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portant que les restes de ce pontife, emmené prisonnier jusqu'à Valence par ordre des quinquemvirs, seroient inhumés avec les honneurs dûs à son rang et à ses hautes vertus. Les émigrés, que la crainte seule de la hache révolutionnaire avoit forcés de quitter leur patrie; les prêtres qui avoient préféré vivre exilés loin de leur pénates à trahir leurs consciences, sont rappelés. Non content de ces actes de bienfaisance et de justice, le gouvernement s'occupe du projet le plus utile à la prospérité nationale et au repos des familles, celui de faire cesser le fléau de là guerre. Une lettre est adressée à cet effet par le prémier consul au, roi d'Angleterre, qui, par l'organe du lord Grenville, fait une réponse pleine de cette politique astucieuse qui caractérise le cabinet de Saint-James, mais à travers laquelle on voit percer le desir de continuer à affoiblir la France, pour pro fiter, s'il est possible, de ses dépouilles.

Forcés de tirer encore une fois le glaive, les Français se disposent à réparer d'une manière éclatante les pertes qu'ils ont éprouvées l'année précédente, et le gouvernement forme à Dijon une armée de réserve de 60,000 hommes.

Quelque temps après, M. Murray, ministre plénipotentiaire des Etats-Unis d'Amériqué, se réunit à Paris aux ministres Ellsworth et Davie, à l'effet de renouer les anciennes liaisons entre les deux Républiques, conférences qui ont été couronnées par un heureux succès; Joseph Bonaparte, frère du premier consul, avec deux conseillers d'Etat chargés de cette négociation, ayant signé, le 9 vendémiaire an IX, une convention nouvelle entre les Etats-Unis et la France.ne

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Cependant les préparatifs pour forcer l'ennemi à la paix, sont achevés. Le 15 floréal, la campagne s'ouvre sous d'heureux auspices: l'armée du Rhin, commandée par le général Moreau, poursuit l'ennemi dans les gorges de la Souabe, et après lui avoir fait 7,000 prisonniers, elle prend des positions formidables sur les bords du lac de Constance.

Ce même jour, le premier consul part pour l'armée de réserve. A peine arrivé à Dijon, il la passe en revue, dirige avec elle ses pas vers la Suisse, et se prépare à passer le mont Saint-Bernard. En vain les obstacles se présentent en foule; il sait les surmonter, Tout ce que l'industrie peut imaginer, tout ce que la force peut exécuter, est employé pour hisser l'artillerie que les chevaux ne peuvent traîner. Aussi, artillerie, munitions, bagage, tout est bientôt en haut, et Bonaparte va fondre sur l'Italie. La prise d'Aoste et du fort de Bard, signalent les premiers pas de son armée. Yvrée, Suse, Chivano, Verceil, Masserano, et sur-tout Milan, rentrent au pouvoir des Français; le passage du Tesin s'effectue sous la mitraille de l'ennemi avec le même courage que celui du Pô, et la République Cisalpine est rétablie. D'un autre côté, après avoir battu les Autrichiens dans les environs de Biberac, et forcé le général Kray jusque dans Ulm, les généraux Moreau et Lecourbe les défont encore à Moëskirch; ils entrent dans Ausbourg après avoir forcé les troupes allemandes, commandées par le comte de Merfeld, à passer le Lech. Dans le même temps, l'armée de réserve, commandée par le premier consul, s'avance à grands pas dans le comté de Nice, et gagne la bataille de Montebello. L'ennemi passe la Bormida sur trois points, surprend l'avantgarde des Français, et commence avec impétuosité la bataille à jamais mémorable, connue sous le nom de Marengo. Cent pièces de canon chargées à mitraille vomissent la mort dans les rangs des Français. Quatre fois ils sont repoussés, et quatre fois ils reviennent à la charge. Plus de soixante pièces de canon sont de part et d'autre prises et reprises. Vers le milieu du jour, 10,000 hommes d'infanterie autrichienne, soutenus par une ligne de cavalerie et une artillerie formidable, attaquent la droite des Français dans la plaine de Saint-Julien. Les grenadiers de la garde du premier consul, au milieu de cette plaine immense, résistent aux efforts des ennemis: mais leur cavalerie faisant un nouveau mouvement sur la

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droite des Français, déjà ébranlée, la force à la retraite. L'ennemi profite de ce nouvel avantage, et redouble son feu en s'avançant sur toute la ligne. L'armée française paroît céder; Mélas, général en chef de l'armée ennemie, croit sa victoire complète; il se hâte d'en publier la nouvelle dans les différentes places d'Italie occupées par les Autrichiens; mais ses couriers sont à peine partis, que Bonaparte ralliant ses soldats, leur dit : « Enfans, rappelez-vous que j'ai >> l'habitude de coucher sur le champ de bataille». Sa présence et sa voix raniment le courage des soldats'; ils jurent de périr ou de vaincre. La garde consulaire fait des prodiges de valeur. Cependant la victoire paroîtencore indécise. Alors le général Desaix, que nous avions laissé en Egypte avec le citoyen Poussielgue, occupé à traiter de l'évacuation de ce pays, Desaix qui, après diverses aventures qu'il seroit trop long de raconter, étoit revenu en France par suite d'un traité particulier et muni des passe-ports du grand-visir, le brave Desaix arrive avec sa division, et marche au pas de charge contre l'ennemi. Deux fois il est repoussé; son cheval est taě sous lui. Il entame, pour la troisième fois, les bataillons ennemis, et les culbute avec le courage qui le caractérise. Mais tandis qu'il n'est Occupé qu'à soutenir l'honneur du nom français, une balle l'atteint; il tombe, et n'exprime en mourant d'autres regrets, que de n'avoir pas assez fait pour da postérité.imone

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Il falloit cependant encore un dernier effort pour mettre l'ennemi en pleine déroute; il vint du général Kellermann, qui avec sa cavalerie, occupée jusqu'à ce moment à protéger la retraite de la gauche de l'armée, reprend l'offensive, charge la cavalerie ennemie avec autant d'activité que de valeur. Les Français vainqueurs poursuivent les Autrichiens à toute outrance, et en font un massacre terrible. Mélas effrayé de la défaite de son armée, envoie dire à Bonaparte de faire cesser le carnage, et qu'il consent à tout. Il consent en effet à un armistice jusqu'au retour d'un courier envoyé à Vienne; mais il est

convenu que quelle que soit la réponse de l'empereur, les hostilités de part et d'autre ne pourront recommencer qu'après s'être prévenu réciproquement dix jours d'avance: et pour garantie de cette capitulation signée entre les généraux Mélas et Berthier, le premier consul fait remettre aux Français les places de Tortone, Alexandrie, Turin, Milan, Pizzightone, Arena, Plaisance, Coni, Ceva, Savonne, le fort Urbin et la ville de Gênes.

Tel fut le résultat de cette bataille livrée le 25 prairial an 8.

Ce même jour, tandis que les Français ne goûtaient qu'à demi le succès d'une victoire aussi éclatante par le regret que leur causoit la mort de Desaix, ils perdoient en Egypte un général non moins digne de leurs larmes. Les Anglais n'ayant pu vaincre par la force des armes Kléber qui avoit toujours et partout battu les Turcs, leurs alliés, employèrent pour s'en défaire le bras d'un vil assassin. Un janissaire fut chargé de ce meurtre horrible et l'exécuta. Le général Menou lui succéda provisoirement dans le commandement général de l'armée d'Orient, commandement dans lequel il a été confirmé depuis par le premier consul.

Le gouvernement français décerne à la mémoire de ces deux généraux un monument à la place des Victoires, à Paris, dont le premier consul posa la première pierre à la fin de cette année.

Tandis que les vainqueurs de Marengo se reposent à l'ombre de leurs lauriers, ceux de Moëskirch en cueillent de nouveaux le 1er messidor, sur les bords du Danube. Lecourbe pousse l'ennemi avec vivacité, et le met dans la déroute la plus complète. Cette victoire, remportée près d'Hochestet, vengea les Français de la défaite qu'ils essuyèrent au même endroit en 1704, mais elle coûta la vie à un guerrier modeste autant que brave, et qui, bien que d'un nom à parvenir aux plus hauts emplois militaires, se contenta toujours du simple grade de capitaine des grenadiers. La Tour-d'Auvergne, descendant de Turenne, ho

noré par les soldats même du titre de premier gre nadier de France, arrosa de son sang les champs de la Bavière qui avoient vu périr son illustre aïeul, environ cent ans auparavant.

Ce fut à la suite de cette victoire qu'il fut conclu le 26 du même mois, entre Moreau et le comte de Dietrichsteinn, pour l'empereur d'Allemagne, un armistice semblable à-peu-près à celui convenu en Italie.

Le 15 du mois suivant, le général Vaubois, commandant à Malte pour les Français, après avoir longtemps bravé, avec sa garnison, les horreurs de la plus cruelle famine, est obligé de capituler et de rendre la place aux Anglais, ainsi que nous le dirons d'une manière plus détaillée dans notre article de l'Italie.

Cependant on avoit lieu de croire que l'empereur n'écoutant plus enfin que ses véritables intérêts, ne sacrifieroit plus le sang de ses peuples à l'orgueil de ses insolens alliés. Des préliminaires de paix signés à Paris entre son plénipotentiaire le comte de SaintJulien et le premier consul de la république, sembloient le présager; mais après avoir long temps tergiversé, après avoir mis les Français le 14 fructidor dans le cas de rompre l'armistice dont nous avons parlé précédemment, puis s'être déterminé à se rendre à l'armée, afin de juger par lui-même du véritableétat des choses, après avoir livré aux Français plusieurs places importantes pour garantie de ses intentions de conclure une paix définitive, fasciné de nouveau par l'or de l'Angleterre, et s'étourdissant sur le danger qui menace sa ville capitale, il force encore une fois au commencement de cette année les Français à reprendre les armes.

La campagne s'ouvre en frimaire par la fameuse bataille de Hohenlinden, où les Autrichiens sont complètement battus. Ce premier succès fut décisif. Dans 20 jours go lieues de terrein sont conquises. Les formidables lignes de l'Inn et de la Saltza, la Traunn et l'Ens sont franchis; plus de 40,000 ennemis tombent sous les coups des Français ou leur rendent les armes, 147 pièces d'artillerie de campagne,

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