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» plutôt à l'empereur, dont la jeunesse >> ouvrait une perspective plus brillante à » la famille de ce ministre, que l'âge » avancé de l'impératrice.......... La déclara >>tion inattendue de la Russie en faveur » de la Prusse fut un coup de foudre pour >> la cour de Vienne. Le prince de Kaunitz » fut embarrassé, n'ayant rien prévu. » Cependant l'échec qu'éprouva ce ministre dans ses négociations à l'égard de la Bavière, que l'Autriche aurait voulu réunir à ses vastes états, ne diminua en rien son crédit auprès de ses souverains, qui se virent contraints de signer la paix de Teschen, en 1778. Cette dernière défaite éclaira néanmoins les cabinets de l'Europe sur les talens tant vantés de Kaunitz. Il avait cependant des qualités estimables, et dans l'exercice de ses fonctions, il n'écoutait ni la jalousie, ni la vengeance; on cite de lui, sous ce rapport, un trait qui lui fait honneur. Un jour il proposa à l'impératrice un feld-maréchal pour être président du conseil aulique de guerre... « Mais cet homme, dit Marie» Thérèse, est votre ennemi. - Madame, >> reprit Kaunitz, il est l'ami de l'état, >> et c'est la seule chose qu'il faut pren>> dre en considération. » Il ne mérite pas les mêmes éloges dans sa conduite postérieure. Après la mort de Marie-Thérèse, en 1780, il gouverna presqu'en maître. Joseph II avait pour lui une déférence qui ressemblait au respect filial; aussi il donnait parfois le nom de père à son vieux ministre, qu'il visitait souvent, afin de ne pas le déranger, tandis qu'il s'occupait des affaires. Dans les fréquens voyages que ce prince entreprit dans toute l'Europe, Kaunitz restait comme l'arbitre de l'état, et il fut généralement accusé d'avoir été le principal auteur des innovations que Joseph II voulut introduire dans les Eglises de son empire, et notamment dans les Pays-Bas. C'est donc à lui qu'il faut reprocher les troubles qui eurent lieu dans cette belle province, et qui eurent pour chefs Van-Espen et Vander-Noot, défenseurs des droits de leur religion et de leur pays. Ce furent aussi ces dangereuses innovations qui amenèrent le pontife Pie VI à Vienne, où il ne

fut pas reçu ainsi qu'il devait l'être, comme chef de l'Eglise, ni même comme prince temporel. Les diverses conférences que le pape eut avec Joseph II ne produisant aucun résultat favorable, et Pie VI n'ayant pour but que le bien de l'Eglise, S. S. oublia pour un moment sa dignité, et alla en personne faire une visite à Kaunitz, qui n'avait pas cru devoir le prévenir. Quand le pape entra dans le cabinet de ce ministre, celui-ci daigna à peine se lever de son siége, et, lorsque le pontife se retira, il n'eut pas même l'attention de l'accompagner. Pie VI eut encore à souffrir d'autres mortifications de la part de ce favori orgueilleux; il quitta donc Vienne, navré de douleur et sans avoir rien pu obtenir dans ses récla mations, objet d'un si long voyage. On peut lire, sous ce rapport, l'Histoire civile, politique et religieuse de Pie VI Kaunitz fut du petit nombre des ministres qui, pendant une longue carrière politique, ne subirent jamais de disgrace. L'affection que lui portèrent les divers souverains qu'il servi', semblait être comme héréditaire, et passa successivement de Charles VI à Marie-Thérèse, de François 1er à Joseph II, à son frère, Léopold II, et enfin au fils et successeur de cet empereur, François II, actuellement régnant. Chacun de ces princes le combla d'honneurs et de richesses. Kaunitz parvint à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, sans avoir éprouvé de maladie sérieuse. A cette époque, il voulut se guérir d'un rhume très léger en apparence, mais qui devint bientôt une infirmité grave, et le conduisit au tombeau, le 24 juin 1794. Dès le commencement de la révolution française, il se déclara contre l'esprit qui présida à ce grand bouleversement so

cial.

KAUT, fameux hérétique anabaptiste, qui s'éleva à Worms l'au 1530, et qui pensa plonger le palatinat dans de nouvelles guerres civiles. Il prêcha avec le même esprit que Muncer. I annonça même qu'il fallait exterminer les princes, et qu'il avait reçu pour cela l'inspiration infaillible du Très-Haut. Tel était le fruit du fanatisme, qui fit éclore dans ce siècle

unc multitude de sectes conjurées contre l'Eglise catholique, et qui, en même temps qu'il attaquait l'ancienne croyance, ébranlait les fondemens de l'ordre civil. On tâcha vainement de gagner ce fanatique par la douceur, et on ménagea vainement ses turbulens disciples. La prison seule et les supplices délivrèrent le Palatinat d'une peste qui commençait à l'infecter tant il est vrai que la rigueur bien dirigée ne sert pas à propager les sectes comme de faux politiques l'ont avancé), mais qu'elle les étouffe dans leur berceau.

KAYE. Voyez Caïus.

* KAYOUMARATS, premier roi de Perse. Il établit cet empire vers l'an 890 avant J.-C., malgré la résistance que lui opposèrent les Arabes et les Tartares, peuples sauvages voisins, et les habitans de ces contrées. Il choisit l'Alzerbaijan pour sa résidence, et on lui attribue la fondation d'Isthakhar ou Persèpolis. On dit que Kayoumarats, chef d'un peuple qu'il avait civilisé, était ce roi d'Elam dont parle l'Ecriture sainte. Il fonda la dynastie de Pychdàdyens. Cependant M. Langlès et d'autres savans croient que celle des Abadyens, qui régnait sur la Perse et sur l'Inde, est la première, et que les Pychdàdyens ne s'établirent que par le résultat d'une scission de pouvoir avec celle-ci.

* KAZWYNY (Zacharia Ben-Mohammed Ben-Mahmoud), naturaliste et géographe arabe, a laissé plusieurs ouvrages très étendus qui lui ont fait donner à juste titre le surnom de Pline des Orientaux. Les plus importans sont : l'Adjaïbâl-Makhloucât wa Gharaïb-al-Mawâ, dont plusieurs fragmens ont été publiés soit en arabe, soit dans les langues modernes de l'Europe, par M. Ideler, Berlin, 1809, in-8; par M. Bochart dans son Hierozoïcon, réimprimé par M. Jahn dans sa Chrestomathie arabe; par M. Wahl, New-Arabische anthologie; par le chevalier Ouseley, Oriental. collections; par M. de Chézy, troisième volume de la Chrestomathie arabe de M. de Sacy. L'autre ouvrage de Kazwyny a pour titre l'Athar al-Bilâd wa Akhbar al-Ibad ou

VII.

Description de l'univers et Histoire de ses habitans: c'est un très long traité de géographie précédé de prolégomènes. Ce savant arabe est mort vers l'an 682 de l'égire (1283 de notre ère), après avoir été Khadi de Wacet et de Hillâh, dans l'Irak-Arabi. Hamdo'llah ben Abybekr ben Hamdo'llah Almostaoufy al Kazwyny, mort en l'an 1350 de notre ère, a aussi écrit en persan un traité de géographie et d'histoire naturelle qui a pour titre : Nozhato' leoloub; le savant Langlès en avait entrepris la traduction.

* KEATE (Georges), littérateur anglais, issu d'une bonne famille, naquit en 1730. Il fit ses études au collège de Kingsthon, et voyagea ensuite en Europe. Se trouvant à Genève, il connut Voltaire, auquel il communiqua quelques-uns de ses écrits. De retour en Angleterre, il suivit les cours de jurisprudence à Cambridge, et se livra quelque temps au barreau; mais, n'y obtenant pas de grands succès, il le quitta pour s'adonner à l'étude des antiquités et à la littérature. Keate, jouissant d'une honnête fortune, put, sans se mettre aux gages des libraires, travailler avec tranquillité, et donner ainsi à ses ouvrages cette élégance et ce fini qui en forment un des principaux ornemens. Il en avait déjà écrit plusieurs, tandis qu'il voyageait, et ce fut à Rome qu'il composa sa Rome ancienne et moderne, qui commença à établir sa réputation. Ses talens le firent recevoir membre de la société royale de Londres et de celle des antiquaires; il occupait la place d'assesseur au collège de droit et du Temple, à Londres, où il mourut en 1797, âgé de soixante-sept ans. On a de lui: 1o Rome ancienne et moderne, poème, Londres, 1760; 2° Tableau abrégé de l'histoire ancienne du gouvernement actuel et des lois de la république de Genève, 1761, in-8. L'auteur dédia cet ouvrage à Voltaire ce philosophe se proposait de le traduire en français, mais il abandonna ce projet, piqué sans doute de ce que Keate, dans l'ouvrage suivant, en parlant de Voltaire lui-même, fait un autre auteur. pompeux éloge d'un

:

3° Epitre à M. de Voltaire, Fer

26

ney, 1769. Keate, dans cette épître, n'épargne pas les louanges au philosophe de Ferney; mais, pour mieux lui plaire, il devait s'en tenir là, et ne point faire le panégyrique de Shakespeare. L'amourpropre, d'ailleurs très susceptible, de l'auteur de Mahomet, en fut vivement blessé. Le maire et les représentans de Straford sur l'Avon, pour se montrer reconnaissans de l'éloge que Keate avait fait de leur illustre compatriote, lui donnèrent une écritoire montée en argent, et faite du bois du fameux mûrier planté par Shakespeare. 4° Les Alpes, poème, 1763. C'est le meilleur ouvrage de l'auteur. 5° L'abbaye de Netley, 1764; deuxième édition, augmentée et corrigée, 1769; 6o Les Tombeaux dans l'Arcadie, poème dramatique, 1773; 7o Esquisses d'après nature, dessinées et coloriées dans un voyage à Margate, 1779, 2 vol. in-12. C'est une heureuse imitation du Voyage sentimental de Sterne, et qui eut un grand succès: il a été traduit en français, 2 vol. in-8; 7 l'Helvétiade, 1780. Ce n'est que le fragment d'un poème en dix chants sur la révolution suisse, et que, d'après l'avis de Voltaire, auquel il avait communiqué son manuscrit, il ne publia pas en entier; 8o Relation des îles Pelew, composée sur les journaux et les communications du capitaine Henry Wilson, et de plusieurs de ses officiers, qui, en août 1785, y firent naufrage, 1788, in-4. Keate entreprit cet ouvrage, afin d'en distribuer le produit de la vente entre les malheureux naufragés. Sa relation est fort bien écrite et pleine d'intérêt. Elle a été traduite en français. Perceval Hockin ayant obtenu de nouveaux renseignemens du capitaine Wilson, donna un Supplément à la relation indiquée, Londres, 1804, in-4, fig. Keate a traduit en anglais la Sémiramis de Voltaire. Il publia un Recucil de ses œuvres poétiques, Londres, 1781,. 2 vol. in-8. Il passe pour être un des meilleurs poètes et écrivains anglais du 19° siècle.

KEATING (Geoffroy ou Jeffery ), docteur et prêtre catholique irlandais,

natif de Tipperary, mort vers 1650, est auteur d'une Histoire des poètes de sa nation, traduite de l'irlandais en anglais, el imprimée magnifiquement à Londres, en 1738, in-fol., avec les généalogies des principales familles d'Irlande. (Il a laissé plusieurs ouvrages manuscrits parmi lesquels on distingue Simon, poème burlesque.)

KECKERMANN (Barthélemi), professeur d'hébreu à Heidelberg, et de philosophie à Dantzick, sa patrie, mourut dans cette ville en 1609, à 36 aus. On a de lui plusieurs ouvrages, recueillis à Genève, 1614, 2 vol. in-fol., qui ne sont que des compilations. Les plus connus sont deux Traités sur la rhétorique ; le premier publié d'abord en 1600, sous le titre de Rhetorichæ ecclesiasticæ libri duo, et le deuxième en 1606, sous le titre de Systema rhetoricæ. Ces deux productions sont assez méthodiques.

KEIL ou KEILL (Jean), professeur d'astronomie à Oxford, membre de la société royale de Londres, naquit en 1671 à Edimbourg, en Ecosse, et mourut en 1721, à 50 ans. C'était un philosophe modéré, ami de la retraite et de la paix. (Il est le premier qui enseigna les ele mens de Newton à Oxford, où il fut nommé professeur suppléant en 1700 et professeur titulaire d'astronomie en 1710. Il eut dans cette université une discussion très vive avec Leibnitz qui conservait à Newton l'honneur d'avoir inventé la méthode des fluxions. Avant de se livrer à l'enseignement, Keil avait publié (1698) l'Examen de la théorie de la Terre de Burnett, et il y joignit quelques remarques sur la Nouvelle théorie de la Terre de Whiston.) Cet habile mathémati cien laissa plusieurs ouvrages d'astronomie, de physique et de médecine, tous également estimés des connaisseurs. Le plus connu est son Introduction à la véritable physique, en 14 leçons, 1700, et en 16, l'Introduction à la véritable astronomie, 1705, qui devint classique en France, lorsque la philosophie Newtonienne commença à s'y établir. M. le Monnier le fils, célèbre astronome, l'a traduite en français, Paris, 1746, in-4.

ΚΕΙ

Keil est un des premiers qui aient réfuté les visions de Hartsoeker et d'autres astronomes, touchant les villes, les forêts et les mers de la lune; il assure que toutes ces imaginations s'évanouissent au moyen d'un bon télescope, et que les taches de la lune sont l'effet des inégalités et des cavernosités de cette planète. Cet auteur était aussi religieux que savant; on lit dans la préface de l'ouvrage que nous avons cité, le passage suivant : «< De > toutes les sciences que nous acquérons >> par les lumières de la nature, il n'y en » a aucune qui nous conduise plus sûre>>ment à la connaissance d'un être sou>> verain et tout parfait. »—Jacques KEIL, son frère, excellent médecin, né en 1673, mort à Northampton en 1719, à 46 ans, est auteur de plusieurs écrits sur son art, qui ont été recherchés, entr'autres du Tableau de la secrétion animale, Londres, 1708, réimprimé en 1717 et traduit en latin. Voyez JURIN.

KEITH (George), fameux quaker ou trembleur, né en Ecosse d'une famille obscure, embrassa de bonne heure l'état, ecclésiastique, fut presbytérien, puis quaker et se distingua par la bizarrerie de ses opinions. Il niait l'éternité des peines de l'enfer, enseignait la métempsycose, et plusieurs autres idées extravagantes. Celle des deux Christs (l'un terrestre et corporel, fils de Marie, né dans le temps; l'autre spirituel, céleste et éternel, résidant dans tous les hommes, depuis la constitution du monde) lui causa de longues et fâcheuses affaires. Il parcoul'Amérirut l'Allemagne, la Hollande, que, semant partout ses rêveries, qu'il mêlait avec les vérités les plus augustes. Cet insensé fut plusieurs fois condamné sans vouloir se soumettre. De retour en Europe, en 1694, il parut au synode général de la secte des trembleurs, tenu à Londres la même année, et y fut condamné malgré son enthousiasme et son babil. Quelque temps après, il rentra dans l'Eglise anglicane, et publia un livre intitulé: Examen de l'état des quakers, Londres, 1702, in-8, pour prouver son orthodoxic. Il mourut dans l'obscurité. (Voyez les Acta eruditorum,

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ΚΕΙ

403*
année 1703, p. 390; Walch, Bibliothèque
théologique; le Père Catrou, Histoire du
Quakerisme.)

KEITH (Jacques), feld-maréchal des
armées du roi de Prusse, était fils cadet
de George Keith, comte maréchal d'E-
cosse, et de Marie Drummond, file du
lord Perth, grand-chancelier d'Ecosse ›
sous le règne de Jacques II. Il naquit en
1696, à Fréterressa, dans le shérifsdon
de Kincardine. Ayant pris parti avec son
frère aîné pour le prétendant, et les en-
treprises de ce prince n'ayant pas été
heureuses en 1715, il passa avec ce frère
en Espagne. Il y fut officier dans les bri-
gades irlandaises, pendant dix ans. Il
alla ensuite en Moscovie, où la czarine le
brigadier général, et peu de temps après
lieutenant-général. Il signala son courage
dans toutes les batailles qui se donnèrent
entre les Turcs et les Russes sous le règne
de cette princesse, et à la prise d'Oc-
zackow, il fut le premier à la brèche,
et fut blessé au talon. Dans la guerre
entre les Russes et les Suédois, il servit
en Finlande en qualité de lieutenant-gé-
néral. Ce fut lui qui décida le gain de la
bataille de Wilmanstrand, et qui chassa
les Suédois des îles d'Aland, dans la mer
Baltique. A la paix conclue à Abo en
1743, il fut envoyé par l'impératrice
ambassadeur à la cour de Stockholm,
il se distingua par sa magnificence. De
retour à Pétersbourg, l'impératrice l'ho-
nora du bâton de maréchal; mais ses
appointemens étant trop modiques, il se
rendit auprès du roi de Prusse qui lui
assura une forte pension, et le mit dans
sa confiance la plus intime. Il parcourut
avec lui la plus grande partie de l'Alle-
magne, de la Pologne ef de la Hongrie.
La guerre s'étant déclarée en 1756,
Keith entra en Saxe en qualité de feld-
maréchal de l'armée prusienne. Ce fut
lui qui assura la belle retraite de cette
armée, après la levée du siége d'Olmutz,
en 1758. Il fut tué cette même année,
lorsque le comte de Daun surprit le camp
des Prussiens à Hockirchen. Le général
Keith était homme de tête et homme de
main; il avait médité beaucoup sur l'art
militaire.-Son frère George KEITH,

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comte-maréchal d'Ecosse, nommé communément Milord Maréchal, suivit le parti du prétendant, qu'il quitta ensuite. Après avoir séjourné quelque temps en Espagne, à Avignon, à Venise, en Suisse, il mourut en Prusse en 1778. Il ne serait guère connu, sans un Eloge que d'Alembert s'avisa d'en faire, on ne sait pourquoi, en 1779; pièce remplie d'anachronismes, d'assertions fausses, de propos injurieux à de grands princes, et de toutes les petites gentillesses philosophiques. Voyez l'Année littéraire, 1779, nos 12 et 17.

*KELGREN ou KELLGREEN (Henri ), philosophe, littérateur et poète suédois, naquit en Scanie, le 1er décembre 1751, fit d'excellentes études à l'université d'Abo en Finlande, obtint le titre de maître-èsarts et donna pendant quelque temps des leçons publiques dans cette ville. A Stockholm où il se rendit ensuite, il fut chargé de l'éducation des deux fils du feld-maréchal comte de Meyerfeldt. Mais poussé par son goût pour la poésie, il s'occupa exclusivement de littérature: alors le besoin se fit sentir, et il se vit en butte aux attaques de la foule des mauvais poètes. Enfin il trouva un protecteur ; ce fut Gustave III lui-même, qui le chargea de corriger ses productions et de mettre en vers les opéras dont il avait esquissé le plan : ce prince le récompensa de ce service en le nommant l'un des dix-huit premiers membres de l'académie suédoise, instituée à l'instar de l'académie française en 1786. La poésie ne fut pas la seule étude de Kelgren; il s'occupa aussi avec succès d'histoire et de philosophie, et, lorsqu'il mourut le 12 avril 1795, il mérita cette inscription que ses amis placèrent sur sa tombe. Poctæ, philosopho, civi, amico lugentes amici. Le recueil de ses OEuvres a été fait peu de temps après sa mort, en 4 vol. avec une Notice sur sa vie par Rosenstein: elles se composent principalement d'Odes, d'Epitres, de Tragédies lyriques, parmi lesquelles on remarque Christine et Gustave-Wasa, des Traductions d'Horace, de Tibulle, de Voltaire, des Essais de philosophie morale, etc. Ses poésies se distinguent

par l'élévation, la grâce et la finesse : ses ouvrages en prose, par un stile clair et précis, et par des idées profondes ou des vérités utiles. Kelgren rédigea pendant quelque temps la partie littéraire d'un journal intitulé Stockholm Posten.

KELLER (Jacques), Cellarius, jésuite allemand, né à Seckingen, dans le diocèse de Constance, en 1568, mort à Munich, en 1631, professa avec distinction les belles-lettres, la philosophie, la théologie, devint recteur du collége de Ratisbonne, puis de celui de Munich, et fut long-temps confesseur du prince frère de l'électeur et de la princesse de Bavière; il se signala dans les conférences de controverse, et disputa publiquement avec Jacques Hailbrunner, le plus célèbre ministre du duc de Neubourg. On a de lui divers ouvrages contre les luthériens et contre les puissances qui faisaient, en leur faveur, la guerre aux princes catboliques d'Allemagne. Il s'y déguise souvent sous les noms de Jacob Sylvanus, Fabius Hercynianus, par allusion au lieu de sa naissance qui est dans la forêt noire, d'Aurimontius ( traduction de Goldberg, nom allemand de sa mère), etc. Son ouvrage contre la France, intitulé Mysteria politica, 1625, ini, fut brûlé par sentence du Châtelet, censuré en Sorbonne, et condamné par le clergé de France. Keller n'avait pu comprendre, sans recourir aux mystères de la politique, pourquoi la France prenait parti pour les hérétiques en Allemagne, tandis qu'elle les brûlait chez elle ; cela était effectivement peu facile à comprendre en bonne logique; et, ce que ni le Châtelet, ni la Sorbonne, ni le clergé n'ont expliqué, le cardinal de Richelieu eût pu le faire; mais il ne l'eût fait, comme Keller, que par les mystères de la politique. On a reproché à ce dernier quelques maximes contraires à l'indépendance des rois; et c'est ce qui a fait condamner ses ouvrages au feu par le parlement de Paris. Voyez JOUVENCY, SANTAREL. (Voyez aussi la Bibliothèque du Père Sotwell et le tom. 1er p. 202 du Dic tionnaire des livres condamnés au feu, de Peignot. L'ouvrage le plus curieux de

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