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3. Comme il donne à Dieu un droit & une puiffance fans bornes pour disposer du fort des creatures, il met auffi la creature dans une telle dépendance du Createur, que fans lui elle est un vrai neant; qu'elle n'eft que pour lui, qu'elle n'eft que par lui qu'elle n'eft rien fans lui, & que ce qu'elle eft, elle left par rapport à Dieu, `comme une ombre n'eft ce qu'elle eft, que par rapport au corps, dans la dépendance abfolue duquel elle eft.

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4. Il croit que Dieu qui a deftiné les hommes à la gloire par fon élection eternelle, comme à la fin, leur prepare les moyens pour les conduire à cette fin: Et que le premier & le principal de ces moyens,` c'eft le don & l'envoi de fon fils au monde. Or comme les moyens n'ont rapport qu'à ceux aufquels la fin eft destinée, il juge qu'il n'eft pas de la fageffe de Dieu de donner fon Fils à la mort pour des hommes reprouvez, qu'il ne veut pas conduire à la vie eternelle. C'eft pourquoi il croit que Jefus-Christ n'est mort que pour les predeftinez.

5. Il est tres-perfuadé que Dieu feul appelle efficacement dans le temps, ceux qu'il a élûs dans l'eternité. Et qu'il les appelle non feulement par fa parole & par la predication, mais par une operation de fon efprit, qui fait fentir au pecheur les plaifirs prevenans, qui font d'une abfoluë neceffité pour attirer les volontez.

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6. Cette grace ne se donne en façon du monde aux difpofitions de l'homme. Car s'il y a des difpofitions à la juftification dans l'homme, c'eft Dieu qui les fait. Les œuvres que l'homme fait par le fecours de la grace font bonnes: mais elles ne font point du tout meritoires de la juftification, ni de la vie eternelle, ni même de l'augmentation de la grace.

7. Il n'y a aucune creature au monde quelque pure & fainte qu'elle foit, sans en excepter les Anges, qui puiffe meriter de Dieu en aucun état. C'est pourquoi afin que quelqu'un pût meriter de Dieu le falut & larémiffion des pechez, il a falu faire une creature qui fut Dieu; car Dieu feul peut meriter de Dieu.

8. Ainfi lajuftification dans quelque fens qu'on la prenne eft abfolument gratuite, par grace & non point par œuvres. La foi & la repentance font d'une neceffité abfoluë dans l'ordre de la grace pour recevoir la juftification & la remiffion des pechez. Car la juftification dans le fens du barreau, n'est rien autre chofe que l'abfolution, & l'abfolution n'eft rien autre chofe que la remiffion des pechez. Remiffion que Dieu promet à la repentance comme à la foy: Amandezvous vous convertiffez, & vos pechez vous feront pardonnez. Mais cette foi & cette repentance ne concourent point du tout à la juftification comme caufes. La

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foi & la repentance conjointement y concourent comme conditions; La foi en particulier y concourt comme inftrument; car c'eft elle qui applique à l'ame les promeffes de l'Evangile, qui les reçoit comme une main, & quiainfi juftifie le pecheur. La repentance y concourt comme une condition preliminaire d'une neceffité absoluë. Car la coulpe confiftant dans la relation qui eft entre la fouillure inherente dans l'ame, & le châtiment dû en vertu de la juftice divine: cette coulpe ou cette relation à la peine ne peut ceffer; que l'ame n'ait ceffé. d'être dans la fouïllure, c'eft à dire, que Dieu ne fait point ceffer la fujettion à la peine dans laquelle eft le pecheur quand le pecheur s'eft fincerement converti à Dieu: quoi que fa converfion ne foit pas encore parfaite.

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que

9. L'Auteur croit que la foi juftifiante pour étre juftifiante, doit être accompagnée des mouvemens de charité & d'efperance; & cela precedemment à la juftification & abfolution du pecheur: mais il ne regarde pas ces premiers mouvemens de charité & d'efperance comme les caufes de la justification non plus que la foi. C'en font des con

ditions feulement.

10. De plus ces actes de foi & d'efperanee qui accompagnent le premier acte de la foi juftifiante, ne partent point encore des habitudes de foi, d'efperance & de chari

té. Car les habitudes ne fe donnent qu'à ceux qui font déja juftifiez & reçus en grace. Mais ces premiers actes de foi, d'efperance & de charité, font produits par le Saint Efprit, par la grace actuelle; Et fervent de difpofitions à l'introduction des vertus chrêtiennes & habituelles à la foi, la charité & l'efperance.

C'eft là la foi de l'Auteur de l'Ouverture de l'Epître aux Romains. Si l'on trouve là dedans des herefies, il les abandonne à la cenfure, & même au feu, pour peu qu'on le juge à propos. Y a-t-il quelque chofe dans le petit livre dont il s'agit, qui foit oppofé à cette Theologie, que je penfe être celle de l'Evangile, de Saint Paul, de Saint Auguftin, & de toutes les Eglifes Reformées ? On eft prêt à prouver que non; & à fe défendre là-deffus contre toutes fortes d'accufateurs. Voyons donc quels font les crimes qu'on impute à ce pauvre petit livre.. 1. Il établit pour état de la controverse entre Saint Paul & fes adverfaires, la queftion, fçavoir, fi l'on devoit chercher fon falut dans l'alliance Evangelique, ou dans' l'obfervation de l'alliance Mofaïque. C'eft. un grand crime, car cela eft nouveau à ce que l'on pretend. 2. Il prend le mot de juftifier dans un fens favorable à l'école Romaine. Car il veut que dans cette difpute, ce mot fignifie, mettre en poffeffion de toute la juftice Evangelique, qui confifte dans le re

nouvellement interieur, auffi bien que dans la remiffion des pechez. 3. Il donne au mot de foi un fens tout heterodoxe, le prenant ici pour l'Evangile, qui eft l'objet de la foi. 4. Par les œuvres de la loi, il entend la loi des œuvres ou l'alliance legale, 5.Il fait entrer dans la juftification les bonnes oeuvres auffi bien que la foi. 6. Il nie que le mot d'Election dans l'Ecriture, fe prenne pour l'élection eternelle : Selon ces Meffieurs, c'eft nier la predeftination & l'éleċtion. 7. Il nous enleve toutes les preuves que nous tirons de l'Epître aux Romains pour combatre les Papiftes,& pour établir la juftification gratuite par la foi fans les œuvres. 8. Il ruine toute l'économie de l'Epître aux Romains. 9. Et enfin il rend inutiles, & mêmes ridicules tous les travaux des grands hommes, & tous les commentaires qui ont été faits fur cette Epître. Affurement la plufpart de ces articles font intolerables. Mais il faut voir fur quoi font fondées ces accufations.

Le premier crime du livret, c'eft de pofer mal l'état de la queftion entre Saint Paul, & ceux avec lesquels il difpute. Il faut donc fçavoir contre qui il difpute. Affurement Saint Paul ne jettoit pas des paroles en l'air & contre des fantômes. Cette Epître eft un de ces écrits qu'on appelle polemiques. On voit évidemment qu'il refute, qu'il répond, qu'il prouve, qu'il fe fait

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