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la loi ne fignifie l'alliance Mofaïque. Or à quoi bon S. Paul parle-t-il tant & fi fouvent de la loi en general & de l'alliance Mofaïque, s'il ne s'agit que de fçavoir, fi les bonnes œuvres entrent dans l'affaire de la justification, ou fi c'eft la vertu de la foi toute feule? N'eft-il pas évident que la loi & l'alliance legale ne paroiffent fi fouvent dans cette dispute, que parce que c'étoit precifement la queftion dont il s'agiffoit; fçavoir fi les hommes pouvoient étre juftifiez par l'alliance de Moyfe,ou par celle de Jefus. Chrift,

L'Epitre aux Galates eft certainement un abbregé de celle de l'Epître aux Romains. Saint Paul y difpute contre les mêmes adverfaires, il y a en veuë la même question. Et là il dit en entrant dans cette difpute:

*

Si

la juftice eft par la loi, Chrift donc eft mort pour neant. C'eft à dire, fi les hommes font juftifiex par l'alliance legale & Mofaique, c'est en croyant que Jefus Chrift eft mort pour feeller une nouvelle alliance. Voila precisement l'état de la queftion; fçavoir files hommes. doivent étre juftifiés par la loi ou par l'Evangile. C'eft fur cela que doit rouler toute la difpute, ou c'eft un égarement continuel. Quand il conclut, ** Or que par la loi nul· ne foit juftifié devant Dieu, il est évident. Cela ne fignifie-t-il pas, que nul n'eft juftifie par l'alliance Mofaïque & legale? Or c'eft là ce que Saint Paul veut prouver dans * chap. 2.21. ch.3. II.

**

toute cette difpute; donc l'état de la queftion eft, fçavoir, fi l'on peut étre juftifié l'alliance de Moyfe ou par celle de Jefus

par

Chrift.

Que peut-on de plus formel pour faire connoître l'état de la queftion que ceci. *Voici donc ce que je dis quant à l'alliance qui auparavant a été confirmée de Dieu en Christ, que la loi qui eft venuë quatre cent trente ans aprés, ne la peut enfreindre pour abolir la promeffe. Il eft clair par ces paroles, que l'Apôtre n'oppofe point vertu à vertu, œu→ vre à oeuvre, la foi à la charité, aux aumônes, &c. mais alliance à alliance; & qu'ainfi la queftion n'eft pas, fçavoir, fi on doit étre juftifié par la vertu de la foi oppofée aux autres vertus; mais fi on doit étre juftifié par l'alliance de grace & de Jefus-Chrift oppofée à celle de Moyfe. Par confequent le fens de ces paroles, nous fommes justifiez par foi fans les œuvres de la lei, doit étre, nous fommes juftifiez par l'Evangile & par l'alliance de grace, & non par l'alliance des œuvres, qui eft celle de Moyfe.

**Car fi l'heritage eft de la loi, il n'eft plus par la promeffe. Voici encore l'état de la queftion, fçavoir fi l'heritage eternel fe doit aquerir par l'alliance légale, ou par la promeffe, c'est à dire, par cette alliance qui avoit été promife à Abraham en JefusChrift. *** A quoi fert donc la loi? elle a été * vers. 17. ** verf. 18. ***verf. 19.

ajoûtée à caufe des tranfgreffions. A quoi fert cette œconomie legale de Moyfe, fi ce n'eft point par elle que les hommes doivent étre juftifiez? C'étoit donc là la queftion, fi les hommes devoient étre justifiez par l'alliance, & par l'œconomie legale.

* Si la loi avoit été donnée pour pouvoir vivifier, vrayement la justice feroit de la loi. Voici encore precifement l'état de la queftion. Sçavoir fi l'alliance legale avoit été destinée à vivifier, à donner la grace & la gloire. L'Apôtre le nie, & foûtient que la juftice & le falut n'eft pas de l'alliance Mofaique. C'étoit donc cela dont il s'agifloit entre les Pharifiens & lui.

** Or devant que la foi vint, nous étions gardez fous la loi, &c. & ainfi la loi a été nôtre pedagogue pour nous amener à JesusChrift. On ne fçauroit nier qu'ici la loi ne fignifie toute l'œconomie Mofaïque. Mais que fait-elle ici cette œconomie Mofaïque? C'eft qu'on accufoit l'Apôtre Saint Paul de faire la loi de Moyfe de nul ufage. Il répond que cela n'eft pas vrai, que l'ufage de cette alliance n'étoit pas de juftifier, que cependant elle n'étoit pas fans ufage, puifqu'elle fervoit à nous amener à Jesus-Christ. A quoi bon cela, s'il ne s'agit que de fçavoir feulement fi lajuftification dépend uniquement de la foi, & non des autres, bonnes œuvres ?

*verf.21. ** verf.23.

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*

L'Apôtre en parlant de ces faux Apôtres qui feduifoieut les Galates, dit, Ils font jaloux de vous, mais non pas de bonne forte, mais ils vous veulent exclurre, afin que vous foyez jaloux d'eux. C'étoient indubitablement ces faux Docteurs dont il eft parlé dans le chapitre quinziéme des Actes, qui étoient jaloux de la gloire de Saint Paul, & de ce grand nombre de convertis qu'il avoit fait, & qui vouloient lui arracher fes Difciples. Que vouloient perfuader ces faux Apôtres ? Saint Paul le fait connoître dans ces paroles qui fuivent, ** Dites-moi, vous qui voulez étre fous la loi, n'oyez-vous pas la loi. C'étoit donc là leur but de ramener les hommes fous la loi: de leur perfuader que fans la loi on ne pouvoit étre fauvé. C'étoit donc auffi ce que Saint Paul leur difputoit, & c'étoit l'état de leur controverfe; & non, fi on devoit étre juftifié par la vertu de la foi, ou par les autres vertus. Voici donc déja deux chofes que je croitres-certaines & tres-évidentes. 1. La premiere que les adverfaires de Saint Paul font les Juifs, zelateurs de la loi. 2. La feconde que la queftion qui s'agitoit entr'eux étoit precifement, fçayoir fi pour étre fauvé, il étoit néceffaire de joindre l'obfervation de la loi Mofaïque à la foi en Jefus-Chrift: ou autrement fi le falut & la juftification fe devoient obtenir par l'alliance de Moyfe, ou par l'Evangile de Jefus*Chap. 4. 17.** verf. 21.

Chrift. C'eft une verité qu'on ne combatra pas long-tems: on aura beau s'agiter, on en viendra là quoi qu'on faffe. Car c'est une de ces chofes qui font d'une évidence à n'y pouvoir refifter. Il faut gagner le terrain pied aprés pied. Voilà deux pieds que nous avons gagnés. L'un nous eft un dégré pour monter à l'autre. Car fi les adverfaires que Saint Paul combat font les zelateurs de la loi, il n'a puavoir d'autre controverfe avec eux, que celle qui regardoit l'efficace des alliances en general, oppofées l'une à l'autre. Et ces deux pieds gagnez, nous en feront gagner un troifiéme, & nous apprendrons en quel fens il faut prendre le terme de juftifier dans la difpute de Saint Paul; fic'eft uniquement dans le fens du barreau, ou dans un fens mixte, qui enferme' & la remiffion des pechez, & la fantification. L'un des grands crimes qu'on fait au petit livret, c'eft d'avoir pris le dernier parti, & d'enfeigner que la juftification fignifie toute la juftice Evangelique.

Premierement, l'auteur du livret dit làdeffus, que quand il feroit maître & fouverain arbitre de la deftinée & de la fignification des termes, il n'y changeroit rien à cet égard, il trouve fort bon que dans l'école on ait diftingué la juftification de la fanctification. I croit qu'on ne sçauroit s'exprimer avec trop de diftinétion & d'exaAtitude. Il eft même perfuadé qu'on ne cauroit commodement traitter cette ma

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