Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

écrivains Anglois l'ont cultivée avec un zèle honorable. Dans le nombre, nous nous plaisons à indiquer Aikin, Wilberforce, Gisborne, Miss Anna Moore, M. Edgeworth, Miss Edgeworth sa fille, Morrice, &c. qui ont recueilli, dévełoppé les préceptes propres à chaque ordre de nos actions, à chaque condition de la société; qui ont appliqué les leçons de la morale au premier des arts, à l'éducation. Il nous sera permis, sans doute, de placer au nombre de ces moralistes estimables, l'illustre Blair, devenu le modèle comme le guide des orateurs sacrés de la GrandeBretagne; cet orateur vraiment philosophe, qui a si heureusement uni à la connoissance du cœur de l'homme le talent de lui inspirer l'amour du bien et la pratique de la vertu.

Nous devons rendre ici ce témoignage aux écrivains dont l'Angleterre s'honore plus particulièrement dans cette période, que non-seulement ils ont professé pour les idées religieuses un respect sincère et éclairé, mais que plusieurs se sont attachés à fortifier l'auguste alliance de la religion et de la philosophie; alliance qui offre à l'une de nouveaux appuis, qui élève l'autre à toute sa dignité.

Deux ouvrages sur-tout se classent au premier rang de ceux que dicta jadis un si noble dessein;

celui de Butler sur l'analogie de la religion avec la nature, celui du respectable Paley sur la théologie naturelle. L'un et l'autre exempts de toute espèce d'exagération, l'un et l'autre parfaitement en accord avec l'état actuel de nos connoissances et avec la marche d'une saine raison, présentant dans un nouvel éclat aux esprits élevés les plus nobles perspectives, peuvent être considérés, dans le siècle où nous vivons, comme de véritables bienfaits pour l'humanité.

La patrie de Grotius, qui devint aussi celle Hollande. de Descartes, cette terre si riche des dons de l'érudition, n'a point été stérile pour l'art de penser. Elle réclame, dès le commencement de l'époque dont nous embrassons le cours, un philosophe formé à l'école de Socrate, pénétré de ses sublimes leçons, cher aux amis de la vérité comme aux amis de la vertu. Si les services rendus à ces deux grands intérêts de l'humanité fondent une juste gloire, la mémoire d'Hemsterhuys sera glorieuse pour la Hollande : il a reproduit avec succès la méthode des anciens, le dialogue; il a conservé leur simplicité; il cherche la vérité, et la fait éclore en s'interrogeant lui-même, à l'exemple de Socrate son modèle; il parle de la vertu comme Platon. Sa métaphysique, comme celle de ce dernier, est quelquefois trop peu

solidement assise, et sa doctrine des essences manque d'exactitude; mais si ses idées ne sont pas toujours rigoureusement justes, toujours du moins elles lui appartiennent en propre et combien ses intentions sont pures et éclairées! quelle droiture préside à ses recherches! La philosophie, dans ses écrits, conserve toujours le langage et la dignité qui lui conviennent, soit qu'elle dévoile les secrets des affections humaines, qu'elle trace les caractères du beau, qu'elle fixe les rapports de l'homme avec la nature et ses semblables, qu'elle définisse les lois de ses facultés intellectuelles, qu'elle détermine la nature du principe pensant, ou qu'enfin elle s'élève à l'auteur de toutes choses. En détruisant les erreurs modernes, il conserve ce calme qui appartient à une raison supérieure, et cette indulgence qui appartient à une bienveillance éclairée.

Ce philosophe a eu un disciple et un successeur dans M. Wyttenbach, professeur à Leyde, qui, en suivant ses nobles exemples, a déployé la plus saine et la plus vaste érudition sur l'histoire de la philosophie et les doctrines de l'antiquité, et qui a publié aussi une excellente Logique en latin, Les dissertations de M. Wyttenbach font partie de la littérature Hollandoise; mais il appartient lui-même par sa naissance à la Suisse.

.

Placée entre l'Allemagne et la France, la Suisse Suisse offre, sous le rapport des opinions et des mœurs, une nuance intermédiaire entre les deux peuples. Elle ne s'est pas garantie toujours d'une imitation un peu docile des idées qui circuloient chez ses voisins. C'est ainsi qu'on a vu un ancien magistrat, devenu trop célèbre peut-être dans les révolutions de sa patrie, essayer de transplanter chez les simples habitans des Alpes ces doctrines éphé mères qu'engendra quelque temps parmi nous la prétention au bel esprit; doctrines que la frivolité peut accréditer, mais dont la morale publique s'affligea trop justement. C'est ainsi qu'un professeur de Zurich, en essayant de présenter, d'après les idées de Fichte, le système de la morale, a déployé tout le luxe des subtilités scolastiques, dans un genre d'étude pour lequel elles sont plus inutiles ou plus dangereuses que pour aucun autre. Mais ce ne sont là que des exceptions. Lorsque les systèmes modernes du nord de l'Allemagne, adoptés avec transport par les jeunes étudians de Suisse, essayèrent d'envahir les chaires de ce pays en expulsant les doctrines de Leibnitz et de Wolff, des hommes sages se portèrent pour médiateurs, et tempérèrent par leurs conseils et leurs exemples l'influence de ces innovations. Plusieurs d'entre eux s'efforcèrent

sur-tout de conserver, au milieu de ces révolutions, l'alliance salutaire des idées religieuses et des doctrines philosophiques. M. Stapfer, suivant les traces d'un oncle qui avoit puisé dans la philosophie de Leibnitz de nouveaux appuis pour la religion, a cherché à mettre la partie la plus épurée de la doctrine de Kant en harmonie avec le christianisme.

Une philosophie éclectique, la connoissance des hommes et du monde, une morale douce, quelquefois trop facile peut-être, un style agréable et pur, caractérisent les productions de M. Meister (de Zurich); on a goûté en France sa Morale naturelle, ses Études sur l'homme, ses Lettres sur l'imagination, &c. Ce dernier sujet a été traité également d'une manière distinguée par le disciple chéri de Bonnet, M. de Bonstett (de Berne); et le maître respectable dont il a suivi

les traces, n'eût désavoué ces ouvrages. On

pas

trouve la même profondeur et la même méthode dans les nouveaux écrits du même auteur, publiés en allemand, à Copenhague, dans les années 1800 et 1801; on y recueille de judicieuses observations sur la philosophie des langues et sur la nature des facultés humaines.

M. le professeur Develey a donné au public de sages considérations sur le principe des méthodes,

« VorigeDoorgaan »