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nairement les plus malheureux: car ces princes, affectant la grandeur et la magnificence de ceux qui ont plus de moyens qu'eux, dans le nombre et l'apparence de leurs officiers et de leurs domestiques, dans leurs palais, leurs jardins, leurs tableaux, leurs curiosités, leur garde, leur musique, leur table, leur habillement et leurs meubles, sont obligés de soutenir toute cette parade et cette vaine pompe, aux dépens de leurs vassaux et de leurs dépendans. Quant aux bourgeois et paysans d'Allemagne, les premiers, dans plusieurs endroits, jouissent de grands priviléges les derniers en ont aussi dans quelques provinces, telles que la Franconie, la Souabe et le Rhin, où ils sont libres, ne rendent que de certains services à leurs supérieurs, et payent des impôts; au lieu que dans le marquisat de Brandebourg, dans la Poméranie, la Lusace, la Moravie, la Bohème, l'Autri che, etc., ils peuvent à juste titre être appelés esclaves, quoiqu'il y ait différentes nuances.

Quelques maisons souveraines de l'Allemagne se partagent leurs domaines jusqu'à l'infini. De la cette innombrable foule de princes qui ont à peine quelques villages et un vieux château pour toute possession. Dans d'autres maisons il n'y a qu'une branche souveraine et héréditaire; les autres ont un apanage en terres ou argent. C'est ici le lieu d'expliquer ce que veut dire la pragmatique sanction. Ce n'est autre chose qu'une provision faite par l'empereur Charles VI, pour conserver l'indivisibilité des Etats Autrichiens, dans la personne du plus proche héritier mâle ou femelle. Cette mesure, d'abord garantie par toutes les puissances de l'Europe, fut ensuite attaquée par la France, la Prusse, etc. Cependant elle eut son exécution presque entière; Parme et la Silésie furent les seules provinces que Marie Thérèse perdit. Il y a beaucoup d'autres conventions entre les maisons souveraines de l'Allemagne, relativement aux successions éventuelles ; mais les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas d'entrer dans de plus grands détails.

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Forces et revenus. Si l'empereur du Saint Empire Romain n'étoit qu'empereur, il feroit une triste figure. Voilà à quoi se réduisent ses revenus impé

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Cependant, il y a encore quelques revenus accidentels, comme l'investiture les fiefs, les amendes infligées par les tribunaux de l'empire, etc. etc., qui sont versés à la chancellerie impériale. Le tout ne monte pas à 100,000 florins par an. Vers la fin du douzième siècle, les revenus de l'empereur montoient jusqu'à 6,000,000 d'écus; il tiroit plus de 50,000 marcs d'argent seulement de l'Italie.

Mais les pays héréditaires de l'Autriche forment à eux seuls un des plus beaux Etats de l'Europe. Nous ne pouvons indiquer séparément les revenus et les forces militaires de ces Etats, mais on estime que toute la monarchie autrichienne rapporte ordinairement par an 100,000,000 (1) de florins de Vienne, à 2 francs 65 centimes, ce qui fait 265,000,000 de France. L'ar mée peut être portée jusqu'à 300,000 hommes ; quand on considère que de 30,000 lieues carrées et 25,000,000 d'habitans, que l'on donne à toute cette monarchie, 9,000,000 d'ames et 10,000 lieues carrées appartiennent aux Etats Allemands, on seroit tenté de regarder ces Etats comme ne faisant sous tous les rapports qu'un tiers de la monarchie entière. Mais les Etats Allemands de l'Autriche sont beaucoup plus imposés que la Hongrie et les deux Gallicies. Quelques auteurs croient

(1) Crome, dans sa Statistique, publiée en 1794, porte le revenu des Etats Autrichiens, à 91 millions de guldens, environ 182 millions de France, ce qui est trop peu, selon nous, et sa population à 25 millions d'individus.

même que l'Autriche tire la moitié de ses revenus des Etats Allemands. La meilleure partie de l'infanterie autrichienne est fournie par ces provinces ; les tirailleurs du Tyrol sont renommés. D'ailleurs la position de ces provinces est très-avantageuse sous le point de vue militaire. La Bohême et le Tyrol, avec leurs montagnes et forteresses, forment exactement deux bastions, liés ensemble par la ligne d'Inn comme par une courtine. Il ne manque qu'une place forte entre Braunau et Kufstein, pour rendre cette frontière presque inexpugnable. Aussi c'est par ce vide qu'a pénétré le général Moreau dans son immortelle campagne de la paix, Observons encore que ces deux bastions de la monarchie autrichienne sont très bien-flanqués, l'un par les forteresses et montagnes de la Moravie et de la Silésie Autrichienne, l'autre par les fleuves du territoire vénitien. Les finances de l'Autriche sont, après 14 ans de guerre, dans un état d'épuisement total. Les dettes montent à 600,000,000 de florins. Mais l'Autriche a assez de forces pour se relever, et en peu d'années, elle ne se ressentira plus de ses pertes.

La monarchie prussienne tire la plus grande partie de ses revenus et de ses forces de l'Allemagne. L'électorat de Brandebourg, la Pomeranie, les provinces de Westphalie, de Basse - Saxe et de Franconie, avec la Silésie Prussienne, ont plus de 4,600,000 ames, et donnent au moins 16,000,000 d'écus de Prusse (64,000,000 de francs), tandis que le royaume de Prusse, qui dans son étendue actuelle ne compte que 3,500,000 habitans, ne donne que 12 à 13,000,000 d'écus, ou 48 à 52,000,000 de francs.

La monarchie Prussienne n'a point ces richesses territoriales, ces frontières avantageuses qui sont les bases de la grandeur autrichienne. Si l'on excepte la Silésie, les Etats Prussiens sont ouverts, sans montagnes, sans forteresses suffisantes. La frontière contre la Russie et la Pologne Autrichienne n'a pour toute défense que la Vistule; vers l'Ouest, Wesel,

Magdebourg, Minden sont bien des places très-fortes, mais à une trop grande distance l'une de l'autre. Cependant, malgré son mauvais arrondissement, malgré sa population médiocre, la Prusse soutient un rang distingué parmi les grandes puissances, à cause de son systême militaire le plus parfait qu'on connoît en Europe. La foiblesse de ses voisins vers l'O. la sert encore merveilleusement. Mais, quoique l'armée prussienne soit à présent de 250,000 hommes, et supérieure en discipline et tactique à celle de l'Autriche, il est néanmoins vrai, que la puissance Prussienne n'est que factice, et qu'elle dépend presque totalement des circonstances et du génie de ses rois. Les finances de la Prusse étoient dans un état brillant à la mort du grand Frédéric, qui laissa après lui un trésor de 120 millions de France. Mais son successeur dissipa tout. Le roi régnant a rétabli l'ordre.

L'électeur de Saxe occupe la troisième place parmi les puissances Allemandes. Ses revenus sont estimés à 7 millions d'écus de Saxe (28,000,000 de fr.), et ses forces militaires à 36,000 hommes. Les troupes Saxonnes sont braves et bien disciplinées. Le pays est bien arrondi, mais en grande partie plat et sans forteresses importantes. L'électeur est, par sa position, dans une dépendance éternelle du roi de Prusse, dont les Etats à présent entourent la Saxe de trois côtés. Les affaires intérieures, le commerce et les finances sont dans un état florissant,

L'électeur Palatin de Bavière seroit aussi puissant que celui de Saxe, si ses Etats n'étoient pas en partie disséminés, et en partie dominés par les frontières autrichiennes, qui les prennent en flanc. D'ailleurs, il n'y avoit, avant le règne actuel, aucun ordre ni dans le militaire, ni dans les autres branches de l'administration. L'armée doit être de 30 à 40,000 hommes; ces troupes sont braves, mais mal organisées. Les revenus sont estimés à 9 millions florins de l'empire, ou 19,800,000 fr. Mais il en a perdu au moins 4,000,000 par la cession de la rive gauche du Rhin. La dette de l'Etat est de 80,000,000 de fr.

Les électeurs de Saxe et de Bavière ont chacun 2 millions de sujets, et des pays égaux en fertilité. Mais la disproportion des revenus ne provient que de la différence de l'administration.

Quoique l'existence politique de l'électorat d'Hanovre soit incertaine (1), nous le placerons provisoirement au cinquième rang. Sa force armée est de 21,000 hommes; ce sont des troupes excellentes. Les revenus forment un produit annuel de 14,000,000 de fr., dont 2,000,000 étoient envoyés en Angleterre à la disposition personnelle du roi.

Le landgrave de Hesse-Cassel a cinq fois moins de sujets que la Saxe et son pays est peu fertile; cependant il sait faire monter ses revenus à 9,000,000 defr., et son armée est de 12,000 hommes. Mais aussi l'agriculture, les fabriques et le commerce s'en ressentent. On dit que le landgrave a de grands capitaux placés

à intérêt.

Les ducs de Wurtemberg et de Brunswick, et le landgrave de Hesse-Darmstadt figurent encore parmi les puissances militaires de l'Allemagne.Wurtemberg est estimé à 5,280,000 fr., et son militaire est de 6,000 hommes. Hesse-Darmstadt avoit 4,800,000 fr. de revenus et 6,000 soldats, mais il a perdu encore plus que Wurtemberg. Brunswick doit avoir un revenu de 4,000,000 de fr., et 5,500 hommes.

Les troupes de Brunswick et de Hesse-Cassel sont comptées parmi les meilleures de l'Allemagne; celles de Wurtemberg et de Darmstadt ont moins de renommée. La position géographique de ces quatre princes, les passages et places fortes de leurs Etats, les rendent importans. Le duc deBrunswick fait tous ses efforts pour mettre les finances de son pays en bon

état.

Nous nommerons encore quelques princes plus remarquables par leurs revenus, leur position, l'éclat de leurs maisons, que par le peu de poids qu'ils ont

(1) Le roi de Prusse vient de s'en emparer, d'après la déclaration de guerre de l'Angleterre à toutes les puissances du Nord. Géogr. univ. Tome III.

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