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alliance Mofaïque. Mais cela n'en eft pas moins fort pour combatre tous ceux qui voudroient étre juftifiez par le merite de leurs œuvres. Car je voudrois bien fçavoir, fi les œuvres & l'observation des commandemens dans l'œconomie Mofaïque n'ont pas la vertu de fauver; pourquoi ils l'auroient, & la devroient avoir dans une autre œconomie? L'Apôtre dit aux Galates, chap. 3. verf. 10. Tous ceux qui font des oeuvres de la loi, font fous maledition. Car il est écrit, maudit eft quiconque n'eft permanent en toutes les chofes qui font écrites au livre de la loi, pour les faire. La preuve eft folide & concluante contre les Juifs zelateurs, qui vouloient étre fauvez par l'obfervation de leur loi Mofaique. Car puifque cette loi ne promettoit la juftification qu'à ceux qui obeïroient en tout, & qu'au contraire elle prononçoit malediction fur celui qui manqueroit en un feul point; Nul homme n'étant capable d'obeir en tout, il eft clair qu'elle laiffoit reposer tous les hommes fous la malediction, & ne pouvoit juftifier perfonne. Cela eft tres-folide dans la veuë principale de Saint Paul, qui étoit de prouver, qu'on ne pouvoit étre fauvé par l'oeconomie legale. Mais cela l'eft-il moins dans l'application que nous en faifons? Et n'eft-ce pas un principe qui porte fa verité par tout, fçavoir qu'on ne peut étre juftifié & fauvé par

fes œuvres, à moins que les œuvres ne foient parfaites, & que l'homme ne foit défaillant en rien. Ainfi fous l'Evangile, comme fous la loi, tout homme qui voudra fubfifter devant Dieu par les œuvres, doit obeïr exactement à la loi, & n'ômettre aucune bonne œuvre.

vres.

Saint Paul prouve par l'exemple d'Abraham, qu'il n'a pas été juftifié par fes oeuCertes fi Abraham a été justifié par Les oeuvres, il a dequci fe vanter, mais non pas envers Dieu. Car que dit l'Ecriture; Abraham a crû à Dieu, & il lui a été alloué à juftice. Or à celui qui œuvre, le loyer ne lui eft pas alloüé pour grace, mais pour chofe deue. Il importe peu pour le but de Saint Paul, que par les oeuvres d'Abraham, il entende celles qui ont été faites avant la vocation de Dieu, ou aprés. Les premieres paroles du chapitre nous ont déterminé à croire, que cela fe doit entendre des oeuvres faites avant que Dieu l'eût appellé à fa connoiffance; parce que nous tournons ainfi ces paroles: Quoi donc ! dirons-nous que notre Pere Abraham a trouvé grace felon la chair? Et en ce sens, cela va tres-bien au but de Saint Paul, qui eft de prouver, que l'on n'eft point juftifié & fauvé, ni par la vertu de l'alliance legale, ni dans l'état de la nature. Car dans le premier chapitre de cette Epître, il avoit prouvé, que l'on n'est point juftifié dans

- l'état de la nature fans loi. Dans le fecond & le troifiéme chapre il avoit prouvé, qu'on n'eft pas juftifié fous l'alliance legale, mais uniquement par l'alliance de JefusChrift. Il prouve maintenant cela même par l'exemple d'Abraham. 1. Qu'il n'a point été juftifié par les ceuvres qu'il a faites, étant encore en la chair. 2. Ni par celles qu'il a faites dans la circoncifion; parce qu'il a été juftifié lors que la promeffe lui a été donnée, & qu'il a crû à cette promeffe; c'eft à dire, entre ces deux états, celui de la chair, & celui de la circoncifion : aprés avoir été appellé à la connoiffance de Dieu, mais long-temps devant que d'avoir receu le commandement de fe circoncire.

Si cela eft bon pour prouver ce que S. Paul avoit alors en veuë, cela ne l'eft pas moins pour prouverice quenous voulonsétablir aujourd'hui. Car fiAbraham n'a pû étre justifié par fes bonnes ceuvres faites avant fa vocation, pourquoi les hommes feroient-ils juftifiez par les bonnes œuvres qu'ils feroient avec la grace? C'eft une distinction vaine & fans fondement, que celle des Papi. ftes,qui difent, que les bonnes œuvres faites avant la grace ne meritent rien, mais qu'elles font meritoires aprés la grace. Au contraire, files bonnes œuvres pouvoient meriter, ce feroit quand elles partent de nôtre fonds, & de nos propres forces naturelles, mais quand elles viennent de la grace de

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Dieu qui les fait en nous, ou qui nous aide à les faire, il eft clair que par cela méme, elles perdent tout leur merite, par rapport à Dieu, puis qu'elles deviennent les œuvres de Dieu auffi bien que les nôtres. Ainfi ce qu'Abraham n'a pu étre juftifié par les bonnes œuvres qu'il a faites fans le fecours de la grace, prouve qu'à plus forte raifon aujourd'hui on ne fçauroit étre juftifié par des œuvres, dont tout le prix & l'effet dépend de la grace.

Cela

Mais il y a bien plus, c'eft que Saint Paub prouve qu'Abraham, même aprés la vocation celefte a été justifié par l'alliance evangelique. C'est à dire par une alliance purement gratuite; car il prouve que ce que Moyfe dit, que la foi du Patriarche lui fut imputée a justice, exclut le merite, parce que cette phrafe imputer à justice, fignifie une beatitude une juftice fans œuvres. eft bon pour l'Apôtre contre les Juifszelateurs de la loi. Car fi Abraham à été justifié gratuitement fans oeuvres, fa juftification ne doit point être attribuée à Palliance Mofaique qui est toute d'oeuvres, de preceptes & d'obfervances, tant de commandemens moraux que de ceremoniels. Mais cela même eft tres-bon contre ceux qui aujourd'hui voudroient être juftifiés par le merite de leurs œuvres. Car cette façon de parler imputer à juftice, n'a point changé de fignification depuis Saint Paud

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Alors cela fignifioit être justifié gratuite- ment fans œuvres, & c'eft la voye par laquelle encore aujourd'hui les hommes font juftifiés, fçavoir par imputation de leur foi à justice, doncils font juftifiés par pure grace, fans aucun merite de leurs œuvres.

Adjoûtés à cela que quel que foit l'état de la controverfe de Saint Paul avec fes adver→ faires, il prouve dans toute cette difpute que nous fommes fauvés par pure grace, si c'est par grace, ce n'est plus par œuvres, autrement grace n'est plus grace. Mais fi c'est par oeuvre ce n'eft plus par grace, autrement l'œuvre n'eft plus œuvre. C'eft pourquoi le mot de grace revient, fi fouvent dans cette difpute. Cela étoit entierement propre au but de l'Apôtre, pour prouver aux Juifs qu'ils ne devoient pas chercher leur falut dans l'alliance de la nature qui faifoit partie de l'œconomie de la loi : parce que cette alliance ne parle point de grace, & veut une exacte obciffance. Mais cela n'eft pas moins bon pour prouver aujourd'hui, qu'on ne peut-être fauvé & juftifié par le merite de fes œuvres. Carle merite & la grace font aujourd'hui autant irreconciliables, & autant en oppofition que jamais. C'est pourquoi un auteur moderne à bien fait d'appeller un pieux galimathias le langage de ceux qui difent, la grace de Dieu fait nos merites. Car c'eft tout de même que fi on difoit, les tenebres font la lumiere. Si c'eft

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