Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Ces deux substantifs sont de création récente. L'Académie française, en son Dictionnaire, édition de 1835, n'admet que numismate, qui ne se trouvait pas dans les éditions précédentes. Elle ne donne pas le droit de cité à numismatiste, quoi qu'en dise M. le marquis de Lagrange (1). Nous croyons que cette décision du docte aréopage est très-logique, et qu'il a bien fait de se conformer à la règle inclusio unius est exclusio alterius.

N'est-ce pas, en effet, en se laissant guider par une fausse analogie que MM. Cartier, Lagrange et Dumersan, cités plus loin, ont voulu établir une similitude de formation entre numismate, numismatiste et diplomate, diplomatiste? Ils ont perdu de vue que la création du mot diplomatiste, omis à tort, ce nous semble, par l'Académie, était forcément nécessaire, puisqu'il fallait deux mots différents, dérivés l'un de diplomatie, l'autre de diplomatique, pour désigner deux personnages bien différents, à savoir le diplomate, le Talleyrand au petit pied, qui s'essaye souvent à brouiller, à confondre des documents fort clairs, à faire prendre le change sur leur véritable signification (*), tandis

(') « Le mot de numismate, dit-il, est tombé en désuétude; depuis quelques années, on a adopté, pour le remplacer, celui de numismatiste; et l'Académie a donné sa sanction à cette désinence, plus conforme aux règles de l'analogie en effet, celui qui étudie la diplomatique s'appelle diplomatiste, et non diplomate; pour continuer à dire numismate, il eût fallu substituer numismatie à numismatique; cette innovation proposée par quelques personnes a été généralement repoussée. On qualifie donc aujourd'hui du nom de numismatistes tous ceux qui s'adonnent à la numismatique, soit comme écrivains, soit comme collecteurs. » Dictionnaire de la conversation, Paris, 1837, t. XL, p. 328.

(2)

Diruit, ædificat, mutat quadrata rotundis.
HORAT., Epist., I, 1, 400.

que l'honnête et candide diplomatiste, l'émule de Mabillon, pålit sur des monuments paléographiques, sur de vieilles chartres qu'il déchiffre consciencieusement, et qu'il s'estime heureux, dans l'intérêt de la vérité historique, d'exhumer de la poussière des archives et de rendre intacts et sans falsification à la lumière.

Il n'en est pas ainsi du mot numismate qui ne prête à aucune étrange confusion: il suffit à toutes les exigences, puisque tous ceux qui se livrent, Monsieur le Président, à votre science favorite, ne forment qu'une seule phalange, un seul corps, une seule république cosmopolite, dont les membres ne se bifurquent pas, où les rangs n'ont pas besoin d'être dédoublés comme ceux des diplomates et des diplomatistes.

En parcourant la curieuse publication intitulée : Autographes de savants et d'artistes, de connus et d'inconnus, de vivants et de morts, mis aux vents par François GRILLE, Paris, 1853, j'y ai trouvé, dans une correspondance entre le spirituel Dumersan et le judicieux Grille, quelques lignes relatives à cette controverse grammaticale. Il n'est pas inutile de les transcrire ici. Dumersan écrit à Grille, le 26 décembre 1842 (t. II, p. 151): « Permettez-moi de vous dire, à propos du mot numismate, que nous disons numismatiste, comme Visconti, Millin, Dacier; et ce, parce que nous tirons notre analogie du mot diplomatiste. Le diplomate est celui qui s'occupe de la diplomatie, et l'autre celui qui s'occupe de la diplomatique, comme nous explorons la numismatique. Pardon de cette digression pédantesque.» Grille lui répond le 2 janvier suivant (ibid., p. 156) « Je dirai donc numismatiste, puisque le veulent

་་

les maîtres, mais, témoin d'une querelle déjà qui avait eu lieu à Blois, sur cette matière, j'étais resté fidèle à numismate, comme plus court, plus harmonieux, me semblait-t-il, et se faisant suffisamment comprendre. Les longs mots, comme les longs ouvrages, me font peur. Enfin, Vous l'exigez. Vous citez la règle incarnée des Visconti, Millin et autres, et je cède, mais non pas sans regret. »

Pour me résumer, je resterai, comme le fut longtemps l'excellent M. Grille, fidèle à numismate, que, nonobstant clameur de haro, chartre normande, etc., je garderai avec l'Académie et la Direction de la Revue de la Numismatique belge (1). Je me trouve ainsi en fort bonne compagnie, puisque vous en faites partie, mon cher Président, vous et vos honorables collaborateurs.

Veuillez me permettre, en vous adressant ce rogaton, de vous renouveler, cher Président et docte académicien, l'assurance de mon ancien attachement.

CH. DE CHÊNEDOLLÉ.

Bruxelles, le 15 août 1859.

(') V. sa note, t. III, première série, p. 450.

MÉLANGES.

Notizie peregrine di numismatica e d'archeologia pubblicate per cura di F. SCHWEITZER. Decade quarta. Trieste. Tipografia G. Stallecker, 1859. In-8°, 92 pages et 3 planches.

Cette quatrième décade, toujours imprimée, comme ses ainées, à cinquante exemplaires, senza firma o numero, commence par une épître de l'auteur : « ai miei cinquanta lettori.» Cette fois, les dix articles dont elle se compose, sont tous de M. F. Schweitzer lui-même. En voici la nomenclature:

1° Un double denier de Thomas, roi de Bosnie.

2° Sur l'imitation des florins d'or de Florence.

5o Un quattrino, au type vénitien, de Victor-Amédée, duc de Savoie.

4° Sur les monnaies frappées à Spalato, avant la domination des Vénitiens.

5° Un denier du pape Boniface VIII (1294-1303) avec légendes en langue provençale.

6 Liste des ateliers monétaires d'Italie. Rectifications.

7° Double sequin de François II Sforze, duc de Milan (1521-1535).

8° Denier de Hugues, roi d'Italie, avec son fils Lothaire, frappé à Pavie (931-950).

9° Denier de Bérenger II, roi d'Italie, et de son fils Adalbert, frappé à Milan (950-961).

10° Doppia d'or, de Bologne, au nom du pape Innocent IX (1591).

C'est la seule monnaie qu'on connaisse de ce pontife. La planche l'indique, par erreur, comme étant une monnaie d'argent (AR).

Un appendice termine cette brochure, et consiste en six lettres inédites de divers personnages célèbres.

R. CH.

Le n° 1 de la Revue numismatique française, de 1859, se compose des mémoires et articles suivants :

1° Monnaies grecques portant pour type une lettre ou un monogramme, par M. L. MÜLLER, inspecteur du cabinet royal des médailles à Copenhague, 39 pages et une planche.

2o Lettre, etc., sur quelques médailles trouvées en Crimée, par M. G. ROBERT, 8 pages et deux vignettes.

3o Note sur les monnaies de Boulogne au nom d'Eustache, par M. L. DESCHAMPS DE PAS. 12 pages et 2 vignettes. 4° Chronique. Notice sur la vie et les ouvrages de M. de Pétigny, par M. L. DE LA SAUSSAYE, 20 pages. Découverte de médailles romaines; une page.

[ocr errors]

Cette découverte consiste en deniers d'argent, depuis Antonin jusqu'à Postume. Elle a été faite au mois d'août 1858, à Maconcourt, arrondissement de Neufchâteau, département des Vosges.

Je SÉRIE.

TOME U.

26

« VorigeDoorgaan »