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GUILDFORD (FRÉDÉRIC NORTH, Comte de), troisième et dernier fils du célèbre lord North, ministre à l'époque de l'insurrection anglo-américaine (Voy. NORTH, XXXI, 393), obtint, après avoir achevé ses études et pris ses degrés à l'université d'Oxford, les places de chambellan de la cour des tailles et de contrôleur des coutumes du port de Londres, et représenta deux ans de suite à la chambre des communes le bourg de Banbury (1792-1794). Peu de temps après il résilia son emploi au port de Londres pour la charge bien autrement importante de gouverneur de Ceylan, récemment tombée sous le joug ou l'influence britannique. Il affermit la domination et la suzeraineté de sa patrie sur cette île magnifique, et y fit, accompagné du savant: James Cordiner, une exploration dont les résultats ont été consignés par cet écrivain dans sa Description de Ceylan, 1807, 2 vol. in-4°. De retour en Angleterre, il ne tarda point à y solliciter derechef les ministres, et fut envoyé dans les îles Ioniennes, où il rendit de vrais services en introduisant l'éducation dont ses habitants manquaient à peu près totalement. Le patois horrible qui jadis se parlait dans tous ces parages fit place à un romaïque plus pur et qui diffère à peine de celui du continent. Une bibliothèque de 30,000 volumes s'ouvrit à Corfou: la plus grande partie de ces richesses venait des présents de lord Guildford. La mort de son frère François, en 1817, le rappela dans sa patrie, où il le remplaça dans la pairie et la possession de domaines considérables: mais le gouvernement de l'Inde l'avait déjà mis fort à l'aise avant ce temps. Il jouit pendant dix ans de sa nouvelle dignité, et mourut le 14 oct. 1827. P-OT. GUILHERMY (JEAN-FRANÇOIS-CÉSAR, baron de), né vers

1750, d'une famille établie depuis long-temps dans le Languedoc, devint conseiller au présidial de Castelnaudary, précisément deux siècles après que ses ancêtres étaient entrés dans le même tribunal; en fut lieutenant particulier en 1783, et procureur du roi l'année suivante. Il avait dès cette époque signalé son dévouement à l'autorité royale, et Louis XVI lui en avait témoigné sa satisfaction. Aux élections pour les Etats-généraux en 1789, il se prononça hautement contre les propositions que Cafarelli du Falga (Voy. ce nom, VI, 461), voulait faire insérer dans les cahiers qui devaient être remis aux députés, et notamment celle qui tendait à l'abolition des droits féodaux sans aucune indemnité. Guilhermy n'en fut pas moins nommé député du tiers-état, et siégea constamment au côté droit. Sans figurer parmi les orateurs, il mérita par son courage et son dévouement que Louis XVI le mît au nombre des députés sur lesquels il pouvait le plus compter. Le duc de Villequier, le nommant un jour à Mme Elisabeth : « Voyez, Monsieur, dit cette princesse « à Guilhermy, M. le duc de Ville

quier qui me fait l'injure de croire « que je ne vous connaissais pas! Un jour que Mirabeau l'aîné parlait en faveur du projet d'arborer sur nos vaisseaux le pavillon tricolore, et tonnait contre les malveillants décorés du titre de représentants du peuple, Guilhermy l'interrompit par ces mots : « Mira«beau parle comme un scélérat et un

assassin!» On ne saurait peindre le tumulte qui se fit alors entendre: Guilhermy fut condamné à trois jours d'arrêt dans sa propre maison. Lorsque Louis XVI, ramené de Varennes, fut reconduit aux Tuileries, une foule innombrable entourant le cortège commandait le silence et défendait toute espèce de témoignagne de

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respect. Tout le monde avait le chapeau sur la tête, et il était dangereux de rester découvert. Des placards affichés portaient «< que quiconque applaudirait « le roi serait batonné ; et que quiconque l'insulterait serait pendu. » Malgré ces défenses, Guilhermy, qui se trouvait dans le jardin des Tuileries lorsqu'on y fit entrer le monarque, resta constamment découvert. Menacé par les gardes nationaux et les Jacobins, il lança son chapeau au milieu de la foule, en s'écriant: «< Ira le chercher qui voudra ; jamais je n'oublierai le << respect que je dois à mon roi. » A la fin de la session (1791), il vota pour que l'assemblée présentât à la nation le compte des finances: enfin il signa les protestations des 12 et 15 sept. 1791. Immédiatement après la session il émigra en Allemagne. En 1795, il suivit Louis XVIII en Italie; puis à l'armée de Condé, à Blankenburg; enfin à Mittau. Le monarque exilé l'employa à diverses missions délicates; il l'avait désigné avec quatre autres magistrats pour entrer à Toulon et y former son conseil. En 1798, Guilhermy fut nommé maître des requêtes. Il eut l'honneur d'assister comme témoin au mariage du duc d'Angoulême et de Madame, célébré à Mittau le 10 juin 1799. Il fut du nombre des conviés au repas de noces, et Louis XVIII lui adressa ces paroles: «Mon bonheur serait parfait si j'a«< vais pu réunir ici tous ceux qui <«< comme vous se sont distingués par « une fidélité inaltérable. » Guilhermy ne s'occupait pas seulement à Mittau de négociations politiques, il se livrait en 1800, sous les yeux de Louis XVIII, à un travail de Recherches historiques, ayant pour but de démontrer l'identité d'origine entre la seconde et la troisième race de nos rois. Ce travail n'a pas été publié; mais Hue (Voy. ce nom, au Supp.) en donne

pas ou

un extrait dans son ouvrage intitulé: Dernières années de Louis XVI. En 1803, Guilhermy suivit Louis XVIII en Angleterre; il était alors dans l'intime confidence de ce prince, qui l'aimait beaucoup; et travaillait sous les ordres du comte d'Escars à la restauration du trône. Il était assez mal vu de la cour de Monsieur, comte d'Artois, où on lui reprochait ses liaisons avec Andréossi, ambassadeur de la république française à Londres, après le traité d'Amiens; mais avant de fréquenter ce fonctionnaire, qui était son compatriote, Guilhermy s'était fait autoriser par Louis XVIII. Les mêmes hommes lui reprochèrent aussi ses liaisons avec Puisaye et d'Entraigues; et l'histoire ne doit blier combien ces commérages d'émigration ont nui à la cause des Bourbons. Montgaillard ayant prétendu, dans ses mémoires imprimés en 1807, que Guilhermy lui avait fait certaines confidences plus qu'indiscrètes, celui-ci adressa à ce sujet le 31 janvier de la même année, à d'Entraigues, une lettre que Fauche-Borel a consignée dans le Précis historique de ses différentes missions, publié en 1815. Rentré en France à la suite du roi en 1814, Guilhermy fut anobli, appelé au conseil d'état en qualité de maître des requêtes honoraire, et nommé intendant de la Guadeloupe (13 juin 1814). Il n'y arriva que le 20 janvier suivant. Il était entouré d'un nombreux personnel qu'il destinait aux différentes places; mais elles étaient déjà remplies; l'ordonnateur de la colonie, qui exerçait les fonctions d'intendant par intérim, avait nommé à tous les emplois. Guilhermy eut nonseulement la faiblesse de se résigner à cet affront; mais il laissa l'ordonnateur continuer encore ses fonctions d'intendant, pendant que lui-même cherchait à se mettre au courant de

l'administration. Lorsque ensuite il voulut prendre la direction du service, l'ordonnateur, soutenu par le contre-amiral Linois, gouverneur militaire, refusa de lui donner les documents nécessaires. L'intendant aurait pu réclamer impérieusement les prérogatives de son emploi ; mais par amour de la paix il temporisa, et dès ce moment son autorité devint illusoire. L'administration coloniale ne fut plus qu'un composé inconvenant de pouvoirs légitimes et de pouvoirs usurpés, tous jaloux les uns des autres; et ces divisions ne pouvaient qu'être funestes à la Guadeloupe. Toutefois, comme il fallait bien trouver des places pour les individus qui étaient venus avec Guilhermy, le nombre des employés fut énorme, greva la colonie et devint un juste sujet de mécontentement. Empressé de satisfaire aux réclamations des habitants, Guilhermy obtint pour eux du gouverneur la formation provisoire, en attendant l'autorisation du roi, d'une chambre d'agriculture, telle qu'elle existait avant 1789. Cette chambre, composée de neuf des principaux planteurs, se prêta généreusement à fournir les fonds nécessaires pour solder les dépenses, espérant acquérir par là le droit de prendre connaissance de l'emploi des fonds et de signaler les abus. Dans cette vue, après s'être réunie à la Basse-Terre le 22 février, sa première demande fut la communication du budget; mais le contre-amiral Linois défendit à l'ordonnateur de donner cette communication. Ce refus, fait sans ménagement et avec hauteur, amena une scission complète entre le gouverneur et l'intendant, qui avait pour lui toutes les administrations locales dont il voulait que les droits fussent respectés. Le conseil supérieur, croyant de son devoir d'agir d'après les anciens statuts, prit des arrêtés que le gouverneur cassa sur-le-champ.

La chambre d'agriculture fut congédiée. Dès-lors Guilhermy et Linois ne se virent plus que pour des affaires de service indispensables. Une nouvelle mesure, à laquelle l'intendant se prêta par faiblesse, vint ajouter à tous ces sujets de mécontentement. Par un arrêté rendu conjointement avec le gouverneur, il autorisa la perception d'une taxe sur les boissons, impôt jusqu'alors non perçu dans nos colonies, et dont le premier essai avait amené à la Guadeloupe le mouvement insurrectionnel de 1789. Cependant l'ordonnateur et son frère ne cessaient de pressurer la colonie par leurs vexations; l'appui du gouverneur Linois faisait leur force. Une correspondance qui dévoilait les collusions les plus honteuses fut interceptée par l'autorité judiciaire et remise à Guilhermy, qui, ne pouvant agir, était réduit à adresser au ministre de la marine (Beugnot) des rapports affligeants: « Il lui dépeignait les deux

artisans du malheur public, dit le «baron Boyer de Peyreleau dans son << ouvrage sur les Antilles (tom. III, « pag. 336), particulièrement l'or<«<donnateur, comme des êtres avides «<et sans retenue, à qui il était urgent « d'ôter la possibilité de perdre la co«<lonie. » Telle était la situation de la Guadeloupe lorsque le 29 avril on reçut le premier avis du retour de Napoléon. Le gouverneur et Guilhermy parurent réconciliés. Tous deux réussirent à comprimer pendant six semaines l'effervescence, et à maintenir l'autorité de Louis XVIII. Seulement, dans les rapports qu'il adressait à Londres au duc de la Châtre, l'intendant se plaignait de l'indécision et de la faiblesse du gouverneur, qui, de son côté, dans ses dépêches, adressées au même, prétendait que la conduite de l'intendant, son imprévoyance, son incapacité et ses entraves continuelles concouraient à rendre sa position, déjà très-pénible, en

core plus difficile. Le 15 juin, le lieutenant Forsan arriva de France sur la goëlette l'Agile; il était chargé des dépêches et des instructions du duc Decrès au nom de Napoléon. L'amiral anglais Leith, qui croisait devant l'île, le laissa débarquer à la Basse-Terre, dans l'espoir que les dépêches en question mettraient tout en combustion et fourniraient aux Anglais un prétexte pour s'emparer de la Guadeloupe. La vue de cet officier et de la cocarde tricolore produisit un mouvement très-vif parmi la foule : le poste de la garde nationale qui gardait le port mit bas la cocarde blanche. Linois, à qui les dépêches furent remises, consulta Guilhermy pour savoir ce qu'on devait en faire. Celui-ci proposa de ne pas ouvrir les paquets, de les mettre sous scellé et de les envoyer au roi. Cet avis fut adopté; les paquets réunis et scellés du cachet du gouverneur et de l'intendant furent conservés pour être adressés au duc de la Châtre, İl eût été sans doute préférable de ne pas les recevoir; car cette mesure, en établissant une scission ouverte avec la France, ne servit qu'à accréditer le bruit que la Guadeloupe allait être livrée aux Anglais. Trois jours après, le colonel Boyer, commandant de la Pointe à Pitre, se rendit chez le gouverneur à la tête d'un régiment qu'il avait insurgé, et le fit garder à vue chez lui. Guilhermy était alors à la messe: on vint le prévenir de ce qui se passait et l'inviter à se soustraire à une arrestation qui paraissait imminente, bien que jusqu'alors il eût vécu dans la plus parfaite intelligence avec Boyer. Au surplus celui-ci, dans son Histoire des Antilles, s'exprime ainsi à ce sujet: « Le mouvement fut si peu dirigé con<<<tre les royalistes, que pas une mena«ce, pas une personnalité ne furent <<< articulées contre l'intendant. Il « était cependant émigré, n'était ren« tré qu'avec le roi; ses sentiments

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pour les Bourbons n'étaient pas dou<< teux, et il en faisait hautement pro«fession; mais on rendait justice à <<< sa droiture et à ses intentions vrai<<ment françaises. >> Fidèle à ces principes, Guilhermy, en présence de l'adhé sion feinte ou simulée de Linois à l'insurrection de Boyer, quitta la BasseTerre dans la matinée du 18. De Capesterre, où il s'était retiré, il rejeta l'offre qui lui fut faite de continuer ses fonctions, et se rendit aux Saintes, qui sont de petites îles dépendantes de la Guadeloupe. Mme de Guilhermy n'avait pu suivre son mari; mais elle n'éprouva de la part de tous que de bons procé dés pendant les trois jours qu'elle demeura encore à la Basse-Terre. Arrivé aux Saintes, Guilhermy avait rassemblé les habitants et leur avait fait renouveler lè serment d'être fidèles au roi. Il sollicita le secours des Anglais pour rentrer dans la colonie; mais l'amiral Leith, qui savait que ce vieux serviteur des Bourbons n'était rien moins que le partisan des Anglais, s'y refusa en alléguant qu'il n'avait aucun ordre à cet égard. Linois envoya aux Saintes un détachement pour s'y établir et y faire reconnaître le gouvernement impérial. Guilhermy, à qui on donna l'option de rentrer à la Guadeloupe et d'y vivre tranquille à la Basse-Terre, ou d'aller dans une colonie neutre, préféra se retirer à la Martinique auprès du comte de Vaugiraud qui avait maintenu dans cette île l'autorité de Louis XVIII. Cependant Guilhermy ne cessait d'entretenir une correspondance très-active avec les royalistes de la Guadeloupe. Le 16 juillet il écrivit à Boyer une lettre qui contenait ces passages remarquables: «Que faites-vous, mon cher «Boyer, ou plutôt qu'avez-vous fait? à

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«nements. L'usurpateur éprouve à << son tour des défections plus rapides « que celles qu'il a provoquées lui« même.... Il vous reste une ressour«< ce, mais il ne vous en reste qu'une. « Vous avez du courage, vous avez de <«< l'activité: oubliez ce que vous avez « fait; démasquez un traître; procla«mez Louis XVIII et arrêtez Li«nois.... Envoyez le tout aux Sain« tes; déclarez-vous commandant en « chef provisoire de la Guadeloupe <«< au nom du roi; et j'accours avec «< confiance et sans condition me réu« nir à vous. Empêchez par là l'in<< vasion étrangère et conservez la Gua«deloupe à la France, etc. » Malheureusement Boyer n'eut pas le pouvoir ou la volonté de suivre cet avis. Comme Guilhermy l'avait prévu, les Anglais s'emparèrent de la Guadeloupe au mois d'août. Pour lui, il rentra dans la colonie à la fin de 1815, et s'y occupa de recueillir, tant sur la statistique da pays que sur ce qui s'était passé pendant les derniers mois, tous les documents que lui avait demandés le ministre de la marine Dubouchage; la soupçonneuse influence de l'amiral Leith et de ses agents s'opposa à ce qu'ils lui fussent exactement fournis. Le conseil supérieur de l'île avait voté à Guilhermy une indemnité de quarante mille francs; mais, lorsque parut cette adresse odieuse qui tendait à obtenir que la colonie fût séparée de la mère patrie, l'intendant rejeta ce présent avec indignation. L'attachement inviolable qu'il témoignait au roi et à la France l'exposa bientôt à des persécutions, et il fut renvoyé de la coIonie par les Anglais et leurs adhérents comme perturbateur du repos public. Il se retira de nouveau aux Saintes, seul débris du gouvernement de la Guadeloupe qui fût rentré sous le pavillon royal, puis à la Martinique. D'après les instructions, qu'il avait reçues

de la métropole, il continua de prendre des informations sur la conduite de Linois et de Boyer; et ses rapports ont servi de base au procès qui fut intenté à ces deux officiers au mois de mars 1816. Dans une de ses dépêches il s'exprimait ainsi : « On dit aujour«d'hui que Linois ne fait que pleurer; « il n'en est que plus méprisable. Si << avant la descente des Anglais la «<< colonie eût arboré de nouveau les <«<<couleurs du roi, sir James Leith « n'eût pas pris sur lui de l'atta

«

>> quer. C'est en effet au sujet de Guilhermy que Linois, au milieu de ses anxiétés et de ses indécisions, s'était écrié à cette même époque: « Qu'il <«< est heureux de n'avoir jamais chan«gé de parti!«< Lorsque, au mois de mai 1816, la Guadeloupe fut rendue à la France, Guilhermy, revêtu du titre de conseiller d'état en service extraordinaire, fut chargé de concourir, comme l'un des commissaires du roi, à la reprise de possession de cette colonie. Du reste, l'intendance avait été donnée à Foullon d'Ecotier. Au moment où Guilhermy quitta pour toujours la Guadeloupe, il reçut les adresses les plus honorables du conseil supérieur et des habitants. A son retour en France il fut créé baron; et, comme il était sans fortune, Louis XVIII lui accorda le traitement de conseiller d'état en service ordinaire. Plus tard, en prorogeant ce traitement jusqu'au mois de juin 1820, le roi ajouta à cette grâce cette apostille écrite de sa main: « J'espère «que, d'ici là, je trouverai le moyen « de donner à M. de Guilhermy un « témoignage efficace de l'estime qu'a<< vec tant de raison je lui porte de

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puis trente ans. » Louis XVIII tint parole, et du moins Guilhermy ne grossit pas le nombre de ces hommes dévoués la restauration laissait mourir de faim. Nommé en 1821 conseiller maître, puis président en la cour

que

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