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CHAPITRE PREMIER.

(1707.)

Guerre générale en Europe en 1707.-Guerre de Charles XII contre les Russes, les Polonais et les Saxons.-Invasion de Charles XII en Saxe.Continuation de la guerre de la Succession d'Espagne. Armées du Nord, du Rhin, des Alpes et des Pyrénées. - Villars passe le Rhin et force les lignes de Stolhofen.-Invasion de l'Allemagne.-Terreur de l'Autriche menacée par Villars, Charles XII et Ragoczi. Villars offre à Charles XII de se joindre à lui pour envahir l'Autriche. Refus de Charles XII et retraite de Villars au delà du Rhin. - Invasion de la Provence par les Austro-Piémontais. - Siége de Toulon.Echec et retraite précipitée des alliés.-Guerre d'Espagne.-Révoltes de la Catalogne, de l'Aragon et du royaume de Valence. Sanglante bataille d'Almanza.—Arrivée du duc d'Orléans en Espagne.— Il reprend Saragosse et l'Aragon. Entrée des Français en Catalogne.-Prise de Lérida par le duc d'Orléans. Misérables et dangereuses perfidies de madame des Ursins contre ce prince. — Curieux passage de sa correspondance à ce sujet. Résultats généraux de la campagne de 1707.

En ce moment', l'Europe entière est en feu. Au Nord, la guerre de Suède, commencée en même temps que la guerre de la Succession d'Espagne, dure comme elle depuis six ans ; Charles XII, vainqueur des Russes, des Polonais, des Saxons, détrône à Varsovie l'électeur-roi Auguste II 2, et le poursuivant dans ses États héréditaires, arrive à Dresde

1 Mai et juin 1707.

2 Il était à la fois roi de Pologne et Électeur de Saxe.

III.

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avec son armée victorieuse. En Hongrie, Ragoczi proclame la déchéance de l'Empereur et ravage l'Autriche avec soixante mille hommes. En Flandre, Vendôme combat Marlborough et les armées réunies de l'Angleterre et de la Hollände. En Alsace, Villars reprend la rive française du Rhin et menace la rive allemande. En Provence, Tessé défend la frontière des Alpes contre les Autrichiens d'Eugène et les Piémontais de Victor-Amédée. En Espagne enfin, Berwick tient tête aux Anglais et aux Portugais, soutenus par les insurgés de Valence, d'Aragon et de Catalogne. De Gibraltar à Dantzig, d'Anvers à Belgrade, partout la guerre.

En Flandre, où Vendôme luttait contre Marlborough, la situation des Français était critique. Vendôme devait couvrir la longue frontière de Belgique avec une armée inférieure en nombre, cette armée de Villeroy mise en déroute à Ramillies, encore abattue et désorganisée. Afin de fermer aux alliés l'entrée du royaume, Vendôme creusa d'abord un immense retranchement, qui avait quatre-vingt-dix lieues de long et s'étendait de Mézières à Nieuport. A l'abri de ces lignes, il reforma ses troupes, mêla les recrués aux vétérans, les exerça par des manœuvres continuelles, puis, envahissant la Belgique, il les mena devant l'ennemi. Mais Louis XIV, qui ne voulait pas livrer la frontière aux hasards d'une bataille, lui défendit de combattre. Les Hollandais, de leur côté, retenaient l'impatience de Marlborough, plus désireux encore d'en venir aux mains, et la campagne s'écoula

sans engagement. La marche de Vendôme eut toutefois un grand résultat : les généraux français apprirent à manœuvrer devant Marlborough sans redouter une attaque ou une déroute, et, à deux reprises différentes, ces mêmes soldats, si démoralisés sous Villeroy, demandèrent à grands cris la bataille.

Sur le Rhin, pendant ce temps, Villars ouvrait la campagne par une action pleine d'éclat, où il déployait son audace ordinaire, et réussissait avec son bonheur accoutumé.

En face de Strasbourg, sur la rive allemande du fleuve, le prince Louis, à la fois margrave de Bade et généralissime de l'Empire, avait établi des retranchements, qui s'étendaient de Buhl à Stolhofen et couvraient en même temps l'Allemagne et ses États héréditaires. Ces lignes s'étendaient parallèlement au Rhin sur une longueur de douze lieues, et se composaient de doubles retranchements élevés en amphithéâtre, soutenus de distance en distance par de bonnes redoutes, avec un pont bien fortifié, qui aboutissait à une île du Rhin, l'île d'Alunde, d'où les ennemis pouvaient facilement passer en France 2. Elles s'étendaient en équerre, de Philipsbourg à Stolhofen et de Stolhofen aux montagnes Noires, et présentaient un redoutable ensemble de fortifications, élevées par l'art des hommes et protégées par la nature même du pays. Le Rhin défendait une partie des travaux; l'autre partie était couverte par de hautes collines,

1 En 1703.

2 Mémoires de Villars, p. 159.

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qui touchaient aux montagnes de la forêt No Confiant dans la force de ces retranchements, L de Bade avait construit son magnifique château Rastadt derrière ces lignes, qui servaient même, un point, de clôture à son parc, et qui, deux fois d en 1704 et 1705, avaient couvert les armées a mandes. Les généraux de l'Empire les regarda comme imprenables. Elles renfermaient env trente mille hommes, et il était en effet difficil dangereux de forcer une armée entière, dans retranchements défendus à la fois par un grand fle par des montagnes et par une nombreuse artiller Louis de Bade venait de mourir1. Son success Christian de Bareuth, n'avait ni son expérience son mérite. Villars entreprit de profiter de cette constance pour se rendre maître des lignes de St fen. Dans ce but, il affecta de porter tous ses ef du côté de la terre, où il semblait qu'il dût renco beaucoup moins de difficultés. Pendant ce temp songeait en réalité aux moyens de rassembler à l des alliés un nombre de bateaux suffisant pour te l'attaque par le fleuve. Pour réaliser ce proje fallait trouver d'abord un endroit favorable au dé quement, puis tromper la surveillance des enn qui, maîtres de la rive allemande du Rhin, domin des hauteurs voisines tout le cours du fleuve et dé vraient jusqu'à la moindre nacelle. Par un heu hasard, ils avaient abandonné toutes les îles du F

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