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idoles, et qu'elle ait volé les dieux de Laban, on en a fait une sainte. On vénère toujours son tombeau, sur le chemin qui va de Bethleem à Rama. Son corps était à Constantinople.

RADEGONDE,

sixième femme de notre

roi Clotaire Ier, Elle honorait si fort les prêtres, qu'elle leur baisait les pieds et les servait à table (1). Elle aimait tant la croix, qu'elle s'en imprima la forme sur le corps, avec le bout d'une pique rougie au feu; et qu'elle fit venir, pour la première fois en France, un morceau de la vraie croix.

Lorsqu'elle vit que son mari se lassait d'elle, Radegonde se retira à Poitiers, où elle se fit abbesse de religieuses. Elle avait tant de ferveur, qu'il fallait à chaque instant lui appliquer sur l'estomac des feuilles trempées dans l'eau, pour tempérer la chaleur qui la dévorait.

« Notre Seigneur la caressait souvent visiblement. Une fois il lui apparut et la prit sur ses genoux Radegonde, lui dit-il, vous n'êtes que bientôt vous sur mes genoux;

cœur. >>

serez sur mon

Quelques courtisans, ayant calomnié les mœurs de Radegonde auprès du roi, moururent honteusement en allant à la selle; ce qui fit respecter la sainte.

Des marins, sachant la vertu de Radegonde,

(1) Ribadeneira, 13 août.

l'invoquèrent dans une tempête, quoiqu'elle fût encore vivante. Incontinent, une colombe blanche comme la neige voltigea autour du vaisseau. Un matelot la prit, lui arracha trois plumes qu'il trempa dans la mer, et aussitôt la mer s'apaisa. Ces trois saintes plumes se conservaient à Poitiers, où elles faisaient des miracles.

Un an avant sa mort, elle vit la nuit un jeune homme d'une exquise beauté, qui lui fit mille caresses. Elle le repoussa d'abord très-durement, le prenant pour un séducteur; elle avait alors soixante-huit ans. Mais le beau jeune homme lui parla si honnêtement, qu'elle vit qu'il n'en voulait pas à sa chasteté, et qu'il venait tout simplement lui annoncer sa mort, de façon qu'elle le traita mieux (1).

L'abbaye de Sainte-Croix, que Radegonde fonda à Poitiers, avait deux cents religieuses lorsqu'elle mourut. Malgré ce saint établissement, et la piété qu'elle fit paraître, Radegonde fut en butte aux traits de la médisance. On lui reprocha sa trop grande intimité avec le poëte Fortunat, qui était sans cesse auprès d'elle, qui en recevait et lui faisait des présens, etc. Mais ces soupçons furent détruits par les miracles que la princesse opéra après sa mort.

On vénérait à Poitiers le corps de sainte Radegonde, qui se trouvait double dans l'abbaye de Quinçai, à deux lieues de cette ville, quoique

(1) Tout cela est extrait de Ribadéneira, cité.

les Normands l'eussent, dit-on, anéanti au neuvième siècle. Il fut brûlé pour la seconde fois par les protestans, dans ces deux endroits, en l'année 1562, avec tant de publicité qu'on n'osa le reproduire. Mais son tombeau faisait des guérisons miraculeuses au dernier siècle.

En 1412, lorsque le duc de Berri fit ouvrir ce tombeau, on y trouva le corps de Radegonde encore entier, quoiqu'enseveli depuis huit cent vingt ans. Le duc voulut lui faire couper la tête pour l'emporter à la sainte chapelle de Bourges. Les assistans furent saisis d'une telle frayeur à cette proposition, qu'il fallut y renoncer. Le prince se contenta d'emporter l'anneau d'alliance que la sainte avait au doigt; mais on ajoute qu'elle retira sa main, lorsqu'il voulut aussi lui ôter l'anneau religieux.

On voyait dans l'ancienne église la fameuse chapelle du pas de Dieu, bâtie sur l'emplacement de la chambre qu'occupait la sainte. On contait que Jésus, lui ayant apparu sous la forme du beau jeune homme dont nous avons parlé, avait laissé dans sa cellule l'empreinte d'un de ses pieds; c'est ce qu'on nommait le pas de Dieu (1).

On montrait enfin la meule dont Radegonde

(1) Il y a dans le Poitou d'autres pas que l'on vénère. On montrait auprès de Cîteaux le pas de la biche, empreint sur une pierre, aux bords de la Vienne. On disait que Clovis passa cette rivière à gué, à la suite d'une biche miraculeusement envoyée, parce que le ciel voulait lui faire gagner la bataille de Vouillé.

se servait pour moudre le grain nécessaire à la nourriture de ses religieuses, et le mortier où elle pilait les drogues qu'elle employait dans leurs maladies (1). Ce qui reste de ces saintes reliques ne fait plus merveilles.

RAIMOND DE PEGNAFORT,

général

des dominicains, mort en 1275. Il fut confesseur du pape Grégoire IX, à qui il ordonnait pour pénitence d'expédier plus promptement et à meilleur marché les affaires qu'on portait en cour de Rome.

Un jour qu'il voulait passer de l'île de Mayorque à Barcelone, comme il n'avait point de vaisseau, il prit la chape de son compagnon, l'étendit sur l'eau, et s'y embarqua en faisant le signe de la croix, avec autant d'assurance que si c'eût été un bateau. Puis ayant fiché son bourdon au milieu de la chape, il appela son compagnon qui n'osa le suivre. Il releva donc un coin de ladite chape, en guise de voile, fit en six heures plus de cinquante lieues de mer, et arriva heureusement à Barcelone.

Avant de se montrer dans la ville, il mit sur ses épaules la merveilleuse chape, aussi sèche que si on l'eût tirée d'un coffre, et entra pour souper dans un couvent dont les portes étaient

(1) M. Dulaure, Description des principaux lieux de France, tome IV, du Poitou.

fermées, car il passait comme un esprit à travers les murailles (1).

On garde cette chape à Barcelone, avec son corps qui fait des miracles. Il sort continuellement de son tombeau une poussière sainte, qui guérit les fièvres, les hémorragies, les maux d'enfans, pour peu qu'on ait le courage d'en boire une demi-once dans un verre d'eau.

RÉGNOBERT, ou Rénobert ou Raimbert, évêque de Bayeux au septième siècle.

Les deux parties de son corps, qui étaient en 1789 à Corbeil près de Paris et au prieuré de Saint-Raimbert près de Besançon, sont, dit-on, à peu près perdues. Mais on doit avoir encore sa chasuble à Bayeux.

re,

Elle était renfermée dans un petit coffre d'ivoide figure antiqué, avec une serrure d'argent. On voyait sur cette serrure une inscription arabe, dont voici le sens : « Quelque honneur que nous >> rendions à Dieu, nous ne pouvons pas l'hono»rer autant qu'il le mérite. » C'est, dit-on, une inscription mahométane.

On ne savait trop comment la chasuble du saint se trouvait dans un coffre arabe, lorsque le révérend père Tournemine expliqua la chose. Il prétendit que Charles-Martel, ayant vaincu les Sarrasins dans la Touraine, pilla leur camp, et prit la cas

(1) Ribadeneira, 6 janvier.

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