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sentation imparfaite d'une coquille ou d'un vannet, comme on dit en termes de blason.

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A la page 42, nous trouvons un jeton de la confrérie des cordonniers, qui est un monument à ajouter à ceux figurés en si grand nombre dans l'Histoire des Cordonniers, de MM. Paul Lacroix et Alphonse Duchesne.

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Sous la rubrique Numismatique, M. Forgeais a figuré et décrit une nombreuse série de pièces en plomb, sorte de contrefaçons des types monétaires. Il ne s'explique pas sur l'usage de ces pièces, qui évidemment n'ont jamais servi de monnaies. Quelques-unes d'entre elles paraissent être des méreaux ou jetons de présence: d'autres ont peut-être été des poids à peser. Mais nous pensons que la plupart d'entre elles sont des plombs ayant servi à marquer des draps et d'autres étoffes, ou à sceller des ballots de marchandises, comme on le fait encore à la douane. Du moins, nous avons vu d'anciens plombs analogues à ceux-ci, dont la destination était accusée par la fissure laissée par la lisière de l'étoffe, et il est à remarquer que dans toute la série par lui publiée, M. Forgeais n'indique ni bulles ou sceaux de plomb, ni plombs de marchandises. M. Hucher a figuré dans le Moyen âge et la Renaissance un plomb de la draperie de Louviers, qui a beaucoup d'analogie avec la figure donnée par M. Forgeais, page 60, comme un méreau de présence pour l'office canonical de Laudes. Il faut lire, au sujet de ces plombs, les articles curieux que Savary des Brûlons leur a consacrés dans son Dictionnaire de commerce, in-folio, aux mots marque et plomb de fabrique, plomb de visite ou forain, plomb de loyauté,

plomb d'arrest, d'aunage, de controlle, etc. « Plomb, en termes de manufacture et de négoce, écrit-il se cit d'un petit morceau de plomb fondu exprès, de figure ronde et plate, qui s'imprime de quelque marque particulière, et qui s'applique sur les étoffes d'or, d'argent, de soie, de laine, etc., sur les basins, fuaines, toiles de coton, mousselines, bas, etc., même sur les balles, ballots, paquets et caisses de marchandises dont les droits de douane ont été payés. >> Nous croyons donc que M. Forgeais eût dû intituler ce chapitre, non pas numismatique, mais bien marques et plombs de fabrique.

Au reste, les marques commerciales appliquées en vertu des anciens règlements, soit par les fabricants eux-mêmes, soit par les gardes, jurés ou esgards des corps de métiers, ont aujourd'hui un intérêt de curiosité. Les marques et poinçons des orfévres ont déjà fixé l'attention des amateurs, et ont été recueillis à la fin de certaines années de l'ancien Almanach des Monnaies et dans l'Histoire de l'Orfevrerie, de MM. Paul Lacroix et Ferdinand Séré. Celles du papier ont été l'objet de recherches de la part de Jonsen et de M. Vallet de Viriville. Celles des libraires, figurées et décrites dans maints ouvrages, forment une branche attrayante de la bibliomanie; j'allais oublier les marques des fabriques de faïence, de porcelaine, et tant d'autres, objet de l'étude assidue des amateurs spéciaux. Pourquoi donc les autres marques industrielles seraient-elles dédaignées ? Celles dont nous devons la reproduction à M. Forgeais sont tout à fait intéressantes par la variété de leurs empreintes elles sont couvertes de croix, de fleurs de lis, de blasons, comme le seraient des monnaies ou des sceaux, et toutes ces figures leur donnent un aspect monumental et pittoresque, bien différent de l'aspect sec et insignifiant des marques de nos fabricants modernes. Vraiment, de ce côté, le temps pass pourrait encore donner des leçons de goût à nos industriels contemporains.

Puisque nous dissertons ici sur ces nenia archæologica, nous hasarderons un doute sur l'interprétation ou du moins sur l'exacte attribution des dernières pièces, où l'auteur croit avoir vu des revers obscènes.

Enfin ce n'est pas trop sortir sans doute du Bulletín du Bou

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On a fait l'histoire du papier, de l'imprimerie, des livres et des bibliothèques, on n'a point encore songé, du moins que nous sachions, à la monographie des cabinets de lecture.

On appelle de ce nom des établissements privés, où l'on pratique le louage des livres et des journaux, soit sur place soit à domicile. Cette industrie est moderne. Longtemps elle a joui d'une liberté complète, et ce n'est que par voie d'induction que la législation sur la librairie lui a été appliquée. Actuellement, depuis l'arrêt de la Cour de cassation du 30 décembre 1826 (Bulletin criminel no 266), qui prononce que le louage comme la vente des livres est un objet de commerce de la librairie, la jurisprudence est fixée et le brevet devenu nécessaire. A celui qui voudrait un jour s'occuper des cabinets et salons de lecture, cabinets et salons littéraires, car les établissements dont il s'agit ont pris ces dénominations diverses; en rechercher l'origine, signaler les localités où ils se sont montrés pour la première fois, en

connaître le mécanisme, et en suivre le développement, nous apportons aujourd'hui un document d'un véritable intérêt.

C'est le « catalogue des livres qu'on donne à lire par abonnement au cabinet littéraire. A Châlon-sur-Saône, chez J.-B. Delivani, « libraire, 1784. » Ce catalogue comprend trois séries, savoir : l'Histoire avec 444 articles, les Romans, 826, et les Mélanges de littérature, 500. Il est précédé d'un « Avis » d'où nous extrayons les particularités suivantes :

• On peut souscrire chez le sieur Delivani, au même prix qu'à Paris, pour toutes sortes de Journaux et autres ouvrages périodiques, sans être tenu à ⚫ aucun affranchissement d'argent ni de port de lettres.....

Ceux qui voudront faire venir des Livres de Paris ou de quelques autres < villes du Royaume, et même des pays étrangers, il peut leur fournir tous ⚫ les articles au même prix que dans les endroits où ils auront été imprimés, <à la charge seulement de payer les frais de port pour les demandes extraordinaires...

Le prix de l'abonnement est porté plus haut que les années précé« dentes, à cause de l'augmentation considérable des Livres et Journaux qui composent le Cabinet de lecture: il ne sera diminué sous aucun • prétexte, et l'ancien prix ne subsistera absolument que pour les Abonnés « qui ont régulièrement souscrit tous les ans, depuis la formation de cet ⚫ établissement.

La distribution des Livres se fera tous les jours depuis huit heures du • matin jusqu'à midi, et depuis deux heures jusqu'à huit du soir, à l'excep<tion des fêtes et dimanches.

On trouvera dans le Cabinet le Journal encyclopédique, l'Année littéraire, les Annales politiques, les Mémoires historiques, le Journal des • Causes Célèbres, le Mercure de France, le Journal politique de Bouillon, «la Gazette de France, une Gazette étrangère, et les Livres nouveaux à a mesure qu'ils paraîtront.

Les ouvrages contre la Religion, l'État et les mœurs en seront bannis.

S'il arrivoit qu'un des Journaux ci-dessus désigné fût supprimé, il sera toujours remplacé par un autre ouvrage périodique, au gré des souscrip

a teurs.

« On ne donnera un catalogue qu'à ceux qui seront abonnés à l'année ; les autres le payeront 12 sous; et dans le courant de décembre on donnera un supplément imprimé des nouveautés dont on aura fait l'acquisition pen<dant l'année.

« On pourra souscrire en tout temps, et l'on datera du jour de l'abonne⚫ment. MM. les Abonnés de la campagne ne verront les Gazettes qu'au bout « de quinze jours et les Journaux au bout d'un mois, à la charge pour eux de les renvoyer dans la huitaine au plus tard.

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A la ville, on ne portera les Journaux et Gazettes à personne; la distribution s'en fera tous les jours excepté les Fêtes et Dimanches, depuis deux

⚫ heures jusqu'à quatre du soir. MM. les Abonnés sont priés de choisir cette heure, les jours qu'ils jugeront à propos, et ils seront servis très-exacte« ment. Ils seront tenus de renvoyer les journaux politiques aussitôt qu'ils « seront lus, et ne pourront garder que vingt-quatre heures les journaux ⚫ littéraires. Les Gazettes ne sortiront point du Cabinet, à moins qu'il n'y ait < une convention particulière, et qu'on ne s'oblige à les faire prendre et à « les renvoyer dans la demi-heure...

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Le prix de l'abonnement sera toujours payé d'avance. A la ville et à la ⚫ campagne il sera de 24 livres pour l'année, 15 livres pour six mois, et 3 livres pour le mois, mais pour la lecture seulement des Livres dont on a distribuera le Catalogue.

« Pour les Journaux et Gazettes séparément, on donnera 24 livres par an. . Ceux qui voudront réunir les deux objets, et former un abonnement ⚫ complet, n'auront que 36 livres à donner pour l'année ou 24 livres pour a six mois.

. Il ne sera donné à MM. les Abonnés de la ville pour l'année que deux ou << trois volumes à la fois; et à ceux de la campagne douze volumes au plus, « à la charge par ces derniers d'avoir une boîte à deux clefs, dans laquelle ⚫ on puisse mettre les livres, sans craindre qu'ils se gâtent....

Les étrangers donneront, en s'abonnant, un nantissement proportionné ⚫ à la valeur de l'ouvrage qui leur sera délivré, lequel nantissement leur sera remis à la fin de leur abonnement..... »

Tel est, dans ses principales dispositions, le règlement du cabinet littéraire existant à Châlon-sur-Saône en 1784 et avant. Le lecteur attentif remarquera qu'à cette époque on distinguait les journaux d'avec les gazettes, les journaux qui plus tard devinrent les revues, les gazettes qui sont maintenant les journaux. La poste alors ne transportait pas les imprimés. Les journaux et gazettes, emballés comme des livres, arrivaient dans une ville à un centre commun, où se faisait la répartition entre les destinataires. Il y avait donc avantage, nécessité même, à s'adresser au cabinet littéraire. Aujourd'hui notre empressement et notre avidité s'accommoderaient très-mal des procédés en usage au dernier siècle, tout bien imaginés qu'ils fussent.

Le catalogue du cabinet littéraire de Châlon-sur-Saône contient quantité d'ouvrages dont le temps et le mépris public ont heureusement fait justice. S'il est écrit dans le règlement que les ouvrages contre la Religion, l'État et les mœurs sont bannis du cabinet, c'est uniquement pour donner aux principes une satisfaction apparente. Bien avant 1789, les cabinets littéraires étaient devenus des officines d'irréligion et d'immoralité. De plus on a formulé contre ces établissements un autre reproche, celui d'avoir porté à la librairie, à l'imprimerie, à la science même un coup fatal, en faisant qu'un seul exemplaire d'un ouvrage quelconque puisse contenter un grand nombre de lecteurs, en

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