Loudun, ville ancienne à 12 lieues N. O. de Poitiers, famense par la prétendue possession des religieuses Ursulines qui y étoient, et par la mort cruelle d'Urbain Grandier, curé de cette ville, qui fut accusé par le cardinal de Richelieu, qui vouloit s'en défaire, de les avoir ensorcelées. Ses productions et son commerce consistent en grains, vins blancs, eaux-de-vie, chanvres, lins, huiles de noix, chénevis, cire, miel, plumes, et prunes de Sainte-Catherine. Elle fabrique des serges, des étamines, des dentelles et des draps.

Montmorillon, petite ville sur la Gartempe, à 10 lieues S. E. de Poitiers, dans laquelle on trouve les restes d'un temple de Druides, qu'on croit avoir été consacré à la lune. De Montfaucon l'a fait graver dans ses antiquités..

MARCHE. Cette province au S. du Berri, et à l'E. du Poitou, comprend le département de la Creuse et la majeure partie de celui de la Haute-Vienne. Elle est arrosée par la Vienne, la Creuse et la Gartempe, qui y prennent leurs sources. On la divisoit en Haute et Basse. Après avoir eu ses comtes souverains, elle passa successivement à Philippe-leBel, à Louis de Bourbon, petit-fils de Saint-Louis, à l'ancienne maison d'Armagnac, et à celle de Bourbon-Montpensier; et, après la mort de Louise de Savoie en 1531, François 1, son fils, la réunit à la couronne. Elle est peu fertile en blé; mais le seigle et l'avoine y viennent assez bien, et elle a de bons pâturages.

CREUSE. Ce département, au S. de ceux de l'Indre et du Cher, est à l'E. de celui de la Haute-Vienne. Il prend son nom d'une rivière qui y a sa source, et qui, le traversant du S. E. au N. O., va se jeter dans la Vienne. Les terres n'en sont pas extrêmement fertiles; ce qui y croît le plus abondamment, c'est l'avoine et le seigle: on y trouve aussi de bons pâturages.

GUERET, chef-lieu, auparavant capitale de la HauteMarche, à 79 lieues S. de Paris, et à 14 lieues N. E. de Limoges. C'est la patrie d'Antoine Varillas, historien réputé plus élégant que fidèle.

Aubussson, sur la Creuse, à 6 lieues S. E. de Gueret, est dans un fond bordé de rochers et de montagnes qui en rendent l'aspect fort pittoresque. Louis xtv donna cette ville et quelques châtellenies voisines au duc de la Feuillade en échange de Saint-Cyr ; et ce seigneur lui en témoigna sa reconnoissance en ornant la place des Victoires à Paris. Aubusson a une manufacture de tapisseries en haute et basselice, de tapis ras et veloutés façon de Turquie. Ces tapisseries

sont très-estimées; elles se font en soie, laine, coton et fil dans toutes sortes de proportions. Les tapis ras sont fabriqués tout en laine. Il se fait aussi dans cette ville un commerce considérable de sel.

Bourganeuf, petite ville sur la Taurion, à 6 lieues S. de Gueret, remarquable par une tour d'une grosseur et d'une élévation prodigieuse, que l'on dit avoir été bâtie par Zizim, frère de Bajazet.

Boussac, petite ville à 6 lieues S. E. de la Châtre, dont le commerce principal consiste en bétail. Elle a un château bâti sur un rocher presque inaccessible.

Evaux, petite ville à 11 lieues E. de Gueret, bâtie sur une hauteur. On trouve dans ses environs des eaux chaudes, et des restes de monumens fort auciens.

Felletin, petite ville à 2 lieues S. d'Aubusson, où l'on fait des draps grossiers, dit draps de Bure, des tapisseries dans le genre commun. Cette manufacture dépend de celle

d'Aubusson.

HAUTE-VIENNE. - Ce département au S. E. de celui de la Vienne, et à l'O. de celui de la Creuse, tire son nom de la Vienne qui le traverse de l'E. à l'O. dans la partie méridionale. Le pays est montagneux, stérile et froid. Il produit beaucoup de châtaignes et de sarrazin, et un peu de seigle; il a des mines d'antimoine très-productives. Les bestiaux et les chevaux font la partie la plus considérable du commerce de ce département, qui fournit des aides-maçons à la plupart des atteliers de Paris et de la République. Aux environs de Saint-Yrieix on a trouvé deux sortes de terres propres à la fabrication de la porcelaine.

LIMOGES, chef-lieu, auparavant capitale du Limosin, sur la Vienne, à 95 lieues S. par O. de Paris, et à 60 lieues N. O. de Bordeaux. Cette ville ancienne et considérable est située en partie dans un vallon, et en partie sur un coteau où les rues sont assez rapides. Les maisons pour la plupart sont bâties en bois ; les plus anciennes, construites en pierre, sont à façades anglaises, et les fenêtres à arcs aigus. Limoges est la patrie du chancelier Daguesseau et de Jean Dorat, L'industrie de cette ville consiste en manufactures de petites étoffes, fabriques de grosses toiles, d'étoffes de laine et de coton, de mouchoirs, de porcelaine, de cloux à chevaux et de cuivre jaune; papeteries, forges, tanneries, blanchisserie de cire. Outre ces objets qui forment, avec les chevaux et les boeufs, la majeure partie de son commerce, on y trouve encore diverses marchandises qui y passent de Toulouse à Paris,

et de Lyon à Bordeaux, et auxquelles cette ville sert d'entrepôt.

Le Dorat, auparavant capitale de la Basse-Marche, près de la Seure, un peu au-dessus de son confluent avec la Gartempe, à 10 lieues N. de Limoges. Cette ville n'a rien de notable, ni par les monumens, ni sous l'aspect du com

merce.

Saint-Léonard, petite ville à 6 lieues N. E. de Limoges, remarquable par ses manufactures de papiers pour l'impression, et connus sous le nom de Limoges, dont il s'en fabrique une quantité immense: la majeure partie se vend à Paris. Elle a des manufactures de gros draps pour les troupes, de ras, d'étamines, de droguets en laine et en fil; des fabriques de parchemins,. d'ouvrages de dinanderie et d'ustensiles de cuisine en cuivre.

Saint-Yrieix, petite ville sur la Loie, à 8 lieues S. de Limoges, commerce en porcelaines, cuirs forts, veaux, bachanvres, bétail et antimoine. Elle a des mines de terre propre à la porcelaine.

sanne,

LIMOSIN. Cette province au S. de la Marche, au N. E. du Poitou, et au N. E. de l'Auvergne, forme le département de la Corrèze et la partie méridionale de celui de la Haute-Vienne. On le divisoit en Haut et Bas. Il fut cédé par Saint-Louis à Henri 111, roi d'Angleterre, ainsi que d'autres provinces limitrophes, à la charge de la foi et hommage comme pour le reste de l'Aquitaine. Par le traité de Bretigny en 1360, la France céda encore à l'Angleterre, non-seulement la propriété, mais la souveraineté de Limoges et de tous les pays voisins entre la Loire et les Pyrénées. Cette puissance n'en jouit pas long-temps, et perdit en particulier le Limosin sous le règne de Charles v; depuis ce temps, il est resté uni au domaine de la couronne. Ce pays est peu fertile en blé; il n'y vient guère que du seigle: on y trouve une grande quantité de châtaigniers dont le peuple tire sa nourriture. Il y a des mines de plomb, de cuivre, d'étain, d'acier et de fer. Le principal commerce consiste en bestiaux et en chevaux.

CORRÈZE.

Ce département au S. de celui de la Creuse, et au S. E. de celui de la Haute-Vienne,est ainsi nommé d'une rivière qui y a sa source vers la frontière septentrionale, le coupe du N. E. au S. O., et, après avoir reçu la Vezère, va se jeter dans la Dordogne. Cette dernière rivière en forme à-peu-près la limite au S. E. Outre différens grains, tels que froment, orge, seigle, le pays produit du chanvre, du viшr,

grande abondance de châtaignes, des truffes, différentes espèces de champignons, et dans les Landes, du genièvre et quelques prairies artificielles.

TULLE, chef-lieu, qui disputoit à la ville de Brives le titre de capitale du Bas-Limosin. Cette ville, située à 113 lieues S. de Paris, et à 15 lieues S. E. de Limoges, est au confluent de la Corrèze et du Solan, dans un pays environné de montagnes et de précipices, et elle est assise en partie sur la pento d'une montagne. Elle doit son établissement à un ancien monastère qui y fut fondé dans le 10° siècle. Elle a été illustrée par Etienne Baluze, qui y naquit en 1630. Cet homme, l'un des plus savans et des plus érudits du 17° siècle, a fait paroître différens ouvrages sur l'histoire ecclésiastique et Ï'histoire civile, en recherchant les anciens manuscrits, et les conférant avec les éditions déjà publiées. La ville de Tulle a plusieurs fabriques d'eau-de-vie, de liqueurs fines, de chocolat, d'huile de noix, de bougies, de drogues simples et composées, qui s'expédient dans toute la France et chez l'étran ger; des filatures et des fabriques de diverses étoffes en laine. Elle étend aussi son commerce sur les fers et sur les cuirs de boeufs et de vaches. Elle renferme une manufacture d'armes à feu, qui occupe 8 à goo ouvriers. Il en sort, outre les armes pour la guerre, des fusils et pistolets bourgeois dont la réputation est répandue chez l'étranger. Dans les environs sont 10 à 12 papeteries, dont les produits passent à Limoges, Lyon et Bordeaux. C'est aussi dans cette ville que se fabrique un réseau de fil de Flandre, connu sous le nom de Point de Tulle,

Brives-la-Gaillarde, à 4 lieues E. de Tulle, dans une plaine fertile et très-agréable, longue d'environ 3 lieues, et visà-vis d'une île formée par la Corrèze, que l'on passe sur deux beaux ponts. Des vallons, plantés de vignes et de châtaigniers, offrent à la proximité de cette ville des points de vue charmans. Les productions de Brives consistent en vins, boeufs, porcs, bois de construction et de merrain, ardoises et huile de noix. Les vins sont, pour la plupart, de bonne qualité. Les plus médiocres sont convertis en eau-de-vie, que l'on envoie à Bordeaux. Une partie des boeufs est engraissée pour l'approvisionnement de Paris. La ville a des manufactures de mouchoirs de soie et de poche, de mousselines, de gazes, de satinets, de silverets et siamoises; elle a aussi des forges et des blanchisseries de cire.

Ussel, petite ville à 12 lieues N. E. de Tulle, commerçante en chanvre, cire, toiles, pelleterie.

Uzerche, petite ville ancienne, à 5 lieues N. O. de Tulle, située sur un rocher escarpé, au bas duquel coule la Vezere.

Turenne, petite ville à 4 lieues N. E. de Sarlat, autrefois capitale du vicomté de Turenné, que le duc de Bouillon vendit à Louis xv en 1738.

Treignac, bourg à 5 lieues N. E. d'Uzerche. Ses productions et son commerce consistent en moutons, laines, cire d'une excellente qualité, et petits pois très-estimés. Elle a une filature de coton ; des fabriques de chapeaux et de bas à l'aiguille.

BOURBONNAIS. Cette province est au S. E. du Berri et au S. du Nivernais; arrosée par l'Allier qui la traverse, et par le Cher, elle forme aujourd'hui le département de l'Allier. On la divisoit en Haute et Basse; la première à l'E., et l'autre à l'O. Elle abonde en blés, fruits, pâturages, bois, gibier et vins; il s'y trouve aussi plusieurs sources d'eaux minérales.

ALLIER. Ce département est au S. E. de celui du Cheret au S. de celui de la Nièvre. Il prend son nom d'une rivière qui a sa source dans les montagnes du Gévaudan, et le traverse dans sa longueur du S. au N., après avoir arrosé les départemens de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, et qui va se jeter dans la Loire à une lieue au-dessous de Nevers. Pour les productions de ce département, voyez ci-dessus l'article

Bourbonnais.

MOULINS, chef-lieu, auparavant capitale du Bourbonnais, à 69 lieues S. par E. de Paris, et à 12 lieues S. de Nevers. Cette ville peu ancienne, puisqu'il n'en est pas fait mention avant le 14° siècle, est agréablement située dans une plaine fertile sur la rive droite de l'Allier. Ses rues sont bien pavées, larges pour la plupart et les maisons bien bâties. Sa position sur une grande rivière et presqu'au centre de la France, la rend très-importante pour le commerce. Elle a une promenade charmante qui règne le long de l'Allier, et sur cette rivière un beau pont de 13 arches. On voyoit dans l'église de la Visitation un très-beau mausolée érigé par la princesse des Ursins à Henri, duc de Montmorency, son époux, celui qui fut décapité à Toulouse sous le ministère de Richelieu. Moulins fournit au commerce grains, vins boeufs, porcs, poissons, bois, charbons de terre et soies. Le plus beau bois s'exploite pour la construction et la charpente, le reste sert à faire du merrain, des cercles, des échalas et du bois de chauffage. Cette ville a en outre des filatures de lin, de chanvre et de coton, et des fabriques de coutellerie très