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un avocat estimé avant la révolution. Il en adopta les principes et fut nommé procureur-syndic du district de la Charité; puis, en sept, 1792, député à la Convention nationale par le département de la Nièvre. Il y siégea dans la partie dite du Marais. On ne le vit à la tribune qu'une seule fois; ce fut dans le procès de Louis XVI, où il prononça ainsi la condamnation de ce prince : « Je l'ai déclaré coupable du crime de haute-trahison; c'est dire que je le juge à mort.» Guillerault vota cependant ensuite pour l'appel au peuple et pour le sursis. Après cela il continua de garder le silence le plus absolu. Néanmoins, pendant le règne de la terreur, on le vit s'employer avec le courage le plus désintéressé en faveur de plusieurs détenus, réputés suspects. Envoyé en mission dans le département de l'Allier, après le 9 thermidor, il mit tous ses soins à cicatriser les plaies de 93, et mérita par cette conduite d'être signalé et dénoncé comme favorisant les royalistes. En 1795, lors de la dissolution de l'assemblée, il passa par le sort au conseil des Cinq-Cents où il ne parla encore qu'une seule fois; ce fut pour appuyer l'opinion de Delarue sur les élections de la Nièvre. Il fut ensuite président de l'administration centrale de ce département, puis juge au tribunal civil de Nevers. Après la révolution du 18 brumaire, Guillerault fut nommé juge au tribunal d'appel de Bourges, et il était conseiller à la cour royale de cette ville en 1816, lorsque la loi d'amnistie le força de sortir de France comme régicide. Il se réfugia en Suisse, d'où le ministère de Louis XVIII l'autorisa à revenir dans sa patrie après trois années d'exil. Il mourut à Pouilly en août 1819. Son fils est actuellement président du tribunal civil de Bourges. M-Dj.

GUILLERVILLE. Voy. FOURCROY, XV, 372.

GUILLET (PERNETTE du), dame poète, contemporaine de Louise Labé (Voy. ce nom, XXIII, 17), était née vers 1520, à Lyon, d'une famille noble. Dès son enfance elle montra de l'inclination pour les lettres et les arts. Elle était fort jeune lorsqu'elle apprit l'italien et l'espagnol, deux langues dont la connaissance entrait alors dans une éducation soignée. Plus tard elle reçut des leçons de latin et même de grec, de Maurice Sceve, que Duverdier qualifie « grand en savoir et excellent poète. » D'après différents passages des poésies de Pernette, on conjecture qu'elle avait conçu pour son instituteur un sentiment fort tendre, mais en réalité tout platonique. Elle faisait, ainsi que Louise Labé, partie de l'académie littéraire dont les réunions avaient lieu sur la montagne de Fourvière (1). « Entre autres qua«lités qui la rendaient aimable, dit «Guill. Colletet, elle savait parfaite«ment jouer de toutes sortes d'ins<«<truments musicaux, particulièrement «du luth et de l'espinette; et comme <«<< elle savait bien faire des vers, elle « les savait réciter si agréablement << dans les bonnes compagnies que sa «< présence y était toujours fort sou« haitée. » Avec tant d'avantages il dut nécessairement se rencontrer plus d'un aspirant à sa main. On ignore le nom de l'époux qu'elle choisit. Après quelques années d'une union paisible, elle mourut à la fleur de son âge, le 17 juillet 1545, vivement regrettée de tous les beaux-esprits. Maurice Scève lui consacra deux épitaphes. Malgré les soupçons que Claude de Rubys, auteur chagrin et caustique, a jetés sur les mœurs de Pernette, dans l'avant-pro

(1) On trouve des détails sur cette société littéraire dans la notice sur Louise Labé, à la tête de ses œuvres, édit. de 1824, p. XLVIII (Voy. FOURNIER, XV, 381).

pos

furent

de son Histoire véritable de la ville de Lyon, rien n'autorise à penser que cette dame se soit jamais écartée de ses devoirs. On en trouverait au besoin la preuve dans la vivacité des regrets que son mari fit éclater à sa mort si soudaine et si prématurée. <« Ce fut sur ses instantes et affec<«tionnées remontrances » qu'Antoine du Moulin (Voy. ce nom, au Suppl.), se chargea de publier «< le petit amas « de rymes que cette muse avait lais«<sées pour témoignage de la dextérité << de son divin esprit...., et qui furent << trovées parmi ses brouillards en << assez poure ordre, comme celle qui << n'estimait sa facture être encore di<< gne de lumière. » Les Rymes de gentile et vertueuse dame Pernette du Guillet, imprimées quelques mois après sa mort, Lyon, Jean de Tournes, 1545, in-8° de 80 pag., reproduites avec l'addition de plusieurs pièces, Paris, Jeanne de Marnef, 1546, in-16 de 79 feuillets non chiffrés. Ces deux éditions sont devenues si rares que l'on ne connaît qu'un seul exemplaire de chacune. M. Breghotdu-Lut, l'un de nos philologues les plus distingués, en a donné une troisième, Lyon, 1830, in-8° de 140 pages avec un supplément de deux feuillets. Cette édition, tirée à petit nombre et bien exécutée, est enest enrichie d'une Notice inédite sur Pernette, extraite des Vies des poètes français de Guill. Colletet (Voy. ce nom, IX, 261), de notes peu nombreuses, mais intéressantes, et d'un glossaire des mots qui ont vieilli. Le naturel et la douceur sont les principales qualités des poésies de Pernette, dont le talent se montre surtout dans les sujets mélancoliques. Dans ces pièces si peu nombreuses on distingue l'élégie qui commence par ce vers :

Combien de foys ai-je en moi souhaité.

et celle:

Si j'aime cil (celui) que je devrais hair. On a profité, pour la rédaction de cet article, du travail de M. Breghot.

W-s.

per

GUILLET (BENOIT), né à Chambéry le 2 juin 1759, se destina de bonne heure à l'état ecclésiastique, et, dès qu'il fut fait prêtre, entra comme directeur au séminaire d'Annecy. Il y resta dix ans jusqu'à l'invasion des Français en Savoie en 1792. La sécution qui commença alors contre le clergé l'engagea à se retirer à Turin, où il entra comme précepteur dans une famille honorable. Mais ensuite, tourmenté de l'idée que ses compatriotes étaient privés des secours de la religion, il voulut rentrer en Savoie et s'y livrer à l'exercice de son ministère C'était le temps où le Directoire poursuivait les prêtres. Le 20 mars 1798, l'abbé Guillet fut arrêté, conduit à Chambéry, de là à l'île de Ré, et abreuvé d'outrages, au milieu desquels son courage ne se démentit point. Il y avait alors dans ce pays huit cents prêtres de différents diocèses; on chargea Guillet de leur faire des conférences, mais trouvé le ayant de s'é moyen vader, il retourna en Savoie à travers mille périls. Regardant comme fort important de pourvoir à la perpétuité du sacerdoce dans les circonstances où l'on se trouvait, il réunit quelques jeunes gens à Saint-Ombre, près de Chambéry. En 1803, le nouvel évê que, de Mérinville, ayant obtenu pour son séminaire le couvent des cordeliers

de cette ville, en nomma Guillet supé rieur. Dès la première année, il réunit près de cent élèves. Depuis, il concourut à l'établissement du petit séminaire de Neuilly, et fonda celui de Saint-Louisdu-Mont à ses frais. Actif, intelligent, il consuma sa santé dans des travaux continuels, et mourut le 7 nov. 1812,

n'ayant que 53 ans. Le chapitre lui fit des funérailles honorables, et tout le clergé lui paya un tribut de regrets. On a de lui I. Projets pour un cours d'instructions familières, 4 vol. in-12, ouvrage souvent réimprimé, notamment à Paris en 1815, et à Lyon en 1817. II. Petit règlement de vie à la portée des gens de la campagne, Dijon et Poitiers, 1818; Rhodez, 1827, in-24. Depuis on a retrouvé d'autres manuscrits du même auteur, et l'on a publié en 1835 des Projets d'instructions pour les dimanches et fêtes, 3 vol. in-12. Ce ne sont guère que des ébauches que Guillet développait en chaire; cependant le 3o volume paraît plus soigné. P-C-T.

GUILLOT. Voy. CHASSAGNE, VIII, 256.

GUIMARD (M1lle). Voy. DESPRÉAUX, LXII, 410.

GUINAND, opticien suisse, était fils d'un menuisier aux Brenets, canton de Neufchâtel, et son premier état fut celui d'ébéniste, ou plus particulièrement celui de fabricant de boîtes de pendules. Il y joignit la moulure en métal et la fabrication des boîtes de montres. C'est en travaillant pour Jacquet-Droz, le célèbre mécanicien, que son attention fut vivement piquée par la vue d'un télescope anglais à miroir. Ayant obtenu la permission de le démonter, il en observa la composition et les dimensions; et, de retour chez lui, il n'eut de repos qu'après en avoir construit un semblable; ce qu'il y a d'étonnant, c'est qu'au second essai il réussit parfaitement. Ce n'est qu'alors que Droz, voyant que cet ouvrier pouvait aller loin, l'initia un peu dans l'optique, dont Guinand n'avait pas la moindre idée. Etant allé chez un lunetier pour commander des lunettes à cause de sa mauvaise vue et l'ayant suivi dans ses opérations, il essaya de se servir lui-même ; il fabriqua des lu

que

nettes d'abord pour lui, ensuite pour les autres, et pensa enfin à faire des lentilles pour les lunettes à longuevue et les télescopes. Quand Droz lui eut montré des lunettes achromatiques, l'envie d'en construire de semblables vint aussitôt au nouvel opticien ; mais il lui fallait pour cela des verres de différentes réfractions la Suisse ne pouvait lui fournir. Heureusement il put se procurer du flint-glass d'Angleterre. Ce verre n'était pas toujours parfaitement pur. Guinand le fondit sans parvenir à obtenir du verre tel qu'il le fallait. Le voilà occupé à étudier la chimie, et à faire des essais de vitrification, variant les doses et leur composition, et ne se laissant pas rebuter par le mauvais succès d'un grand nombre d'expériences qu'il continua pendant six à sept ans, et qui furent loin de l'enrichir, comme on peut le penser. Aussi, afin de ne pas négliger le certain pour le spéculatif, il entreprit de faire, sur commandes, des timbres de pendules; ce qui le mit à même de reprendre ensuite ses essais de vitrification dans un établissement qu'il forma auprès des Brenets sur le Doubs, et dans lequel il avait construit lui-même un très-grand fourneau. Mais ce fourneau, il fallut le refaire et le perfectionner avant de pouvoir s'en servir avec avantage; et, au milieu de tous ces essais, Guinand fut obligé de travailler de son état afin de gagner de quoi fondre du verre. Enfin il parvint à produire une masse de verre du poids de deux quintaux, traversée de stries et de tuyaux : et ce n'était pas là encore ce qui lui convenait. Il recommença donc à de nouveaux frais. Le verre qu'il produisit fut plus homogène, ou du moins eut des parties bien pures; à la fin il réussit à en faire d'assez grands pour servir aux télescopes. Dans un voyage à Paris vers 1798, il apporta à Lalande des disques de quatre à six pouces.

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Il alla plus loin ensuite, et perfectionna universelle, présentent sans doute le sciage des blocs ou culots qu'il avait d'unique, c'est d'avoir été confondus. Il établit une scierie et une po- «struites par un vieillard de soixante lisserie; il trouva moyen de refondre et quelques années qui fabrique luiles verres parfaitement purs, afin de « même le flint et le crown-glass qu'il leur donner la forme d'un disque. << emploie à leur construction, après Vers ce temps, Fraunhofer, en Ba- avoir fait de ses propres mains son vière, qui s'était formé lui-même com- «fourneau à vitrifier et ses creusets; me Guinand, et s'était livré à de longs << qui sans aucune connaissance des essais, parvenait à des résultats sem- mathématiques, et sans l'avoir apblables; et il se forma une société en- « pris de personne, trouve par un tre Fraunhofer, Utzschneider et Rei- procédé graphique, le rapport des chenbach, pour fabriquer des verres à «courbures qu'il doit donner aux ditélescope (Voy. FRAUNHOFER, LXIV, verses surfaces de ses verres; qui en464). Guinand fut appelé en 1805 suite les travaille et les polit par ·les pour les seconder. La fabrique fut éta- moyens qui lui sont propres, et enblie dans l'ancienne abbaye de Bene- «fin fait lui-même toutes les parties dict-Beuern. Guinand «<< des diverses montures, resta attaché y à tirage ou pendant neuf ans, mais toujours en sous-ordre; et cé séjour, sur lequel, au reste, on n'a pas de détails, lui fut sans doute très-utile pour son instruction. De retour aux Brenets, il y fit des lunettes et prépara du flint-glass et du crown-glass. En 1823 il put montrer un disque d'un pied six lignes de diamètre, et d'un pouce trois à quatre lignes d'épaisseur. En 1824, son grand objectif achromatique, dans une lunette à grande ouverture, fit partie de l'exposition des objets d'industrie à Paris, et le roi, en ayant exprimé son admiration, engagea le fils de Guinand, qui était présent, à appeler son père à Paris. Le roi s'offrit à pourvoir aux dépenses: mais l'opticien n'était plus malheureusement en état de voyager. Il avait continué sans cesse ses travaux pénibles et minutieux malgré son grand âge. Il mourut en 1825, étant presque octogénaire. On peut regarder Guinand comme le premier qui ait réussi sur le continent à faire du flint-glass, non seule ment égal, mais supérieur même à celui d'Angleterre. « Ce que les lunettes fai«tes par Guinand depuis son retour « de Bavière, dit la Bibliothèque

.

« avec pied, fond et tourne les pièces <<< en laiton, soude les tuyaux, tra<< vaille le bois et compose les verres.»> Ses verres manquaient quelquefois de l'exactitude nécessaire dans les courbures: il aurait sans doute évité ce défaut, s'il avait été plus instruit dans la théorie de l'optique. On trouve une notice sur sa vie dans la Bibliothèque universelle de Genève, tom. XXV, et dans une brochure anglaise : Some account of the late M. Guinand and the important discovery made by him, etc., Londres, 1825, in-8°.Son fils a continué ses travaux d'opticien. D-G. GUINCHARD (FRANÇOIS-MARIE), naquit à Arpajon, diocèse de Paris, le 2 sept. 1754. Après avoir fait ses classes avec succès au collège de Sainte-Barbe, suivi les cours de Sorbonne et fait son séminaire à SaintSulpice, il fut ordonné prêtre. Il remplit pendant quelques années la place de vicaire à Saint-Jean-en-Grève, devint curé d'Arpajon par la protection du maréchal de Mouchy, dont il posséda constamment l'amitié. L'abbé Guinchard cultivait la physique et faisait des expériences aux applaudissements de

et

plusieurs membres de l'académie des sciences, avec lesquels il était lié. La révolution de 1789 lui ravit sa fortune. Il refusa le serment exigé par la constitution civile du clergé, abandonna sa paroisse et se réfugia à Paris, où il était propriétaire d'une maison. Bientôt menacé par les révolutionnaires, il émigra en Angleterre, dont il apprit la langue et où il se livra à l'enseigne ment. L'orage était à peu près passé, et les Français voyaient paraître l'au rore d'un meilleur jour; Guinchard passa en Suisse, où il devint théologien du nonce Gravina; il rentra ensuite en France, se fixa à Paris et y établit, rue des Tournelles, une pension d'où sont sortis des sujets distingués. L'abbé Guinchard allait atteindre soixante ans,

c'était pour lui l'âge du repos; il re

nonça à son établissement, et ne s'occupa plus que de bonnes œuvres. La ville d'Arpajon lui doit l'agrandissement de son hôpital, une école de charité et d'autres établissements; ce qui lui fit donner la croix de la Légiond'Honneur. Il fut aussi le bienfaiteur de la maison royale des Quinze-Vingts, et consentit à prendre le titre de chapelain honoraire de cet hospice. Guinchard est mort à Paris dans la maison qu'il occupait, depuis sa radiation de là liste des émigrés, le 6 juin 1836. Nous avons de lui plusieurs opuscules qu'il n'avait destinés qu'à l'éducation de ses élèves: I. Supplément au catéchisme de l'empire français, Paris, 1807, in-8°. Cet opuscule est de peu d'importance: II. Extraits poétiques et morceaux choisis dans les meilleurs poètes anglais, Paris, 1807, in-18. Ce recueil est excellent. III. Selecti e sacris scripturis versiculi, ad usum studiosæ juventutis, ibid., 1808, in-12, 2 parties avec des notes. IV. Traduction en français d'un sermonnaire anglais catholique, manuscrit. L-B-E.

GUINES (ADRIEN-LOUIS de BONNIÈRES, d'abord comte, puis duc de), né à Lille, le 14 avril 1735, servit dès sa première jeunesse dans la maison du roi; fit la guerre de sept ans sous le nom de comte de Souastre, et en qualité de colonel dans le régiment des grenadiers de France; fut, en considération de sa valeur et de plusieurs blessures, nommé au régiment de Navarre, le 28 fév. 1761, et brigadier le 29 déc. 1762. La discipline s'étant relâchée durant les précédentes campagnes, le duc de Choiseul voulait la rétablir, et dans ce but il avait résolu de mettre surtout à la tête des anciens régiments des hommes d'un caractère ferme et propres d'ailleurs à imposer. Ces qualités se montraient dans le comte de Souastre, qui, d'après ce qu'en rapporte Thiébault, dans son ouvrage sur la cour de Prusse, «< était bel <«< homme et frappait tout le monde << par ses grâces naturelles, et enga

geant par un air de noblesse et de « dignité, par l'art des prévenances et << surtout par une physionomie fran

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che, ouverte et toujours serei«ne (1). >> Jamais colonel n'avait eu des pouvoirs aussi étendus. Le roi l'autorisait à renvoyer du corps jusqu'à douze officiers et plus, s'il le fallait, sans avoir besoin d'attendre les ordres de la cour. A son arrivée à Arras, où le régiment de Navarre était en garnison, la fermeté, une détermination bien caractérisée du comte de Souastre en imposèrent d'abord à tous les esprits. Ce ne fut qu'après avoir produit ce premier effet qu'il réunit chez lui le corps des officiers et leur communiqua les ordres du roi, en leur montrant la ferme intention de les exécuter; mais en leur manifestant le désir et l'espoir de n'être pas mis dans cette dure nécessité, et en leur deman

(1) Le duc de Lauzun, dans ses Mémoires, lui reproche de la fatuité.

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