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et Dugazon vivaient encore; mais l'âge arrivait, et ils aidèrent franchement à l'engagement d'un comique qui devait leur succéder. Thénard fut donc engagé et, en 1809,il se trouva chef d'emploi des valets, remplaçant Dugazon et Dazincourt. En 1810 il fut reçu sociétaire et, en moins de deux ans, son talent se fortifia tellement qu'il sur passa tous ses rivaux. Son jeu avait gagné une animation, un comique remarquable et de très bon goût, ne hasardant pas de charges blâmables. Acteur studieux, et fort laborieux, doué d'une très grande mémoire il était toujours prêt, sachant par cœur tout son Molière et les autres maîtres de la scène. C'était un Figaro aussi pétillant que rusé Mascarille. Il mourut à Paris, en octobre 1825, jouissant de sa pension de retraite, et emportant les regrets de la société, à laquelle il avait appartenu.

en

était né vers le milieu de la seconde moitié du xve siècle, probablement dans l'Angoumois, peut-être même dans la capitale de cette province. Il paraît que sa famille n'était pas riche; mais il dut à la protection de Louise de Savoie le moyen de faire ses études, et de se livrer à son goût pour les courses lointaines. Ayant pris l'habit de Saint-François, il devint maître èsarts, docteur en théologie et prieur du couvent des cordeliers d'Angoulême. Le 2 juillet 1511, il partit pour le Levant; parcourut diverses contrées, visita les lieux saints, et, au retour de ses pérégrinations, publia une relation intitulée : Le Voyage et itinéraire d'oultre mer, etc. Paris, en la rue Neufve-NotreDame, à l'enseigne Sainct-Nicolas; petit in-8°, goth. de 64 feuillets. Ce volume curieux et fort rare, est sans date et sans nom d'imprimeur; mais on croit qu'il parut chez la veuve de Son frère Auguste), qu'on Jean Saint-Denis, laquelle demeusurnommait Coco Thénard, qui n'a- rait à l'adresse ci-dessus (Man. vait point réussi à son début, comme du lib. 4). Les autres productions nous l'avons dit, joua ensuite sur de J. Thenaud sont restées inédiplusieurs théâtres de Paris, et no- tes. En voici les titres, accompatamment à celui de l'Impératrice, gnés de quelques détails extraits du où il eut quelque succès.- Sa sœur, grand et bel ouvrage, dans lequel Mile Thénard, n'a pas cessé d'être M. Paulin Paris, décrit, avec aupensionnaire et une actrice très- tant de science que de goût, les remarquable du Théâtre-Français. nombreux manuscrits français, etc. -Son fils s'est fait remarquer de notre bibliothèque impériale (1). à l'Opéra-Comique, dans les rôles I.Lignée de Saturne, composée pour de jeunes premiers, autrement « Louis XII, au moment de la condit: Ellevious. Bon musicien, il « quête du Milanais. » Outre le machantait avec goût, et jouait la nuscrit de cette pièce, déjà cité, par comédie avec une distinction re- le P. Labbe, le P. de Montfaucon marquable. Il quitta Paris, vers (Biblioth.Bibliothecar. Manuscrip 1833, pour le théâtre de Bruxelles, tor.), en mentionne un autre qui, où il était aussi fort goûté; et il est lorsqu'il sera examiné par M. P. mort dans cette ville.

Z.

THENAUD (JEAN), nommé à

tort

Thavoud, par Lacroix du Maine, et Terraud, par le P. Labbe,

(1) C'est aussi à M. Paris que nous avons emprunté le peu qu'on sait de la Biogra phie de Thenand.

Paris, lui offrira peut-être de nouvelles particularités sur l'auteur. Il se pourrait qu'il en recueillît aussi dans les deux suivants, qu'il n'a encore fait qu'indiquer. II. La Marguerite de France, « c'est-à-dire l'histoire du gouvernement français. » III. Traité des Divinités poétiques. IV. Le Triumphe des vertus, ouvrage allégorique, divisé en trois parties, précédées d'une Epistole à Louise de Savoie et d'un Prologue de l'explorateur. « Dans ce livre « singulier, dit le P. Montfau« con, Thenaud s'est proposé de « faire une sorte de Pélerinage « de la vie humaine. Précurseur de « Rabelais (dont il a quelquefois la « verve), il nous fait passer en revue, comme le curé de Meudon, « les états de la société, les écueils a de la vie, les vices et les vertus « que l'on doit éviter ou tenter de a pratiquer. Il y a, dans l'exécution a de ce plan de la philosophie, de « l'érudition et quelquefois de la ◄ profondeur. » On voit par cette analyse que Montfaucon avait donné une idée peu exacte de ce livre, en le désignant ainsi : Histoire du temps de Francois Ier, remplie de digressions morales, louanges et exhortations audit Roi. M.P. Paris, pense que l'espèce de poëme en prose du prieur d'Angoulême a été écrit vers 1518, et il ajoute que : « ceux « qui voudront approfondir l'his«toire des premières années du « règne de François Ier, et étudier « l'esprit, le caractère, et juger l'état « de l'opinion publique au mo« ment même où Calvin allait bouleverser toute la morale chré« tienne, feront bien de lire atten«tivement le Triumphe des vera tus. » Un autre stimulant à la curiosité, encore signalé dans cette œuvre, c'est que Thenaud y a en

tremêlé « des morceaux précieux, « comme la description de la Tou«raine et celle de l'Angoumois, « la description des jeux; l'apoloa gie des tournois; les considéra« tions sur la noblesse; les condi«tions que doivent avoir les bonnes « nourrices, etc., etc. » Quant au style, il est « pédantesque dans les « dédicaces, mais moins entaché « de ce défaut dans le corps de la « composition. » V. La Cabale chré« tienne (1), en vers, dédiée à Fran«çois 1er. « Thenaud, suppose que « l'esprit de Charles d'Angoulême, « père du roi, apparaît à son fils; « qu'il lui explique sa façon d'exister « dans l'autre monde, le système « des hiérarchies célestes, enfin la « filière des rapports qui sont éta«blis entre les dominations angé«liques et les hommes. » Cette production n'a pas l'intérêt de la précédente, et les passages qu'on en rapporte, n'annoncent pas dans l'auteur un grand talent poétique (Voy. Manuscrits francais, etc., par M. Paulin Paris, I, 286 292, IV, 136 - 144, et VII, 78 82). On ignore l'époque de la mort de Thenaud. B-L-U. THÉODECTE, orateur et poète tragique grec, florissait vers le milieu du quatrième siècle avant l'ère chrétienne. Il était né dans l'Asie Mineure, à Phasélis (2), ville de Lycie, sur les bords de la mer, non loin du mont Taurus. Son père, qui se nommait Aristandre, lui procura une brillante éducation, et lui fit suivre l'école de Platon et celle d'Isocrate. Suivant Suidas, Théo

(1) La sainte et très-chrétienne cabale métrifiée. (Montfaucon).

turc Tehrova, dans l'Anatolie, province de (2) Aujourd'hui Fionda ou Fironda, en la Turquie d'Asie.

decte aurait eu aussi pour maître Aristote; mais nous pensons que le philosophe de Stagire fut seulement son ami. En examinant les dates, on voit qu'ils étaient à peu près de même âge, si Théodecte n'était l'aîné. Aristote lui dédia un de ces traités de rhétorique (1). Au rapport d'Etienne de Bysance (De Urbibus, au mot Phaselis), Théodecte était d'une grande beauté, et nous savons par Cicéron (Tusc., I, 24), et par Quintilien (Inst. Or. XI, 2), qu'il avait une mémoire si prodigieuse qu'il lui suffisait d'entendre une seule fois la lecture d'un poëme, quelque étendu qu'il fût, pour le retenir. Il composa différents ouvrages dont il ne reste que quelques fragments, d'abord plusieurs oraisons, des préceptes en vers sur l'art oratoire; ensuite 50 tragédies, dans le nombre des quelles on cite OEdipe, Ajax, Alcméon, Bellerophon, Hélène, Oreste, Philoctete, Tydée et Mausole (2). Il donna cette dernière

(1) Thurot, à la page xvj du savant discours préliminaire de sa traduction de l'Hermès, de Jacques Harris, parle d'un Théodecte qui seconda Aristote dans son travail grammatical, pour établir les divisions systématiques dans les mots : c'est

sûrement le même Théodecte que celui dont nous esquissons la notice.

:

(2) Dans sa courte mais substantielle et élégante Histoire de la Littérature Grecque (Paris, Hachette, 1850, in-12), M. Alexis Pierron, professeur au lycée Saint-Louis, caractérise ainsi Théodecte et ses pièces « En voici un qui supprime, dans la tra» gédie, les caractères, les sentiments et » la poésie même, et qui transforme » la tragédie en un plaidoyer. Ses person>>nages sont des avocats qui soutiennent » des thèses les uns contre les autres, et » avec toute la science, avec toutes les sub>>tilités des plus consommés sophistes; et >> ce poète remporte le prix au théâtre..... » La scène d'une de ses pièces, intitulée « Lyncée était au tribunal d'Argos: Da

pièce lors du concours ouvert par Artémise, pour célébrer la mémoire du roi de Carie, son époux et son frère, l'an 355 avant Jésus-Christ. Théodecte avait fait aussi, pour le même concours, une oraison funèbre de ce prince, mais elle n'eut point l'approbation des auditenrs (1). Celle que prononça Théopompe obtint le prix. Flavius Josèphe (Ant. jud., liv. XIII, ch. 2), raconte que le poète phasélitain, ayant mis dans une de ses tragédies, certains passages des livres saints, devint aussitôt aveugle, et ne recouvra la vue qu'après avoir reconnu sa faute et demandé pardon à Dieu. Au dire du même auteur, Théopompe, que nous venons de nommer, ayant eu le dessein d'insérer quelque chose de ces mêmes livres dans son histoire, perdit l'esprit pendant trente jours,et ne rentra dans son bon sens qu'à force de prières et de repentir (2). Ces assertions, qu'il est permis de révoquer en doute, ne pouvaient échapper à Voltaire. Il en a fait l'objet de quelques réflexions caustiques, dans l'introduction de son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, et il y est encore revenu dans son Dictionnaire philosophique et dans ses Mélanges. On croit que Théodecte, mourut à

»naus et Egyptus étaient les deux parties » adverses ; et le premier finissait par être » condamné à mort, grâce au talent dé» ployé par Lyncée, dans la défense de son » père.»

(1) Sur ce fameux concours et la part qu'y prit Théodecte, consultez Aulu-Gelle (Noct. att., x, 18), et les Recherches sur l'Histoire de Carie, par l'abbé Sevin, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions (x, 242, édit. in-12).

(2) On pense que Josèphe avait puisé ces récits, comme le reste du chapitre qui les contient, dans l'Histoire des Septante, par le faux Aristée (Voy. ce nom, 11, 47).

que, Paris, 1599, in-8°, item. gr. lat. dans Auctario bibl. Patr, Paris, 1624, et dans la Bibliothèque des Pères, Paris, 1644 et 1654. Dans cet ouvrage savant, l'auteur réfute les erreurs des Manichéens, de Paul de Samosate, d'Apollinaire, de Théodore de Mopsueste, de Nestorius et d'Eutychès, auxquels il oppose les définitions de l'Eglise. G-Y.

Athènes peu d'années après le décès de Mausole, et à l'âge de 41 ans. Ses concitoyens lui élevèrent une statue sur la place publique de Phasélis (1). Plutarque, dans la vie d'Alexandre le Grand, rapporte que, pendant le séjour que ce conquérant fit dans cette ville, il alla, après souper, danser autour de cette statue et lui jeter des couronnes. « Il honorait ainsi, d'une manière THÉODORE, abbé du monasagréable, la mémoire de ce philo- tère de Groyland, dans le royaume sophe et le commerce qu'il avait des Merciens, s'est illustré par un déeu avec lui par l'entremise d'Aris- vouement, qui mérite d'être comtote et de la philosophie » (trad. páré à celui des anciens Romains. de Ricard). Théodecte laissa un I gouvernait sa maison depuis fils qui fut orateur et poète comme soixante-deux ans, lorsqu'en 870 les lui. Il avait publié des Commen- Normands désolaient et dévastaient taires historiques, sept livres de l'Angleterre. Théodore, apprenant Rhétorique, un Eloge d'Alexandre, qu'un de leurs détachements s'aproi d'Epire et d'autres livres. Tout prochait, ordonna à trente de ses cela est perdu. B-L-U. religieux, qui étaient dans la force THÉODISÈLE, Voy. THEU- de l'âge, de prendre avec eux les DISÈLE, XLV, 373. reliques de l'Église, les titres du monastère, et d'aller se cacher dans les marais voisins. Gardant avec lui les plus âgés et les enfants que l'on élevait dans le monastère, espérant que le soldat barbare aurait pitié d'eux, il se revêtit de ses habillements sacrés, et les conduisit au chœur, pour chanter l'office, en attendant ce qui pourrait arriver. Il avait célébré une messe solennelle et, après avoir communié, il distribuait le pain eucharistique à ses vieillards et à ses enfants, lorsque les Normands se précipitèrent dans l'église, en poussant des cris de fureur. Un des chefs, s'avançant vers l'autel, fit tomber du premier coup Théodore. Les enfants et les vieillards furent cruellement frappés, pour les forcer de découvrir où étaient cachés les trésors de l'église. Comme ils ne pouvaient rien montrer, ils furent tous mis à mort. Un enfant de dix ans, appelé Tugar,

THÉODORE, prêtre de la Grande-Laure ou Rhaithu, monastère de la Palestine, a écrit vers le milieu du viie siècle, un discours dogmatique intitulé: Præparatio et meditatio in ejus gratiam qui discere cupit quomodo facta sit Incarnatio divina, et quæ ab Ecclesiæ alumnis contra eos qui non rectè de ea senserunt, dicta sint; latin, Paris, 1556, in-8°, et dans les Bibliothèques des Pères, Paris, 1589-1609-1618 et 1677. gr. lat.; Genève 1576 et 1580, in-40 gr. lat. avec l'histoire du concile de Nicée, par Gélase Cyzi

(1) L'auteur inconnu des Vies des dix Orateurs grecs, insérées dans les OEuvres Morales de Plutarque, dit dans celle d'Isocrate, que ce tombeau de Théodecte était auprès de Cyamite (proche d'Athènes), le long du chemin sacré qui mène à Eleusis, et qu'on y voyait sa statue avec celles des plus fameux poètes. Pausanias parle aussi de ce tombeau dans son Voyage en Grèce.

voyant que l'on faisait mourir sous ses yeux le sous-prieur qui s'était sauvé avec lui dans le réfectoire, priait les soldats à grands cris de ne point l'épargner et de lui ôter la vie. Un des soldats ayant pitié de sa jeunesse, lui jeta son manteau sur les épaules, lui disant de le suivre, et seul il fut conservé dans cet effroyable massacre. Après avoir tout égorgé, les Normands, furieux de ne trouver aucun trésor, mirent le feu au monastère, qu'ils avaient pillé pendant trois jours. C'était le 26 août 870. Le jeune Tugar s'étant échappé, revint à Groyland, où il retrouva les trente religieux qui, après avoir quitté leurs marais, étaient occupés à éteindre l'incendie. Il leur raconta ce qui s'était passé en leur absence. Après avoir répandu beaucoup de larmes, ils reprirent leur travail. Ayant ensuite remué les décombres pendant trois jours, ils trouvèrent devant l'autel, leur saint abbé Théodore, sans tête, dépouillé de ses habits, à demi brulé, écrasé par la chute des poutres, et enfoncé en terre. Ils découvrirent successivement les autres victimes. Deux religieux, plus que centenaires, avaient été égorgés, comme ils cherchaient à fuir dans le parloir.

G-Y. THÉODORE, métropolitain de Carie, fut au ixe siècle un des prélats les plus distingués de l'Eglise d'Orient. Parfaitement instruit dans les lettres grecques et arabes, il écrivit contre les Mahometans, les Juifs et les hérétiques qui désolaient cette église. Ayant pris le parti de Photius, il abandonna le schisme, ct, à la tête des évêques qui étaient tombés dans la même faute, il se présenta à la seconde session du huitième concile général, tenu en 869, demandant à être réconcilié avec l'Eglise, ce qui

lui fut accordé. Le patriarche Ignace lui ayant rendu le pallium, il prit séance au concile selon son rang. Théodore se distingua dans cette assemblée par sa sagesse et sa doctrine. Cependant comme il avait, à l'instigation de Photius, souscrit à la prétendue déposition du pape Nicolas, les légats du pape Adrien, qui, au nom du Souverain-Pontife, présidaient le concile de Constantinople, n'osèrent prendre sur eux de rétablir Théodore dans ses fonctions épiscopales. Sans doute ils s'étaient chargés de solliciter cette faveur, aussitôt après leur retour à Rome, mais ayant été en chemin dépouillés, arrêtés, le patriarche Ignace, qui n'entendait point parler d'eux, écrivit en 871 au pape Adrien pour le consulter sur différents sujets et aussi pour demander que Théodore fût rétabli dans ses fonctions, comme métropolitain de Carie. « C'est moi, disait le patriarche, qui l'ai ordonné et il a beaucoup souffert pour la bonne cause. Sans doute, il a eu un moment de grande faiblesse, mais il s'est repenti, et il a publiquement demandé pardon aux Pères assemblés sous votre présidence, à Constantinople. » A cette lettre, le patriarche avait joint quelques présents pour le pape, un Evangile grec-latin corrigé avec soin, une étole couverte de plaques d'or, une chasuble précieuse, et de la thériaque d'une vertu éprouvée. L'empereur joignit ses prières et ses présents à ceux du patriarche. Sans doute le pape se prêta à leurs vœux, mais nous n'avons point sa réponse à ce sujet. Le savant Gretsar, de la société de Jésus, a publié en grec et en latin, quarante-deux opuscules de Théodore, que l'on surnomma Abucara ou Père de Carie, Ingolstadt,

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