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égorgée sans bruit; le major, suivi de 25 grenadiers, passe à plat-ventre sur la dernière solive; le poste avancé, fort de 24 hommes, est surpris et tombe sous les baïonnettes; une fusillade très-vive s'engage; les grenadiers français, avec leur chef, se précipitent sur l'ennemi, campé sur une hauteur voisine, et qui, étourdi d'une attaque aussi imprévue, fuit en abandonnant une partie de ses armes. Le maréchal arrive, et fait, en toute hâte, réparer le pont; il embrasse Dulong, et lui dit : « Je » Vous remercie, au nom de la » France, brave major, vous avez » sauvé l'armée; si jamais j'oc»cupe une page dans l'histoire, » votre nom y sera inscrit à côté » du mien; mais soyez prêt, la »journée n'est peut-être pas en» core terminée pour vous. » En effet, l'avant-garde de l'armée fut bientôt arrêtée par de nouveaux obstacles. Il fallait passer un long défilé et franchir le pont de la Misarella, qui le terminait, et qui traversait un torrent dont les bords étaient très-escarpés. L'ennemi l'avait encombré d'arbres, de quartiers de rocs, et d'autres obstacles, derrière lesquels il s'était retranché. Il avait déjà repoussé plusieurs attaques, et manifestait sa joie par des cris et des insultes. Le sort.de l'armée française était de nouveau compromis; il fallait vaincre ou mettre bas les armes. A la tête des grenadiers du 32° et de la légion du Midi, le major Dulong attaque à diverses reprises l'ennemi; mais il est constamment repoussé. Les voltigeurs de la garde de Paris, et le 15 léger viennent alors le

T. XVIII.

joindre; il s'élance de nouveau, au pas de charge au milieu du feu le plus terrible: le pont est enfin enlevé, l'ennemi écrasé et l'armée sauvée. Le maréchal accourt, et témoigne aux troupes sa satisfaction; il cherche le major Dulong, mais il le trouve frappé d'une balle à la tête, et dans un état qui paraît désespéré. Le maréchal exprime les plus vifs regrets, qui sont partagés par toute l'armée. Le lieutenant-général Heudelet met à l'ordre que cet officier blessé sera porté sur un brancard par les grenadiers des différens régimens de la division à tour de rôle; mais ceux du 15 se refusèrent à cet arrangement, et déclarèrent qu'ils n'abandonneraient jamais, et porteraient à eux seuls le chef qui les avait si souvent conduits à la victoire. Ces braves étaient cependant alors dans le plus grand dénuement, et pouvaient à peine se soutenir euxmêmes. Rétabli enfin d'une blessure long-temps jugée mortelle, Dulong fut nommé colonel du 12° léger, et servit avec la même distinction en Espagne. A l'affaire de Rio-Barbata, il enfonça le centre des ennemis; fit prisonniers 800 gardes wallonnes, prit l'artillerie et tous les bagages de ce corps. Le maréchal, duc de Dalmatie, fit encore à cette occasion son éloge dans le rapport adressé au ministre de la guerre. A la fin de la campagne, il revint en France avec ce maréchal, fut nommé général de brigade, et appelé à un commandement supérieur dans la garde impériale. Il fit en cette qualité la campagne de 1813 en Allemagne. Dans une revue, Na

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poléon le désigna au roi de Saxe comme un des officiers de son armée qui avaient le plus bravement.combattu, et qui étaient le plus chargé de blessures honorables. En 1814, après la bataille de Brienne, le général Dulong, à la tête de 1,800 hommes d'infanterie et de 150 dragons de la garde, avec deux canons, fut chargé d'une reconnaissance de l'armée ennemie. Il remplit avec succès sa mission, eut encore un cheval tué sous lui, et soutint plusieurs combats glorieux pour les troupes françaises, et particulièrement pour les braves dragons de la garde, qui combattaient un contre dix. Il venait d'être attaché comme général de brigade à la division des grenadiers de la vieille garde, quand l'empereur fit son abdication, et se trouva à la tête de ce formidabic corps rangé en bataille sur la route de Saint-Denis, sous les ordres du brave général Friant, pour recevoir le roi, qui faisait son entrée à Paris. En 1815, le comte Rosnay Dulong fut promu au grade de lieutenantgénéral. Il est aujourd'hui lieutenant d'une des compagnies des gardes-du-corps du roi. Cet officier a reçu, pendant le cours de sa glorieuse carrière, onze blessures graves, a eu 9 chevaux tués sous lui, et quoique privé de l'usage de son bras droit, n'en a pas moins constamment combattu, jusqu'en 1814, sans autre interruption que le temps nécessaire pour se guérir de ses blessures.

ROSSI (JEAN-GÉRARD DE), chevalier de l'ordre de Saint-Jacques de l'Épée, directeur de l'académie des beaux-arts de Portugal,

à Rome, est né dans cette ville, en 1754. Destiné au barreau, il le quitta, sans regret, lorsque son père, qui s'était ruiné dans le commerce, l'appela à son secours, pour relever leur fortune. Au milieu des affaires, le jeune de Rossi sut trouver le temps de cultiver les belles-lettres et les arts, pour lesquels il avait du penchant. L'amitié de la célèbre Corilla le rendit poète et improvisateur; celle du sénateur Rezzonico l'attacha à la rédaction d'un journal intitulé: Memorie sulle belle arti, dont le succès lui gagna l'estime et l'amitié du cardinal Buoncompagni, secrétaire-d'état. En 1778, M. de Rossi, pour satisfaire le goût d'une dame, esquissa le plan de quelques comédies, dont il augmenta ensuite le nombre, encouragé par les suffrages de ses amis, et par les applaudissemens du public. Doué d'une grande flexibilité de talent, il publia successivement des apologues, des poésies fugitives, des éloges, quelques discours sur le théâtre, et un grand nombre de lettres sur les beaux-arts et sur les antiquités. En 1795, M. de Rossi fit paraître un joli recueil d'épigrammes, qu'il intitula: Scherzi poetici e pittorici l'édition en fut confiée à Bodoni, qui, par la beauté de l'exécution, ajouta au mérite de l'ouvrage. Pendant la durée de la république romaine, M. de Rossi accepta les fonctions de ministre des finances, qu'il cessa d'exercer au retour du gouvernement papal. Il s'occupa alors à réorganiser l'académie de Portugal, qui fut montée sur un pied plus imposant. Il prit aussi part

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à des travaux archéologiques sans s'engager dans les disputes des antiquaires, et il s'acquit la réputation d'érudit, jouissant déjà de celle de poète, en expliquant les vases étrusques appartenant au duc de Blacas, et en donnant la description des statues et des bas-reliefs du palais Turlonia. Ses autres ouvrages sont: 1° Commedie, Rome, 1778, 4 vol. in-8° : ce recueil ne se compose que de seize comédies: l'auteur pourrait l'augmenter de quarante autres pièces, dont il a déjà tracé le plan et terminé plusieurs scènes. 2° Lettera sal deposito di Clemente XIII, nella basilica Vaticana, Bassano, 1792, in-8°; 5° Vita di Giovanni Pickler, intagliator di gemme, Rome, 1792, in-8°, trad. en français, par Millin et Boulard, Paris, 1798, in8°; 4° Lettera intorno a una serie di gemme intagliate antiche e moderne, Turin, 1793, in-8°; 5° Lettera sopra un monumento (per l'ammiraglio Emo) scolpito da Canova, ibid., 1795, in-8°; 6 Lettera sopra due bassi rilievi modellati da Canova, ibid., 1795, in-8°; 7° Lettera sopra due quadri dipinti da Landi, Rome, 1795, in-8°; 8° Scherzi poetici e pittorici, Parme, Bodoni, 1795, in-fol., in-4 et in-8°: ce recueil se compose de quarante épigrammes et d'un pareil nombre de dessins, gravés au trait par Joseph Tekeira, artiste portugais. 9° Vita di Antonio Cavallucci da Sermoneta, pittore, Venise, 1796, in-8°; 10° Favole, Verceil, 1798, in16; 11o Dell' influenza della religione sull' aumento e vigore delle belle arti, Rome, 1801, in-8°;

12 Lettera sulla statua del Perseo, di Canova, Pise, 1801, in-8°; 13° Lettera sopra in quadro di Landi, Rome, 1804, in-8°; 14° Lettera in cui si descrive il quadre della presentazione al tempio, di Camuccini, Rome, in-4°; 15° et Rosini Lettere pittoriche sul Camposanto di Pisa, ibid., 1810, in-4°, fig.; 16o Vita di Angelica Kauffmann, pittrice, Florence, 1810, in-8°; 17° Storia della religione di Cristo, trad. de l'allemand, de Latter, Rome, 1817, in-8°; 18 Il noce di Benevento, novella, Venise, 1818, in-8°, tiré à 24 exemplaires. 19° Epigrammi, Madrigali ed Epitaffi, Pise, 1820, in-16; 20° Novelle, Venise, 1824, in-16.

RUSSO (VINCENT), l'une des plus intéressantes victimes de la réaction royale exercée à Naples, en 1799, était né vers l'année 1774, dans la petite ville de Palmi, située au pied du Vésuve, non loin de la capitale. Ses parens, sans nom et sans fortune, le placèrent dans le barreau, qui était alors la seule carrière ouverte à tous les talens et à toutes les ambitions. Le jeune Russo, s'éleva par son propre mérite au-dessus de ses nombreux rivaux, et se fit bientôt remarquer parsa probité et par son éloquence. A cette époque, les nouvelles théories n'avaient pas encore envahi le royaume de Naples, trop favorisé par la nature, pour s'occuper d'événemens lointains. Le peuple, qui jouissait de tous les avantages d'un sol fertile et d'un gouvernement nonchalant, vivait sans désirs et sans espérances, et ses besoins n'étaient pas pius étendus que ses idées.

Quelques esprits éclairés, qui avaient le malheureux privilége de voir plus loin que les autres, tenaient les yeux fixés sur la France, et peu satisfaits de l'état de nullité de leur pays, se proposèrent de répandre parmi le peuple les principes nouvellement proclamés par la révolution française. Les succès que Russo obtenait au barreau firent oublier son âge, et le rendirent digne de l'amitié de Pagano, de Pirelli, de Conforti, dont il partagea les secrets. Plus irréfléchi que ses confrères, il s'exposa à de plus grands dangers, et compromit la cause de la liberté, dont il était un zélé partisan. Tombé dans les filets de la police, il n'y échappa que pour retomber dans les piéges de la reine, qui mit son pardon au prix de l'honneur. Russo fut sur le point d'abjurer ses principes, et même de dévoiler ses complices; mais sa conscience lui rappela ses devoirs, et ne lui permit pas d'imiter l'exemple d'un grand mathématicien, dont le nom a été livré à l'infamie. Il sortit du royaume, et alla chercher un refuge à Milan, que l'armée française avait déjà occupée. Peu habitué aux affaires publiques, il sentit le besoin de s'instruire, et se retira à Genêve, où il rédigea, pour son propre usage, un recueil intitulé: Pensieri politici, dont il préparait une nouvelle édition. Dès que la république fut installée à Naples, Russo appelé par d'honorables suffrages prit place au corps-législatif, en qualité de membre. Aussi sévère dans ses mœurs qu'inflexible dans ses opinions, il ne voulut rien ac

cepter du trésor, et sans sortir de la pauvreté, il remplit avec zèle les fonctions éminentes dont on l'avait revêtu. Cependant ses moyens ne lui suffisaient pas pour s'entretenir dans la capitale; il y venait chaque matin à pied, habillé en soldat, un morceau de pain bis dans sa poche, et après avoir pris part aux travaux législatis, il allait le soir demander l'hospitalité à un de ses amis, à Capoue. Ce jeune homme, dont les dehors n'annonçaient que la misère, avait une âme élevée et des sentimens généreux. Son éloquence était sublime, et rien ne résistait à ses paroles. Malgré ces qualités, le parti exagéré vint à bout de l'éloigner de l'assemblée, où il laissa un vide que personne ne put remplacer. Accusé de moderantisme dans les clubs populaires, et poursuivi comme jacobin devant la junte d'état, il se montra un héros lorsque l'heure de sa mort fut sonnée. Il en écouta l'arrêt avec la plus grande indifférence, et au moment où on l'entraînait au supplice, il prit congé d'un prisonnier qui couchait sur le même grabat, en lui disant : « Vous aurez désormais »plus de place: nous étions un

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La rapidité avec laquelle a été faite l'impression de l'article de SABATIER (voyez dans ce volume, pag. 316), ne nous a pas laissé le temps d'y faire les rectifications nécessaires. Nous devons à l'estime que nous portons à ce célèbre chirurgien et à sa famille de rétablir ici cet article avec les corrections indispensables.

dont il avait épousé la nièce, le laissa chirurgien en chef de cette maison. La même année, l'académie des sciences l'appela dans son sein concurremment avec Vicqd'Azyr, et à la mort de Louis, l'académie de chirurgie le nomma son secrétaire perpétuel; mais la révolution qui survint alors, ayant détruit cette institution, ne lui permit pas d'en remplir les fonctions. Pendant les premiers temps de nos troubles civils, Sabatier fut laissé, par une sorte de vénération pour ses talens ét ses vertus civiques, à sa place de chirurgien en chef de l'hôtel des Invalides, et lorsque des institutions nouvelles vinrent remplacer les anciennes, il y fut aussitôt appelé. Il fut nommé successivement professeur à la faculté de médecine de Paris et membre de l'institut, chirur

SABATIER (RAPHAEL BIENVENU), célèbre chirurgien, naquit en 1732, à Paris, où il fit de brillantes études. Fils d'un chirurgien estimé, et doué pour cet art des plus heureuses dispositions, il fut reçu maître en chirurgie à l'âge de 20 ans, en 1752. Ses talens précoces lui méritèrent la faveur d'être admis aux examens à un âge inférieur à celui exigé par les statuts; il les subit avec éclat, et écrivit et soutint sa thèse en latin, chose peu usitée alors parmi les chirurgiens, et dont le célèbre Louis (voy. ce nom) venait récemment de donner un premier exemple. Forcé, par la mort de son père, de se livrer aussitôt à la pratique de son art, il le fit avec succès, tout en poursuivant néanmoins toutes ses études. D'un côté, devenu, par le fait seul de sa réception, membre de l'académie de chirurgien gie, Sabatier coopéra à ses travaux, et y présenta plusieurs Memoires qui sont inscrits dans les tomes III, IV et V du recueil de cette compagnie. D'un autre côté, il fit des cours particuliers d'anatomie et de physiologie, et mérita ainsi d'être nommé à l'âge de 24 ans, en 1756, à la chaire d'anatomie, aux écoles de chirurgie, en reinplacement de Bassuel. Sa réputation continuant de s'accroître, il fut, en 1759, nommé adjoint à l'hôtel royal des Invalides. En 1761, il en obtint la survivance, et en 1773, la mort de Morand,

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consultant de l'empereur et chevalier de la légion-d'honneur. Voici dans l'ordre chronologique les ouvrages qu'il a publié : 1o de Bronchotomia. C'est sa thèse pour son admission à la maîtrise; elle est insérée dans le recueil des thèses de l'école de chirurgie. 2o Abrégé de l'anatomie du corps main, de Verdier, son maître, avec beaucoup d'augmentations, 2 vol. in-12, 1758; 3° Traité complet de chirurgie, de W. Mansquet de la Motte, avec des additions considérables, 1771, 2 vol. in-8°; 4° Traité complet d'anatomie, 2 vol. in-8°, 17754. Cet ouvrage, qui a

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