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rágonne, et ensuite à Gronne. Cette dernière place fut longtemps assiégée par les troupes françaises, et à chaque revers que les Espagnols éprouvaient, le peuple et les soldats de cette nation demandaient à grands cris la tête du prince prisonnier, qui avait à leurs yeux un tort de plus que ses autres compagnons d'armes, par son titre de grand-d'Espagne de la première classe. Après neuf mois d'une dure captivité, il obtint enfin du général en chef Reding, la permission de rentrer en France, sur sa parole d'honneur de ne point servir contre l'Espagne. Reconduit aux avant-postes français, il joignit ensuite à Barcelonne une colonne de 3000 hommes, commandée par le général italien Lechi, chargé d'escorter en France des prisonniers espaguols. Harcelée en route, cette troupe fut tellement affaiblie par les différens combats qu'elle cut à soutenir, qu'à peine la moitié en passa la frontière. Le prince de Salm, de retour à Paris, où il arriva dans un état de santé déplorable, par suite des souffrances de sa captivité, y reçut bientôt l'ordre de se rendre auprès de Napoléon, à l'armée d'Allemagne. Il reprit son poste d'officier d'ordonnance, le 3 juin 1809, à Schoenbrunn, assista à la mémorable bataille de Wagram, après laquelle il reçut la croix de la légion-d'honneur, et fut nommé chef d'escadron. Quelque temps après, il eut le commandeinent du 14° régiment de chasseurs à cheval, et fut envoyé en Italie. Il établit dans son corps la discipline la plus exacte, et donna dès-lors lui

même l'exemple de la plus grande régularité. L'empereur avait toujours traité son jeune officier d'ordonnance avec bonté, et même avec une familiarité toute paternelle. Le sachant assez léger dans ses liaisons, et passionné pour tous les plaisirs de son âge, il lui répétait presque chaque fois qu'il le voyait la même question : « Eh bien, prince, sommes - NOUS sages ?» Impatienté un jour du rire des courtisans qui accompagnait toujours ces paroles du maître, le jeune homine répliqua : « Si NOUS sommes sages! eh mais, sire, je ne réponds que de moi. » Tandis que le prince de Salm peu occupé de ses intérêts particuliers, consacrait sa vie entière au service de la France, le chef de l'état, par un trait de plume et une nouvelle ligne sur la carte, réunissait à l'empire français la petite principauté de Salm, ainsi que les villes anéatiques, la priucipauté du duc d'Arenberg, et autres possessions de princes allėmands. Celle de Salui devait faire partie du département de la Lippe. Le prince la possédait en coinmun avec le prince de SalinSalm. Ils reçurent, il est vrai, en indemnité de leur souveraineté et des droits utiles, une rente inscrite au grand - livre de la dette publique; mais ils la perdirent par suite des événemens de 1814, et la principauté de Salm se trouve maintenant réunie à la monarchie prussienne. Le prince de SalmKyrbourg s'est depuis retiré du service, et habite alternativement la France et l'Allemagne. Ili est décoré des ordres de la légion. d'honneur, de Saint-Louis, de

Saint-Hubert, et de la grand'croix de l'ordre royal des DeuxSiciles.

SALT (HENRI), savant voyageur anglais, membre de la société royale de Londres, et correspondant de l'institut de France, est né à Lichfield. Après avoir fait d'excellentes études, il se lia avec lord Valentia, connu par son amour pour les voyages, et dont le docteur Bult, oncle de M. Salt, avait été précepteur. Il accompagna lord Valentia dans ses voya ges en Egypte, en Abyssinie et dans les Indes-Orientales. Observateur exact et habile dessinateur, il fut de la plus grande utilité au jeune lord, qui, à son retour en Angleterre, publia ses voyages. Les nombreux dessins et les notes de M. Salt contribuerent puissamment au succès de l'ouvrage, et la partie importante qui concerne l'Abyssinie, qu'il explora d'abord de son côté et où il séjourna long-temps, lui est entièrement due. C'est encore à ce savant estimable qu'on doit la découverte de la fameuse inscription d'Axum, ainsi que la description exacte des monumens de cette antique cité, jadis capitale de l'Ethiopie. M. Salt se rendit bientôt utile à son pays sous de nouveaux rapports, et ne se borna pas, pendant ses voyages, à des recherches purement scientifiques, ou à l'acquisition des objets d'arts. En bon Anglais, il s'occupa beaucoup d'intérêts mercantiles; s'étant aperçu qu'il y aurait pour l'Angleterre de grands avantages à ouvrir des relations commereiales avec la côte d'Abyssinie, il

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laissa un de ses compagnons de voyage, M. Pearce, à Massouah, pour bien apprendre la langue du pays, et pour disposer favorablement les habitans et le souverain envers les Anglais. Lui-même espérait bien y revenir incessamment sous les meilleurs auspices. En effet, après avoir, à son retour à Londres, convaincu le gouvernement et le commerce britannique, de la facilité d'établir de nouvelles relations commerciales dans l'Afrique orientale, et de la haute importance d'une pareille entreprise, M. Salt eut une mission officielle de son gouvernement auprès du souverain de l'Abyssinie, et mit à la voile, au mois de mars 1809, sur un vaisseau richement chargé de présens, de marchandises et objets d'échange. Dans ce voyage, il compléta la reconnaissance des divers points de la côte occidentale de la Mer-Rouge, commencée par lord Valentia, et découvrit un nouveau port à Amphyla. Après son arrivée à Massouah,il parvint, non sans difficultés, à ouvrir des communications avec le vice-roi de Tigré, et revint en Angleterre au mois de janvier 1811. S'il n'avait pu réussir à conclure un traité formel de commerce, au moins rapporta-t-il une foule d'observations neuves et importantes sur les productions, les mœurs, les-usages, l'iu dustrie, l'histoire, la religion et les monumens des vastes contrées qu'il avait successivement visitées. Il publia une relation détaillée de ses découvertes et des résultats de sa mission, ouvrage rempli de vues utiles au commerce, de précieuses recher

ches scientifiques, qui fut trèsfavorablement accueilli du public. M. Salt y rend justice, sur plusieurs points, à un célèbre voyageur qui l'avait précédé, M. Bruce, dont l'exactitude et la véracité avaient été long-temps révoquées en doute. Nommé quelque temps après consul - général d'Angleterre en Egypte, M. Salt retourna dans ce pays qu'il a depuis visité avec soin, et où il a fait des découvertes nouvelles. Dans les ruines de l'ancienne The bes, à la suite de grandes fouilles et excavations faites en 1817, etannées suivantes, il a découvert plusieurs temples, tombeaux et autres monumens précieux. Il prépare, dit-on, un grand ouvrage sur l'Egypte, pays où il est particulièrement distingué et protégé par le pacha ou vice-roi actuel, Méhémet-Aly (voy. ce nom), auquel M. Salt,de son côté, a payé en plusieurs occasions un large tribut d'éloges. Parmi les ouvrages qu'il a publiés, nous citerons : 1°Vingtquatre Vues prises dans l'Inde, la Mer-Rouge, l'Abyssinie, etc., infol., 1809; 2° Voyage en Abyssinie et dans l'intérieur de ce pays, en 1809 et 1810, in-4°, 1814. Cet ouvrage a été traduit en français par M. Henry, 2 vol. in-8. M. Prévost de Genève, a aussi traduit en français la partie du voyage de lord Valentia qui concerne l'Abyssinie, sous le titre de Voyage en Abyssinie, Paris et Genève, 1812, 2 vol. in-8°, avec figures. SALUCES (JOSEPH-ANGE DE), né dans les états du roi de Sardaigne, vers 1735, était chef de l'illustre famille de ce nom. Il prit, jeune encore, le parti des ar

mes, et était parvenu au grade de général, long-temps avant que le Piémont fût réuni à la France. Il devint, sous l'empire, chancelier de la seizième cohorte de la légion-d'honneur, et directeur de la classe des sciences physiques et mathématiques de l'académie impériale de Turin: ce dernier titre ne fut pas une faveur accordée à sa naissance : il le justifia par des connaissances étendues, et concourut avec la Place et Cigna à la publication des Mélanges de l'Académie de Turin, ouvrage plein d'observations savantes et de découvertes utiles. M. de Saluces. mourut à Turin le 16 juin 1810.

SALVAGE (N.); avocat à Mauriac, à l'époque de la révolution, il devint, en 1790, administrateur du district de cette ville, et fut nommé, en 1791, par le département du Cantal, député à l'assemblée-législative; il s'y fit peu remarquer, et parut rarement à la tribune. Après la session, il rentra dans ses foyers, et resta sans fonction jusqu'à l'établissement du gouvernement consulaire, qui le nomma juge au tribunal de première instance de Mauriac; il en exerça les fonctions pendant plusieurs années, fut de nouveau appelé au corps-législatif en 1806, rentra dans la vie privée en 1811, et fut nommé membre de la chambre des représentans en 1815. Par suite de la dissolution de cette chambre, il retourna dans son pays, et n'a plus occupé, depuis ce moment, de fonctions publiques.

SALVAGE (JEAN-GALBER), docteur en médecine, naquit en 1772, à Saint-Flour, d'une famille re

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commandable; après avoir fait ses premières études avec succès, il alla les continuer à Montpellier, où il fut reçu docteur. La guerre ayant été déclarée à l'Autriche, en 1792, Salvage fut appelé aux armées en qualité de chirurgien; attaché d'abord à un régiment, puis aux hôpitaux militaires, il se distingua dans toutes les circonstances, par son zèle, son dévouement et son intrépidité. Il développa, surtout dans ces fonctions pénibles, des connaissances et une habileté qui le firent remarquer du conseil de santé. Ce conseil le chargea bientôt de l'hôpital d'instruction du Val-de-Grâ ce. C'est là qu'il commença ses utiles travaux, et il promettait un digne successeur aux Corvisart et aux Desgenettes, lorsque sa constitution, depuis long-temps affaiblie, s'altéra d'une manière sensible. Il succomba enfin le 20 novembre 1813, à l'âge de 41 ans. SALVANDI (NARCISSE-ACHILLE DE), né à Condom, département du Gers, le 11 juin 1795, vint très-jeune à Paris, et fit d'excellentes études au lycée Napoléon, aujourd'hui collège de Henri IV. Íl quilta le collège pour s'enrôler comme volontaire, après les désastres de Russie; il fit les campagnes de 1813 et 1814, fut blessé trois fois sur le champ de bataille de Brienne, et parvint de grade en grade, par sa valeur et ses talens militaires, au poste d'adjudant-major. Le6 avril 1814, il reçut, à Fontainebleau, des mains de l'empereur Napoléon, la décoration de la légion-d'honneur. M. de Salvandi, après la première restauration, fit partie

de la maison militaire du roi, et accompagna les princes jusqu'à la frontière, au mois de mars 1815. Pendant les cent jours de cette année, il publia deux brochures, l'une, Mémoire sur les griefs et les vœux de la France, l'autre, Observations sur le Champ-de-Mai. Après le désastre de Waterloo, il fit. paraître un nouvel écrit sur la Nẻcessité de se rallier au Roi, pour sauver la France. En 1816, au milieu du silence universel, il publia la Coalition et la France, ouvrage remarquable par un noble courage, un vrai patriotisme et un véritable talent. Ce livre, à la requête de la diplomatie étrangère, fut saisi; mais l'auteur, dont l'arrestation et l'extradition étaient en outre demandées, usa du droit que lui donnait encore la loi à cette époque, et mit opposition à la saisie, se plaçant ainsi sous la sauve-garde d'un jugement public, et sous l'autorité des tribunaux. Alors, les diplomates de la coalition s'adoucirent, et demandèrent, pour toute satisfaction, qu'il n'y eût pas de jugement. Le jeune auteur, capitaineadjudant-inajor dans une légion, fut mandé chez les ministres, qui, par des considérations supérieures d'intérêt public, l'engagèrent à se désister de son opposition. Son livre, déjà très-répandu, n'en produisit pas moins une sensation, dont les conséquences relevèrent l'énergie nationale, et hâtèrent peut-être la délivrance du territoire. Plus tard, les mêmes motifs et la même demande le décidèrent à supprimer la lettre qu'il écrivit au duc de Wellington, sur le prétendu assassinat de ce gé

néral, dans la nuit du 12 février 1818. Ce fut en 1819, sous le ministère créé lors de l'évacuation du territoire, que M. de Salvandi, alors âgé de 23 ans, entra au conseil-d'état, en qualité de maître des requêtes. La proposition de M. Barthélemy au sénat, tendant à dénaturer la loi des élections, provoqua les Vues politiques, écrit où M. de Salvandi donne une appréciation des partis, de leurs forces, de leurs projets, appréciation pleinement justifiée par les événemens postérieurs. A la fin de la même année, le discours de la couronne annonça la résolution de modifier la loi du 5 février, et de changer en même temps quelques articles de la charte. Ce fut à cette occasion que parut l'écrit: Sur les dangers de la situation présente. L'auteur, faisant un sacrifice rare et généreux, de ses relations politiques et de ses chances d'ambition, y attaquait vivement le système dans lequel on allait s'engager, et en prophétisait les conséquences. A près cette honorable rupture avec le ministère, M. de Salvandi employa ses loisirs à visiter l'Espagne, dont la révolution fixait alors tous les regards. A son retour, il épousa une fille du respectable Oberkampf, et la conservation de sa place de maître des requêtes lui étant offerte à des conditions qu'il jugea incompatibles avec ses opinions et son honueur, il rejeta ces propositions et se livra tout entier aux lettres et à la politique. Il com posa alors dans sa retraite Don Alonzo, ou l'Espagne. Dans cet ouvrage de longue baleine, l'au

XVIII.

teur trace un vaste tableau de la péninsule avant et durant ses diverses révolutions. Si M. de Salvandi a dans cette composition suscité la critique comme romancier, le talent qu'il y déploya comme historien et publiciste, lui promet une place au premier rang. Des peintures énergiques, des pensées fortes et généreuses, des observations profondes, et souvent une haute éloquence, caractérisent ce roman historique, où l'auteur a donné une éclatante mesure de ses forces. Don Alonzo fut bientôt suivi d'Yslaor, ou le Barde chrétien, allégorie dictée par une juste et noble indignation. Le Ministère et la France, painphlet provoqué par le rétablissement de la censure, est un acte d'accusation, dont les hommes inculpés, s'efforcèrent en vain d'étouffer les vérités éloquentes. Le nouveau Regne et l'ancien Ministère; les Funérailles de Louis XVIII; Du parti à prendre envers l'Espagne, et quelques Articles dans le Journal des Débats, furent inspirés à M. de Salvandi par les espérances attachées à l'aurore d'un nouveau règne, et par le désir de prouver aux Bourbons et à l'Europe, que tous les amis d'une sage constitution étaient prêts à se rallier autour d'un trône constitutionnel. Entré dans la carrière des écrits politiques avant l'âge de 20 ans, M. de Salvandi s'y est rendu promptement célèbre par un talent supérieur et une rare constance de principes. Persuadé que les révolutions ne se terminent que par des transactions, et que la monarchie constitutionnelle est notre seule transaction durable,

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