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lemand jetèrent les yeux sur un district inhabité du Texas, sur les bords de la rivière de la Trinité, à quatre-vingt-dix kilomètres de son embouchure. Ce fut le nouveau Champ d'Asile. Le gouvernement américain n'encouragea pas cette combinaison; mais un corsaire de la Nouvelle-Orléans avança des fonds, donna des outils et des vivres. Une note adressée à Ferdinand VII, roi d'Espagne, fut imprimée, dans laquelle les frères Lallemand et les réfugiés déclaraient leur intention de s'établir au Texas; ils s'offraient à payer un impôt à l'Espagne; mais ils entendaient se régir selon leurs propres lois. Le 18 décembre 1817 cent cinquante colons partirent de Philadelphie sur une goëlette et sous le commandement du général Rigaud. Au bout d'un mois ils débarquérent à l'île basse et nue de Galweston, et s'y installèrent tant bien que mal, vivant misérablement de chasse et de pêche. Au mois de mars ils furent rejoints par deux ou trois cents autres colons conduits par Lallemand; quelques-uns étaient venus de France même. On se rembarqua: les uns débarquèrent pour aller par terre au Champ d'Asile, les autres remontèrent la Trinité sur le navire. Le 21 tous étaient réunis. On dressa un camp; on éleva des forts, on organisa militairement les colons. Chacun reçut vingt arpents de terre avec des instruments et des semailles. Ce n'était sans doute pas là ce qu'avaient rêvé la plupart des réfugiés. Pour maintenir son autorité, Lallemand dut recourir au despotisme le plus violent. Enfin, on apprit qu'un détachement d'Espagnols marchait sur la colonie pour la disperser. Lallemand feignit d'abord de vouloir résister; mais bientôt, cédant à des conseils plus prudents, il se replia avec ses colons sur Galweston. Dans ce pays improductif, la course seule pouvait être lucrative. Lallemand s'y refusa. Bientôt pourtant les vivres manquèrent; le général partit un beau jour avec ses aides de camp, dans le but, disait-il, d'aller presser l'envoi des munitions; il devait être de retour au bout de quarante jours. On ne le revit plus. Tous les malheurs fondirent sur la colonie. Le corsaire qui les avait amenés les ramena sur la côte, et ceux qui survivaient se rendirent comme ils purent à la Nouvelle-Orléans ou dans la Louisiane. La popularité du général Lallemand subit un grave échec à la suite de cette affaire. Ses amis avaient répondu qu'il n'avait jamais songé à une colonie agricole, non plus que ses collègues; ou bien qu'il avait compté enlever l'empereur de Sainte-Hélène et lui offrir un noyau d'armée aux États-Unis; qu'il avait rêvé la conquête des Florides, du Texas, du Mexique peut-être; que les États-Unis ayant traité avec l'Espagne avaient abandonné Lallemand et sa troupe après l'avoir d'abord laissé s'organiser contre cette puissance. En France, on s'était épris de la pensée de fonder sur la terre libre de l'Amérique une colonie destinée à servir de refuge aux débris des armées de l'empire. « Profitant, dit M. Véron, de la dis

position des esprits vers la fin de 1818, M. Félix Desportes, réfugié lui-même en Allemagne, rentré en France depuis peu de temps, eut l'idée d'une souscription en faveur des colons du Champ d'Asile. Il communiqua ce projet aux rédacteurs de La Minerve, qui ouvrirent avec empressement une souscription dans leurs bureaux. M. Davillier, banquier, fut le dépositaire des fonds versés. Il offrit d'établir à Charlestown, par ses correspondants, un comité chargé de distribuer des secours aux Français, soit pour leur établissement en Amérique, soit pour leur retour en France. Tous les journaux de l'opposition publiaient chaque matin les noms des souscripteurs et les sommes reçues. Le Champ d'Asile occupait un terrain que se disputaient l'Espagne et les États-Unis. Par suite de conventions entre les deux puissances, les États-Unis prirent possession de ce terrain, et les Français furent chassés de la nouvelle patrie qu'ils s'étaient faite; le bruit se répandit alors à Paris que le Champ d'Asile n'existait plus. La souscription fut close le 1er juillet 1819; elle avait produit quatre-vingt-quinze mille dix-huit francs seize centimes. A cette somme s'ajoutèrent les bénéfices de la vente d'une Notice sur le Champ d'Asile publiée par le libraire Ladvocat au profit des réfugiés. Bientôt des lettres de New-York apprirent en France que le gouvernement des ÉtatsUnis avait songé à indemniser les colons du Texas, et leur avait offert en échange les terres d'Alabama, situées sur le Tombeekbee. Le général Lefebvre-Desnouettes se rendit au congrès pour régler les limites de l'Alabama, la répartition des terres; il reçut les pouvoirs nécessaires, et la colonie fut fondée. On lui donna le nom d'État ou Canton de Marengo; le plan d'une ville fut tracé; on l'appela Aigleville, et ses rues recurent les noms des principales victoires auxquelles les réfugiés avaient pris part. L'établissement du canton de Marengo levait tous les doutes sur l'emploi à faire de l'offrande patriotique pour le Champ d'Asile; mais il ne fut jamais rendu un compte exact et public de l'emploi des fonds de cette souscription. » La nouvelle colonie prospéra; mais Lallemand n'eut aucune part à sa fondation. Il songea d'abord à s'associer à une maison de commerce; puis il pensa étudier les lois de la Louisiane pour se faire avocat, ou bien aller rejoindre les insurgés du Mexique ou de Venezuela. Enfin, il prit à ferme, en 1819, un grand domaine auprès de la Nouvelle-Orléans. Il s'occupait toujours de l'enlèvement de Napoléon, entretenait une correspondance suivie avec l'île de Sainte-Hélène, et avait un crédit chez les banquiers de Napoléon. L'empereur lui légua cent mille francs dans son testament. Des créanciers mirent opposition à la délivrance de ce legs sur les fonds qui étaient dans les mains de Laffitte (voy. ce nom); Lallemand emprunta encore dessus, et une difficulté s'élevait sur la question de savoir s'il pouvait hériter, étant mort civilement

par suite de sa condamnation : un curateur fut nommé à sa succession, et la procédure traîna en longueur. Lorsque la France fut sur le point d'intervenir en Espagne pour rétablir le gouvernement royal, le général Lallemand revint en Europe; il débarqua à Lisbonne en mai 1823, et entra bientôt en Espagne, fut fait prisonnier et enfermé à Cadix. Mis en liberté peu de temps après, il fit faire quelques démarches par sa femme, qui était restée à Paris, pour savoir s'il pourrait revenir sans danger en France; il ne reçut pas de réponse satisfaisante. Le bruit courut à cette époque qu'il irait servir la cause des Grecs. Il se rendit à Bruxelles, où il tomba dans le plus grand dénûment. Il adressa alors au directeur de la police de Paris, Franchet, une lettre dans laquelle il disait qu'il ne pouvait se dispenser de venir en France; qu'entre mourir de faim ou mourir comme le brave Ney, il n'y avait pas à balancer, et qu'en conséquence il était décidé à se mettre en route sans sauf-conduit. Il arriva en effet peu de jours après dans la capitale, où il fut reçu par les généraux Bertrand et Montholon. La police de la Restauration le laissa tranquillement arranger ses affaires. Il se rendit ensuite à Londres, et retourna aux États-Unis, où il créa un établissement d'éducation à New-York, qui réussit. Après la révolution de Juillet, il revint en France. Reconnu dans son grade de lieutenant général, il fut nommé pair de France le 10 octobre 1832. 11 parla peu à la chambre, et fut chargé en 1833 et 1834 d'inspections de cavalerie. Il fut reçu avec enthousiasme en Corse, et Louis-Philippe lui donna le commandement militaire de cette île. Le général y resta environ deux ans, et revint mourir à Paris. Il n'a pas laissé de postérité. L. LOUVET.

Arnault Jay, Jouy et Norvins, Biogr. nouv. des Contemp. Lardier, Hist. biogr. de la Chambre des Pairs (Cent Jours). Véron, Mém. d'un Bourgeois de Paris, tome II, p. 137. Hartmann et Millard, Le Texas, ou notice histor. sur le Champ d'Asile.

LALLEMAND ( Henri-Dominique, baron), général français, frère du précédent, né à Metz, le 18 octobre 1777, mort à Borden-Town, province de New-Jersey (États-Unis d'Amérique), le 15 septembre 1823. Il fit ses études militaires à l'école d'application de Châlons-sur-Marne, et entra dans l'artillerie. Chargé du commandement des canonniers à cheval de la garde impériale, il fut employé dans toutes les guerres de l'empire, et reçut le titre de baron. En 1814 il était général de brigade, et c'est avec ce grade qu'il fit la campagne de France. Après la chute de Napoléon, il fut nommé chevalier de SaintLouis. Il était à La Fère, lorsqu'on connut le débarquement de Napoléon au golfe Juan; il se réunit à son frère pour essayer d'opérer quelque mouvement parmi les troupes en garnison dans le département de l'Aisne. Ayant échoué dans son entreprise sur l'arsenal de La Fère, il s'empara du moins d'une batterie qui arrivait de Vincennes. Il marcha avec son frère sur Chauny et

Compiègne, et forcé de s'échapper comme lui, il se défendit avec courage contre les gendarmes qui l'arrêtèrent près de Château-Thierry et ne purent se rendre maîtres de lui qu'après l'avoir renversé de cheval et terrassé. Emmené jusqu'à Laon, il fut délivré par l'arrivée de Napoléon à Paris. Nommé alors lieutenant général, il combattit à Waterloo, à la tête de l'artillerie de la garde, et y fit des prodiges de valeur. Il se sauva ensuite en Angleterre sous le faux nom de général Cottin, et sut éviter la captivité. Apprenant qu'il était privé du bénéfice de l'amnistie par l'ordonnance du 24 juillet 1815, il s'embarqua à Liverpool pour Boston. Compris comme son frère dans l'article 2 de l'ordonnance du 12 janvier 1816, il fut aussi condamné à mort par contumace, le 21 août de la même année. En 1817, il épousa la nièce d'un riche négociant français établi à Philadelphie, nommé Stephen Girard. Il avait eu part au projet de créer une colonie française aux États-Unis avec les réfugiés; il aida son frère à chercher un autre établissement que celui qui avait été offert par le gouvernement américain, et signa la note adressée au roi d'Espagne; mais il resta à la Nouvelle-Orléans, et ne fit aucune visite au Champ d'Asile. Plus tard il se retira à Borden-Town, près de Philadelphie, où il se livra à l'étude. Il fit paraître à la Nouvelle-Orléans un Traité d'Artillerie, en 2 vol. in-4°, dont un de planches, qui est estimé, mais dont on a peu d'exemplaires en France. Cet ouvrage a été traduit en anglais par le professur Renwick. L. L-T.

Arnault, Jay, Jouy et Norvins, Biogr. nouv. des Contemp. Quérard, La France Littéraire. LALLEMAND (Claude-François), médecin français, né à Metz, le 26 janvier 1790, mort à Marseille, le 25 août 1854. Il se destinait à l'étude des arts du dessin; mais le vœu de ses parents lui fit embrasser la carrière médicale. Après deux ans passés à l'armée d'Espagne, en qualité d'aide major, il résolut de venir à Paris faire de sérieuses études. Arrivé dans la capitale en 1811, il fut nommé l'année suivante élève externe des hôpitaux à la suite d'un concours dont il sortit le premier. Élève interne à l'hôtel-Dieu, il fut reçu en 1818 docteur à la suite d'une thèse brillante. En 1819 il fut nommé professeur de clinique chirurgicale à la faculté de médecine de Montpellier, chaire vacante par suite d'une émeute d'étudiants, qui avaient entraîné leur professeur Vigarous à siffler avec eux une pièce de théâtre dont le préfet de l'Hérault était l'auteur. Lallemand y professa d'une manière utile et produisit des travaux remarquables. En 1823 ses opinions politiques furent inculpées, et il fut destitué. On lui reprochait notamment d'avoir donné trop de soins à un colonel constitutionnel espagnol, prisonnier à Montpellier. Trois ans après, en 1826, Lallemand fut réintégré dans sa chaire, qu'il conserva jusqu'en 1845. Élu alors, le 7 juillet, par l'Académie des Sciences dans sa section de mé

decine et de chirurgie, à la place de Breschet, il vint se fixer à Paris. Ibrahim-Pacha, fils du viceroi d'Égypte, l'ayant consulté, Lallemand attira ce prince en Europe, l'accompagna en Italie, puis en France, et jusqu'à Paris, où le roi LouisPhilippe lui fit une grande réception. «< Lallemand avait fait faire à son malade, dit M. Isidore Bourdon, une pause de plusieurs mois, et dans la saison d'hiver, aux bains de Vernet, qu'on disait être sa propriété, et le mieux passager qu'éprouva le prince en prenant ces eaux minérales, dont il aspirait les chaudes exhalaisons, donna aussitôt à l'établissement thermal une vogue et une réputation qu'il n'avait jamais eues et qu'il n'a pas conservées. » Ibrahim retomba malade à son retour en Égypte. Lallemand se rendit auprès de lui, et traita aussi le vieux Méhémet-Ali, avec un succès qui ne se maintint pas. En 1851 il fit partie du jury international de l'exposition universelle de Londres.

L'ouvrage du docteur Lallemand Sur l'Encéphale était devenu classique avant d'être terminé. Il fut traduit dans toutes les langues. << Dans cet ouvrage, publié par livraisons et sous la forme de lettres à l'instar de celui de Morgagni, dont il suit heureusement les traces, M. Lallemand rassemble, dit M. Boisseau, des faits tirés soit de sa pratique, soit des auteurs qui ont traité des affections encéphaliques ex professo ou par occasion, soit enfin de la pratique de quelques-uns de ses confrères qui les lui ont communiqués. C'est sur cette base large et solide qu'il établit des principes relatifs au diagnostic et au traitement des maladies du cerveau et des méninges; déjà il a prouvé que le ramollissement de la substance cérébrale n'est qu'un effet de l'inflammation de cette substance, et il a signalé avec une rare exactitude les signes auxquels on peut reconnaître ce ramollissement avant la mort. Il s'est servi de ces données pour jeter une vive lumière sur une foule de points relatifs à diverses maladies qui jusque là n'avaient offert aux observateurs les plus attentifs qu'un amas confus de symptômes. » Les lettres sur l'encéphale attirèrent auprès de leur auteur une foule de personnes atteintes de dérangements dans les fonctions de ce viscère. Bientôt il reconnut que ees dérangements étaient loin de tenir toujours à une lésion réelle du cerveau ou de la moelle épinière. Chez certains malades il voyait l'intelligence, la mémoire, la sensibilité diminuer ou se pervertir, les mouvements devenir difficiles et incertains, les menaces d'apoplexie se manifester, quoique les signes essentiels des affections cérébrales manquassent entièrement. Après bien des recherches, il attribua ces perturbations étranges à une seule cause: les pertes séminales involontaires et habituelles. « Lallemand était un des meilleurs chirurgiens de Paris et cependant un des moins occupés, dit M. Isidore Bourdon. Bien que son élocution fût pénible et d'une lenteur incomparable, sa con

versation ou plutôt ses monologues avaient un charme singulier. Rarement conteur fut aussi patiemment écouté et plus applaudi. » Il laissa à l'Institut une somme de cinquante mille francs à charge d'en employer le revenu à l'encouragement des sciences.

On a du docteur Lallemand: Propositions de pathologie tendant à éclairer plusieurs points de physiolgie; Paris, 1818, in-4° : cette thèse remarquable a été réimprimée sous ce titre : Observations pathologiques propres éclairer plusieurs points de physiologie; Paris, 1824, in-8°; Recherches anatomico-pathologiques sur l'encéphale et ses dépendances, tome Jer (Lettres I à III); Paris, 1820-1824, 3 cahiers in-8°; tome II (Lettres IV à V); Paris, 1830, 2 cahiers in-8°; Paris, 1834-1836, 3 vol. in-8°;

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Observations sur les maladies des organes génito-urinaires; Paris, 1824-1826, 2 parties in-8°; - Pièces relatives à la suspension de M. Lallemand, professeur à la faculté de médecine de Montpellier, dans ses fonctions de chirurgien en chef de l'hôpital Saint-Éloi; Metz, 1824, in-8°; Observations sur une tumeur anévrismale accompagnée d'une circonstance insolite, suivie d'observations et de réflexions sur des tumeurs sanguines d'un caractère équivoque, par Breschet; Paris, 1827, in-4°; · Des pertes séminales involontaires; Paris, 1835-1842, 3 vol. in-8°, en 5 parties; Observations sur l'origine et le mode de développement des zoospermes; Paris, 1841; Clinique médico-chirurgicale, recueillie et rédigée par H. Kaula; 1845, 2 parties in-8°; Education publique, première partie; Paris, 1848, in-12. Ce travail, relatif à l'éducation physique, a paru d'abord dans la Revue indépendante. Le docteur Lallemand a revu la 3e édition du Manuel d'Obstétrique de Dugès. Il a donné des articles au Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques et à divers journaux de médecine. Parfois il consigna d'importantes découvertes dans des articles fugitifs; c'est ainsi qu'il indiqua un moyen de guérir les fistules vésico-vaginales, jusque alors regardées comme incurables, et plusieurs autres procédés chirurgicaux précieux. Enfin, il a publié avec M. A. Pappas: Aphorismes d'Hippocrate, traduits en français avec le texte en regard et des notes. L. L-T.

F.-G. Boisseau, dans la Biogr. Médicale. - Isid. Bourdon, dans le Dict. de la Conversation. - Quérard, La France Littéraire. Bourquelot et Maury, La Litter. Franç. contemp. LALLEMANDET (Jean), canoniste français, né à Besançon, en 1595, mort à Prague, le 10 novembre 1647. Il entra dans l'ordre des Minimes, et passa en Allemagne, où il professa la philosophie et la théologie. En 1641 il fut élu provincial pour la haute Allemagne, la Bohême et la Moravie. On a de lui: Decisiones Philosophica, tribus partibus comprehensæ; Munich, 1645 et 1646, in-fol.; réimprimé sous le titre de

Cursus philosophicus; Lyon, 1656, in-fol.; l'auteur s'y montre partisan des nominaux; néanmoins, son ouvrage eut jadis une grande célébrité en Allemagne; -Cursus Theologicus, in quo discursis hinc inde thomistarum et scotistarum præcipuis fundamentis, decisiva sententia pronunciatur ; Lyon, 1656, in-fol.; ouvrage posthume publié par le P, d'Orchamps, général des minimes; De Eucharistia, resté manuscrit; - Elucidationes in Institutiones Juris civilis, id.; Institutum Juris canonici, id. A. L. Vogt, Catalogus historico-criticus. Brucker, Historia critica Philosophiæ; Leipzig, 1741, 5 vol.

LALLEMANT (Pierre), écrivain mystique français, né en 1622, à Reims, mort le 18 février 1673, à Paris. Il vint achever son éducation à Paris, prit le grade de bachelier en théologie, et professa quelque temps la rhétorique au collége du cardinal Lemoine. «Sa méthode, dit un de ses biographes, était d'exercer ses écoliers et de s'exercer lui-même à parler sur-le-champet à écrire sur toutes sortes de sujets; aussi fit-il d'excellents disciples et se rendit-il un très-grand maître dans l'art de la parole. » En plusieurs circonstances il fut chargé de prononcer des sermons, des oraisons funèbres et des harangues; il s'acquitta de ce soin avec tant de talent que l'université de Paris lui offrit l'emploi de recteur. Pendant les trois années qu'il l'occupa, il n'y eut qu'une voix sur son compte : le parlement et la cour, devant lesquels il eut occasion de déployer les ressources de son éloquence, ne tarissaient pas d'éloges. Pourtant on le vit subitement renoncer à une position si avantageuse pour se retirer à Saint-Vincent de Senlis, maison qui appartenait à la congrégation de Sainte-Geneviève, et s'y livrer aux pratiques d'une piété fervente ainsi qu'aux œuvres de charité. La dignité de chancelier de l'université étant devenue vacante par la mort du P. Fronteau (1662), Lallemant, après quelque résistance, s'en laissa revêtir, et porta dans le maniement des affaires ou la décision des contestations qui lui furent soumises une habileté et un tact exquis. Le roi et le pape lui confièrent plusieurs fois le soin de mettre la paix dans les maisons religieuses ou d'y rétablir la discipline. Vers la fin de sa vie, il fit nommer le P. Retelet pour son successeur, et ne songea plus qu'à se préparer à la mort. On a de lui: Éloge du P. Fronteau; Le Testament spirituel; Paris, 1672, in-12; La Mort des Justes; Paris, 1672, in-12; Les saints Désirs de la mort; Paris, 1673, in-12. Ces trois derniers traités, plusieurs fois réimprimés, ont été réunis sous le titre Les saints Désirs de la Mort, ou recueil de quelques pensées des Pères de l'Église; Paris, 1754, in-12; Eloge funèbre de Pom

ponne de Bellièvre, in-4°. Le P. Sanlecque a composé sur la mort de P. Lallemant un poëme latin: In obitum Lallemanni Carmen. K. Grosley, Ephemerides. Marlot, Hist. de Reims. ~ Hommes illustres du dix-septième siècle.

LALLEMANT (Jacques-Philippe), auteur ascétique français, né vers 1660, à Saint-Valery-sur-Somme, mort en 1748, à Paris. Élève des jésuites, il devint prieur de Sainte-Geneviève, et mourut dans un âge très-avancé. Dévoué au P. Tellier, il défendit à plusieurs reprises les décisions de l'Église dans la question du jansénisme. On a de lui : Enchiridion Christianum; Paris, 1692, in-12; Journal historique des Assemblées tenues en Sorbonne pour condamner les Mémoires de la Chine; ibid., 1700 et 1701, in-8°, rédigé en faveur du P. Le Comte, qui dans ces Mémoires avait fait un grand éloge de l'esprit religieux et de la morale des Chinois; l'ouvrage fut dénoncé à la Sorbonne, où se tinrent à ce sujet des débats fort animés, et la cour de Rome envoya méme des députés en Chine pour vérifier les assertions du missionnaire; Le P. Quesnel séditieux dans ses Réflexions sur le Nouveau TestaJansenius ment; (Bruxelles) 1704, in-12; condamné par l'Église, par lui-même et ses défenseurs, et par saint Augustin; Bruxelles, 1705, in-12; Le véritable Esprit des nouveaux Disciples de saint Augustin, lettres d'un licencié de Sorbonne à un vicaire général d'un diocèse des Pays-Bas; Bruxelles, 1706 et ann. suiv., 4 vol. in-12: ouvrage remarquable, qui ne manque ni d'intérêt ni de sel; les jansénistes attribuent encore au P. Lallemant divers opuscules critiques qui ont paru sous le voile de l'anonyme; Le Sens propre et littéral des Psaumes; Paris, 1707, in-12; 12° édit., 1772; réimpr. depuis 1808 sous le titre : Les Psaumes de David, en latin et en français, et annoncé par l'auteur comme ayant été composé en 1700; -Histoire des contestations sur la Diplomatique du P. Mabillon; Paris, 1708, in-12; Naples, 1767, in-8°: attribuée quelquefois à l'abbé Raguet; Réflexions morales, avec des notes sur le Nouveau Testament, trad. en français, et la concordance des évangélistes ; Paris, 1713-1714, 11 vol. in-12; Liége, 1793, 12 vol. in-12; Lille, 1839, 5 vol. in-8°; la traduction du Nouveau Testament est celle du P. Bouhours, les notes sont du P. Languedoc ; l'auteur eut le dessein, en donnant ces Réflexions, de les opposer à celles du P. Quesnel, et il les fit précéder de l'approbation de Fénelon et de vingt-trois autres évêques ; Nouvelle Interprétation des Psaumes de David, avec le texte latin et des réflexions courtes et touchantes (anonyme); Paris, 1717, in-12; - Les saints Désirs de la Mort, ou recueil de quelques pensées des Pères de l'Église pour montrer comment les chrétiens doivent mépriser la vie et souhaiter la mort; Lyon, nouv. édit., 1826, in-18; Entretiens de la comtesse, de la prieure, du commandeur, d'un évêqae, etc., au sujet des affaires présentes par rapport à la religion (Avignon), 1735-1741 9 vol. in-12 etc. traduction de l'1

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mitation de Jésus-Christ; Paris, 1740, in-12: travail estimé dont il s'est fait plus de quinze éditions. Le P. Lallemand a révisé les Mémoires Chronologiques et Dogmatiques du P. d'Avrigny, et il y a lieu de croire qu'il n'est pas resté étranger à la rédaction du Supplément aux Nouvelles ecclésiastiques, que les Jésuites firent paraître de 1734 à 1748.

Un autre jésuite du même nom, Louis LALLEMANT, né en 1578, à Châlons-sur-Marne, mort en 1635, à Bourges, est auteur d'une Doctrine spirituelle, recueillie d'abord sous le titre de Maximes. Sa Vie a été publiée par le P. Champion; Paris, 1694, in-12. Paul LOUISY.

Desessarts, Siècles Littéraires. Feller, Dictionn. Historique. Richard et Giraud, Biblioth. Sacrée, XIV. -Journal des Savants, 1695 et 1736.- La France Littéraire.

LALLEMANT (Richard CONTERAY), célèbre imprimeur français, né le 2 mars 1726, à Rouen, où il mourut, le 3 avril 1807. Il fut appelé plnsieurs fois aux fonctions de juge-syndic du commerce, fut nommé échevin, puis maire de la ville, et reçut des lettres de noblesse du roi Louis XV. Outre plusieurs bonnes éditions de classiques, il publia: Le petit Apparat royal, ou nouveau Dictionnaire Français-Latin, nouvelle édition, etc., 1760. Cette édition a servi de base à celles qui ont paru sous le titre de Dictionnaire universel Français-Latin, qui fut corrigé et augmenté depuis par Boinvilliers. Richard Lallemand a publié aussi, avec ses frères, une Bibliothèque historique et critique des Théreuticographes (ou auteurs qui ont écrit sur la chasse); Rouen, 1763, in-8°; livre qui offre une excellente analyse de tous les livres qui ont paru sur cette matière. Il a été réimprimé dans l'École de la Chasse de Leverrier de La Conterie. G. DE F.

Précis des Travaux de l'Acad. de Rouen, ann. 1811. LALLEMANT (Nicolas CONTERAY DE), mathématicien français, frère du précédent, né le 26 avril 1739, à Renwez (Ardennes), mort le 12 septembre 1829 (1), à Paris. Après avoir été pendant quelque temps l'associé de son frère pour la librairie, il acquit assez de réputation par ses talents pour que Louis XV lui envoyât des lettres de noblesse. En 1764, il succéda à l'abbé Jurain dans la chaire de mathématiques de Reims, qu'il occupa pendant trente-deux ans. Il fut également examinateur pour l'admission dans le génie, l'artillerie et les ponts et chaussées, et fit partie de l'Institut à titre de correspondant. I aida beaucoup son frère dans la composition du Dictionnaire universel français-latin; Paris, 4e édit., 1823, in-8°; et de la Bibliothèque historique et critique des Théreuticographes; Rouen, 1763, in-8°. P. L-Y.

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(1) Ou le 11 octobre de la même année, d'après la Biographie Ardennaise. C'est par erreur que la Biographie des Contemporains de Rabbe le fait mourir en

1807.

Bouiliot, Biographie Ardennaise, t. II. — Rabbe, Biog. univ. des Contemporains.

LALLEMENT (Guillaume), littérateur et journaliste français, né le 25 décembre 1782, à Metz, mort à la fin de 1829, à Paris. Il vint à Paris sous la Révolution, suppléa par la lecture à l'imperfection de ses études, remplit tour à tour dans une imprimerie les fonctions de prote et de correcteur. Devenu secrétaire de Félix Le pelletier, il se mit en relations avec plusieurs gens de lettres connus, et eut, dit-on, une part considérable, mais secrète, à leurs travaux. Sous l'empire, il signa de son nom plusieurs pièces de poésies en l'honneur de Napoléon, marquées au coin du plus ardent enthousiasme. En 1815 il se jeta dans les rangs de l'opposition et se fit journaliste; après avoir travaillé à L'Aristarque, il fut obligé, en 1816, de se réfugier en Belgique, où, en compagnie d'autres réfugiés français, il fonda le Journal de la Flandre orientale et occidentale, qui s'imprimait à Gand. Compromis par la violence de ses articles satiriques contre les Bourbons, il dut quitter le pays et passer à Aix-la-Chapelle; le gouvernement prussien lui ayant interdit le séjour de la Prusse rhénane, il revint, sous un déguisement, en Belgique, rédigea la Gazette de Liége, et collabora au Vrai Libéral de Bruxelles. Deux ans après, il fut expulsé de nouveau et ramené jusqu'à la frontière de France entre deux gendarmes. Depuis cette époque, sans renoncer complétement à la presse politique, il contribua d'une manière plus active à la rédaction des journaux littéraires, tels que Le Feuilleton littéraire (1824), Le Diable boiteux, Le Frondeur, etc. On a de lui: Le Secrétaire royal parisien, ou tableau indicatif de tout ce qui dans Paris peut intéresser, etc.; Paris, 1814, in-12; De la véritable Légitimité des Souverains, de l'Élévation et de la Chute des Dynasties en France; ibid., 1815, in-8°: brochure napoléonienne; Le petit Roman d'une grande Histoire, ou vingt ans d'une plume; ibid., 1818, in-8°; Choix des rapports, opinions et discours prononcés à la tribune nationale depuis 1789, recueillis dans un ordre historique; ibid:, 1818-1823, 22 vol. in-8°, recueil rédigé dans un esprit libéral; Histoire de la Colombie; ibid., 1826, in-8°; 1827, in-32: qui est, dit-on, le premier travail de ce genre dont cette république ait été l'objet en France. Lallement a encore rédigé la Table de l'Histoire de France de l'abbé Montgaillard.

Son fils aîné, LALLEMENT (Félix ), né à Paris, le 30 mars 1805, a travaillé à plusieurs journaux. scientifiques et littéraires; il est auteur, avec Maltebrun, du Dictionnaire géographique portatif; Paris, 1827, 2 vol. in-16. Paul LOUISY.

Rabbe, Biog. univ. et portat. des Contemporains. Bégin, Biog. de la Moselle, t. IV. Quérard, La France Littéraire.

LALLI (Jean-Baptiste), poëte et jurisconsulte italien, né à Norsia, ville de l'Ombrie, le

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