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membre du conseil-général du département, et président du comité de vaccine, de l'académie de médecine et de celle des sciences. Dès que la vaccine fut introduite en France, Grassi employa l'autorité dont il jouissait à propager la nouvelle méthode, et il publia même en 1804 une instruction claire et précise sous le nom de Manuel des vaccinateurs, seul ouvrage ou plutôt opuscule qu'il ait fait imprimer. Le docteur de Saincric en a donné une nouvelle édition, Bordeaux, 1817. Mais on aurait tort de croire que l'activité de Grassi comme écrivain s'est bornée là. Il fit beaucoup de rapports sur des objets de salubrité publique, et particulièrement sur les épidémies, sur l'approvisionnement d'eau pour la ville de Bordeaux, sur le dessèchement des marais insalubres de la Chartreuse, sur 'emplacement d'un nouvel hôpital-général, etc. C'est grâce à ses soins que la prison du château du Ha fut assainie; que la démolition des flèches gothiques de la cathédrale, dont l'une avait été renversée à moitié par la foudre, fut empêchée, et que les flèches furent restaurées. Une maladie arrêta, en 1815, le cours de ses travaux comme médecin et comme administrateur. Lors du séjour de la duchesse d'Angoulême à Bordeaux, au mois de il fit un effort pour aller la recevoir dans l'institut des sourdsmuets; mais cet effort et probablement aussi la vive impression produite sur lui par les évènements politiques aggravèrent son mal, et il mourut le 20 avril 1815. M. Saincric, son confrère, prononça son éloge dans une séance publique de l'école de médecine à Bordeaux: il a inséré cette notice dans la deuxième édition du Manuel des vaccinateurs, dont on a déjà parlé.

mars,

D-G.

GRASSI (SERAPHIN), historien, né en 1769 à Asti, fils unique

de parents peu favorisés de la fortune e fit ses premières études et sa philosophie dans sa ville natale. Un concours ayant été ouvert en 1787 pour deux bourses de sa province au collège royal de l'université de Turin, il en obtint une; ce qui le fit admettre gratuitement pendant cinq ans à l'école de droit. Passionné pour la lecture des poètes latins et italiens, il improvisait souvent des chansons, des sonnets, et ne donnait à l'étude du droit que le temps nécessaire pour se mettre à même de subir ses examens. Enfin, en 1792, il reçut le bonnet de docteur, après avoir fait preuve de beaucoup de savoir dans un dernier examen public. Dès-lors, aidé par un de ses oncles, il se livra presque tout entier à son goût pour la poésie. Ce fut en 1794 qu'ayant obtenu par surprise, c'est-à-dire par l'inattention d'un censeur, un permis d'imprimer, il publia, sous le titre de li Bacci (les Baisers), un recueil de poésies érotiques fort remarquables pour la grâce et la facilité, mais trop licencieuses. Ce volume se trouva bientôt dans beaucoup de mains; mais on n'en permit pas la réimpression, ce qui l'a rendu fort rare, et fit à l'auteur une réputation d'autant plus extraordinaire que, peu favorisé par la nature, ses formes contrefaites et repoussantes contrastaient singulièrement avec son style élégant et passionné. Devenu riche la mort de son oncle, il abandonna toutà-fait le barreau pour se livrer aux lettres et aux arts. Après avoir fait l'acquisition de tableaux et d'objets curieux dans un voyage fort instructif qu'il entreprit dans la basse Italie, il se retira dans sa patrie; et, lorsque la victoire de Marengo eut amené la division du Piémont en départements français, et que la ville d'Asti devint le cheflieu du Tanaro, il fut nommé conseiller de préfecture, et il s'occupa de l'histoire de son pays, pour la rédaction de la

par

quelle il disposa de documents trèsprécieux, et qu'il n'aurait pas pu obtenir dans d'autres temps. Le départe ment du Tanaro ayant été supprimé en 1806, par suite de la réunion du Gênois à la France, Grassi, dégoûté de cette instabilité, refusa tout autre emploi et continua de rédiger son histoire, qui était sur le point de paraître, lorsque la restauration de 1814 et le retour du roi Victor-Emmanuel en retardèrent la publication. Il fallut, selon les anciens usages, soumettre le manuscrit un censeur; mais enfin cet ouvrage, rempli de faits très-curieux et écrit avec élégance, parut en 1817, sous le titre de Storia d'Asti, 2 vol. grand in-4°, dédié aux syndics et conseillers de la ville. Tirés à un petit nombre d'exemplaire, ces deux volumes sont devenus fort rares. Ils contiennent des détails précieux, et qui ont échappé aux censeurs, sur les guerres civiles du XVIe siècle, lorsque cette ancienne république, après avoir été livrée à beaucoup de désordres, passa sous la domination des ducs d'Orléans, qui habitèrent Asti, où l'on voit encore les armoiries de France sculptées d'un très-beau style en marbre blanc sur la porte de l'ancien palais. Admirateur de son concitoyen Alfieri, Grassi publia, en 1819, un Éloge de ce poète, qu'il avait envoyé au concours ouvert à Turin par le marquis Arborio Gattinara de Brême (Voy. ce nom, LIX, 214) (1); mais ce ne fut pas lui qui obtint la médaille. Dès-lors Grassi se consacra entièrement aux beaux-arts, et il augmenta beaucoup sa galerie. Il allait passer les hivers à

(1) Le marquis de Brême fit frapper, en l'hon

neur de son ancien ami Alfieri, la médaille dont nous avons parlé dans le tome IV de notre His.

toire de Verceil. Cette médaille représente d'un côté le poète, avec la légende Victorius Alfieri Astensis, et de l'autre la statue de la muse tra. gique, avec la légende Italica Melpomenis

Victor et Decus: médaille très-rare, car il n'en fut frappé que 60 épreuves, et le coin fut expressément brisé.

Píse ou à Nice pour y soigner sa santé. Ce fut en retournant à Turin, au mois de mai 1835, que, surpris à Ventimiglia par une grave maladie, il y termina ses jours. G-G-Y.

GRASSI (ALFIO), né en 1774 à Aci-Reale en Sicile, embrassa l'état militaire, et fut fait colonel en 1800, puis nommé commandant militaire de Syracuse. Un navire français ayant été jeté par la tempête dans la rade de cette ville, Grassi accourut à la tête d'un escadron et parvint à préserver l'équipage de la fureur populaire. Ce dévouement pour les Français le fit soupçonner d'étre d'intelligence avec eux; il fut arrêté, conduit à Palerme, mis en jugement à deux reprises différentes et successivement acquitté, saufla confirmation royale qu'il ne jugea pas prudent d'attendre. Il se rendit en France, prit du service dans l'armée, se distingua en plusieurs occasions, reçut la croix de la Légion-d'Honneur et fut nommé chef d'escadron. Ayant cessé d'être employé activement en 1815, il consacra ses loisirs à la composition d'ouvrages politiques, et mourut en mai 1827. On a de lui: I. Extrait historique sur la milice romaine et sur la phalange grecque et macédonienne avec une Table d'application qui démontre que nous devons aux Romains et aux Grecs ce qu'il y a de plus important et de plus essentiel dans notre milice; suivi d'une courte Notice sur l'invention de la poudre à canon, Paris, 1815, in-8°. II. Charte turque, ou Organisation religieuse, civile et militaire de l'empire ottoman: suivie de quelques Réflexions sur la guerre des Grecs contre les Turcs, ibid., 1825,2 vol. in-8°, fig. Il y a des exemplaires portant la date de 1826 et les mots seconde édition; mais c'est la même avec de nouveaux frontispices. III. La Sainte-Alliance, les Anglais et les

Jésuites, leur système politique à l'égard de la Grèce, des gouvernements constitutionnels et des évènements actuels, ibid., 1826, in-8°. Grassi travaillait à une Histoire politique du Portugal, que la mort l'a empêché de terminer.

Z.

GRASSI (JOSEPH), philologue piémontais, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Turin, classe des sciences morales et des bellès-lettres, naquit dans cette ville le 30 nov. 1779. Ses parents, qui voyaient en lui des dispositions pour les sciences et les lettres, mais qui n'étaient pas riches, l'envoyèrent aux écoles gratuites pour recevoir les premiers éléments d'instruction. Lorsqu'il put être admis aux études de la logique et de la physique, l'université de Turin fut fermée (fin de 1792), par suite de l'invasion des Français qui occupèrent alors la Savoie et Nice. Grassi fut reçu gratuitement au séminaire de la métropole de Turin, où il fit ses deux années de philosophie; ensuite il continua ses études de théologie jusqu'au 8 déc. 1798, époque à laquelle il prit beaucoup de part à la plantation de l'arbre de la liberté sur la grande place de la capitale par le général Grouchy, assisté de son chef d'état-major Clauzel. Dès lors Grassi abandonna le séminaire pour chercher des moyens d'existence et soutenir ses parents. Appuyé par des protecteurs auxquels dans plusieurs circonstances, il adressa diverses poésies, il obtint, après l'organisation des préfectures, une bonne place dans celle du département de l'Eridan, où il sut se faire aimer des préfets Delaville, Vincent et Lameth. Au milieu de ses importantes, occupations, il rédigea en italien: Éloge historique du comte Joseph-Antoine Suluzzo, général d'artillerie, commandant et chancelier de la 17e cohorte de la Légion d'Honneur en Piémont, vice

président de l'Académie impériale des sciences, décédé en 1810. Cette biographie ne fut imprimée qu'en 1831, in-8°, à Turin, après la mort de l'auteur; mais le manuscrit, qui avait déjà été lu et agréé par les savants, lui procura des protecteurs utiles, pour le temps où les services rendus sous la domination des Français devinrent une cause de proscription. Grassi, familiarisé avec la langue française qu'on avait introduite dans les tribunaux et les administrations, composa encore : Aperçu statistique de l'ancien Piémont, Turin, 1813, in-4°. Il avait pris pour modèle l'histoire statistique de l'arrondissement de Lanzo, département de l'Eridan, que nous avions publiée en 1802. A la restauration du mois de mai 1814, Grassi, dépourvu d'emploi, mais jouissant d'un bien-être modeste, fut chargé, avec son collègue l'avocat Rabbi, de la rédaction de la Gazzetta piemontese, occupation trèslucrative. En même temps il s'appliqua à

composer un Dizionario militare italiano, Turin, 1817, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage fixa l'attention du roi Victor-Emmanuel, qui voulait changer le commandement dans les évolutions militaires. Le livre de Grassi eut un grand débit; il fut acheté par le gouvernement et devint très-utile dans l'armée piémontaise. Les portes de l'Académie des sciences s'ouvrirent ensuite pour l'auteur. Au retour de la reine MarieThérèse et de ses trois filles, après un assez long séjour en Sardaigne, Grassi publia Storia dell' ingresso di Maria-Teresa di Sardegna in Torino, 1816, in-8°; ouvrage dans lequel il fit une pompeuse description des fêtes préparées à cette occasion. Le Dictionnaire militaire l'avait mis en rapport avec le poète Vincent Monti et avec son gendre le comte Perticari ; tous trois de concert publièrent, en 1817, l'ouvrage classique intitulé:

nées au

tes, ouvrage dont il se reconnut alors l'auteur. III. Aforismi militari del Montecuccoli, ossia memorie intorno all' arti della guerra, Turin, 1821, 2 vol. in-8°. Le poète Foscolo (Voy. ce nom, LXIV, 289) en avait déjà donné une élégante mais incomplète édi– tion, dédiée au général Caffarelli ; celle de Grassi fut jugée la meilleure. Au milieu de tant de travaux scientifiques, Grassi, dont la vue était fort affaiblie, devint entièrement aveugle en 1823. Malgré ce malheur, personne n'ambitionna sa place de secrétaire perpétuel; il reçut même encore le titre d'intendant honoraire, avec une pension sur le trésor; ce qui lui donna les moyens d'avoir un copiste pour préparer, sous sa dictée, une nouvelle édition du Dictionnaire militaire, qu'il s'occupait d'enrichir de nouveaux articles lorsque, le 22 janvier 1831, ayant été surpris d'une attaque de convulsions nerveuses, il mourut subitement à Turin. Il eut néanmoins le temps de confier son manuscrit à quatre de ses collègues de l'académie, qui ont rempli ses intentions en faisant imprimer une édition du Dictionnaire militaire en 4 vol. (Turin, 1834), aux frais de la société typographique. Dans cet ouvrage, les éditeurs ont indiqué, à côté de chaque mot, le mot français ou latin correspondant, avec la citation des auteurs; ils ont aussi noté quelques passages de l'Histoire militaire ancienne, et le dernier volume contient l'index alphabétique des mots français avec lesquels les mots italiens sont en rapport. C'est un livre précieux et rempli d'érudition. On a publié à Turin, en 1836, un vol. in-12 de Lettres inédites, adressées par Ugo Foscolo à Joseph Grassi. G-G-Y. GRATELOUP (JEAN-BAPTISTE), né à Dax en 1735, et mort le 18 février 1817 dans la même ville, où il fut conservateur du cabinet de

Proposta di alcune correzioni ed aggiunte al vocabolario della Crusca, Milan, 6 vol. in-8°; le troisième volume contient un travail très-intéressant de Grassi, intitulé: Paralello dei tre Vocabolarj italiano, inglese e spagnuolo. Ce rapprochement, est fort curieux pour ceux qui s'occupent de l'origine de ces trois langues, XIIIe siècle de la corruption du latin, aujourd'hui si négligé. On a encore de lui: I. Notizia intorno ad un operetta inedita del principe Raimondo Montecuccoli ed argomento dell' antichità di essa letta nell' adunanza, 19 déc. 1819. L'ouvrage manuscrit, analysé par Grassi, est intitulé : La Ungheria l'anno MDLXXVII. Dans ce manuscrit, le grand général parle en bon politique des moyens de donner à cet état une stabilité sous la domination impériale; savoir: Limiter les privilè ges des assemblées, réprimer l'orgueil des grands, ériger des forteresses, réformer les statuts. Montecucculi avait observé tous les genres d'oppression qu'on faisait supporter au pays; il avait aussi observé la tendance des Hongrois à donner la main aux Turcs plutôt que de se laisser tyranniser par l'aristocratie. Grassi pense que le Mémoire de Montecucculi doit se rapporter à l'an 1673, parce qu'il parle de l'utilité des forteresses sur les frontières du nord de la France qui l'empêchèrent de forcer la ligne; mais cette conjecture ne nous paraît point fondée. II. Saggio intorno ai sinonimi della lingua italiana, Turin, 1821, in-8°; Milan, 1822 et 1824, in-12; ouvrage jugé utile pour le nouveau Dictionnaire de la Crusca, lequel est si nécessaire et tant désiré depuis un siècle. En 1827, Grassi donna une nouvelle édition de cet Essai sur les synonymes, auquel il joignit le Parallèle (Voy. ci-dessus), réimprimé avec des additions importan

minéralogie, était aussi membre de plusieurs sociétés savantes. Il s'occupa toute sa vie de l'étude des lettres et des sciences physiques, et se distingua par des inventions ingénieuses dont la principale consiste dans sa belle manière de graver, qui n'a pas eu encore d'imitateurs. La délicatesse, l'agrément, la pureté du dessin, joints au charme de l'entente bien ordonnée des ombres et des lumières et à un extrême fini, caractérisent ses estampes, qui représentent les portraits suivants : 1° Jean-Baptiste Bossuet, en pied et en buste, d'après Rigaud. 2° Fénelon, d'après Vivien. 3° Jean-Baptiste Rousseau, d'après Aved. 4o Jean Dryden, d'après Kneller. 5° Le cardinal de Polignac, d'après Rigaud. 6° Mile Lecouvreur dans le rôle de Cornélie, d'après Drevet. 7° Descartes, d'après Hals. 8° Montesquieu, d'après Dassier. Ces gravures sont reconnues pour des chefs-d'œuvre (Voy. le Dict. des graveurs anciens et modernes, par Basan, tom. I, p. 250). En 1809, le conservateur des estampes et planches gravées de la Bibliothèque impériale de Paris, remerciant Grateloup du don qu'il fit au cabinet, du portrait du cardinal de Polignac, s'exprimait en ces termes : « Vous êtes toujours resté seul dans < votre genre; personne n'a osé vous « imiter et je crois qu'on a bien fait. « Votre jolie collection tient un rang distingué parmi les chefs-d'œuvre qui font la gloire du cabinet qui « m'est confié. » Grateloup excellait encore dans la peinture en émail, et ses ouvrages dans ce genre sont devenus très-rares. Une autre découverte qui ne lui fait pas moins d'honneur est celle du perfectionnement des objectifs achromatiques, dont l'invention est due au célèbre opticien anglais Dollond. Cette découverte, développée dans un mémoire que l'auteur lut, le 5 déc. 1787,

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à l'académie des sciences de Paris, fut approuvée par cette société, et le mémoire jugé digne d'être imprimé dans le recueil des savants étrangers; et dans l'année 1793, sur le rapport de ses commissaires, la même académie «< considérant les avantages qui résulteraient pour l'optique du collage des objectifs achromatiques << avec le mastic en larmes, tant pour corriger les défauts des surfaces que pour réduire le travail des objectifs achromatiques à celui des deux sur« faces extérieures, fat d'avis que, «< conformément à la loi du 12 sept. « 1791, Grateloup méritait le maxi«mum des récompenses nationales et <«< la mention honorable, ce qui fut adopté. » M-Dj.

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GRATTAN (HENRI), un des plus célèbres orateurs qu'ait eus la tribune anglaise, naquit à Dublin en 1750, acheva ses premières études avec éclat à quinze ans, et pensa un instant à se faire agréger à l'université de sa ville natale; mais la difficulté des examens lui fit peur, et il résolut d'embrasser la carrière des affaires qui était celle de son père. Il se mit donc à l'étude des lois à Middle-Temple, et acquit les connaissances nécessaires pour paraître au barreau; mais à la jurisprudence se mêlèrent presque dès l'abord des préoccupations politiques : le célèbre statut de 1720 qui, entre autres clauses iniques, enlevait au parlement national de l'Irlande la juridiction en matière d'appel, ne pouvait manquer de frapper un jeune légiste et par suite de l'entrainer à l'examen, à la critique du statut entier. Doué d'une élocution facile, abondante, d'une précision de jugement qui démêle les faits et les voit à nu sous leur enveloppe trompeuse, et d'une verdeur de logique qui enlève la conviction, il se sentit dèslors à l'étroit dans le barreau et n'aspira plus qu'à la tribune: aussi ne cher

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