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moderne.

Dinter, qui a été secrétaire de quatre ducs de
Brabant de la maison de Bourgogne; une His-
toire diplomatique des princes d'Austrasie et de
Lorraine, par Pierre du Thym, ou Vander-Hey-
den, mort en 1473; et les deux dernières parties
des Annales du Hainaut par Jacques de Guise,
Franciscain, ouvrage dont la première partie,
seule imprimée, est remplie de fautes, mais dont
le savant prélat regarde les deux autres comme
bien plus importantes. Il seroit utile d'assurer
la conservation des nombreux manuscrits de
M. de Nélis, et il seroit à desirer que des
hommes instruits fussent chargés de continuer et
d'achever ceux des différens ouvrages dont nous
venons de parler, qui sont restés imparfaits, et
de les publier, ainsi que ceux auxquels les au-
teurs que
la mort a enlevés avoient mis la der-
nière main (1).

Histoire Tous les esprits, au commencement de 1789, étoient occupés de l'assemblée prochaine des états-généraux, et de tout ce qui pouvoit y avoir quelque rapport. M. Gudin, aujourd'hui correspondant de l'Institut, qui se livroit depuis

(1) Tous les manuscrits de M. de Nélis viennent d'être acquis par M. Van-Hultem, ex-tribun, bibliothécaire de la ville de Gand, qui a les connoissances et les talens nécessaires pour terminer ces ouvrages et en faire jouir le public.

long-temps à des recherches historiques, profita de cette disposition des esprits pour mettre en œuvre les matériaux qu'il avoit recueillis sur les assemblées politiques de plusieurs nations; et il publia une Histoire des comices de Rome, des états-généraux de France, et du parlement d'Angleterre. Cet ouvrage lui mérita le prix que l'Académie Françoise étoit chargée d'adjuger au livre le plus utile qui eût paru dans le cours de l'année.

L'histoire, qui n'est plus elle-même si elle cesse d'être libre, garda un silence de plusieurs années. Et comment auroit-elle élevé la voix, lorsque toute liberté fut comprimée au nom de la liberté?

Elle se réfugia en Suisse et en Allemagne. M. Muller continua son Histoire des Suisses, ouvrage fort estimé; et M. Schiller donna celle de la fameuse guerre de trente ans, histoire dont les beautés se soutiennent dans la traduction Françoise.

En France, M. Castera s'empressa trop de paroître, et donna, en 1797, une Histoire de Catherine II, impératrice de Russie. Sa narration est élégante et facile mais les renseignemens qu'il put se procurer à cette époque, étoient sans doute infectés de l'esprit du temps; et son

ouvrage, d'ailleurs estimable par le talent de l'auteur, pourroit souvent le faire accuser d'injustice.

Cependant plusieurs hommes de lettres qui s'étoient distingués dans le genre de l'histoire vivoient encore, et continuoient, dans le silence de la solitude, leurs études et leurs travaux. Nous nommerons le premier, celui qui avoit acquis les plus anciens droits à l'estime publique : c'est M. Gaillard, que l'étendue de ses connoissances avoit fait admettre à l'Académie des belleslettres, que la pureté de son style, sans être constamment soutenue, avoit placé à l'Acadé→ mie Françoise, et qui est mort membre de l'Institut. On peut, en négligeant quelques essais de sa jeunesse, qui cependant furent heureux, regarder comme son premier ouvrage l'Histoire de François I.er Le sujet étoit beau : l'auteur ne se montra pas indigne du sujet; et quand on connut l'Histoire de Charles-Quint par Robertson, si M. Gaillard sembla vaincu, il ne resta du moins trop au-dessous de son vainqueur.

pas

Il donna ensuite, sous le titre de Rivalité de la France et de l'Angleterre, une histoire estimée de nos interminables querelles avec les Anglois.

Son Histoire de Charlemagne lui mérita l'honorable suffrage de Gibbon, célèbre entre les historiens Écossois; il fut loué depuis par un

rival, M. Hegewisch, qui a donné en allemand l'histoire du même empereur. C'est un beau sujet, qui offre le grand homme d'un siècle barbare à comparer avec le grand homme d'un siècle civilisé. M. Gaillard n'a pas été heureux dans toutes les parties de son ouvrage : il semble qu'une idée peu exacte de l'ancienne France ait produit ses principales fautes; il prend pour la France proprement dite l'ancienne Gaule, et voudroit que Charlemagne s'en fût contenté. Mais elle n'étoit, au contraire, qu'une acquisition des Francs : la France proprement dite, la véritable patrie de ce peuple, étoit une partie de la Belgique, et un vaste pays à la droite du Rhin, jusqu'au Mein. Les Saxons étoient limitrophes de cette véritable France; et, depuis le règne des descendans de Clovis, ils l'infestoient par des excursions sans cesse renouvelées. C'est ce que Gaillard semble n'avoir pas aperçu; et comme dans tous ses ouvrages il a pour objet principal de s'élever contre la guerre et les conquêtes, et semble avoir conçu l'espérance d'amener par ses écrits la paix générale en Europe, il regarde Charlemagne comme un injuste agresseur des Saxons, ne voit en lui qu'un coupable ambitieux, et cherche à nous inspirer plus d'intérêt pour les vaincus que pour son héros. Mais il auroit dû reconnoître que Charlemagne

fit la

cus,

guerre aux Saxons pour protéger ses sujets, dont il ne pouvoit assurer le repos que par l'entière soumission de ce peuple féroce. Il est vrai qu'après avoir pardonné plusieurs fois aux vainil finit par se montrer cruel : mais c'est qu'il n'étoit qu'un héros du vIII. siècle; et Gaillard auroit dû le faire sentir, au lieu de prononcer qu'il fut moins grand que Witikind, comme s'il eût pu savoir ce qu'auroit fait ce chef tant de fois fugitif, s'il avoit été vainqueur.

A ces fautes, et à d'autres encore, se joignent les défauts ordinaires de l'auteur; narrations diffuses; peu de force d'expression; des réflexions accumulées, répétées, et souvent si étendues qu'elles se changent en dissertations; et au milieu de ces défauts, de longues suites de belles pages, qui prouvent que l'auteur étoit capable de faire beaucoup mieux, s'il s'étoit donné la peine de se relire avec plus de sévérité et de se rendre beaucoup plus concis.

M. Hegewisch, qui a publié son Histoire de Charlemagne en 1791, se montre plus juste envers ce prince. Tandis que Gaillard, né François, fatigue ses lecteurs de complaintes sur les malheurs qu'éprouvèrent les Saxons il y a dix siècles révolus, M. Hegewisch, né Saxon, reconnoît le besoin qu'avoient ses ancêtres d'être

subjugués,

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