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nade, et déjà un prémier plan avait été formé pour s'emparer ainsi de la ville à laquelle se rattachaient tant de souvenirs; mais la vigilance du capitaine-général Mondéjar avait forcé d'abandonner le projet. Toutefois, l'on espéra être plus heureux en choissant pour l'exécution la nuit la plus longue de l'année, celle du 24 ou 25 décembre. Malheureusement pour les Musulmans, il n'était pas possible d'endormir les chre, tieus de vagues bruits d'insurrection hourdonnaient dans l'air: chacun se sentait comme courant galvanique; de toutes parts on était sur le qui-vive. On peut dire même que des actes hostiles précé→ dèrent la grande explosion. Deux You au moins ensanglantèrent les routes de Séville et de Motril le 23 et le et le 24: ils furent causés par les façons vexatoires et même un peu, pillardes d'une troupe joyeuse de gens de justice, qui, suivis de leurs valets, allaient passer à Séville leurs vacances de Noël, et d'un détachement de sol

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fut environnée de certaine solennité. se dessiner la rébellion. L'on voulait, Ferdinand prit le nom de Mahomet, pour commencer, surprendre Greauquel fut joint le surnom patronymique d'Aben-Houmeya, et, après la sala (la prière), prononça le ser ment de maintenir ses sujets dans la foi de Mahomet el de la défendre, et Farakh Aben-Farakh se prosterra devant l'élu, et, au nom de l'assistance, lui prêta le serment de fidélité, puis tous ensemble crièrent « Allah béoisse Mahomet AbenHoumeya, roi de Grenade, et de Cordoue!». C'eût été, si l'on eût voulu renouer le nouveau monarque à la liste de sa dynastie dépos sédée en 1492, Mohammed XIII, car les deux Boabdil (Abou-Abdallab-ez-Zagir et Abou-Abdallah-ez Zaga)], l'oncle et le neveu, avaient été précédés par un Mohammed XII (Mohammed Abou-Hacan), père du second, frère du premier. AbenHoumeya (tel est le nom abrégé, mais suffisamment spécial, sous le quel nous allons désigner le nouveau monarque) se mit sur-lechamp à faire acte de royauté en procédant à la nomination des principaux capitaines et officiers par de soldats qui, sous la conlesquels allait s'opérer la délivrance duite de Diego de Herrera, escortait de ses nationaux. Aben-Zuagar, son un convoi d'arquebuses pour Adra. oncle, et l'entreprenant Aben-Far- Les Mauresques malmenés et sporakh, recurent, l'un le titre de ca- liés jetèrent les hauts cris, et soupitaine-général, c'est-à-dire le com- dain survinrent en nombre des mandement de toute la force mili- Mongis ou Mauresques de la montaire; l'autre l'intendance suprême, tagne, moins inoffensifs que leurs des affaires civiles, sous celui de coreligionnaires de la plaine, cougrand alguazil. Les choix peurs de bo deux bourse etat et couper étaient parfaits, et Aben-Houmeya jarrets par occasion. Ni les gens de faisait en même temps preuve de robe qui se tinrent cois, soudainediscernement et de reconnaissance ment, ni les gens d'épée qui tenen prenant, suivant l'expression, tèrent de tenir tête, ne purent effiorientale, pour bras droit et pour cacement résister, et presque tous bras gauche des deux hommes les les malavisés pillards restèrent sur plus capables et les plus dévoués, le terrain. Bien que ces conflits On convint ensuite du jour précis, prématurés et dont la nouvelle ne disens plujo de la nuit qui verrait pouvait manquer de s'épandre a

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Finstant compromissent évidemment retentir le signal d'alarme, tenant le succès d'une entreprise dont la pour certain que les enfants perdus diréussite tenait surtout au secret, de l'armée rebelle, après avoir reGrenade, la nuit du 24 au 25 dé connu que personne ne venait les Scembre, courut un véritable danger. seconder, s'effraieraient de leur isoHuit mille Mauresques étaient réu- slement, ete se décideraient à reZonis pour marcher sur la ville au prendre la routes par laquelle ils Jasignal que donnerait le canon tiré étaient venus. L'évènement prouva dus haut de l'Albaicin, et trois la justesse de ce calcul, La révolte sportes en même temps devaient être n'en eut pas moins lieu au-dehors -sattaquées par trois chefs. Il y a sur une vaste échelle, et malheureu96 plus Aben-Farrakh, à la tête de cent sement avec d'atroces barbaries. liquatre-vingts hommes, d'élite, y. C'est surtout dans les montagnes pénétra, renversa la muraille de qu'elle se développa: en deux où terre qui formait l'enceinte de l'Al trois jours elle embrassa toute la Jebaïcin, monta au hauts de l'église chaîne des Alpujarres. Aben-Houme29 de Saint-Sauveur, et de là, procla→ ya, que nous ne voyons pas paraître net mant le nom du nouveau roi au en personne dans l'escalade de l'Al-anson des fanfares, il appela à l'indé baïcin, vu sans doute que des cirsinpendance tous ses compatriotes dont constances décisives s'opposèrent à 72 était rempli ce quartier de Grenade. ce qu'il fût là, déploya pour la déterato Mais sa voix n'eut pas d'écho soit miner une activité à toute épreuve. I que les précautions des Espagnols I courait à cheval de village en 24 missent ses habitants dans l'impost village, exaltant des mécontents, -sibilité de se déclarer (par exemple, animant les braves, affable avec les a! s'ils avaient donné des otages), soit masses, intimes avec des notables, qu'ils regardassent le nombre des entraînant et prodigue de riantes libérateurs comme insuffisant, on perspectives avec tous, prenant par 26 peut dire que l'Albaïein ne bougea tout les renseignements stratégiques pas. Tout se réunit, comme par utiles pour la lutte, et partout je- magie, pour faire avorter la tenta lant les bases d'une organisation ative si hardiment entamée. Une neige épaisse, en rendant à peu après impraticable la montagne, barra la route aux 8,000 hommes; puis nil se trouva que les signal manqua C'est sur les Espagnols que l'on ob comptait pour avoir ce signal on tro avait cru que, à l'apparition des encore, pouvait éveiller des jalousies nemis dans l'Albaicin, ils tireraient parmi ses entours, et que plus d'un 9 le canon, et plutôt cent fois qu'une, dans cette élite d'hommes résolus Averti très-probablement de cette pouvait, soit comme ayaut, lui aus - idée des conjurés, le marquis de si, du sang de Al-Hamar dans ses mis Mondejar se contenta d'investir les veines, soit à cause des services Bob Mauresques d'une surveillance telle, qu'il avait rendus, se croire au on qu'ils n'osassent bouger, et défendit moins autant de droits que luià l'hé ob sau commandant de la citadelle ritage des souverains de Grenade. Il nold'engager de combat ou de faire comprenait aussi que quels que pus

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armée, nommant des chefs, et cher. chant visiblement à inspirer, au moins autant le dévouement à sa personne que le dévouement à sa cause. Il n'était pas sans soupçonner que son titre de roi, tout imaginaire et tout précaire qu'il fùt en

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tassent être ses éléments de succès en à sa cause, it essayait aussi de vainEspagne même, set malgré les em cre la résistance de ceux qui balanbarras croissants que causaient à çaient c'est ainsi qu'il entreprit Philippe II les antipathies de plus le siège de la rue d'Orguiva et Den plus patentes, de plus en plus qu'après avoir présidé en personne tenaces des Pays-Bas, il ne pouvait aux premières opérations, il laissa ise bercer de l'espérance d'un succès la plus grande partie de ses troupes, qui ne fût pas trop chèrement ache-avec des chefs expérimentés autant Clés s'il ne recevait des secours du que braves, poursuivre l'entreprise, 10dehors; etii déjà même, préalable- tandis que lui-même, avec la poignée ment au l'éclat du 24 décembre, il de gens qui lui restait, allait effecavait député près du bey d'Alger et stuer le soulèvement de Poqueira, de Constantinople, mais sans résul- Ferreira, d'Ujijar, d'Andaraje, faisait ♡ tat, son envoyé n'étant pass même de la ville une place forte, dépôt si venu às bout de mettre à la voile, provisoire de tout de que les Mauentant la côte était sévèrement gardée resques avaient de précieux; voyait Cupar les ordres du marquis. Loin de au jour de l'an 1569 ses bannières Ase décourager pour ce commence flotter sans interruption de Caïdar ment de mécompte, il redoubla de jusqu'à Valor, à l'entrée des monsoins, changea ses négociateurs, tagnes, et allait planter sa tente --19trouva moyen de faire passer en dans le val de Lécrin, pour aller Afrique, avec son propre frère Abd-boucher le passage aux Espagnols 19 allahirquibdevait y résider jusqu'à et Mauresques de Mondéjar (car il Price que ses sollicitations portassent se trouvait des uns et des autres Falfruit, Ferdinand Habaqui, dont l'has dans l'arinée du marquis), c'est-àabileté fut peu de temps après couron-dire sans doute pour combattre les née de succès, et qui revint avec uns en même temps que pour prðTada promesse d'un renfort prochain voquer à la désertion les autres, en Puude quatre cents Turcs! C'était bien mettant en leur présence le fils des peusans doute, mais c'était te anciens héritiers des Almoravides tgage &d'uns intérêts réel'c'était, en et des Almohades. Mondéjar esqui19 quelque sorte, l'assurance d'un con- va le péril en conduisant ses soldats 36 cours plus efficace dès que la Subli- par d'autres routes que celles où *me Porte n'aurait plus elle-même l'on se disposait à les recevoir, puis 6 sur les bras une lourde guerre contre il apparut près du défilé réputé im- des rebelles, la guerre contre l'Arabe praticable de Tablata, et, par un -Moutaher (1567-1571) Du reste, trait d'audace inouï, le franchit au Aben-Houmeya n'attendit pas que 20ces auxiliaires arrivassent pour mettre partout ses forces sur le pied Pile plus redoutable. Tout en parcourant rapidement les deux versants 298 de la chaîne des Alpujarres et en ap paraissant presque simultanément surodes points très éloignés, non it content des succès qu'il comptait liseningrossissant son partie de ceux qui se ralliaient sans tergiversation l'entreprise ? Nous sommes trop loin

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pas de course, sous l'œil même de l'ennemi stupéfait, bien qu'on eût rompu d'abord un pont jeté sur l'abime. Est-ce au manque de présence d'esprit du jeune roi, est-ce au manque d'audace ou d'ardeur des Mauresques qu'il faut attribuer le plein succès d'un coup de tête si hors des règles ? Ou bien est-ce à l'insolite, à l'inattendu, à l'irrégulier même de

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et des évènements et des lieux pour à Timmense désespoir des Musul formuler une solution. Mais le fait mans, qui ne purent qu'en pert est que le passage du défilé de Ta- nombre arracher leur jeune familles blata changea de face l'horizon pou et leurs femmes à l'imminence dès litique jusque-là, comptant sur la la captivité. Provisoirement on Sep forte barrière qu'opposaient des cl rabattit sur Ujijar. Mais à quel par cimesaba mes abruptes et des places défendues ti se résoudre dans cet asilo si visib par des braves combattant pour de Poqueira, si précaire par consés? leur religion et leur patrie, Aben- quent? On pressentait que Espaul Houmey pouvait avoir l'espoir de gol, dont la célérité avait dépassé généraliser l'insurrection en la por- toutes les previsions, et per tant dans toute la plaine jusqu'au gueillissait le succès, ne laisserait littoral. Après le fait d'armes dont pas à des vaincus encore armes lo il venait d'être Pimpuissant témoin, temps de respirer. La demoralisation c'était comme lorsqu'une pierre, clef gagnait parmi les infidèles, et avecla) de la voûte, vient à se détacher, le démoralisation la discorde! Les uns, reste menace ruine. La route désor et c'étaient ceux qui se sentaient mais était ouverte vers Orguiva qui inamnistiables à cause des massa tenait toujours, mais dont le déblo-cres inutiles dont leur main s'étaie cus eut lieu comme par enchantesonillée, voulaient qu'on trainat ment, tandis qu'Aben-Houmeya se jusqu'amlas dernière extrémité retirait sur la rue de Poqueira. Vai-résistance dans Ujijar meme; les nement il y réunit à la hàle tout autres, moins atrocement, 2moins? ce qu'il put avertirutilement de irrémissiblement compromis, 2 troupes rebelles, et vainement même saient que le mieux, au point où! iley joignit des renforts venus de l'on en était venu, serait de poli Cordoue: le marquis, après n'avoir ser les armes, moyennant que tous! laissé que quatre cents homines eussent la vie sauve et ne fussen?' dans Orguiva, se mit en marche, lésés ni i dans leur liberté, ni dans bien que tout son monde eût grand leurs biens, et de dépuler så cell besoin de repos, pour as localité effet au marquis de Mondéjar, tol qu'il regardait comme le vrai centres jours si juste etasî modéré. C'était de la résistance mauresque, les in- surtout l'avis de Michel deqRojas! surgés ayant placé dans cette en (le beau-père d'Aben-Houmeya), ceinte leurs femmes, leurs enfants, tout porte à penser que c'était on leurs trésors et leurs prisonniers. que ce devint celui d'Ahen-Hoшneya Aben-Houmeyales échelonna le lui-même. Juan Sanchez de Pinä et long des fortes positions en avant Jérôme d'Apuerte allèrent porter ses de Poqueira, de manière à former paroles au marquis mais ces ou trois embuscades successives. Aussi vertures ne furent pas ndmises les chrétiens ne purent-ils passer le marquis connaissaitopTM Phip sans coup férir, et l'escarmouche lippe II et savait trop bien à quelles fat-elle des plus vives à la fin ce calommies il avait souvent donne pendant ils l'emporteren; 450 Mau prise par sa douceure à Pégardsdes rosques restèrent sur le champ de Mauresques, pour pactiser sur des bataille Poqueira fut prise, à l'im-s bases si larges. Horépondit que le mense satisfaction des soldats de seul moyen pour eux de mettre Philippe, qui s'y gorgerent de butin, terme à cette guerre qu'ils avaient

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voulue, c'était de se rendre à discré- vert du sang du père, il crut ention, que pour lui il interviendrait suite indispensable à sa sécurité de de toutes, ses, forces on leur faveur répudier la fille, puis de faire périr et dans le sens de la clémence, mais, un beau-fière dont il redoutait la que toute condition analogue à ce vengeance, puis de se défaire égaqu'ils demandaient était en dehors, lement de tous ceux qui pouvaient de son devoir, était au-dessus de lui demander compte de ce sang T sa puissance, Les armes donc ne versé. Nous verrons plus bas comfurent pas posées universellement, ment il pouvait si facilement commais des défections commencèrent, mettre tant de crimes. En attendant, défections individuelles, défections on voit combien par cette marche de gooms ou de douairs (d'escouades fatale, en croyant préserver ses ou de hameaux). Aben-Houmeya jours, il allait affaiblissant ses res ne se retirait que pied à pied, et ses sources en détachant de lui quitroupes disputaient le terrain conque pouvait appréhender de lui Pidro, par exemple, vers le 16 jan- porter un jour ombrage. Aussi en vier, sur la route de Trevilez, le vint-il, plus promptement qu'on ne 18, etc. Nous omettons (et qui d'ail l'eût pensé d'abord, à tenter ce dont leurs pourrait la donner complète ?) ilavait fait un crime à Michel de Rola liste de tous ces petits engage, jas, un accord privé avec les Espaments mêlés toujours de menues gools, ne demandant plus une am négociations ou plutôt d'intrigues nistie absolue,qet se contentant de secrètes, au bout desquels nous l'assurance formelle que le pacifivoyons Aben-Houmeya serré de cateur ferait, pour le préserver de près par les forces ennemies, de tout mal, des efforts surhumains, plus en plus incapable d'étendre son Bien d'autres chefs s'étaient rendus influence jusqu'à la mer, et ne sur pareille espérance. Mais Moncomplant plus autour de lui que déjar ne pouvait en promettre auquelques milliers de fidèles dont tant au chef suprême de la révolte;b plus de moitié pouvaient à juste il n'était pas seul, maître d'ailleurs, titre: lui donne des soupçons. Ils et dès ayant l'explosion, on luid eut le malheur de s'en laisser ins avait adjoint, sous le titre de prési pirer par des ambitieux et des ja dent de la chancellerie de Grenade, loux(avaux dépens ɓpeut-être de un surveillant plus qu'un collaboraceux qu'il était ou le plus injuste, teur, mieux en cour que lui et plus ou le plus funeste de sacrifier. On pénétré des idées du royal bourreau lui At croire que Michel de Rojas son maitre. En un sens cependant, élait en train de négocier en secret on pouvait regarder, sinon la révolte avec le marquise et que probable, comme terminée, du moins la proment était la vie de son gendre vince comme pacifiée. Aben-Houquiserait pour lui de rachat du cou, meyaone dinigeait plus, soit luipament de la détex P Cédant, enfin à même, soit par les sirns, d'attaquedes obsessions réitérées, Aben-Hou- contre les chrétiens et le marquist meyabmandas son beau père, qui de Mondejar tolérait, sans attaquer Sempressa d'accourir, et, sans lui lui-même, un faible reste d'altitude i danner le temps de mettre le pied armée qui n'était qu'une transition sur le seuil de sa tente, il lui brisa inévitable de la lutte à la soumission la tête d'un coup de pistolet, Gous complète. Mais ce point de vue si

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