. - Combat d'Almenara. - Bataille de Saragosse. - Retraite des Espagnols. · Entrée des alliés à Madrid. Souffrances et pertes de leur armée.-L'archiduc attend vainement les Portugais.-Soulèvement des paysans en Castille. L'archiduc bloqué dans Madrid. - Arrivée de Vendôme en Espagne. Il coupe aux Portugais la route de Madrid. -Marche des alliés sur Tolède.-Départ de l'archiduc. Difficile retraite des alliés vers l'Aragon.

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Vendôme à leur suite.

ciosa.

Marche rapide de Combat de Brihuega.-Bataille de Villavi

- Triomphe de Philippe V. - Reprise de la Catalogne par les Français. Influence des victoires de Vendôme sur les affaires générales de l'Europe.

La guerre continuait de nouveau sur toutes les frontières. Au nord, dès la fin d'avril, le prince Eugène et Marlborough marchaient avec cent quarante mille hommes sur les lignes de Villars, qui fermaient la France de la Meuse à la mer, et, tandis que le maréchal était retenu à Versailles par sa blessure, ils forçaient ses lignes et pénétraient dans le royaume; mais là, les alliés se souvenant de Malpla

1 1710.

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quet, n'osèrent livrer bataille et se bornèrent à mettre le siége devant Douai. Villars quitte aussitôt Versailles et rejoint son armée; encore trop faible pour marcher, il se fait hisser sur son cheval, y reste dix heures de suite, et fait de vains efforts pour sauver la ville assiégée'.

Le gouverneur de Douai, M. d'Albergotti, fit la plus belle défense. Il arrêta l'ennemi pendant deux mois, lui tua douze mille hommes et ne sortit qu'avec les honneurs de la guerre 2. Après ce premier succès, les alliès marchèrent sur Béthune, qu'ils investirent. M. du Puy-Vauban, neveu du maréchal, leur tua cinq mille hommes et tint trente jours de tranchée ouverte, jusqu'à ce que la place fut entièrement démantelée. Il demanda alors à capituler. Eugène et Marlborough parlèrent d'abord de retenir la garnison prisonnière, mais M. du Puy-Vauban ayant déclaré qu'il soutiendrait l'assaut et vendrait chèrement sa liberté, les ennemis le laissèrent sortir avec ses troupes 3. Ils assiégèrent ensuite deux petites villes, Aire et Saint-Venant, situées au delà de nos lignes, dans la pensée que les Français n'y mettraient pas obstacle. Villars les laissa en effet ruiner leur armée devant ces bicoques; il leur fallut assiéger dans les formes Saint-Venant, qui n'avait que des

1 Je fis avant hier treize ou quatorze lieues tant à cheval qu'en chaise; j'en ferai demain autant.... Mes béquilles ne me mènent que dans ma chambre. » Mémoires de Villars, p. 192,

2 26 juin 1710.

$29 août 1710.

murailles de terre. M. de Selve la défendit trois semaines et en sortit avec les honneurs de la guerre1. Le gouverneur d'Aire, M. de Guébriant, fit mieux encore il tua douze mille hommes aux ennemis et les occupa jusqu'à la fin de la campagne. Eugène fut si enthousiasmé de sa conduite, qu'il lui donna comme trophée deux des canons de la place. La prise de Douai, de Béthune, d'Aire, de Saint-Venant, brisait, il est vrai, notre ligne de forteresses du nord, que les alliés appelaient la Chaîne de fer, mais Eugène et Marlborough avaient perdu devant ces places le tiers de leur armée, vingt mille hommes par les désertions, vingt mille par le feu. Villars, au contraire, conservait toutes ses troupes. De nouvelles lignes couvraient l'Artois et la Picardie, et la France restait fermée.

Sur le Rhin, les alliés étaient moins heureux encore. Découragé par les lenteurs des princes germaniques, dont les contingents n'arrivaient pas, le général de l'Empire, George de Hanovre, avait quitté le commandement; son successeur, le duc de Wurtemberg, devait rencontrer les mêmes difficultés : l'empereur Joseph I détache une partie des régiments autrichiens qui servaient sur le Rhin et les envoie en Espagne au secours de son frère, et réduit ainsi le duc de Wurtemberg à l'impuissance. Les Français passent le Rhin et vivent sur les terres de l'Empire. Les deux armées s'observent à quelques

1 29 septembre 1710,

portées de canon l'une de l'autre, et la campagne s'écoule sans engagement.

Dans le Midi, la guerre s'étend des Alpes aux Pyrénées. Mécontent de l'Empereur, auquel il reproche d'opprimer l'Italie, le duc de Savoie refuse de se mettre à la tête de ses troupes; il les abandonne au général autrichien Daun, qui pénètre en France avec une armée austro-piémontaise, dans l'espoir de soulever le Dauphiné, puis les Cévennes et le Vivarais, frémissant encore de l'insurrection de 1709. L'occasion était propice : les protestants s'agitaient de nouveau, et l'on venait de découvrir une assemblée dans les Cévennes1. A quelques jours de là 2 une escadre anglaise de vingt-six vaisseaux enlevait Cette et y débarquait des troupes et des fusils destinés aux Camisards. Déjà des bandes armées parcouraient les Cévennes, et des agents de Cavalier, leur ancien chef, prêchaient la guerre sainte. Ces deux tentatives échouent en même temps après une rude campagne à travers les Alpes, Berwick repousse en un mois les Autrichiens en Italie. Dans le Languedoc, le duc de Noailles arrive au secours de Roquelaure avec l'armée de Roussillon. Il franchit quarante lieues en trente-cinq heures, reste cinq jours et cinq nuits de suite à cheval, reprend Cette et force les Anglais

1 Dans la nuit du 12 au 13 juillet 1710. Elle fut dispersée à coups de fasil; le prédicant fut tué et les prisonniers pendus à Montpellier, le

24 juillet.

2 Juillet 1710.

3 Lettre de madame de Maintenon. Edition Auger, t. III, p. 126.

à se rembarquer à la hâte. Ses dragons, les poursuivant jusque dans la mer, viennent les sabrer dans leurs chaloupes, et l'expédition finit en six jours 1.,

Mais la lutte était surtout acharnée en Espagne; Louis XIV en avait retiré tous ses régiments, afin de montrer à l'Europe sa résolution d'abandonner Philippe V. Les alliés, qui ont refusé l'Espagne à Gertruydemberg, s'efforcent maintenant de l'arracher par les arines. Les deux rois de la Péninsule, Philippe V et Charles III y combattent face à face, et avec eux trois grands hommes de guerre, Stahremberg, Stanhope et Vendôme. A la présence des princes, à la rivalité des capitaines, s'ajoutent la haine ancienne des provinces, l'opposition, la diversité des races, des langues et des religions; de rapides péripéties s'accomplissent; les deux rivaux triomphent tour à tour; et, dans l'espace de six mois, Philippe V perd et regagne son royaume.

La guerre commence en Catalogne. Encouragé par le départ des Français, l'archiduc sort de Barcelone avec trente mille Anglais, Portugais, Hollandais, Autrichiens et Allemands à la solde de la GrandeAlliance, et, suivi de Stahremberg et de Stanhope, il se présente devant l'armée espagnole campée sur la Sègre, épuisée par la campagne précédente et réduite à vingt mille soldats. Pendant deux mois, au cœur de

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1 30 juillet 1710. Archives de la Guerre. - Lettre de madame de Maintenon au duc de Noailles. 17 août 1710. Court, t. III, p. 259. Cette expédition du duc de Noailles fut comme le Quiberon de cette autre Vendée.

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