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mois d'impuissantes démarches, il comprit l'inutilité de sa présence et s'embarqua pour La Haye 1.

A bout d'efforts, les Hollandais imaginèrent un dernier expédient, afin de gagner quelques semaines et d'ajourner, s'il était possible encore, la conclusion d'une paix qui devait ruiner leur pays. Ils retardèrent l'envoi des passe - ports destinés aux négociateurs français qui devaient se rendre au congrès d'Utrecht. Cette petite et misérable supercherie, après les intrigues de Gallas et l'ambassade de Buys, souleva les ministres d'Angleterre. Ils dépêchèrent en Hollande le comte de Strafford, colonel de dragons, énergique et brusque, avec ordre d'emporter ce dernier obstacle. A peine débarqué, Strafford déclara aux États-Généraux que s'ils tardaient davantage, l'Angleterre transporterait en France le congrès, et il s'exprima en termes si impérieux qu'il effaça l'impression des plus fières paroles de Louis XIV. « Jamais l'ennemi, s'écrie un contemporain, dans sa plus violente élévation, n'avait parlé avec tant d'orgueil.» Malgré ce langage, les Etats-Généraux ne cédèrent pas encore, et ils se réunirent pour délibérer de nouveau sur la question. Strafford leur écrivit alors quelques lignes, où il les sommait de se prononcer sur l'heure, ajoutant que l'Angleterre prendrait tout délai pour un refus, et traiterait seule avec la France. Cette menace décida les Hollandais. Ils envoyèrent les passe-ports à Bolingbroke et fixèrent

1 Mars 1712.

2 Lamberty, t. VI, p. 724. Novembre 1711.

l'ouverture du congrès au 12 janvier 1712. La reine publia solennellement cette grande nouvelle à la rentrée des Chambres; elle annonça que, malgré les artifices de ceux qui se plaisaient à la guerre, désignant ainsi les whigs, le lieu et l'époque du congrès étaient désormais fixés 2.

1 18 décembre 1711.

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CHAPITRE X.

(1708-1711.)

Forces de Ragoczi et faiblesse des Autrichiens au printemps de 1708. -Bataille de Trencsen. Défaite et déroute des Magyares.-Trahison de Bézéredy. — Diète de Patak. - Découragement des insurgés. Désertions. Invasion de la peste. - Progrès des Autrichiens.-Embarras de Ragoczi. Son adresse au czar, à la France et à l'Angleterre. - Arrivée de trois mille Suédois en Hongrie. — Marche audacieuse et désespérée de Ragóczi pendant l'hiver. Combat sanglant

de Romany.

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- Ravitaillement de Neuhausel. - Echec des Magyares

dans la Hongrie transdanubienne.

haute Hongrie par les Autrichiens. vallée de Munkacz.

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Reprise de Neuhausel et de la

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Détresse de Ragoczi dans la Il demande une suspension d'armes. Son entrevue à Vaïa avec le général Palfy. Fidélité des seigneurs hongrois et transylvains. Voyage de Ragoczi en Pologne pour solliciter le secours du czar. — Désertion de Karoly pendant son absence. - Lettre amère et inutile de Ragoczi à son armée. - Convention de Zatmar entre Karoly et Palfy. — Arrivée et séjour de Ragoczi en France. Son voyage en Orient pour recommencer la guerre. La Marche de Ragoczi.

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Tandis que la France se relevait par les négociations et par les armes, la Hongrie succombait lentement. Nous avons laissé Ragoczi proclamant la déchéance de l'Empereur, luttant contre l'anarchie et la trahison, et rassemblant des canons, des munitions et des soldats, des chevaux et des recrues; nous le retrouvons à la tête de soixante mille hommes de troupes régulières, avec lesquels il entre en campa

gne dans les premiers jours de 1708. Ses lieutenants Karoly, Berseny, Esterhazy, ravagent en même temps les États autrichiens, alors épuisés d'hommes et d'argent. L'Empereur n'avait plus que quelques régiments enfermés au milieu du Danube, dans cette île de Schut, que la richesse de ses moissons a fait nommer le jardin d'or 1. Il avait perdu l'habile Stahremberg, envoyé en Espagne; son successeur, le vieil Heister, était plus redoutable par sa cruauté que par son mérite. Cette fois encore les Hongrois pouvaient écraser les Autrichiens, marcher sur Vienne et dicter la paix à l'Empereur.

Mais, avec les talents d'un administrateur, la sagesse d'un homme d'État, Ragoczi n'avait pas le génie d'un homme de guerre. Il redoutait les batailles, en raison de son inexpérience et de l'indiscipline de ses soldats; il n'osa marcher sur Vienne. Pour ménager sa belle armée, la plus belle qu'il eût encore commandée, il forma le timide projet de passer l'été sans combattre, d'enirer à l'automne en Silésie, de la soulever à l'aide de la noblesse et des protestants, qui l'appelaient, et d'agrandir par cette conquête le théâtre de l'insurrection. Il descendit donc lentement les Carpathes, occupant ses troupes à des manœuvres ou à des revues, et menant ses généraux à la chasse pour tromper l'ennui des campements.

1 Cette île est aussi appelée Trompeuse, parce que, toute fertile qu'elle est, il arrive souvent qu'avant la moisson elle soit couverte d'un brouillard épais qui, comme une nielle, consume le seigle ou le froment; aussi sème-t-on toujours ces deux grains mêlés.

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