Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[ocr errors]

mier volume contient les poésies de l'auteur: des élégies, des épîtres, des prosopopées et des odes, parmi les quelles on distingue l'ode à la Grèce, quelques autres tirées de l'Ecriture sainte, ou imitées du grec d'Anacréon; la Pudeur, poème; quatre soirées poétiques. Le second volume renferme ses productions en prose; les Eloges de Féraud, de Poivre, de Vauvenargues et de Belzunce; un Essai sur les romans; un Essai sur le sonnet, et son Discours de réception à l'académie de Marseille. L'Eloge de l'abbé Féraud, couronné par cette académie, avait été publié précédemment à Marseille, 1819, in-8°, avec une pièce intitulée : l'Ombre de Cicéron. Grange mourut dans sa ville natale le 23 février 1826, âgé seulement de trente-un ans. P-RT. GRANGER (ANTOINE), comédien distingué, naquit à Paris en 1744. Il débuta en 1763 par le rôle d'Egisthe dans Mérope, et obtint quelques succès. Me Doligny ouvrait alors sa carrière dramatique qui est devenue si brillante; et ils étaient prêts à se marier, lorsque Grandval, par sa rentrée, s'emparant de la demi-part de Granger, força ce dernier de quitter le ThéâtreFrançais et de partir pour la province. De retour à Paris, il entra à la comédie italienne, et parut, le 5 mars 1782, dans Dorante de la Coquette fixée, et dans Dorimon de l'Apparence trompeuse. Il fut reçu sans délai comédien du roi. Le rôle peu saillant de Dorsan dans la Femme jalouse fut son triomphe. Il excellait dans le drame et dans la comédie. Plein de verve et de gaîté dans les rôles de marquis, il y joignait la noblesse dans le haut comique. En 1790, le théâtre italien se bornant à l'opéra-comique, Granger se distingua auprès de Michu, Solié, Mmes Dugazon et Saint-Aubin. Bientôt Méhul et Chérubini opérèrent une

révolution dans la musique, et Granger fut réduit à des rôles accessoires, qu'il savait rendre intéressants. Iĺ parcourut, en 1796, la province où il joua les rôles à caractère de la comédie française. En 1801, il remplaça, comme directeur du théâtre de Rouen, le malheureux Michu qui venait de se noyer. Il céda sa direction en 1818, et revint dans la capitale, où, nommé membre du jury d'examen du ThéâtreFrançais et professeur de déclamation Conservatoire de musique, il transmit à ses élèves l'ancienne tradition qui semble tout-à-fait perdue aujourd'hui. Il se remaria en 1824, se retira à Vernon, et y mourut le 25 octobre de la même année, âgé de quatre-vingtun ans, laissant une fortune assez considérable. Granger avait un œil de verre, mais on ne s'en apercevait pas sur la scène, tant sa physionomie était animée, son jeu toujours vrai, et son débit aussi juste qu'entraînant. F-LE.

au

[ocr errors]

GRANGIER (PIERRE-JOSEPH), né à Sancerre le 12 mars 1758, fut, avant la révolution, avocat, puis subdélégué de l'intendance de Berri. Député dutiers-état de sa province aux états-généraux de 1789, il fut membre du comité des rapports, fit constamment partie de la minorité de cette assemblée, et signa les déclarations et protestations qu'elle fit paraître contre les décrets subversifs de la religion et de la monarchie. Il en publia une particulière, le 14 sept. 1791, jour de l'acceptation de la nouvelle constitution par le roi. Cet écrit signale très-bien les défauts du nouveau système, de manière à faire prévoir les maux qu'il devait attirer sur la France. Grangier vécut ensuite éloigné des affaires jusqu'en 1796, époque à laquelle il fut nommé membre de l'administration du département du Cher, puis député au conseil des cinq-cents, où il fit plusieurs

rapports, notamment sur les troubles occasionnés par les jacobins dans le département de la Nièvre à l'occasion des élections. Sa nomination au corps législatif fut annulée au 18 fructidor. En 1802, il fut membre du conseil-gé néral du département du Cher; et, en 1804, du conseil de préfecture. Anobli par Louis XVIII le 6 sept. 1814, il reçut du duc d'Angoulême, à son passage à Bourges en 1815, la décoration de la Légion-d'Honneur. Il fut destitué de la place de conseiller de préfecture par suite des évènements du 20 mars, et réintégré après le retour du roi. Grangier reçut, en 1816, la croix de Saint-Jean de Jérusalem, sur la demande du prince de Condé, en considération des services qu'il avait rendus au roi pendant la révolution. Cet homme de bien mourut à Bourges le 25 juin 1821. Z.

GRANIE (PIERRE), né à Béziers, en 1755, suivit la carrière du barreau, fut admis, en 1800, au nombre des avocats près la cour de cassation, et reça, en 1814, avocat aux conseils du roi. Nommé, au commencement de 1819, vice-président du tribunal de première instance de Bordeaux, il mourut subitement dans cette ville le 22 juin de la même année. M. Emerigon, président du tribunal, prononça sur sa tombe un discours. On a de Granié: I. Lettre au citoyen D***, sur l'ouvrage intitulé: Mes rapports avec J.-J. Rousseau, par le citoyen Dusaulx, 1798, in-8°. II. Observations sur les lois maritimes dans leurs rapports avec le code civil, Paris, 1799, in-8°. III. Histoire de l'assemblée constituante écrite par un citoyen des États-Unis, Paris, 1797, 1799, in-8°; réimprimée après la restauration, avec le nom de l'auteur, sous ce titre : Histoire des Etats- Généraux, ou Assemblée constituante en 1789, sous Louis

a été

[ocr errors]

XVI, ibid., 1814, in-8°. Elle traduite en allemand par L.-F. Huber (Voy. ce nom, XXI, 6), Leipzig, 1798-99, in-8°. IV. Lettre à M*** sur la philosophie dans ses rapports avec notre gouvernement, ibid. 1802, in-8°. V. Petite lettre sur un grand sujet, ibid., 1812, in-8° (anonyme). Elle est relative à la discussion que firent naître la comédie des Deux gendres et celle de Conaxa. VI. Histoire de Charlemagne, roi de France et empereur d'Occident au renouvellement de l'empire, précédée d'un précis historique sur les Gaules, ibid., 1819 in-8°. On lui attribue aussi des Réflexions sur Machiavel. P―RT.

GRANT (CHARLES), homme politique anglais, connu surtout comme directeur de la compagnie des Indes, était né en 1746, en Ecosse la veille même de la mémorable bataille de Culloden (26 avril). Son père, zélé jacobite, combattait alors en faveur de Charles Edouard; et peu d'heures séparèrent la naissance du fils de la mort de l'auteur de ses jours. Le jeune Grant pourtant ne fut point élevé dans le regret des Stuarts et la haine de la maison d'Hanovre. Peu de temps après sa sortie du collège d'Elgin, où l'avait placé un oncle pour lequel il conserva toujours la plus tendre vénération, il embrassa la carrière militaire, et partit pour l'Inde (1767); mais dès son arrivée il déposa l'épaulette et l'épée, pour accepter un emploi subalterne sous le patronage immédiat d'un membre du conseil de Bengale, Rich. Becher. A son retour en Europe, 1770, il se maria, sollicita un poste meilleur, et obtint, sinon la place qu'il demandait, du moins la promesse de la place. Sur la foi de ces paroles, il se rembarqua pour l'embouchure du Gange, suivi de sa femme, sa mère, sa sœur et quelques amis. Il en perdit un au Cap

dans un duel, et jaloux de venger sa mort, il mit ses soins à recueillir des documents et à rédiger un mémoire sur l'évènement: le résultat fut l'emprisonnement du vainqueur à Bombay, puis sa translation à Londres où finalement la cause fut portée au conseil du roi et fit grand bruit, tant dans le palais que dans les journaux et les brochures. Pour Grant, pendant ce temps il était à Calcutta, où, dès qu'il eut mis pied à terre (1772), il vit se réaliser les promesses qui l'avaient séduit. D'abord placé en qualité de facteur, il fut ensuite secrétaire du bureau de commerce; puis résident commercial de la compagnie, et enfin chargé de gérer la riche fabrique de soie de Melda (non loin des belles ruines de Gour). En 1787, il revint à Calcutta où Cornwallis le rappela pour le créer quatrième membre du bureau de commerce. Comme le commerce de l'Inde était exclusivement la propriété de la compagnie, le bureau de commerce jouait alors un rôle des plus vastes, des plus élevés, et il correspondait directement avec la cour. Dans tous les postes où nous venons de voir Grant, il avait donné des preuves de talent, et rendu des services éminents à la compagnie; mais probablement il ne serait point monté plus haut les seules places sur les quelles il pouvait encore jeter un œil de convoitise aux Indes, ne se donnaient qu'à des illustrations ou à de grands noms. Il songea donc à revenir, et la faible santé de sa femme servit de prétexte à sa démission, en 1790. Il emporta les regrets les plus vifs de Cornwallis, dont les recommandations le suivirent en Europe. Sa fortune, après dix-huit ans de fonctions lucratives, le classait parmi les riches, même en Angleterre. Lors donc qu'après trois ans donnés au repos et à ses affaires particulières, il se mit sur

:

LXVI.

les

rangs pour un siège parmi les directeurs de la compagnie des Indes, deux mois à peine se passèrent qu'il fut élu à l'unanimité. Il ne regarda point cette haute position comme une sinécure. Bientôt les frais énormes du nolis que la compagnie payait pour louage de navires subirent, en grande partie par ses soins, des réductions presque inimaginables (deux cent cinquante millions en quelques années). Les dispositions administratives relatives au commerce de l'Inde et aux précautions à prendre contre la contrebande devinrent plus sages, plus fructueuses. L'innocence, jusque-là un peu problématique, des principaux actionnaires de la compagnie dans le trafic des places aux Indes, fut mise en lumière par sa persévérance et son habileté (1809). Depuis 1797, l'opinion publique avait l'éveil sur ce trafic que désignaient comme notoire une foule d'annonces scandaleuses, et que cependant on ne pouvait atteindre. En 1800 et 1801, Grant se prononça très-fortement pour la nécessité d'une justification solennelle et à cet effet une assemblée générale des actionnaires donna un bill public de confiance au comité que soupçonnait l'opinion. Mais cette espèce de jugement, d'acquittement de famille, ne calma point les méfiances. Grant, en 1809, à la suite de quelques indiscrétions qu'il saisit au vol à la chambre des communes, suivit à la piste et pied à pied les opérations qui compromettaient la compagnie, et muni de ces renseignements il déposa sur la tribune de la chambre une pétition de son frère, tendant à demander la création d'un comité spécial qui fût chargé d'instruire sur ces abus. L'enquête eut lieu, et le comité fut réhabilité aux yeux de Londres et de l'Europe. A cette époque Grant était depuis sept ans membre de la chambre basse. Envoyé en 1802,

:

2

2

22

comme représentant de la ville d'Inverness, il fut réélu en 1804 par le comté de ce nom, et siégea quinze ans à ce titre. Cette participation du directeur à la puissance législative ne pouvait manquer d'accroître sa sphère d'action. Aussi prit-il part à tous les débats relatifs aux Indes, tant sous le rapport économique et social que sous le point de vue militaire. Rarement il approuvait, Lord Wellesley (aujourd'hui duc de Wellington) avait en lui un censeur impitoyable. Grant, tout en reconnaissant son aplomb sur le champ de bataille, son énergie dans le conseil, blàmait le système belliqueux adopté par le gouvernement à la voix du général, et il demandait à quoi bon des conquêtes qui en fait n'avaient produit ni pacification dans l'Inde, ni améliorations dans les troupes et les finances de la société. Il n'exceptait de cet anathème que la guerre du Maissour , guerre provoquée par la déloyauté de Tippou-Saeb et par le machiavélisme de la France. Mais les négociations fallacieuses entamées avec les nababs du Karnatik et de l'Aoude, mais le démembrement des états du second étaient à ses yeux des crimes inexcusables. La formidable confédération des Mahrattes, il la regardait comme nécessitée par le système suivi à leur égard. Ces jugements sur les mesures adoptées aux Indes étaient ceux de Cornwallis. Philippe Francis aussi était un adepte zélé de ce système; et Grant et lui faisaient souvent chorus à la tribune et sur les bancs. C'est ainsi que, le 5 avril 1805, Grant appuyait la motion de Francis qui proclamait tout plan de conquêtes et d'extension de territoire en Inde, contraire à l'honneur et au système politique de la Grande-Bretagne. L'année suivante (1806), lors de la proposition d'impeachment, risquée par Paul, et à l'appui de laquelle venaient

nombre de griefs spéciaux, Grant sé prononça pour le bill accusateur, tout en demandant le retard de l'impression des griefs jusqu'à la production des pièces. Il ne se montra pas moins rude antagoniste de toutes les mesures oppressives dans une troisième session, lorsque, en adhérant à la motion sur la conduite du gouvernement à l'égard des Poligars, il attribua l'insurrection de Vellore au vou que formaient les mahométans de revoir les fils de TippouSaeb sur le trône, et non à la lutte religieuse du christianisme et des cultes indigènes. Vint enfin, en 1808, la déposition du nabab du Karnatik. A cette occasion, Grant manifesta la plus vive indignation contre le cynisme et l'hypocrisie de l'ambition qui spoliait ce malheureux prince, et passant en revue tous les documents déposés sur le bureau de la chambre il se résuma en disant: «Non-seulement il ne résulte de toutes ces pièces aucune charge contre le nabab, mais il n'est ni individu ni peuple qui puissent en conscience s'imaginer qu'il en résulte une. » Au contraire il prit en main avec un zèle sans bornes la cause de Barlaw, lors de la défection momentanée de l'armée de Madras sous son gouvernement en 1809, et fit entendre à cette occasion les pathétiques et males accents de l'éloquence du cœur. Les questions financières fixaient aussi l'attention de Grant. Déjà nous l'avons vu enrichissant la compagnie d'un quart de milliard. Il conduisit encore pour elle deux grandes affaires à bon port, appuya, fit triompher des réclamations pécuniaires qu'elle adressait au gouvernement; et obtint qu'au lieu d'opérer ses paiements en numéraire ou billets de la banque, elle aurait le droit d'émettre ses propres obligations. Pour l'administration générale des revenus de l'Inde, Grant avait la même largeur de vues. Il voulait que

les cultivateurs et tenanciers indigènes fussent propriétaires, et ne payassent point de taxe personnelle. Ce système, il est vrai, n'est pas celui que suivaient les conquérants mahométans. Mais, sauf les kalifes de Cordoue, les mahométans n'ont-ils pas partout frappé la terre de stérilité? et n'est-ce pas un éloge pour un système que de leur déplaire? En revanche, Grant n'était point un partisan aussi zélé de la liberté religieuse; sans demander que l'exercice des cultes ou des dévotions hindoues fût tout-à-coup déclaré sacrilège, aboli, contraint de chercher des asiles secrets, il voulait que le christianisme fit du prosélytisme et de la propagande sur la plus grande échelle; il croyait utile et facile de convertir les Hindous, et il y aidait de sa voix, de ses ouvrages, de son argent: il exposait les moyens de réussir, et en premier lieu i indiquait l'introduction de la langue anglaise comme idiome usuel. C'est avec un but analogue que toujours il se montra l'ardent défenseur du collège de Haleybury, pépinière de missionnaires et de fonctionnaires pour l'Inde, et qu'il exagérait peut-être la supériorité de cet établissement sur le collège de même genre fondé par Wellesley à Calcutta. Pour l'organisation judiciaire la police, la procédure, les peines, il agissait sous l'empire de la même influence: la morale se liant de près à la religion, if est tout simple qu'il la soumît aux mêmes règles, et que, ne craignant pas d'entraver la liberté hindoue en fait de lois divines, il ne balançât guère à la soumettre aux mêmes chaînes ou à la même tutelle, lorsqu'il s'agissait des lois humaines. Toutes ces questions si compliquées, si multipliées, que la vie d'un seul homme ne suffit point à les embrasser, it fallut qu'il les passât toutes en revue, lorsqu'en 1808 commencèrent les discussions relatives

au renouvellement de la charte de la compagnie. On ne manqua pas de le nommer membre de la députation chargée du double soin de conférer avec les ministres et de porter la parole aux chambres. Grant se surpassa dans cette tâche, et, s'il ne fit pas toujours prévaloir ses idées, il en vit du moins triompher un grand nombre par les clauses de la nouvelle charte (du 23 juillet 1813). Ainsi, par exemple, l'établissement ecclésiastique aux Indes devait recevoir des accroissements; on instituerait un évêque à Calcutta; les instituteurs, les missionnaires européens auraient le droit d'entretenir à volonté les Hindous; un sac de roupies par an était consacré au développement d'un système général d'éducation des indigènes. Bien que Grant s'occupat surtout des affaires de l'Inde, il était loin de dédaigner et d'ignorer le reste. Son nom se retrouve joint à une foule de décisions et d'entreprises utiles. Il appuya la proposition faite au parlement en 1820 et 21, d'ouvrir un commerce avec la Chine. Dès 1807, il seconda les nobles efforts de Wilberforce pour l'émancipation des nègres; il eut, tant par l'importunité de ses sollicitations près du gouvernement que par ses fréquentes apparitions parmi les travaux, une part immense au prompt achèvement du Canal Calédonien; il contribua de même à faire exécuter vite ce magnifique projet de quatre cents ponts et de mille routes dans les sauvages Highlands; il coopéra de toutes ses forces à la construction de cinquante nouvelles églises dans les paroisses les plus vastes de ces mêmes régions; il fut le premier à introduire en Europe les écoles du dimanche, et vingt ans durant il fit la dépense de deux d'entre elles. Directeur de la compagnie de la mer du Sud, membre de la société londinienne, pour la propagation des sciences

« VorigeDoorgaan »