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tiere fans parler ainfi, parce qu'il y a des chofes qui font attribuées, & qui conviennent à la juftification, lefquelles ne conviennent pas à la fanctification. Par exemple, il croit que les temporaires, ont une espece de fanctification, vera non ficta, comme l'appelle Saint Auguftin: Mais qu'ils ne font point du tout participans de la juftification & de l'adoption, parce que fe font des dons de Dieu fans repentance, & qui ne fe revoquent jamais. Il eft fouvent non feulement permis, mais neceffaire pour la clarté des difputes, ou de faire de nouveaux termes, ou de prendre les termes de l'Ecriture dans un fens nouveau: Les mots d'hypoftafe, ou de perfonne, de Sacrement, de Trinité, en font foi. Ainfi l'auteur en parlant de la juftification, 'n'en parle jamais qu'au fens du barreau, & n'a nullement deffein d'introduire un autre ufage.

Secondement, l'auteur dit qu'il ne fçait pas, dequoi l'on s'avife de lui faire une grande affaire fur la fignification d'un mot, puifque dans le fonds il convient abfolument de la chofe. Ce n'a jamais été la coûtume de ceux qui cherchent la paix & la verité. Sur tout dans l'affaire dont il s'agit tous les Theologiens Proteftans fe font declarés & ont dit qu'ils ne vouloient point fonder le procés qu'on fait à l'Eglife Romaine ni à nul autre fur un mot. Nous ne fommes pas, difoit, Chemnice, fibrouillons

*fi ennemis de la concorde que nous vouluffions chercher matiere à querelle dans des mots, quand dans le fonds en convient de la chofe. Car encore que la plupart du tems les Peres prenent le mot de juftifier pour le re nouvellement par lequel les oeuvres de juftice font produites en nous par le Saint Esprit, nous ne leur faifons pas un procés, quand ils enfeignent bien commodement felon l'Ecriture, comment l'homme eft reconcilié à Dieu, reçoit la remission des pechés, & eft reçû à la vie eternelle.

Il eft bon d'obferver en paffant ce que dit Chemnice, c'eft que les Peres Latins ont toûjours pris dans leurs écrits le mot de juftificare, dans le fens de fon origine felon la grammaire pour juftum facere, faire jufte, particulierement c'est l'ufage perpetuel de Saint Auguftin. Il n'eft donc pas raifonnable de faire procés aux modernes fur la fignification d'un mot pris dans le même fens où l'ont pris les anciens.

En troifiéme lieu l'auteur prie les honneftes gens de fe fouvenir, qu'on n'a point fait le procés à ceux d'entre les Proteftans, qui ont pris ce mot de juftifier pour faire & rendre jufte. Ainfi là pris Martinus Borrheus autrefois Profeffeur en Theologie dans l'univerfité de Bâle. **Saint Paul, dit

In exam. Conc. Trid. de juftificat.
Gomment. in Genefim cap. 15.

il, fur l'affaire de nôtre juftification, quand il dit ceux qu'il a juftifiés il les a auffi glorifiés comprend toutes les chofes qui regardent nôtre reconciliation avec Dieu, & celles qui font neceffaires pour le renouvellement lequel nous rend propres à obtenir la gloire : comme font la foi, la justice, Jesus-Chrift, & le don de la justice qui nous eft conferée par Fefus Chrift, par lequel nous fommes renouvellés pour accomplir la juftification que la Loi demande. Pareillement nous voulons aussi entendre par ce terme, tout ce qui eft neceffaire pour recouvrer la justice & l'innocence.

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En

*

tre les Proteftans de la Confeffion d'Aufbourg, Brentius tres-celebre Theologien à pris les mots de juftifier & de juftification dans ce fens tout le monde en tombe d'accord & perfonne ne lui en fait un procés. Au contraire Gerard fait fon Apologie. Fan'advienne, dit-il, que pour cela nous le foupçonnions de favorifer l'erreur des Papiftes touchant la juftification. A caufe qu'il à pris le terme de juftification dans fon fens le plus étendu en fuivant la compofition Latine

du mot.

En quatriéme lieu l'auteur fouhaite qu'on fe fouvienne que les plus equitables, & peut-être les plus éclairés des Docteurs Reformés, avoüent que le mot de juftifier dans les écrits de Saint Paul, & dans la dif

*Gerard. Loc. Theol. Tom. 3. num. 245.

pute même de la juftification, fe prend quelquefois pour rendre juftes, & non pour declarer juftes. Zanchius dans fon commentaire fur l'Epître aux Ephefiens, chap. 2. v.4. dans le lieu commun de la juftifica-` tion joint au commentaire, aprés avoir donné au mot de juftifier la fignification de déclarer juftes & d'abfoudre, adjoûte. L'autre fignification du mot eft que l'homme d'injuste eft rendu jufte; comme être fanctifié c'eft de profane être rendu Saint. Et c'est en ce fens que Saint Paul l'a pris quand il a dit, telles chofes étiés vous autrefois, mais vous en avés été lavés, vous en avés été fanctifiés, vous en avés été justifiés au nom de nôtre Seigneur Jesus-Chrift, par l'esprit de nôtre Dieu. Cependant ce n'eft pas là, le paffage où il y a le plus de neceffité de prendre le mot de juftifier, dans le fens de faire juftes. Antoine Thyfius, autrefois Profeffeur en Theologie à Leyden, dit la même chose. * Nous ne nions pas, qu'à cause de l'étroite liaifon la juftification ne renferme la justifi. cation, comme dans le 8. des Romains v. 30. Ceux qu'il a juftifiés il les a auffiglorifiés,

au chap. 3. de l'Epitre à Titev. 7. Dieu nous a fauvés par le lavement de regeneration & durenouvellement du Saint Efprit, lequel il a répandu abondamment fur nous par Jefus

Synopfis &c. Profeffor Leyd.difput. 33. Thef- 3:

Chrift nôtre Sauveur, afin qu'étant juftifiés par fa grace,ncus foyons heritiers felon l'efperance de la vie eternelle. Theodore de Beze fur ce dernier paffage de l'Epître à Tite. dans fes grandes notes, dit auffi: Je prends le mot de juftification dans un fens large, en forte qu'il comprend tout ce que nous recevons par Fefus Chrift, tant par imputation, que par l'efficace de l'efprit qui nous fanctifie. A fin que vous foyés parfaits: c'est à dire parfaits entiers en lui. C'eft auffi en ce fens que fe prend ce mot dans le verfet 30. du chap. 8. de l'Epitre aux Romains. Chamier en traittant cette matiere disoit, nous ne fommes pas affés peu fçavans dans la fignification des termes pour ignorer, ni affés chicaneurs pour nier que les termes de fanctification & de juftification font échange de leurs fignifica tions. Nous fçavons bien auffi que les Saints font principalement ainfi appellés, parce qu'ils recoivent la remiffion de leurs pechés par Jefus Chrift. Enfin Calvin lui même dans fes Commentaires fur les Epitres aux Romains & à Tite, avouë qu'il n'y a nul inconvenient à donner au terme de juftifier la fignification de rendre jufte, dans les paffages du 8. chap. v. 30. de l'Epître aux Romains, & dans celui du 3. chap. de l'Epître àTite v. 7. A cecije fouhaite qu'on adjoûte les paffages cités dans le livret de l'ouverture de l'Epitre aux Romains, où le mot de ju#ifier ne fe peut prendreau fens du barreau;

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