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sette en question. Par la suite, cette cassette passa entre les mains du roi Charles-le-Chauve, qui la donna à la reine Ermentrude, sa femme.

Or, Charles-le-Chauve eut une maladie, que l'on guérit en lui mettant sur le dos la chasuble de saint Régnobert. Ermentrude, en bonne et pieuse épouse, donna sa cassette au saint (qui était mort depuis long-temps), et l'on y mit sa chasuble, qui faisait beaucoup de guérisons.

REINE. On ne sait ni le siècle, ni l'histoire, ni le pays de cette sainte, dont la légende ressemble à celle de sainte Marguerite. Le père Giry dit qu'elle vint au monde en l'an 238, dans le pays d'Autun, et que son père, qui se nommait Clément, était un païen très-inclément. Il chassa Reine, parce que sa nourrice l'avait fait baptiser; et Reine se mit à garder les moutons.

Le gouverneur Olibrius, passant un jour dans le champ où paissait son petit troupeau, s'arrêta pour la considérer; car elle était jolie. Il en devint amoureux, et la fit mettre en prison.

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Comme Reine ne répondait pas à sa tendresse, il la fit charger de chaînes. Comme ce moyen n'avança pas son amour, il la fit fouetter; et voyant que Reine ne voulait décidément pas aimer un amant si poli, il résolut de l'affaiblir par les supplices. Une colombe vint la consoler, à la vue de huit cents personnes; de quoi Olibrius courroucé ordonna qu'on lui tranchât la tète.

On gardait à Alise, la chaine de sainte Reine, et

le cercle de fer qui lui ceignait le corps dans sa prison. A en juger par ce cercle, elle avait la taille fort mince.

Le corps de cette sainte attirait une foule immense de pèlerins à Flavigny en Bourgogne, quoiqu'elle eût un second corps à Osnabruck en Westphalie.

Le corps qui était à Flavigny fut découvert au neuvième siècle, auprès d'Alise, par une colombe qui descendit du ciel, et qui était peut-être la même dont il a déjà été question. On disait au dernier siècle que son cœur était encore frais et entier.

Mais les eaux de sainte Reine sont un peu plus fameuses que ses reliques. La fontaine d'Alise guérissait les galeux, les teigneux, et l'on n'y voyait que des pèlerinages de gens dont la peau se gâtait.

Les cordeliers avaient dans leur église une petite fontaine, plus merveilleuse encore que le grand bassin public. Ils se vantaient de guérir les plus vilaines gales et la lèpre la plus horrible, pourvu qu'on eût de la foi.

On vénérait aussi à Paris, dans l'église de SaintEustache, une image de pierre de sainte Reine, qu'un bon marchand de la rue Saint-Denis avait apportée d'Angleterre. Cette sainte image avait fait tant de miracles, qu'on avait institué, sous sa protection, une confrérie dont les aggrégés étaient assurés contre la teigne.

Les miracles de la fontaine d'Alise n'ont pas

encore cessé.

RELIQUES. - ANECDOTES DIVERSES.

Cest assez généralement l'usage, chez les Espagnols, de n'avoir d'autres médecins que les reliques, dans les maladies graves. En 1774, le fils du prince des Asturies s'étant trouvé en danger de mort, on fit venir d'Alcala les reliques de je ne sais quel saint, qui furent portées processionnellement à Madrid et déposées dans le palais, auprès du prince. Mais, malheureusement, le saint ne se trouva pas d'humeur à faire un miracle (1).

<< Antoine, duc d'Albe, et Isabelle son épouse, avaient un fils qu'ils nommaient Nicolas, et qui, comme son père et sa mère, était perdu de vilaines maladies et tombait en pièces. Isabelle sa mère envoya demander des reliques à des moines pour guérir son fils. Aussitôt, comme c'était une grande dame, les moines envoyèrent le doigt d'un certain saint. Isabelle prit ce doigt, le pila dans un mortier, le réduisit en poudre ; puis elle en fit deux parts, l'une qu'elle fit prendre à son fils dans un breuvage, l'autre qu'elle lui administra dans un clystère, afin de porter le remède partout en même temps. Mais Nicolas ne guérit point.

» Il faut pourtant convenir, comme disait la reine d'Espagne, que M. Nicolas, avec les maladies qui le pourissaient, était une belle châsse de reliques (2). »

(1) Voyage de Dalrymple en Espagne et en Portugal, p. 67. (2) Mémoire sur l'établissement de la maison de Bourbon en Espagne. Extrait de la Correspondance de Louville, etc.

On lit, dans la vieille chronique de Robertle-Diable, cette anecdote que nous ne songeons ni à discuter ni à garantir : Robert, tourmenté d'une grosse fièvre pendant un séjour qu'il fit à Paris, fit demander à l'abbé de Sainte-Geneviève quelques reliques de son église, pour sa guérison. Cet abbé eut l'impudence de lui envoyer des os de chat dans un reliquaire. Le prince découvrit la fraude, et fit pendre l'abbé de Sainte-Geneviève par les parties sexuelles à la porte de l'abbaye.

T

Le peuple de Paris montrait encore, il y a cent ans, le gros anneau de fer où la suspension se fit, au-dessus du portail de Sainte-Geneviève.

-Un bon Picard, entrant dans une église, le jour de la fête du saint, vit toutes les reliques étalées, et au bout de l'autel un encensoir d'argent qui venait de servir, et qui était encore plein de feu. Il se mit à baiser dévotement tous les reliquaires, et prenant l'encensoir pour une châsse, il le baisa aussi, se brûla les lèvres, et s'écria en son patois ་ Tidié! que ce petit saint à la gueule chaude! (1) » Lorsque la réforme commença de s'établir en Lithuanie, Christophe Radziwil, très-fâché qu'un prince de sa maison l'eût embrassée, s'en alla à Rome, où il honora le pape, qui, à son départ, lui donna une boîte remplie de reliques.

La nouvelle de ces reliques s'étant répandue, quelques mois après son retour, des moines vinrent avertir le prince de Radziwil qu'ils avaient

(1) Bibliothéque de société, tome III.

un possédé, dont le démon résistait à tous les exorcismes. Ils le prièrent de leur prêter les précieuses reliques qu'il avait apportées de Rome; ce qu'il accorda volontiers. Op les porta en pompe à l'église; on les déposa solennellement sur l'autel; et au jour assigné, une multitude innombrable de peuple étant rassemblée, après les conjurations ordinaires, les moines appliquèrent les reliques. A l'instant même le démon sortit hors du corps du possédé, avec les gestes et les grimaces ordinaires. Chacun cria miracle, et le prince rendit grâces au ciel de ce qu'il avait chez lui une boîte de reliques si saintes.

Mais quelques jours après, comme il était toujours dans l'admiration et qu'il ne cessait de vanter la vertu de ses reliques, il s'aperçut qu'un jeune gentilhomme de sa maison, qui avait la garde de ce trésor, souriait d'un air moqueur. Il voulut en savoir la cause. Le gentilhomme, ayant été assuré qu'on ne lui ferait aucun mal, déclara secrètement au prince, qu'en revenant de Rome, il avait perdu la boîte de reliques qu'on lui avait donnée en garde; et que, n'ayant osé l'avouer, il avait trouvé le moyen de se procurer un coffret pareil; qu'il l'avait rempli de tout ce qu'il avait pu trouver de petits os de bêtes et de bagatelles semblables aux reliques perdues; enfin qu'il avait lieu de s'étonner qu'on fit faire des miracles à cet amas d'ordures.

Le prince, voulant éclaircir la fourberic, fit venir les moines et leur demanda s'il n'y avait

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