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d'ailleurs, et quelles qu'en aient été les suites, préserva alors l'Espagne de nouvelles et incalculables calamités. A. B-ÉE.

VALDIVIELSO (JOSEPH DE), poète dramatique espagnol, contemporain de Cervantes et de Lope de Vega, était intime ami de l'un et de l'autre, et, quoique attaché à la grande cathédrale de Tolède, il ne balança pas à composer pour ce qu'au siècle dernier, en France, on eût nommé le théâtre. Mais il ne composa que des Autos sacramentales, c'est-à-dire, au fond, des espèces de mystères analogues à ceux par lesquels, au moyen âge, la poésie dramatique préludait à la renaissance; et à cette époque, encore, l'Espagne était loin d'avoir oublié l'origine si profondément religieuse du théâtre. Il est vrai qu'à partir du XVIIe siècle, les autos tendaient à faire place aux compositions profanes; mais enfin Calderon en fit encore applaudir soixante-quatre; et combien de ses pièces non qualifiées d'autos pourraient porter ce titre! (la Dévotion à la croix, le Prince constant, etc.). Revenons à Valdivielso. Son recueil, publié en 1622, se compose de douze autos, qui, quoique se sentant un peu de l'enfance de l'art, ne sont cependant pas dénués d'intérêt, soit pour des spectateurs espagnols du XVIe siècle et même d'un peu plus tard, soit pour les amateurs de T'histoire littéraire. Il en est quatre surtout que nous croyons devoir signaler: la Naissance de la Vierge et L'Ange gardien, pour la bizarrerie naïve et du plan et des détails, bizarrerie qui met si complètement en saillie l'état de l'art à cette époque, mais qu'évidemment il serait

injuste de vouloir apprécier selon les règles de Racine et de Voltaire;

puis deux autres où les situations et les scènes sont filées avec assez d'habileté, l'Enfant prodigue et l'Arbre de vie. Au milieu de tous ces ouvrages si éminemment bibliques, on est tout étonné de rencontrer un titre tout mythologique, Psyché et l'Amour. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, le desservant de Tolède a dépaganisé ce qu'il serait permis de nommer le mystère d'Apulée; le mystère est resté, le paganisme s'est évanoui. VAL. P.

VALÉE (1) (SILVAIN-CHARLES, comte), maréchal de France, grand' croix de la Légion-d'Honneur, pair de France, etc., naquit à Brienne-leChâteau, en Champagne, le 17 décembre 1773. — Il dut à sa qualité d'orphelin son admission gratuite à l'école militaire de cette ville, et il y terminait à peine ses études lorsque le gouvernement en décréta la suppression. Valée entra comme sous-lieutenant à l'école d'application de l'artillerie de Châlons-surMarne, et en sortit avec le grade de lieutenant, vers la fin de 1792. Son assiduité au travail, la solidité de son instruction et la maturité précoce de son jugement, avaient fixé sur lui l'attention de ses chefs, et le jeune Valée quitta avec distinction un établissement destiné à devenir la pépinière de la plupart des officiers d'artillerie qui devaient porter si haut le renom de cette arme pendant les guerres de la république et

(1) Nous attendions, pour compléter cet important article, les documents qui nous avaient été promis de-camp du maréchal. Mais la participation active de M. de Salles aux travaux du Sénat, dont il est membre, ne lul a pas permis de réaliser ses engagements. Force nous a été de recourir à d'autres sources, et ce circuit a momentanément entravé la publication de l'article. et par conséquent du volume. tion le retard tout-à-fait involontaire que le public pu se juger en droit de nous reprocher. (Note de • Fautour.)

par M. le général de Salles, gendre et ancien aide

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Nous avons cru devoir justifier par cette explica

de l'empire. Il prit part aux sièges au mémorable siége de Saragosse. et à la défense du Quesnoy, de Lan- Après la reddition de cette place, il drecies, de Charleroi, de Valencien- fut appelé au commandement de nes, de Condé et de Maëstricht, en l'artillerie de l'armée d'Aragon, etm

Tut promu au grade fut élevé, le 22 août 1810, au grade

au commencement de de général de brigade. Valée com 1795, et passa en cette qualité à manda l'artillerie française aux l'armée du Rhin, sous le comman- sièges de Lerida, de Tortose, ade dement en chef de Moreau. Ce ge- Méquinenza, de Sagonte et de Tara néral ne tarda pas à apprécier l'in-ragone, et reçut les épaulettes de telligence et la bravoure de Valéé. général de division (6 août 1811) à Au combat d'Engen (3 mai 1800), il la suite de ces brillantés épreuvesti remarqua avec admiration que le de son mérite et de sa valeur. I jeune capitaine, après avoir épuisé ne quitta la péninsule ibérique que tous ses projectiles, répondait au lors de la retraite de nos troupesen? feu de l'ennemi en tirant à poudre, 1814, et réussit à en ramener intacts pendant que l'infanterie française l'immense matériel de l'armée. se déployait autour de lui Il récom- L'empereur, qui touchait au termed pensa sur-le-champ cette belle con- d'une puissance dont il avait sin duite en nommant Valée commandant en premier de sa batterie; mais le ministre de la guerre ayant refusé de confirmer cette promotion, Moreau réunit plusieurs batteries sous le commandement de Valée, en observant judicieusement que si la distribution des grades concernait le gouvernement, celle des services de son armée n'engageait que sa propre responsabilité. Valée servit plusieurs années à l'armée du Rhin, prit part aux batailles de Moskirch et de Hohenlinden; mais il n'obtint qu'en 1802 le grade de chef d'escadron d'artillerie, et en 1804 celui de major. Il dut aux fonctions d'inspecteur-général du train d'artillerie d'être rapproché de Napoléon, et de triompher enfin de cette espèce de défaveur assez commune aux militaires qu'avait distingués le plus éminent de ses rivaux d'alors. Valée combattit honorablement à Austerlitz, à Eylau, à Friedland, reçut le 12 janvier 1807 le grade de colonel du 1er régiment d'artillerie, et fut envoyé par l'empereur en Esoù il prit une part glorieuse

pagne,

fatalement abusé, récompensa ceta important services par le titre den comte (12 mars 1814) Quoique Valée? eût adhéré sans résistance à la restau ration du trône légitime, Napoléon, à son retour de l'ile d'Elbe, le charet gea de l'armement de la place de Paris, dont la défense était confiée au gé néral Haxo. Mais le coup de foudres de Waterloos vint déconcerter touse ces préparatifs. Au second retourn de Louis XVIII, le général Valéu se prononça ouvertement en faveur du gouvernement royal; il présida, au mois de mai 1816, le conseil de guerres qui condamnarà mort, par contu mace,legénéral Lefebvre-Desnouet tes (voy. ce nom qau Supplément) pour la tentative d'insurrection a main armée dont il s'était rendu coupable lors du débarquement de i Napoléon. A la création du comité consultatif d'artillerie, Valée fit par tie de ce conseil, et fut désigné, pendant cinq années consécutives, pour y remplir les fonctions de rap porteur. Il y signala sa présence par d'utiles propositions et par le nombreux travaux. Le maréchal

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Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la lité, particulièrement dans les monguerre, le fit entrer, en 1818, dans tagnes et les défilés. Pénétré de la commission de défense du royau- cette idée, Valée s'appliqua prinme; il proposa et fit adopter un cipalement à simplifier le système plan général d'armement pour les de construction des pièces d'artilcôtes et les places fortes de l'ouest lerie et réduisit le matériel de camet du midi de la France. Mais de pagne aux calibres de huit et de tels services n'étaient que le prélude douze; toutes les pièces furent monde ceux qu'il allait être appelé bien- tées sur quatre roues du même motofà rendre à un titre plus éminent. dèle et de la même grandeur. L'exEn 1822, le gouvernement, pénétré pédition d'Alger vint quelques an de l'utilité de donner à l'arme de nées plus tard constater la justesse l'artillerie une direction plus fixe et et la prévoyance de ces combinaiplus homogène, créa la place d'in- sons: « Lorsque nos vaisseaux, dit specteur général du service central, M. Molé, jetaient sur la plage d'Aety "nomma Valée distinction frique les éléments disjoints de nos remarquable, eu égard à l'ancien- pièces, l'armée française voyait ces neté relative de son grade, et qui pièces remontées sur leurs affûts ne laissa pas d'exciter quelque om- comme par enchantement, et marbrage parmi ses compagnons d'ar- cher en avant avec la rapidité de més. Le général : accepta avec em- l'éclair (1). » Le général Valée s'ocpressement un poste qui lui permet cupa ensuite de faciliter la marche. tait de réaliser librement tous les et le transport des pièces d'artilleperfectionnements et les améliora- rie. Il y réussit par un mécanisme tions dont-il avait depuis long- qui permit aux deux trains dont se temps entrevu l'opportunité. Il em- composait l'affût de ces pièces de brassa ses nouvelles fonctions avec s'isoler au besoin l'un de l'autre, de ardeur, et entreprit sans retard une tourner en quelque sorte sur euxsérie d'épreuves destinées à confir- mêmes, et de franchir ainsi les courmer les idées qu'une observation bes trop brusques ou d'étroits ravins Savante et attentive lui avait suggé- dont l'accès coûtait au matériel de rées, et à convaincre de leur effi- pénibles efforts que ne couronnait cacité le corps entier de l'artillerie, pas toujours le succès. Les nouet les gouvernement lui-même. De- velles dispositions furent complépuis les amendements essentiels tées par l'addition de coffrets plaintroduits dans cette arme par Gri- cés sur l'avant-train, et qui renferbeauval (t. xvIII, p. 473), l'artillerie maient les munitions nécessaires au était demeurée à peu près station- premier engagement. Ces coffrets naire et n'avait guère conquis que furent disposés de manière à servir la création du corps des artilleurs à de siège aux artilleurs de service, cheval, importée de Prusse par La- lesquels accompagnèrent ainsi chafayette, qui en avait étudié l'emploi que pièce et purent se porter, au gré dans un voyage fait à Berlin en du commandement, partout où leur 1785. Notre matériel était générale- présence fut jugée nécessaire. Valée ment inférieur à celui de l'étranger, étendit bientôt cet ingénieux syset cette insuffisance procédait sur- tème à l'artillerie de siège et à l'artout de la complication de son mé- (1) Discours prononcé à la Chambre des Pairs, le canisme qui en enrayait la mobi➡ 5 août 1847.

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eu lieu dans le matériel de cette arme. Ce plan consistait à fondre le corps appelé du train dans celui de l'artillerie, de telle sorte que cha que batterie formât désormais un tout complet, où les conducteurs et les artilleurs, placés exactement dans les mêmes conditions, obéiraient aux mêmes chefs; le nom bre des batteries à pied et celui des batteries à cheval furent as similés, et les premières furent pourvues de chevaux d'attelage, Cette admirable organisation fut adoptée avec empressement par le conseil supérieur de la guerre. Le gouvernement rétablit pour Valée l'emploi et la dignité de premier inspecteur général de l'artillerie, et le roi Charles X le promut à la pairie héréditaire du royaume par une ordonnance du 27 janvier 1830, Lorsque, poussé à bout par l'outrage infligé au consul de France, le dernier ministère de la Restauration médita son expédition contre le dey d'Alger, cette entreprise, on le sait, suscita de nombreuses objections: le corps presque entier de la marine s'y déclara contraire, et le succès du débarquement fut présenté comme très-hypothétique, sinon

tillerie destinée à la guerre de ruon tagnes, et il ne tarda pas à en obtenir les mêmes résultats : « Les batteries du plus fort calibre, dit l'éloquent orateur à qui j'emprunte ces détails, purent arriver sous les murs d'une place en même temps que l'armée assiégeante.Dans les montagnes les plus abruptes, nos colonnes se firent suivre de pièces si légères, que deux mulets suffisaient à les conduire ou porter, et qu'au besoin même les canonniers les auraient traînées ou menées partout où le pas de l'homme pouvait pénétrer.» Pour la défense des places et celle des côtes. Valée imagina et fit adopter un affût aussi simple que léger et solide, et il compléta ces amélio rations en conseillant une mesure dictée par la prudence et la raison: ce fut le déplacement de nos manufac tures d'armies, qui, rapprochées jus qu'alors de la frontière, furent transportées dans l'intérieur de la France et reçurent bientôt une impulsion graduée sur les progrès de la science et les perfectionnements que nous venons de signaler. Le général Valée ne borna point ses efforts à provoquer, comme on vient de le voir, une sorte de révolution dans le matériel de l'artillerie sa pré- comme impossible. Le ministère voyance s'étendit plus haut et plus convoqua une commission compo .loin. Le gouvernement de la Res sée des officiers les plus éminents tauration avait créé, en 1828 (17 de nos armées de terre et de mer février), un conseil supérieur de la pour examiner les difficultésdel'exé guerre, chargé, sous la présidence cution et dresser le plan de campa du Dauphin, d'étudier et de discuter gne. Le général Valée combattit tous les projets de lois, d'ordonnan- avec chaleur les objections présen sces et de règlements concernant tées, et prit la part la plus active à l'organisation du régime militaire, zet de proposer toutes les améliorations dont ce régime pourrait paraître susceptible. Valée présenta à ce conseil un plan d'organisation du personnel de l'artillerie approprié aux changements qui avaient

l'organisation de l'artillerie, char gée d'un rôle si puissant et si formidable dans la campagne qui allait s'ouvrir. Ce fut la première épreuve de la transformation qu'elle venaitde subir sous son impulsion, et cellee preuve fut concluante. Mais cet éda

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tant triomphe de la civilisation sur France des salpêtres étrangers. la barbarie ne put conjurer la ruine Une ordonnance du 11 septembre du gouvernement qui l'avait obtenu, 1835 récompensa ses nouveaux seret le dey détrôné abordait à peine vices en le rappelant à la Chambre le sol protecteur où la générosité des Pairs. Lorsque le ministère du française lui avait ménagé un asyle, 15 avril 1837 résolut la seconde que le roi vainqueur était réduit expédition contre Constantine, ce à accepter du gouvernement anglais fut sur le général Valée qu'il jeta une modeste et dédaigneuse hospi- les yeux pour commander l'artilletalité. En ces graves conjonctures,le rie destinée au siège de cette ville. général Valée se souvint noblement Cette expédition avait été placée sous de ce qu'il devait au gouvernement les ordres du général Danrémont, à de la Restauration et de la bienveil- qui, en sa qualité de gouverneurlance particulière avec laquelle l'a général, devait naturellement échoir vait constamment traité le Dauphin, l'occasion de venger le seul échec cet appréciateur timide, mais équi- grave que nos armes eussent encore table, du mérite et de la droiture. Il éprouvé sur le sol africain. Valée, ne grossit point le nombre des cour- alors âgé de 64 ans, était de beautisans du régime de 1830, et se ré- coup antérieur en grade à Dan signa sans murmure à la perte de rémont, et l'on pouvait craindre son titre de premier inspecteur gé que sa susceptibilité militaire ne néral; et comme la médiocrité de s'ombrageât d'un commandement sa fortune lui permettait difficile- en sous-ordre. Le ministère tourna ment de vivre à Paris, il se retira cette difficulté en faisant attribuer dans le département du Loiret, où il la direction nominale de l'entreéchangea contre de paisibles occu- prise au duc de Nemours, qu'accompations agricoles la brillante agita- pagnerait le général Valée sans titre tion de ses premières années. La officiel et avec la qualité de simple nouvelle Charte l'avait privé de son volontaire. Valée accepta honorasiège à la Chambre héréditaire. Cette blement ce compromis. Il fit reconvie de famille et de retraite se pro- naître l'insuffisance des approvilongea jusqu'en 1834, époque où le sionnements destinés à l'expédition, gouvernement de juillet vint récla- et, par une inspiration de prémer le concours de son expérience voyance qui devait porter ses fruits, et de son patriotisme. Valée entra il demanda qu'un équipage de siège au conseil d'Etat et fit partie d'une suivit le corps expéditionnaire. commission chargée d'étudier et de L'armée se mit en marche le 1er résoudre les questions qui s'étaient octobre, à travers les obstacles élevées au sujet de la fabrication de continuels provenant d'un sol la poudre et du commerce du sal- abrupte et dévasté par de fortes pêtre. Il passa bientôt à la direc- pluies. Valée ne cessa de donner tion générale des poudres et sal- l'exemple d'un insurmontable coupêtres, et prit l'initiative de plu- rage, et ses exhortations énergiques sieurs améliorations importantes triomphèrent plus d'une fois de dans les procédés de fabrication, l'hésitation et de l'ébranlement des qui permirent d'autoriser sans artilleurs. Au bout de quelques inconvénient, et même avec cer- jours, les pièces, arrivées sans actains avantages, l'introduction en cident, furent disposées; le feu de la

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