loi.

Mais pourquoi fe donner tant de peine à chercher l'état de la controverfe qui étoit entre les Juifs Pharifiens & Saint Paul, puifque cela nous eft fi expreffement marqué dans l'hiftoire de l'établiffement de l'Evangile? Or quelques-uns qui étoient defcendus de fudée, enfeignoient les Freres; difant, fi vous n'étes circoncis felon l'ufage de Moyfe, vous ne pouvez étre fauvez. Qu'entendent-ils par la circoncifion, fans la. quelle on ne peut étre fauvé? L'obfervation de toute la loi, comme il paroît par ce qui fuit. ** Mais quelques-uns de la fecte des Pharifiens qui ont crû, fe font levez difant, qu'il les faut circoncir, & leur commander de garder la loi. Qu'arrive-t-il là-deffus?C'est qu'ily eut grand débat & difpute de Paul &de Barnabé contr'eux. *** Et il fut ordonné que Paul & Barnabé, & quelques autres d'entr'eux monteroient en Jerufalem vers les Apôtres & les Anciens pour cette QUESTION. Obfervez bien; voici la question qui eft entre Saint Paul & fes adverfaires, fçavoir, Si pour étre fauvez, conjointement avec l'Evangile & la foi en Jefus-Chrift, il faloit obferver la circoncifion, & garder la loi de Moife. Cela eft extrait mot à mot de l'hiftoire. Les Adverfaires de Saint Paul ne font point de purs Juifs qui rejettaffent l'Evangile, ce font des Pharifiens qui ont cru. Ils ne nioient donc pas que l'on ne dût *Actes 15. 1. **ver(.5. *** vers.2.

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étre fauvé par l'Evangile & par la doctrine de la foi, mais ils difoient qu'on devoit auffi obferver la loi de Moïfe pour étre fauvé : C'eft pourquoi Saint Paul dans fon Epître aux Romains & dans celle aux Galates, ne difpute pas contr'eux, comme s'ils euffent nié qu'on dût étre juftifié par l'Evangile, mais il prouve feulement contr'eux, qu'on doit étre juftifié & fauvé par l'Evangile feul, & par la feule alliance de Jefus-Chrift, & non par celle de Moïfe.

Ayant trouvé l'état de la queftion entre Saint Paul & fes adverfaires, fi precis & fi bien marqué, eft-il jufte d'en aller chercher un autre, dont l'hiftoire facrée ne dit pas un feul mot ? Qu'on me faffe voir qu'en confequence de cette premiere controverse il en foit né une autre, fur les vertus qui concourent comme caufes & conditions de la juftification. Sçavoir fic'eft par la foi, ou par la charité, ou par quelques bonnes

œuvres.

Mais dira-t-on, quoi que l'histoire Sainte ne dife rien de la naiffance de cette nouvelle controverfe, elle paroît affez par la difpute même, puisqu'il eft clair que Saint Paul y combat des gens qui difoient, que P'homme doit étre juftifié par les bonnes œuvres, & non par la feule vertu de la foi. Je répons que c'eft la queftion; que c'eft prouver une chofe par elle-même. Je nie qu'il paroiffe, que Saint Paul ait en veuë

d'autres adversaires & une autre controverfe que celle qui fe trouve dans le chapitre quinziéme du livre des Actes. Je foûtiens enfin qu'au contraire, pour peu que l'on faffe attention à cette difpute, on y voit clairement que l'Apôtre y a en veue ces faux Apôtres qui difoient, qu'il faloit joindre l'obfervation de la loi Mofaïque avec la foi en Jefus-Chrift pour étre fauvez.

C'est dans cette veuë que Saint Paul dit dans le fort de fa difpute fur la juftification par la feule foi. Il eft vray que la circoncifion eft profitable fi tugardes la loi, mais fitu és tranfgreffeur de la loi, ta circoncifion devient prepuce. Si donc le prepuce garde les ordonnances de la loi, fon prepuce ne lui ferat-il point reputé pour circoncifion. Il eft clair que ces paroles & les fuivantes jufqu'à la fin du chapitre, ont leur rapport à ces gens du 15. des Actes, qui difoient, Si vous n'étes circoncis felon l'ufage de Moïfe, vous ne pouvez étre fauvez.

C'eft dans la même veuë que Saint Paul en commençant le chapitre troifiéme, dit, Quel est donc l'avantage du Fuif? ou quel est le profit de la circoncifion? grand en toute maniere. Car il eft clair que c'eft pour répondre à ces ennemis qui vantoient la neceffité de la loi de Moyfe, & qui accufoient Saint Paul d'anéantir tous les avantages du peuple Juif, en niant la neceffité de l'obfervation de fes loix pour le falut.

Dans le 21.verfet du même chapitre, Saint Paul dit. Maintenant la justice de Dieu eft manifeftée fans loi, étant à 'icelle rendu témoignage par la loi les Prophetes. Je ne fçay fi on peut nier que le fens de ces paroles ne foit, que la maniere dont Dieu justifie les hommes fans la loi de Moyfe a été manifeftée

mife en lumiere par l'Evangile, auquel Evangile la loi elle-même les Prophetes rendent témoignage. Or cette propofition ne contient-elle pas évidemment l'état de la controverfe, precisement comme il eft rapporté par Saint Luc au quinziéme chapitre du livre des Actes, fçavoir fi pour étre fauvé & juftifié, il étoit neceffaire de joindre à l'Evangile l'observation de la loi de Moyfe?

Dans le quatriéme chapitre il dit, Cette déclaration de la beatitude eft-elle feulement en la circoncifion, ou auffi au prepuce. Car nous difons que la foi a été allouée à justice à Abraham? Comment donc lui a-t-elle été alloüée ? a-ce été lui étant déja circoncis, ou durant le prepuce. Je foûtiens qu'il faut étre aveuglé par les prejugez, pour ne pas voir que Saint Paul combat ici ceux qui difoient: *Si vous n'étes circoncis felon l'ufage de Moyfe, vous ne pouvez étre fauvez. Si vous ne fuivez la loi de Moyfe, Dieu ne vous fçauroit alloüer vôtre foi à juftice; c'est pourquoi à la foi en Jesus-Christ, il faut **Actes 15. verf.1.

joindre l'observation de la loi de Moyfe. Et au contraire Saint Panl leur dit, Non; la circoncifion n'eft point neceffaire pour rendre falutaire la foi en Jefus-Chrift & l'alliance de grace. Car Abraham a été justifié, & fa foi lui a été imputée à juftice avant qu'il fut circoncis, & long-temps avant l'établiffement de l'oeconomie Mofaïque. Si Saint Paul combat ici la doctrine que les Pharifiens enfeignoient dans le quinziéme chapitre des Actes, c'eft donc là qu'il faut aller chercher l'état de la question, & non pas dans une nouvelle pretenduë controverfe. Ce n'eft point par la loi, dit encore Saint Paul, que la promeffe eft arrivée à Abraham, ou à fa femence, &c. car fi ceux qui font de la loi font heritiers, la foi eft aneantie. Eft-il poffible que quelqu'un puiffe nier qu'ici la loi, ne fignifie l'alliance Mofaïque? de même quand il dit dans le chapitre troifiéme, au verfet 30. Aneantiffons-nous donc la loi par la foi? Laloi clairement fignifie l'alliance Mofaïque. Dans le cinquiéme chapitre verfets 13. & 20. Jufqu'à la loi le peché étoit au monde. La loi eft intervenuë afin que le peché abondat. Dans tout le chapitre feptiéme, où la loi revient fi fouvent ; Nous fommes morts à la loi, nous fommes délivréz de la loi. Dans tous ces paffagas & plufieurs autres femblables qui reviennent prefque à chaque verfet dans l'Epître aux Romains & dans celle aux Galates, on ne peut nier que