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après, ils s'emparèrent eux-mêmes de la Prusse, et devinrent un des plus puissans ordres de l'Europe. L'ordre s'étant ensuite divisé, ses querelles lui firent perdre sa puissance et ses possessions; et Albert, marquis de Brandebourg, grand-maître de l'ordre, en abjurant la religion catholique, abdiqua la place de grand-maître, subjugua la Prusse, et en chassa tous les catholiques romains qui ne suivirent pas son exemple. L'ordre est maintenant divisé en deux branches.

Dans la description que nous avons donnée des Pays-Bas, nous n'avons pas fait mention de la branche protestante, qui avoit une maison à Utrecht; celle des catholiques a une maison à Mergentheim, en Allemagne, et ses membres doivent faire voeu de célibat. Le signe que porte cette branche est suspendu à une chaîne d'or, qui se met autour du

cou.

L'époque de l'institution de l'ordre de l'Aigle rouge est incertaine. Le margrave de Bareuth en est souverain. Il s'accorde ordinairement aux officiers géné

raux.

En 1690, Jean-Georges, électeur de Saxe, et Frédéric III, électeur de Brandebourg, en terminant leurs querelles, établirent l'ordre de la Sincérité, comme garantie de leur amitié future. Les chevaliers de cet ordre portent un bracelet d'or; d'un côté sont les noms des deux princes, avec cette devise: Amitié sincère; de l'autre, sont deux mains armées jointes ensemble, et placées sur deux épées, avec deux branches de palmier en travers, et cette devise: Unis pour jamais.

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Jean-Georges, duc de Saxe-Weissenfels, institua l'ordre de la noble Passion, en 1704, dont le duc est souverain. Chaque chevalier de l'ordre doit contribuer à l'entretien des soldats blessés, ou qui ont vieilli au service du prince.

En 1709, Louise-Elisabeth, veuve de Philippe, duc de Saxe-Mersebourg, fit renaître l'ordre de la téte de Mort, originairement institué, en 1652, par son

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père, le duc de Wurtemberg. Il n'y a qu'une princesse de cette maison qui puisse en être souveraine, et l'on n'y admet que des femmes vertueuses et de mérite, sans avoir égard à la naissance ou à la fortune. Il faut qu'elles renoncent au jeu, au spectacle et au luxe de tout genre. Le symbole de l'ordre est une tête de mort émaillée en blanc, surmontée d'une croix pattée noire; au-dessus de la croix pattée, est une autre croix composée de cinq diamans, par-lesquels elle est suspendue à un ruban noir, bordé de blanc, et sur le ruban on lit ces paroles: Memento mori. Elle se porte sur la poitrine.

Le grand ordre de Wurtemberg est celui de la Chasse, institué en 1702, par le duc d'alors, et amélioré en 1719. Du côté gauche de l'habit est une étoile brodée en argent, de la même forme que l'emblême, au milieu d'un cercle verd, avec cette devise: Amicitiæ virtutisque foedus. La fête de cet ordre arrive le jour de Saint-Hubert, qui est le patron des chas

seurs.

En 1709, l'électeur Palatin fit revivre l'ordre de Saint-Hubert, originairement institué par un duc de Juliers et de Clèves, en mémoire d'une victoire qu'il avoit remportée ce jour-là, l'an 1447. Tous les chevaliers ont des emplois militaires ou des pen

sions.

L'archevêque de Salzbourg institua, en 1701, l'ordre de Saint-Rupert, en l'honneur du fondateur et du patron du siége qu'il occupoit, et de l'apôtre de son pays. Comme l'archevêque est le prince le plus riche et le plus puissant de Bavière, après l'électeur, son ordre est estimé.

En 1729, Albert, électeur de Bavière, institua l'ordre de Saint-Georges, défenseur de l'Immaculée Conception, dont les chevaliers sont obligés de donner des preuves de noblesse du côté paternel et maternel, depuis cinq générations.

L'ordre du Lion d'or, fondé par le présent landgrave de Hesse-Cassel, est tout à-la-fois un ordre civil et militaire; mais il est plus généralement ac

cordé aux officiers généraux. Le landgrave actuel a aussi institué l'ordre militaire du Mérite, dont l'emblême est une croix d'or à huit pointes, émaillée en blanc, et au milieu est cette devise: pro virtute et fidelitate: on la porte à la boutonnière, avec un ruban bleu bordé d'argent.

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Histoire. Les mœurs des anciens Germains sont bien décrites par la plume élégante et mâle de l'historien romain Tacite. C'étoit une race d'hommes braves et indépendans, et particulièrement remarquables par leur amour de la liberté; ils résistèrent aux forces de l'empire Romain, non pas dans son origine ou sur son déclin, mais lorsqu'il fut parvenu à sa splendeuret qu'il étoit dans toute sa vigueur. Le nom de Hermann, ou Arminius, fit trembler Auguste dans son palais. La terrible bataille dans laquelle ce héros tailla en pièces trois légions romaines, commandées par Varrus, mit fin à l'influence et au pouvoir des Romains dans la Germanie. Le fruit des victoires de César, de l'expédition brillante du jeune Drusus, des artifices plus efficaces de Tibère, fut perdu pour toujours. Depuis cette époque nous voyons les Germains braver la puissance des Romains, et très-souvent les forcer à des tributs honteux. Pour voiler la honte de ne pas avoir pu conquérir la véritable Germanie, les Romains en donnèrent le nom à la rive gauche, qui plutôt étoit une partie des Gaules. La grande Germanie d'OutreRhin étoit divisée en un grand nombre de principautés, indépendantes les unes des autres, quoiqu'elles réunissoient occasionnellement leurs armées contre les ennemis qui en vouloient à leur liberté. La naissance donnoit la place de roi, la valeur celle de duc ou chef de l'armée. Les rois n'avoient qu'un pouvoir très-borné. Les ducs ou her-tog (de heer, armée et tog, à présent zug, marche, expédition), ne furent nommés que pour une guerre. Tout se décidoit dans l'assemblée générale de la nation, qui n'étoit composée que des citoyens libres et en état de porter les armes. Les Suèves qui alors habitoient la Bohême

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les Bojes, les Cattes, les Chérusques (1), sont les peuples les plus connus dans les premiers siècles après Jésus-Christ; mais bientôt ces dénominations qui en partie ne paroissent avoir été que celles de tribus, font place aux noms de Saxons qui habitoient entre l'Elbe et le Weser; de Frisons, qui occupoient les côtes du N. O. de Francs, dénomination prise vers l'an 240 par les peuples libres (Francs), depuis la Lippe, en Westphalie, jusqu'au Mein; de Thuringiens, de Bavarois, de Souabiens, qui peut- étre descendent des Suèves. En même temps les Slaves et les Wendes, peuples de la Sarmatie ou de la Scythie, occupèrent les bords de la Baltique et les pays vers les sources de l'Elbe et de l'Oder; ces peuples paroissent s'être livrés au commerce, à l'agriculture et au luxe, long-temps avant les nations allemandes. Parmi celles-ci, les Saxons seuls conservèrent léur ancienne forme de gouvernement; chez les Thuringiens, les Allemands et les Francs, le pouvoir monarchique s'accrut considérablement. Les Francs, en pénétrant dans la Gaule, en fondant la monarchie française, devinrent enfin l'instrument dont le destin se servit pour asservir la Germanie. Au commencement du neuvième siècle, Charlemagne, l'un de ces génies rares et supérieurs qui paroissent au milieu d'un siècle barbare, étendit d'abord son pouvoir militaire et ensuite son autorité civile sur la totalité de ces provinces. L'empire d'Allemagne fut héréditaire dans sa famille jusqu'à la mort de Louis III, l'an g11, époque où les différens princes, reprenant leur indépendance originaire, rejetèrent la race des Carlovingiens, pour placer sur le trône Conrad, duc de Franconie. Depuis ce temps, l'Allemagne a toujours été regardée comme un Empire électif. Des princes de différentes maisons, selon leur influence, ou la prépondérance de leurs armes, ont successivement monté sur

(1) Voyez, pour plus grands détails, le Traité de Géographie comparée à la fin du tome vi, et les cartes anciennes à la fin de l'atlas.

le trône. Les plus considérables de ces maisons, avant que la maison d'Autriche eût obtenu le sceptre impérial, furent celles de Saxe, de Franconie et de Souabe. Les règnes de ces empereurs ne contiennent rien de plus remarquable que leurs querelles avec les papes. C'est de-là qu'au commencement du treizième siècle naquirent les factions des Guelfes et des Gibelins, dont les premiers étoient partisans du pape et les derniers de l'empereur, et dont la violence et la haine invétérée troublèrent l'Empire pendant plusieurs siècles. Les papes connoissant la bravoure et les dissensions intestines des Allemands, avoient résolu d'en faire l'instrument aveugle de l'asservissement de l'Europe. Ils prétendirent que l'empereur devoit se faire couronner par eux, et que Henri II avoit prêté serment de fidélité et soumission. Ils se fâchoient quand l'empereur ne tenoit pour eux que la bride du cheval; c'étoit l'étrier que le chef d'une grande nation devoit leur tenir. Ils allèrent jusqu'à déposer celui qui de droit étoit leur souverain; ils armèrent Henri v contre son père et excitèrent les princes à la révolte. Plus d'un empereur fut forcé de s'humilier devant ces despotes spirituels. Henri IV reçut en habit de pénitent, les pieds nus, d'abord son absolution, et ensuite comme un don généreux sa couronne de la main du pape, qui ensuite la lui ravit, et qui même pendant cinq ans empêcha que le corps de ce rebelle à l'église ne pût être enterré. Othon 1er ayant, en 962, réuni l'Italie à l'Empire d'Allemagne, obtint un décret du clergé qui lui accordoit, à lui et à ses successeurs, le pouvoir de nommer le pape, et de donner des évêchés. Henri v, prince foible et méchant, renonça, en 1122, au droit d'investiture et aux autres pouvoirs, à la honte de la dignité impériale; mais le pape Benoît XII, ayant refusé l'absolution à Louis v de Bavière, en 1338, il fut déclaré, dans la diète de l'Empire, que la majorité des suffrages du collége électoral donneroit l'Empire, sans le consentement du pape; que ce derpier n'étoit pas au-dessus de l'empereur, et qu'il

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