Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

de croire qu'on y trouve des argumens contre le facrifice de la Meffe, aufquels il n'y a pas de réponse. Si nous ne trouvions des preuves pour decider nos controyerses aujourd'hui, que dans les livres & dans les auteurs anciens qui ont écrit dans la veuë de ces mêmes controverfes, nous n'aurions aucunes preuves tirées de l'antiquité; car il est certain que nos controverfes d'aujourd'hui n'étoient point nées dans l'Eglife Apoftolique. Les Apôtres n'ont écrit nulle part en veuë d'établir l'abfence réelle contre la prefence réelle du corps de Jefus Chrift dans l'Euchariftie. Nous ne laiffons pourtant pas de trouver des preuves invincibles de cette abience réelle dans l'Ecriture. Les Ecrivains facrés écrivant dans un autre but, ont dit des chofes qui font voir des verités qu'ils n'avoient pas directement en veuë. Sur tout quand les controverfes d'alors fe font rencontrées avoir quelque rapport avec celles d'aujourd'hui, la plufpart des chofes qui ont été dites pour terminer celles-là, fervent à decider celles-ci. Par exemple ce n'étoit point une controverfe née dans le tems des Apôtres, s'il faloit obferver le carême, établir des jours de jeûnes fixés, faire confifter le jeûne en diftinction de viandes, & la plus grande partie de la Religion en obfervances externes & purement corporelles. Neantmoins nous tirons des écrits des Apôtres, des preuves tres-folides

contre ces obfervances fuperftitieuses. Nous alleguons ce que Saint Paul dit, que nul ne "vous condamne en manger & en boire, qu'il faut manger indifferemment de tout ce qui fe vend à la boucherie, que le Royaume de Dien n'eft ni viande, ni brūvage, mais justice & paix, que celui qui ne mange que des herbes n'en eft pas plus agreable au Seigneur. Qu'il ne faut avoir aucun égard à ceux qui nous difent, ne mange, ne goûte, ne touche point qui font toutes chofes periffables par l'usage. Que ce font des doctrines d'hommes qui ont feulement une apparence de fapience, de des votion volontaire d'humilité d'esprit. Que l'exercice corporel eft profitable à peu de chofe, mais que la pieté feule a les promeffes de la vie prefente, de celle qu'il eft à venir, qu'il ne faut point obferver les mois, les jours les années. On fent bien que toutes ces chofes ont été dites contre les fuperftitieux obfervateurs des ceremonies Judaïques; s'enfuit il que cela ne vaille rien pour faire le procés aux fuperftitions du Papifme?

Il y a de certaines erreurs differentes qui fe détruisent par des principes communs. Telle eft l'erreur que l'Apôtre combattoit dans les zélateurs de la Loi, touchant l'obfervation de la Loi Mofaique, & la queftion fi on pouvoit être fauvé par cette alliance, & telle eft l'erreur des juftificiaires d'aujour d'hui, qui pretendent être juftifiés & fauvés par leurs œuvres. Ces deux erreurs

font détruites par un principe commun. Et ce principe commun c'eft la juftification gratuite, & le falut gratuit par le meritede Jefus Chrift. Si nous fommes fauvés par la grace & par le merite du Seigneur Jefus Chrift, nous ne fommes plus fauvés par l'alliance legale; la raison en eft evidente. C'eft que cette œconomie dans laquelle entroit l'alliance de la nature ne faifoit & n'offroit point de grace que par rapport à Jefus Chrift. Elle difoit fais, opere, acheve, l'accompliffement de la Loi. Autrement tu feras maudit, fi tu ne perfeveres dans tous les articles de la Loi pour les faire. Ce même principe détruit auffi l'erreur des jufticiaires, car fi nous fommes fauvés fuffifamment & abondamment par la grace & par le merite de Jefus Chrift, nous n'avons plus befoin de nôtre propre merite, & du prix de nos propres œuvres. Puisque ce principe commun détruifoit, & l'erreur des anciens Pharifiens, & celle des Pharifiens modernes, quoique ces erreurs ne foient pas abfolument les mêmes, il ne faut pas s'étonner, fi nous trouvons tant de chofes dans les difputes de Saint Paul propres pour les nôtres. La verité eft que le Papifme eft un Judaïfme reffufcité, auffi bien qu'un Paganisme renouvellé, de forte qu'on n'a pu combattre le Judaïfme, fans détruire le Papiíme. Et qu'on le remarque bien,tout ce que Saint Paul a dit contre les Juifs,

nous eft aujourd'hui d'ufage contre les Papiftes Les Juifs vouloient être fauvés par l'obfervation de leur Loi. Ils avoient des merites de furérogation, des confeils de perfection, ils croioient pouvoir faire plus que la Loi n'ordonnoit, ils difmoient jufqu'aux herbes de leurs Jardins pour encherir fur le precepte des difmes. Et ils croioient que tout cela étoit de grand merite; ils faifoient confifter la religion en obfervances & en pratiques externes. C'eft precifement tout ce que fait le Papifme aujourd'hui.

*

Il est donc certain que ce changement dans l'état de la queftion, n'empêche pas que toute l'Epître aux Romains & celle aux Galates ne foient admirables pour prouver le falut gratuit, & la juftification gratuite. Par exemple ce qu'il dit, que la justice de Dieu qui eft par la foi en Jefus Chrift envers tous & fur tous les croians à été manifestée, parce que nous fommes juftifiés gratuitement par la grace d'icelui, par la redemption qui eft en Jefus Chrift. Cela eft dit dans la veuë de prouver aux zelateurs de la Loi que nous fommes fauvés, en embraffant par foi Jefus Chrift, fa Loi & fon Evangile. Mais cela en eft-il moins propre à prouver, que ce n'est nullement par le merite & par la dignité de nos œuvres que nous fommes

*Rom. 3. 21,22.

juftifiés? Quand il adjoûte, où eft donc la vantance? Elle eft bannie: cela fert à condamner les zelateurs de la Loi qui fe vantoient de leur exactitude à obferver la Loi de Moyfe dans tous fes points, & qui vouloient être juftifiés par là: mais cela n'est pas moins bon à condamner le Pharisaïsme d'aujourd'hui. Car par là Saint Paul exclut evidemment, tout ce qui pourroit donner lieu à l'homme de fe glorifier de fes forces & de fon merite; & ainfi le Pelagianifme & le Pharifaïfme du Papifme y eft condamné. Particulierement adjoutant que la vantance est bannie : non par la Loi des œuvres, mais par la Loi de la foi, il fait voir clairement que l'Evangile exclut toute vantance qu'on pourroit fonder fur fes œu

vres.

Il dit, a Nous concluons que l'homme eft justifié par foi fans les œuvres de la loi. b Nous savons que l'homme n'est point. juftifié par les œuvres de la loi, mais feulement par la foi de Fefus-Chrift. Nus avons cru en Jesus-Chrift, afin que nous fuffions justifiez par la foi de Chrift, & non point par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne fera juftifiée par les œuvres de la loi. Cela eft dit, je l'avouë, premie-. rement contre les Juifs zelateurs, qui vouloient étre fauvez par l'obfervation de leur

a Rom. 3.27. b Gal.2. 16.

« VorigeDoorgaan »