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presqu'aucun mélange de rouge. Les traits de leur figure sont très-réguliers, quoique leur nez me paraisse un peu plus étroit et enfoncé entre les yeux. Ces yeux sont un peu petits, brillans, toujours noirs et jamais bleus, et ils ne sont jamais entièrement ouverts; mais ils ont sans contredit la vue du double plus longue et meilleure que les européens. Ils ont aussi l'ouie bien supérieure à la nôtre. Leurs dents sont bien placées, trèsblanches, même dans l'âge le plus avancé, et jamais elles ne leur tombent naturellement. Leurs sourcils sont peu garnis; ils n'ont point de barbe, et très-peu de poils sous les aisselles et au pubis. Ils ont les cheveux épais, trèsJongs, gros, luisans, noirs, et jamais blonds. Jamais ils ne leur tombent, et ils ne deviennent gris qu'à moitié, vers l'âge de quatrevingts ans. Leurs mains et leurs pieds sont plus petits et mieux faits qu'en Europe; et la gorge de leurs femmes me paraît être moins considérable que celle d'autres nations indiennes.

Jamais ils ne coupent leurs cheveux. Les femmes les laissent tomber; mais les hommes les attachent, et les adultes mettent sur le noeud qui les réunit des plumes blanches pla

cées verticalement. S'ils peuvent se procurer quelque peigne, il en font usage; mais ordinairement ils se peignent avec les doigts. Ils ont beaucoup de vermine, que les femmes cherchent avec plaisir, pour se procurer la jouissance de les tenir pendant quelque tems sur le bout de leur langue qu'elles tirent à cet effet, et pour les croquer et les manger ensuite. Cette coutume dégoûtante est établie généralement parmi toutes les indiennes, et même parmi les mulâtresses et les pauvres du Paraguay. Elles en font autant des puces. Les femmes n'ont ni bijoux, ni autres parures semblables, et les hommes ne se peignent pas le corps. Mais le jour de la première menstruation des jeunes filles, on leur peint sur la figure trois raies bleues, qui tombent verticalement sur le front, depuis la naissance des cheveux jusqu'au bout du nez, en suivant la ligne du milieu; et on leur en trace deux autres qui traversent les tempes. On trace ces raies en piquant la peau, et par conséquent elles sont ineffaçables, signe caractéristique du sexe feminin. La menstruation de ces femmes, ainsi que celle de toutes les indiennes, est moins considérable que celle des espagnoles. Le sexe masculin est distingué

par

c'est:

le barbote. Je vais expliquer ce que Peu de jours après la naissance d'un garçon, sa mère lui perce de part en part la lèvre inférieure à la racine des dents, et introduit dans ce trou le barbote. C'est un petit morceau de bois de quatre ou cinq pouces de long, et de deux lignes de diamètre. Dans toute leur vie, jamais ils ne l'ôtent, pas même pour dormir, à moins qu'il ne s'agisse de le remplacer par un autre, lorsqu'il se casse. Pour l'empêcher de tomber, on le fait de deux pièces, l'une large et plate à l'un des bouts, afin qu'il ne puisse pas entrer dans le trou, où on le place de façon que la partie large se trouve à la racine des dents; l'autre bout de la pièce sort à peine de la lèvre, et il est percé pour y assujétir l'autre morceau de bois qui est plus long, et qu'on y fait entrer par force.

J'ignore quelles étaient leurs anciennes habitations, quand ils n'avaient ni peaux de vaches, ni peaux de chevaux. Celles qu'ils

'Il n'est pas inutile de rappeler à quelques lecteurs, que les bœufs et les chevaux sont des animaux qui étaient étrangers à toute l'Amérique, et qu'ils y ont été apportés par les européens. Ce fut en 1550 qu'on laboura pour la première fois la terre dans la vallée de Cusco. (C. A. W.) .

ont aujourd'hui ne leur coûtent pas beaucoup de peine à construire. Ils coupent au premier arbre trois ou quatre branches vertes, ils les plient pour en enfoncer les deux bouts en terre. Sur les trois ou quatre arcs, formés par ces branches et un peu éloignés les uns des autres, ils étendent une peau de vache, et voilà une maison suffisante pour mari et femme avec quelques enfans. Si elle est trop petite, ils en construisent une autre à côté, et chaque famille en fait autant. On conçoit bien qu'ils ne peuvent y entrer, que comme des lapins dans leur trou. Ils s'y couchent sur une peau, et dorment toujours sur le dos, comme tous les indiens sauvages. Il est inutile d'avertir qu'ils n'ont ni chaises, ni bancs, ni tables, et que leurs meubles se réduisent presque à

rien.

Je ne sais rien non plus de leur ancien habillement. Aujourd'hui les hommes ne portent ni bonnet ni chapeau, et vont entièrement nus. Mais s'ils peuvent se procurer quelque poncho ou un chapeau, ils en font usage lorsqu'il fait froid. C'est par cette dernière raison que quelques-uns d'entr'eux se font avec des peaux souples, et même avec celle du yaguareté, une chemisette très-étroite, sans collet

ni manche, qui leur couvre à peine les parties, et cela même pas toujours. Le poncho est un morceau d'étoffe de laine très-grossière, large de sept palmes, long de douze, avec une fente au milieu pour passer la tête. Les femmes se couvrent d'un poncho, ou portent une chemise de coton, sans manches, quand leurs pères ou leurs maris ont pu s'en procurer ou en voler quelqu'une. Mais elles ne lavent jamais leurs vêtemens, ni leurs mains, ni leur figure, ni leur corps, si ce n'est quelquefois dans les chaleurs, lorsqu'elles se baignent: de sorte qu'on ne saurait rien voir de plus mal-propre, ni par conséquent rien sentir de plus puant. Elles ne balayent jamais non plus leur habitation: elles ne cousent ni ne filent; peut-être parce qu'il n'y a point de coton dans leur pays, et qu'on n'y élève point de brebis.

Je crois qu'ils n'ont jamais cultivé la terre, du moins ne le font-ils pas aujourd'hui ; et ils se nourrissent uniquement de la chair des vaches sauvages, qui abondent dans leur district. Les femmes font la cuisine; mais tous les ragoûts se réduisent au rôti, sans sel. Elles passent une broche de bois dans la viande, elles en plantent la pointe en terre; elles

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