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qui lui semblent irréprochables; sans faire l'apologie de toute la conduite de César, il n'a pas consacré les excès de la faction qui lui étoit contraire: mais sur-tout il a eu pour objet d'affoiblir l'enthousiasme qu'inspirent les Romains, et qu'il croit dangereux, parce qu'il est capable de faire naître dans le cœur des hommes de tous les siècles le mépris ou le dégoût du gouvernement de leur pays, quand ce gouvernement ne ressemble pas à celui de Rome.

Entre les ouvrages sur l'histoire ancienne qui ont paru chez les étrangers dans la période qui nous occupe, on distingue l'Histoire de la Grèce,

que

M. William Mitford a publiée plusieurs années après celle de M. Gillies. Celle-ci jouissoit d'une grande réputation en Angleterre, et étoit goûtée même en France, quoique très-foiblement traduite dans notre langue mais l'ouvrage de M. Mitford a obtenu la supériorité. L'auteur a bien étudié son sujet; il s'est garanti de cet enthousiasme de liberté exagérée qui écarta de la vérité tant d'écrivains modernes, sur-tout dans son pays; il n'oublie rien pour nous donner une juste idée de la morale, de la politique, des mœurs et du gouvernement des anciens Grecs : mais, quoiqu'il s'annonce libre de préjugés, on peut lui reprocher de tout juger d'après les

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opinions de son siècle et de son pays. En parlant du gouvernement d'Athènes, il ne distingue pas assez de la tyrannie populaire, fruit impur de l'ambition des démagogues, la démocratie tempérée qu'avoit établie Solon, et qui s'éloignoit peu de celle dont les Athéniens attribuoient l'institution à Thésée. L'auteur, séduit vraisemblablement par les écrits de Xénophon, se montre trop favorable à la politique de Lacédémone. Il paroît aussi supposer trop légèrement que les Grecs eurent une constitution fédérative, ́qu'il fait cesser à la bataille de Mantinée, tandis que les Grecs n'en conçurent l'idée qu'un siècle après cette bataille, lorsque se forma la ligue Achéenne. D'ailleurs, les réflexions de l'auteur sont judicieuses, et l'on voit qu'il a considéré son sujet sous tous ses rapports moraux et politiques. Ce bon ouvrage mériteroit d'être bien traduit dans notre langue.

Des savans d'Allemagne, en traduisant l'Histoire universelle composée par une société de gens de lettres d'Angleterre, ont fait des additions utiles et assez considérables à la partie qui concerne les temps anciens.

M. Eichhorn s'est exercé à écrire une Histoire du monde, qui paroît avoir été bien accueillie en Allemagne.

M. Heeren a embrassé un sujet presque aussi vaste, en traitant des relations politiques et commerciales des anciens peuples. Les premiers volumes concernent l'Afrique et l'Asie, et renferment des vues neuves et des recherches curieuses; mais le savant auteur se livre quelquefois trop à l'esprit de système, comme lorsqu'il veut prouver que la civilisation de l'Afrique est venue de l'île de Méroé en Nubie. D'autres savans

font aussi venir de l'Éthiopie la civilisation de l'Égypte et même celle de l'Inde. Au lieu de rejeter dédaigneusement ces opinions singulières, il vaut peut-être mieux leur laisser le temps de mûrir et de se développer. D'ailleurs, M. Heeren pourroit sé tromper sans mériter de reproches, puisqu'il ne donne son ouvrage que comme un essai, et qu'il n'expose ses idées qu'avec une sorte de défiance.

Ce même savant, M. Gataker et quelques autres, ont fourni au recueil de l'Académie de Gottingue, des dissertations qui peuvent servir à l'éclaircissement de l'histoire ancienne. M. Heyne, toujours instructif même lorsqu'il ne fait qu'effleurer les sujets, toujours ingénieux même lorsqu'il se trompe, a aussi enrichi ce même recueil de plusieurs mémoires sur les antiquités.

Diplomatique et histoire du moyen âge.

Parmi les Italiens, M. l'abbé Denina, justement célèbre par son Histoire des révolutions d'Italie, a entrepris de composer une Histoire de la Grèce : il n'en a publié que la première partie, qui finit à l'avénement d'Alexandre au trône; la seconde devoit conduire jusqu'à la conquête des Romains, et la troisième devoit renfermer toute la durée de leur domination dans cette contrée. Cette dernière partie de leur histoire et de celle de la Grèce a été jusqu'à présent trop négligée, et mériteroit d'être traitée par une main habile.

L'histoire du moyen âge et la diplomatique sont, de toutes les branches de la littérature, celles qui devoient le plus souffrir des ravages de la révolution. L'étude des anciennes chartes et des manuscrits de différens siècles, ensevelis dans la poussière des bibliothèques et des chartriers, sembloit être le partage exclusif de quelques ordres religieux; et si quelques savans s'en occupoient hors des cloîtres, leur émulation n'étoit soutenue que par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qui savoit apprécier leurs travaux. Il étoit donc impossible que cette étude ne fût pas presque entièrement abandonnée après la suppression des ordres monastiques et des académies.

a

Il est bien reconnu que la diplomatique, qu'on pourroit appeler la paléographie du moyen âge, été créée par des savans François, qui l'ont portée au plus haut degré de perfection. On citera toujours avec éloge et l'on consultera toujours avec fruit les Mabillon, les du Cange, les Martène, &c., enfin les auteurs du nouveau Traité de diplomatique.

Quelques ouvrages estimables, dans le même genre, ont paru pendant l'époque que nous examinons. Plusieurs qui étoient déjà commencés, et même assez avancés, sont restés imparfaits. Nous en présenterons la liste avec d'autant plus de confiance, que le Gouvernement restaurateur qui a déjà fermé tant de plaies, saura appliquer à celle-ci les remèdes convenables.

termines,

A la tête des ouvrages terminés, nous place- Ouvrages rons la troisième édition de l'Art de vérifier les dates, par D. Clément, de l'Académie des belleslettres, édition à laquelle a eu part M. Brial, membre de la classe : la dernière partie a paru en 1791. Cet ouvrage est généralement estimé, autant pour la partie historique que pour la tie diplomatique.

par

M. du Theil a publié, à la même époque, les Lettres anecdotes du pape Innocent III, en deux volumes; collection précieuse, que Baluze

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