Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

tissu à la façon des toiles de damas, épaissi par les aromates, comme dit le procès verbal de la visite faite en 1628. Il ne porte aucune représentation; et les moines n'ont pas recouru aux peintres, pour abuser davantage la crédulité des dévots.

On prétend que ce suaire fut envoyé à Charlemagne, avec la robe sans couture; que ce prince le mit à Aix-la-Chapelle, et que Charles-le-Chauve le fit transporter à Compiègne, sa ville favorite.

SUAIRE DE CADOUIN.

Le saint suaire de Cadouin en Périgord, n'est. guère moins célèbre que les précédens; et il devrait être le plus vénéré, car il est autorisé par quatorze bulles de papes', tandis que le suaire de Turin ne peut s'appuyer que de quatre.

On commença de le connaître en France au douzième siècle, et on le présenta comme une dépouille enlevée aux infidèles. Un prêtre périgourdin l'apporta, dit-on, vers l'an 1115, dans le haut d'un tonneau de vin, qu'il avait séparé avec des planches. Il lè mit dans son église, renfermé dans le même tonneau, et le tint caché, parce qu'il craignait qu'on le lui volât.

[ocr errors]

Les religieux de Cadouin, sachant qu'il possédait ce trésor, crurent devoir profiter du malheur arrivé à son église, où le feu prit en son absence. Ils accoururent, sous prétexte d'éteindre l'incendie, enfoncèrent les portes, et emportèrent le petit tonneau dans leur monastère.

Le bon curé redemanda vainement sa relique. Tout ce qu'il put obtenir fut d'être reçu au nombre des moines, en quittant sa cure, et d'avoir la garde du prétendu suaire, le reste de ses jours. Cette relique obtint dès lors un grand culte et attira de toutes parts les pèlerins. Il y eut tant de miracles, que les moines de Cadouin enrichis firent bâtir sept autres monastères de leur ordre.

A la fin du quatorzième siècle, l'abbé ayant eu avis que les Anglais avaient fait le projet d'enlever cette relique, la porta secrètement à Toulouse. Elle y fus reçue avec beaucoup de pompe, et resta dans cette ville jusqu'en l'an 1398, qu'on lui fit faire un voyage à Paris; elle retourna au bout de cinq mois à Toulouse, et ne fut reportée qu'en 1455 à l'abbaye de Cadouin. Il fallut pour cela que les moines usàssent d'adresse ; car les Toulousains ne voulaient pas se dessaisir d'une relique aussi précieuse.

AUTRES SUAIRES.

Quoique Jésus-Christ n'ait dû avoir qu'un linceul, et que nous en ayons déjà compté quatre, on en montre encore beaucoup d'autres. Le saint suaire ne pouvait pas manquer d'être à Rome. On le révère à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-MarieMajeure, à Saint-Pierre au Vatican. Ils sont tous entiers, et chaque sacristie assure que le sien est le véritable, c'est-à-dire celui qui fut acheté par Joseph d'Arimathie.

On en montre un huitième dans une ville

d'Andalousie, un neuvième chez les religieuses d'Enxobregas près de Lisbonne ; ce dernier porte la peinture du corps de Jésus, comme le linceul de Turin.

On en révère un dixième à Milan; le onzième est peut-être à Carcassonne.

On garde à Cahors le suaire qui couvrait la tête de Jésus-Christ, et qui, s'il était authentique, détruirait tous les autres. On l'appelle la sainte coiffe. L'impératrice Irène la donna, dit-on, à Charlemagne, qui en fit présent à l'église de Cahors. Elle porte quelques taches de sang et fait des miracles. Comment résister à de pareils titres?

Il est fàcheux que cette sainte coiffe soit aussi à Mayence, à Clermont en Auvergne, à Arles, etc.

On montrait encore de grands morceaux du saint suaire à Paris, dans le trésor de la SainteChapelle ; à Chartres; à l'abbaye de Montdieu, en Champagne; à Aix-la-Chapelle, à San-Salvador, à Albi, et dans une infinité d'autres villes (1). Joignez à cela tout ce que nous ne connaissons pas................ Voyez l'article Jésus-Christ.

SULPICE-LE-DÉBONNAIRE, —évêque de

(1) Calvin, Traité des reliques. Histoire de l'église de Chartres. Chifflet, Histoire des Suaires de Turin et de Besançon. M. Dulaure, Description des principaux lieux de France. Bruzen de la Martinière, dans son grand Dictionnaire géographique. Voyage de Misson en Italie. Tome V de l'Histoire des Religions, et principalement Baillet, Histoire de la Semaine

sainte.

Bourges, mort vers le milieu du septième siècle. Un jour que saint Éloi passait à Bourges, il apprit qu'on allait pendre quelques assassins, qui avaient égorgé un juge. En sa qualité de saint, il cut pitié de ces bonnes gens, fit un miracle qui rompit leurs chaînes, les tira de prison sans ouvrir les portes, et leur conseilla de se réfugier dans l'église de Saint-Sulpice, qui avait eu un culte à Bourges immédiatement après sa mort. Les soldats de la ville vinrent prendre les assassins et les chargèrent de nouvelles chaînes mais comme ils se recommandaient à saint Sulpice et que saint Éloi priait pour eux, leurs chaînes se rompirent de nouveau. Les archers étonnés se retirèrent, et les assassins échappèrent par la fuite.

Saint Sulpice-le-Débonnaire fut toujours favovorable aux brigands qui eurent recours à lui. Son corps est à Bourges, où il échappa, dans le fond d'un puits, en 1562, aux recherches des huguenots. Il avait une seconde tête à Villefranche dans le Roussillon, et un troisième bras à Paris, dans l'église de Saint-Sulpice.

On dit que lorsqu'il vit venir l'heure de sa mort, il célébra la messe en habits pontificaux ; après quoi il fit ouvrir le tombeau de sa femme et de sa fille (car alors les évêques étaient mariés), se coucha au milieu d'elles, et rendit l'àme devant son clergé.

SUPERSTITIONS. — Voyez tous les articles de ce Dictionnaire et tout le culte des reliques et des images.

Mais il y a beaucoup d'autres superstitions qui tiennent à cette matière et que nous n'avons pu indiquer. Nous en remarquerons quelques

unes.

Je ne sais si j'ai observé que beaucoup de bonnes gens ont bien soin de ne pas brûler de coques d'œufs, de peur de rôtir une seconde fois saint Laurent, qui avait sous son gril un brasier de coques d'oeufs.

Dans certaines provinces, si quelqu'un meurt hors de chez soi, la personne chez qui il meurt met une croix au carrefour voisin on prétend que sans cela le mort ne retrouverait plus le chemin de sa maison, s'il voulait revenir pour demander des messes.

D'autres villageois font une croix à la cheminée, pour empêcher leurs poules de s'égarer.

La plupart des dames espagnoles font quatre fois le signe de la croix sur leur bouche, en baillant, pour écarter le diable, qui a pourtant d'autres

entrées.

Il y a aussi des gens qui offrent à quelque image de saint, un morceau de cire ou un peu de laine d'agneau, pour en obtenir la guérison d'une fièvre.

D'autres prétendent que le jour de saint Martin est un jour heureux, le jour des Innocens un jour malheureux; qu'on ne se baigne pas sans péril le jour de sainte Anne, le jour de saint Jacques-le-Majeur, le jour de la Madeleine ; qu'il ne faut pas filer le samedi après-midi, de peur de

« VorigeDoorgaan »