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CHAPITRE XVIII.

Histoire abrégée de la découverte et de la conquête de la rivière de la Plata, et du Paraguay.

La cour d'Espagne donna le commandement d'une expédition destinée à faire des découvertes à Jean Diaz de Solis, premier pilote, et natif de la ville de Lébrixa. En conséquence, il sortit de Lépe au mois de septembre de l'an 1515 avec trois navires ; l'un de soixante tonneaux, et les deux autres de trente chacun. Il embarqua soixante soldats et des vivres pour deux ans et demi. Il relâcha à l'île de SainteCatherine, et étant arrivé après à la rivière que nous appelons de la Plata, il s'y introduisit en lui donnant le nom de rivière de Solis. Mais ayant débarqué sur sa côte septentrionale, avec le dessein de parler à quelques indiens charruas qui se présentaient à la vue, il fut massacré, aussi bien que ceux qui l'accompagnaient, par les mêmes indiens et par d'autres qui sortirent d'une embuscade très-près d'un ruisseau qui, par cet événement, porte aujourd'hui le nom de Solis,

entre les villes de Montevidéo et Maldonade. Son frère et son beau-frère, François Torres, qui étaient des pilotes, et tout le reste de l'expédition, ne perdirent pas un moment pour s'en retourner en Espagne, où l'on ne s'occupa plus de la rivière de la Plata jusqu'à la fin de l'année 1525.

Cette année la cour d'Espagne expédia Diego Garcia, fils de Mognér, lequel sortit de la Corogne, le 15 janvier 1526, avec un seul navire. Il relâcha aux îles Canaries, et après à Saint-Vincent, port du Brésil, où il acheta un brigantin aux portugais, et promit à un bachelier, qu'aussitôt qu'il arriverait à la rivière de la Plata, il renverrait le grand navire à Saint-Vincent pour transporter en Europe huit cents esclaves appartenant à ce bachelier, qui s'embarqua avec Garcia. Ce dernier sortit de Saint-Vincent le 15 janvier 1527, et relâcha dans le port des Patos par les 27 degrés de latitude.

Dans ce port il joignit le vénitien Sébastien Gaboto, à qui l'on avait ordonné en Espagne d'aller aux Indes orientales par le détroit de Magellan. Il était sorti de Saint-Lucar le 3 avril 1526, dans cette idée, avec quatre bâtimens, dont il perdit le plus gros dans

File de Sainte-Catherine. Il trouva aussi au port des Patos les espagnols Henri Montes et Melchior Ranurez, qui avaient déserté de l'armée qu'avait commandé Solis.Dansles environs, il y avait aussi quinze autres espagnols déserteurs de l'armée du capitaine dom Rodrigue d'Acuna, destinée pour les Indes orientales, Tous ces déserteurs informèrent Gaboto qu'il y avait de grandes richesses d'or et d'argent dans la rivière de la Plata. C'est pour cela qu'il se détermina à s'introduire par cette rivière; et, pour mieux y parvenir, il construisit une galiotte. Mais comme quelquesuns des siens lui reprochaient qu'il abandonnait son voyage aux Indes orientales, et s'opposaient à l'idée d'aller à la rivière de la Plata, il prit le parti d'abandonner dans l'île de Sainte Catherine les principaux opposans, qui étaient Martin Mondez, Michel Roxas, et un autre appelé aussi Roxas. Après cela, il appareilla le 15 février 1527, il mouilla dans le port des Patos, d'où il emporta quatre indiens et quantité de vivres; il entra dans la rivière de la Plata, et il ancra vis-à-vis BuenosAyres, dans l'embouchure d'un ruisseau qu'il appela Saint-Lazare, et qui porte aujourd'hui le nom de Saint-Jean, Dans cet endroit il joi

gnit François Puerto, qui était l'unique qui avait sauvé sa vie parmi ceux qui avaient débarqué avec Solis. Gaboto laissa dans ce port les deux plus gros navires, avec trente hommes et douze soldats pour défendre les effets, qu'il déposa dans une barque entourée d'une palissade. Le 8 mai de la même année, il partit avec la galiotte et la caravelle, en donnant ordre à ceux qui restaient de chercher un meilleur port dans les environs. Pour exécuter cet ordre, l'un des deux plus gros bâtimens entra par la rivière de l'Uruguay, lequel échoua au troisième jour par une tempête. Heureusement l'équipage se sauva, et il arriva à SaintJean, une partie embarquée dans le canot, et le reste par terre, le capitaine et quelques autres ayant péri dans un combat que leur donnèrent les indiens iaros.

Quant à Gaboto, il prit avec ses deux navires le bras plus austral de la rivière Paraná, qu'il appela des Palmiers. Il traita amiablement les guaranys appelés mbeguas ; et après leur avoir acheté des vivres, il continua jusqu'aux 32° 25′ 12′′ de latitude, où se trouve l'embouchure du ruisseau Carcaranal, qui vient de l'intérieur des terres. Dans cet endroit il construisit un brigantin, et il bâtit

le petit fort qu'il appela de Saint-Esprit. Ce pays appartenait aux indiens caracarás, qu'il traita avec amitié, ainsi que les timbús qui demeuraient un peu plus haut. Tous étaient de la nation guarany. Cependant Gaboto expédia Ja galiotte pour transporter les effets qu'il avait laissés à Saint-Jean; et quand ceux-ci furent arrivés, il partit le 23 décembre avec sa galiotte et le brigantin, laissant soixante soldats dans le fort. Il suivit le cours du Paraná jusqu'aux 27° 27′ 20′′ de latitude, et 59 de longitude, où il remonta ce qu'on appelle le Saut de l'Eau, qui est une basse ou endroit où la rivière a très-peu d'eau, Il s'arrêta là trente jours avec les indiens guarany's, qu'il fit venir de Sainte-Anne, et qui aujourd'hui sont chrétiens dans la peuplade d'Itaty. Ces indiens portaient dans leurs oreilles quelques petites lames d'or et d'argent, que les espagnols échangèrent contre d'autres bagatelles,

Après cela, le 28 mars 1528, Gaboto rebroussa chemin, et s'introduisit par la rivière du Paraguay, pour y trouver certains indiens qu'on lui avait dit avoir vendu les lames d'or et d'argent à ceux de qui on les avait achetées. Quand Gaboto fut arrivé à l'embouchure

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