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comme celui de Daniel, ceux qui en auront juftifié plufieurs reluiront comme des étoilles. Celui de l'Ecclefiaftique, n'attens point à la mort à étra juftifié, & celui de l'Apocalypfe, que celui qui eft jufte foit juftifié de plus en plus. Et fur tout cela je fouhaite qu'on faffe reflexion; s'il eft jufte de faire une affaire à une moderne, d'avoir donné au mot de juftifier, un fens qui de l'aveu de tout le monde fe rencontre quelquefois dans l'Ecriture; un fens dont on avoue que S. Paul s'eft fervi en divers endroits fur la matiere de la justification, un fens enfin qui eft celui de tous les Peres Latins..

La derniere chofe que j'ay à dire là-deffus, c'eft que de quelque fentiment qu'ayent été les Theologiens anciens & modernes fur la fignification du mot de juftifier dans les difputes de Saint Paul, je ne sçaurois lui donner un autre fens que celui que lui donne l'auteur de l'ouverture de l'Epître aux Romains. Et je penfe qu'ayant démontré que le veritable état de la queftion étoit, fçavoir fi les hommes étoient ou devoient être fauvés par l'alliance Mofaïque, ou par P'alliance de Jefus Chrift, il n'eft plus poffible de lui donner un autre fens. Car quoi s'agiffoit-il fimplement entre les Pharifiens, & Saint Paul du moyen par lequel on peutêtre declaré jufte devant Dieu; & de la voye par laquelle on pouvoit recevoir la remiffon des pechés? Les Pharifiens ne croyo

yent pas quafi avoir besoin de remiffion des pechés tant ils étoient enflés de la haute opinion de leur justice. Ainfi ce n'étoit pas de cela dont principalement ils difputoient, ils cherchoient en quoi confistoit la vraie juftice qui eft agreable à Dieu fi c'est dans l'obeïffance à la Loi Mofaïque ou dans l'obeïffance à la Loi de Jefus Chrift. Nous avons trouvé l'état de la question dans ces paroles du quinziéme des actes, fi vous n'étes circoncis, & fi vous n'observés la Loi, vous ne pouvés être fauvés. Les termes fauver & juftifier, font ici entierement équivalens. C'est pourquoi comme pour être fauvé il faut l'une & l'autre, & la remiffion des pechés & le renouvellement par la grace, je ne comprens pas comment on peut nier que le terme de juftifier dans la veüe de Saint Paul ne r'enferme, & la remiffion des pechés, & la regeneration. Et c'est pourquoi dans le paffage de l'Epître à Tite, qui a plufieurs fois été cité ci-deffus, la juftification eft attribuée au Saint Efprit, & elle eft confondue avec la regeneration. Je ne comprens pas non plus comment on peut nier que le mot de juftice, que Saint Paul employe prefque toûjours dans l'Epître aux Romains pour la juftification, ne fignifie toute la justice Evangelique. L'auteur de l'ouverture en a cité deux paffages. Chap. 1.17. La justice de Dieu ferevele tout à plein de foi en foi. Chap. 3. 21. La justice de Dien

&c.

eft manifeftée fans loi, &c. verf. 22. voire la juftice de Dieu qui eft par la foi en Jefus Chrift, envers tous & fur tous les croyans. En voici encore d'autres, chap. 4. 3. Abraham a cru & il lui a été alloué à justice. Chap. 5. 17. Beaucoup plûtôt ceux qui recoivent l'abondance de grace, & du don de juftice regneront en vie par un feul. Verf. 18. Par une feule juftice nous juftifiant le don eft venu für tous les hommes. Chap. 8.4. Afin que la justice de la loi fût accomplie en nous. Chap. 10. 3. Ne connoiffant point la justice de Dieu, cherchant d'établir leur propre juftice, ils ne fe font point rangés à la justice de Dieu. Verf. 6. Mais la justice qui eft par la foi dit ainfi, ne dis point en ton cœur, verf. 10. De cur on croit à juftice. Gal. 3. v. 21. Sila loi eût été donnée pour vivifier la juftice feroit de la loi. Qui peut nier,dis-je, que dans tous ces paffages la juftice, ne fignifie toute cette juftice evangelique & falutaire de laquelle les hommes font mis en poffeffion par l'alliance de grace? Qui peut nier que par cette juftice ne foit entendu precifement, ce que l'Apôtre defigne par celui de juftification? Si donc par le mot dejuftice, eft entendue toute la justice evangelique, il eft clair qu'il faudra r'enfermer auffi toute eette juftice fous le nom de juftification, puifque ce font deux termes fynonymes dans la Theologie de Saint Paul. tainement la justice evangelique & falutaire

Or cer

de l'alliance de grace comprend ces deux parties, & la remiffion des pechés & le renouvellement fpirituel.

Dans ce dernier paffage cité de l'Epître aux Galates, fi la loi eût été donnée pour vivifier, la juftice feroit de la loi, quelqu'un peut-il ne pas fentir que vivifier fignifie juftifier, & que c'eft comme fi l'Apôtre avoit dit, fi la loi eût été donnée pour juftifier, la juftification feroit de la Lei. Si vivifier & juftifier dans la Theologie de l'Apôtre font la même chofe, il faut bien que la juftification comprene la regeneration. Car c'eft proprement ce que fignifie le terme de vivi fier. Je n'ay plus rien à adjoûter aux preu ves que l'auteur de l'ouverture, &c. a produites pour prouver le vrai fens du mot de juftifier. Je pretends que ce qu'il en a dit, & ce qu'on vient de dire met la chofe dans une telle evidence qu'aucun efprit n'y refiftera, quand il voudra écouter la verité fans confulter les prejugés que donne une longue habitude à croire autrement.

Il faut prefentement voir quel eft le fens du terme de foi dans la difpute de Saint Paul; D'un confentement fort unanime, tous les Interpretes veulent que cela fignifie & l'habitude & les actes de la vertu chrétienne, qui eft ainfi nommée. Mais l'Auteur de l'Ouverture, pretend que par là Saint Paul entend l'objet de cette vertu, c'eft à dire, l'Evangile & l'alliance de grace; fans exclurre

& fincere.

pourtant, mais au contraire en r'enfermant & l'habitude & les actes de cette vertu chrétienne, qu'on appelle foi. Car fon fens eft que nous fommes juftifiez par la foi. C'est à dire, par l'alliance de grace, prefentée par Jefus-Chrift, & embraffée par une foi pure La verité a cela de commode, c'eft qu'elle fe foûtient par tout, & c'est là fon principal caractere. Nôtre explication de l'Epître aux Romains a 'cet avantage, si l'on nous accorde un feul point qu'on ne fçauroit nous refufer, nous avons tout le refte: fi on nous avoue que les adverfaires contre lefquels Saint Paul difpute, font les Juifs zelateurs de la loi : il faut qu'on nous avouë que l'état de la queftion étoit, fçavoir fi pour étre fauvé, il faloit obferver la loi de Moyfe, ou s'en tenir fimplement à la loi de Jefus-Chrift. Si l'on nous avoue que c'étoit là l'état de la queftion; on ne fçauroit plus raisonnablement nous nier que juftifier, dans cette difpute, ne foit mettre en poffeffion de toute la juftice Evangelique, tant imputée qu'inherente. Et fi on nous avoue ces trois chofes, il ne fera pas poffible de nier que la foi ne fignifie toute l'alliance de grace. Car ce n'étoit nullement une queftion entre les zelateurs de la loi & les Apôtres, fçavoir fi l'homme étoit juftifié par l'acte de la foi, ou par les actes des autres vertus chrêtiennes. Mais la question étoit, fçavoir fi l'on devoit étre justifié par

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