constamment dans toutes les mines de ce sel. Les teinturiers du pays emploient dans toutes leurs opérations cet alun natif, sans lui faire subir aucune préparation ni aucune manipulation préliminaire. Quand on veut l'obtenir dans l'état de cristallisation, on en fait dissoudre trois onces par livre d'eau; on ajoute à cette dissolution une petite quantité de lessive de cendres, d'urine ou de chaux, pour saturer l'excès d'acide qui augmente la solubilité, et empêche la cristallisation. On fait évaporer ensuite, à feu lent, une certaine quantité de menstrue, et on verse la liqueur dans des baquets qu'on laisse dans un lieu frais pendant dix jours ou davantage, pour la faire cristalliser. Passé ce terme, on ramasse les cristaux, on les lave dans de l'eau pure et froide ; une petite quantité d'eau suffit pour opérer une seconde dissolution, et pour produire une masse cristalline, dure, compacte et transparente, telle que l'alun de roche le plus pur. On l'emploie aux mêmes usages que l'espèce précédente, et nous parlerons en détail de toutes les deux, lorsqu'il s'agira de nouvelles matières propres à la teinture, S. III. Alun natif intimement uni à une petite quantité de vitriol (sulfate de fer), appelé colquenillo, ou cachina jaune. On trouve, sur les confins de la province de Porco et de celle de Chayanta, plusieurs filons très riches de cette mine composée d'alun et de vitriol (sulfate). Elle ressemble beaucoup à cette espèce de minéral connu des minéralogistes sous le nom d'alun de plume, qu'il ne faut pas confondre avec l'amiante fibreux. Sa gangue est une ardoise alumineuse d'un noir plus ou moins foncé, et la couleur de la mine même est d'un blanc jaunâtre, et quelquefois verdâtre : ce minéral est ordinaire ment formé de fibres parallèles, dont la solidité, la consistance et le poids sont remarquables. Il a une saveur stiptique, astringente et véritablement acide, à cause de l'excès d'acide sulfurique. Il ne faut qu'une petite quantité d'eau chaude pour le dissoudre cette dissolution se refuse opiniâtrément à la cristallisation parce qu'elle est surchargée d'acide, et ce n'est que par l'addition de quelques autres substances que l'on obtient des cristaux trans parens, octaëdres, purs, semblables à ceux de l'alun pur, quoique le coup-d'œil présente toujours quelque chose de verdâtre. Une dissolution saturée de cette mine produit, dans beaucoup d'opérations, l'effet d'un véritable acide pur, mêlée avec une dissolution de nitrate de soude; elle dégage, même sans le secours de la chaleur, l'acide nitreux sous sa forme ordinaire de vapeurs rouges, comme cela arrive en procédant par la voie sèche à la préparation de cet acide. La couleur jaunâtre ou verdâtre dépend d'une petite quantité de sulfate de fer très - oxigéné; puisqu'il suffit d'une ébullition continuée pour la détruire peu-à-peu, et que le sel cristallisé qui résulte de cette opération ne découvre pas à la vue le plus léger indice de fer. En ajoutant à cette dissolution saturée un peu de limaille ou de mine de fer en poudre, l'excès d'acide se combine avec ce métal, et l'on obtient un sel composé, où domine le vitriol de fer (sulfate) propre pour la préparation du bleu de Prusse (prussiate de fer); puisqu'outre le principe martial, il contient la quantité nécessaire d'alumine, sans laquelle la couleur du bleu de Prusse serait trop foncée. Le seul usage que l'on ait fait jusqu'ici de cette mine pays, a été pour le blanchiment de dans le l'argent. Mais indépendamment de cela et des propriétés de ce minéral pour la teinture, les chimistes doivent en faire le plus grand cas, à cause de l'excès extraordinaire d'acide sulfurique qu'elle renferme. Cet acide est un des agens les plus actifs et les plus essentiels que l'on puisse employer dans toutes les analyses et dans toutes combinaisons chimiques. C'est le plus fort, le plus pesant et le plus actif des trois acides minéraux communs, et il l'emporte de beaucoup en forces sur les acides nitrique et muriatique. C'est ce qui m'a fait préférer cette mine à toutes celles du pays, pour la préparation de l'eau-forte et de l'acide muriatique, à cause de son activité singulière pour la formation du nitre (nitrate de potasse) et du sel commun, comme je le dirai aux articles 12 et 13, où je parlerai de la préparation de ces deux acides. S. IV. Vitriol de fer (sulfate de fer), ou couperose en roche. Parmi le nombre infini d'espèces de ce minéral que l'on trouve au Pérou, je me bornerai à parler de celle qui existe sur les coteaux du district de Tarapaca, et dont on se sert communément et préférablement à toute autre pour les usages domestiques. On la trouve combinée avec l'acide sulfurique et l'oxide de fer, et en filons très-riches dans les mines de ce district et de ceux d'Atacama et de Lipes, et l'extraction en est très - aisée. Son aspect extérieur, sa dureté et sa solidité paraissent plutôt indiquer une pierre massive et compacte que du sulfate de fer: en effet, on a besoin d'un levier pour l'extraire du filon, et ce n'est qu'à coups de marteau qu'on peut la réduire en fragmens ; et même, une exposition de deux ans à l'air libre, ne lui fait pas éprouver la moindre altération, et n'en change nullement la surface. Ces caractères distinguent ce minéral de la couperose ou sulfate de fer ordinaire, dont les cristaux verdâtres exposés à l'air, à une température sèche, perdent en peu de tems leur couleur et leur consistance, et se réduisent en poudre farineuse et blanchâtre. Cela paraît indiquer qu'il se rapproche plus des pierres nommées par les minéralogistes lapis atramentarius, que du vitriol (sulfate) ordinaire. La forme grossière et la grosseur des morceaux qu'on nous apporte suffisent pour indiquer la puissance |