Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

fait imputé, préjuger la culpabilité, gèner la liberté du juge et altérer son indépendance? Ce sont les réflexions de M. Jauffret sur l'ordonnance, et elles nous paroissent judicieuses et fondées (1).

-M. l'évêque de Troyes vient d'adresser à son clergé une circulaire, à l'occasion de la translation des reliques de saint Vincent de Paul; le prélat excite le zèle de son clergé pour contribuer aux frais de la châsse :

« Vous avez sans doute appris, avec la joie que doivent éprouver tous les amis de la religion, que le corps de saint Vincent de Paul, échappé par une protection de Dieu toute particulière, à la profanation et destruction presque générale de tout ce qu'il y a de respectable et de sacré, alloit être enfin exposé de nouveau à la vénération publique, dans la chapelle de MM. les prêtres de Saint-Lazare, rue de Sèvres, à Paris. Le 25 avril, dimanche du Bon-Pasteur, il y sera transporté processionnellement ; c'est M. l'archevêque, accompagné de tout le clergé de la capitale, qui fera cette imposante cérémonie. Quel bonheur ce seroit pour les uns et pour les autres, s'il nous étoit donné d'y assister! Unissons-nous du moins d'esprit et de cœur à ceux qui seront plus heureux que nous, et c'est à cette fin que nous vous invitons tous à réciter à la messe, pendant neuf jours, à partir du 25 avril prochain, les collecte, secrète et post-communion de la messe qui se dit le 19 juillet, fête de saint Vincent de Paul. La dépouille mortelle de l'homme de Dieu sera déposée dans urre chasse d'argent de la plus grande beauté, et plus remarquable encore par la perfection du travail que par la richesse de la matière. On a compté sur les offrandes volontaires des fidèles, pour payer la valeur de ce précieux reliquaire; déjà le Roi et les princes et princesses du sang, qui donnent toujours l'exemple lorsqu'il

(1) Une autre décision dans le même sens intervint quelques mois après. Deux prêtres appelés auprès d'un malade, qui passoit pour se livrer habituellement à l'usure, exigèrent la promesse de restituer; on prétend même qu'ils s'emparèrent de titres de créances souscrites à son profit et qu'ils lui firent signer deux obligations. Le conseil d'Etat déclara qu'il y avoit abus et renvoya les parties devant les tribunaux, mais à fins civiles seulement, sur la contestation relative à la quotité et à la remise des obligations ou valeurs dont ces ecclésiastiques auroient été dépositaires; sur quoi M. Jauffret fait les réflexions qui suivent:

« La déclaration préalable d'abus, dit-il, ne paroît pas sans incouvénient, même lorsqu'il y a seulement renvoi à fins civiles. Pour prononcer en pleine connoissance de cause, un tribunal ne doit-il pas, quand il s'agit d'un fait imputé à des ecclésiastiques dans l'exercice de leurs fonctions, l'examiner dans ses rapports avec la religion? Ne le doit-il pas surtout lorsqu'il s'agit d'obligations qu'ils déclarent leur avoir été remises par le malide pour restituer à des personnes qu'il a indiquées? Dans ce cas, la liberté du juge n'est-elle pas gênée quand l'autorité administrative a déclaré d'avance le fait abusif? »

s'agit d'une bonne ceuvre, ont envoyé des sommes considérables pour cet objet. Si quelqu'un de vous, Messieurs, ou des personnes à qui vous don neriez connoissance de cette lettre, désiroit concourir à cette dépense si éminemment religieuse, je me ferois un plaisir et un devoir de faire passer au secrétariat de l'archevêché de Paris les offrandes qui me seroient envoyées ; quelques modiques qu'elles soient, elles seront reçues avec reconnoissance, et nous serons glorieux de prouver à M. l'archevêque que, dans notre diocèse comme dans le sien, la mémoire de saint Vincent de Paul est vénérée et chère à tous les cœurs. »

Dans la suite de sa circulaire, le prélat annonce le projet de former une caisse de secours pour les vieux prêtres, et engage les curés à lui communiquer leurs vues sur les moyens d'exécution,

Nous nous proposons de réunir ici, dans un même article, différens faits relatifs à l'église d'Irlande dans le cours de l'année dernière. Cette église a perdu trois de ses évêques, le docteur Forgal O'Reilly, évêque de Kilimore, mort à Bailliebore le 30 avril, dans sa 85 année; Jacques Magauran, évêque d'Ardagh, qui avoit été successivement chargé des paroisses de Killashes et Ballinamore, et le docteur Patrice Kelly, évêque de Waterford et Lismore, mort le 8 octobre. Le premier gouvernoit son diocèse depuis 22 ans, et étoit un modèle de douceur et de charité; le troisième, zélé et laborieux, remplissoit à la fois les fonctions d'un évêque et celles d'un simple prêtre. Le 25 mai, M. Guillaume Clowry, cure catholique de Tullow, y mourut dans sa 31° année; c'étoit un prédicateur distingué, qui avoit prêché à Dublin, à Liverpool et dans d'autres villes; il avoit publié des écrits de controverse et soutenu une dispute avec les partisans des sociétés bibliques. On a bénit une nouvelle chapelle catholique à Newry, dans le nord de l'Irlande; la cérémonie fut faite par le docteur Curtis, archevêque d'Armagh; l'archevêque de Dublin et les évêques de la province y assistoient, le docteur Doyle, évêque de Kildare, prêcha. Il s'y trouvoit un bon nombre de protestans, lord Rossmore, les colonels Westenra et Ogle, et autres personnages de distinction, qui se chargèrent avec les catholiques de faire la collecte pour les frais de la chapelle; cette collecte se monta à environ 3,400 francs. Le 9 juillet, on posa à Cork la première pierre d'une chapelle pour les Franciscains, Au mois de novembre, le docteur Crolly, évêque de Down et Connor, bénit une chapelle ré

cemment construite à Holywood, et à laquelle des protestans et des presbytériens avoient contribué. Au mois de juillet, le docteur Laffan, archevêque de Cashel, posa la première pierre d'un collège à Thurles; son prédécesseur, le docteur Everard, avoit laissé des fonds pour cet établissement. L'Irish Catholic Magazine du mois de juillet annonce qu'il s'étoit tenu, à Waterford, un chapitre général des Frères anglais et irlandais des écoles chrétiennes; ce chapitre étoit composé de trente membres, suivant leur règle, il dura vingt-deux jours, et fit des règlemens utiles; deux assistans furent nommés pour aider le supérieur, M. E. Rice, dans le gouvernement de l'ordre. On continue la construction de la nouvelle cathédrale de Tuam; le marquis de Sligo y a contribué pour 1,200 fr., et a en outre procuré des souscriptions en Angleterre de la part du duc de Sussex, du marquis de Clanricarde, de l'évêque de Norwich, de M. Dawson, etc. Cet exemple de générosité a vivement touché le clergé et les catholiques de Tuam. Il s'est passé dans la paroisse de Clogherny, au mois d'octobre, un fait qui mérite d'être remarqué. Les protestans de cette paroisse. ont signé une déclaration où ils proclament la liberté de conscience comme un droit naturel, et où ils témoignent le désir de voir cesser l'opposition et la haine entre les habi→ tans d'un même pays, et invitent toutes les classes à se joindre à eux pour calmer l'irritation des esprits et ramener la paix et la confiance en Irlande. Les catholiques, touches de cette déclaration, en ont donné une non moins conci→ liante, dans laquelle ils manifestent la résolution de vivre en bon accord avec tous leurs frères. Ces déclarations ont été signées de 96 anglicans, de 332 protestans de diverses sectes dissidentes et de 714 catholiques; en tout 1,142 individus. Onze habitans seulement ont refusé.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Aux yeux d'un homme d'état qui fut un des habiles de la révolution, le grand inconvénient des méfaits politiques n'étoit pas que ce fussent des crimes, inais que ce fussent des fautes. Voilà pourquoi l'assassinat du duc d'Enghien lui parut infiniment plus blâm:able sous ce dernier rapport

que sous le premier. Eh bien, les sages du parti libéral envisagent les choses de la même manière. Quand le sieur Fontan se fit condamner dernièrement à cinq années de prison, pour son histoire du Mouton enragé, ils le blamerent hautement, non pas à cause de son crime, mais à cause de la faute qu'il avoit commise. Feu s'en fallut qu'ils ne le reniassent comme un sot qui n'étoit bon qu'à gáter les affaires par sa précipitation et son étourderie. Dans ce moment, la même désapprobation de leur part est prononcée contre l'auteur d'une gravure que M. le procureur du Roi a fait saisir la semaine dernière, et qui, à raison de l'outrage qu'on y trouve contre la majesté royale, est dans son genre ce que le Mouton enragé étoit dans le sien. Les libéraux en paroissent on ne peut plus mécontens, parce qué c'est une faute qui a l'inconvénient de trahir leur secret plus vite qu'ils ne le voudroient. Mais ce qui vous étonnera bien davantage, c'est que les voilà fachés au dernier point contre M. Bavoux, à cause d'un article prodigieusement impie et révolutionnaire qu'il a fait insérer dans son journal, pour clore la semaine que beaucoup de gens, dit-il, appellent encore sainte. Les meilleurs amis de l'honorable député trouvent également que c'est une faute de sa part, et qu'il n'auroit pas dû aller si loin. Vous ne les entendez point dire que son cynisme d'irreligion soit un crime, ni qu'il ait tort de dénigrer, dans le langage d'un mauvais bouffon, les pratiques de piété de la semaine sainte et en particulier les actes de dévotion de la famille royale. Non, ce n'est point là où ils voient le mal; à Dieu ne plaise! mais c'est que M. Bavoux compromet tout par son étourderie et son impatience. Ils disent comme Fouché: Ce n'est pas le crime qui est ici la chose fàcheuse ; c'est la fuute.

Les journaux du comité-directeur ont publié séparément, en deux listes, les noms des députés qui ont voté pour ou contre la belliqueuse adresse. Malgré tout le soin avec lequel cette espèce de livre de vie et de mort a été composé, il a donné lieu à des variantes qu'on ne peut venir à bout d'éclaircir. C'est ainsi, par exemple, qu'on a vu figurer à la fois sur les deux listes la plupart des membres du précédent ministère, sans qu'on puisse savoir au juste de quelle côté il faut les maintenir. Le Constitutionnel avoit d'abord rebuté le nom de M. de Martignac, c'est-à-dire, qu'il l'avoit rayé du livre de vie de la révolution, en le repoussant de la bonne liste des 221; mais le Journal des débats, qui a la prétention de bien connoître la statistique personnelle du département de la défection, s'est empressé de réhabiliter l'ancien ministre de l'intérieur. Ainsi de M. de Belleyme, ainsi de M. Hyde de Neuville, ainsi de M. de Caux. D'un autre côté, les députés de la droite sont persuades que pas un des membres de l'administratiou précédente ne leur a fait l'honneur de voter avec eux. C'est toujours une position singulière que de se trouver ainsi placé sur les confins de la défection, entre le libéralisme et la royauté, de manière à passer au besoin pour avoir voté avec les deux partis.

-Jeudi dernier, le Roi a passé, au Champ-de-Mars, la grande revuc qui devoit avoir lieu le lundi 12. S. M., qui étoit accompagnée de M. le Dauphin, de MM. les ducs d'Orléans et de Chartres et de M. le prince de SaxeCobourg, est montée à cheval sous le pavillon de l'Ecole militaire. Mme la Dauphine, MADAME, duchesse de Berri, et les enfans de France, ont suivi le Roi dans une calèche découverte. Les cris de vive le Roi! se sont fait entendre partout sur le passage de S. M.

Trois députés qui avoient été omis sur la liste des votans contre l'adresse ont réclamé l'honneur d'y être inscrits ; ce sont MM. de Trégomain, député d'Ille-et-Vilaine, de Murat, préfet à Rouen et député du Nord, et Urvoy de Saint-Bedan, député de la Loire-Inférieure.

[ocr errors]
[ocr errors]

- M. le Dauphin doit partir, le 25, pour se rendre à Toulon. S. A. R. arrivera dans cette ville le 4 mai, assistera, le 5, au départ de la flotte, ira, le 6, à Marseille, et sera de retour à Paris vers le 12 mai.

-M. le ministre de la marine est parti, le 13, pour Cherbourg.

M. le comte de Villèle est reparti, le 12, pour Toulouse.

M. d'Auderic est nommé préfet de la Vendée, en remplacement de M. le marquis de Villeneuve, qui reste à Tulle. M. de Crozes, sous-préfet de Corbeil, remplace M. d'Auderic à la préfecture des Basses-Alpes.

-M. Fumeron d'Ardeuil, qui vient d'être remplacé comme préfet du Var, est nominé maître des requêtes en service ordinaire au conseil d'Etat, en remplacement de M. le comte de Kersaint, qui devient préfet.

- Le Moniteur du 14 publie le relevé des produits indirects pendant le 1er trimestre de cette année. Il présente une augmentation de 1,846,000 fr. sur le même trimestre de 1829, et une diminution de 5,816,000 fr. sur celui de 1828, qui a servi de base au budget. Cette diminution s'est fait sentir en janvier et février, par suite de la rigueur de la saison; mais le mois de mars a donné une activité progressive aux affaires. Quant aux contributions directes, aux produits des bois, des domaines, etc., ils ne sont pas soumis à des chances de variation.

Des journaux libéraux avoient annoncé que M. le duc de Chartres étoit destiné à régner sur Alger, Tunis et Tripoli. Cette nouvelle est aussi fausse qu'absurde.

- Il n'y a en France qu'un seul préfet qui ait été maintenu dans le même poste depuis l'époque de la création des préfets, il y a trente ans ; c'est M. le comte Bourgeois de Jessaint, préfet de la Marne.

Les jeunes prisonniers placés dans la maison de Refuge, où, sous la direction de quelques pieux personnages, ils sont ramenés à la religion et à la vertu, avoient adressé dernièrement, à M. le préfet de police, une réclamation pour obtenir une augmentation du prix des journées de leur travail. M. Mangin ne pouvant satisfaire à cette demande, qui auroit lésé les entrepreneurs, avec lesquels des traités sont passés, fit distribuer aussitôt à ces jeunes condamnés une somme de 500 fr. de ses propres deniers.

M. Barrey de Saint-Leu, contre- amiral en retraite, est mort à Paris âgé de 74 ans.

On fait des préparatifs au palais de l'Elysée, pour y recevoir le roi et la reine de Naples, qui sont attendus à Paris pour le milieu de mai. M. le prince de Salerne arrivera en même temps de Vienne à Paris.

Un robinet à gaz, qu'on n'avoit point fermé, le soir, chez un marchand de nouveautés, rue de Bussy, a laissé échapper pendant la nuit une assez grande quantité de gaz pour indisposer fortement cinq jeunes gens couches dans les magasins. L'un d'eux est mort le lendemain des suites de cette asphyxie.

Le tribunal correctionnel a terminé, mercredi dernier, l'affaire du nommé Mac-Lean, se disant baron de Saint-Clair, auteur des prétendues révélations sur l'assassinat du duc de Berri. M. l'avocat du Roi Levavasseur a conclu contre lui à l'application des peines prononcées par la loi, en mon

« VorigeDoorgaan »