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grace ce n'eft plus merite, & fi c'eft merite ce n'eft plus grace. Ce font-là ce me femble les principales preuves que l'on tire de la difpute de Saint Paul contre les Pharifiens pour la juftification gratuite. Mais je ne voi pas que l'auteur de l'ouverture, les ait le moins du monde affoiblies en foûtenant que le but de Saint Paul eft de prouver,qu'on ne peut-être fauvé par l'alliance Mofaïque, mais par l'alliance de Jefus Chrift. Auiefte cette juftification gratuite eft fi clairement établie dans tous les autres écrits de S. Paul, qu'on fe pourroit paffer de la moitié des preuves fur la matiere. * Il nous a fauvés, dit-il, non point par œuvres de justice que nous euffions faites, mais felon famifericorde par le lavement de regeneration, & le renouvellement du Saint Efprit. ** Vous étes fauvés par grace, par la foi, & cela non point de vous. C'eft le don de Dieu, non point par auvres, afin que nul ne fe glorifie. C'est la même chofe qu'il avoit déja dite dans le fixiéme chapitre de l'Epître aux Romains. Les gages du peché c'est la mort, mais le don de Dieu c'eft la vie eternelle.

On ne s'eft pas contenté d'accuser l'auteur de l'ouverture, d'avoir affoibli les preuves qui établiffent la juftification gratuite fans œuvres, on pretend que lui même à ruiné cette juftification gratuite, en faisant en** Ephef. 2.8,9.

* Tite 3.5.

trer les œuvres, entre les caufes de la juftification. Cet auteur fe peut rendre le témoignage d'être l'un des plus ardens partifans de la grace purement gratuite. Non feulement le terme de merite lui eft infupportable, mais tout ce qui approche de cette idée. Cartoute fa Theologie tend uniquement à aneantir abfolument la creature devant le createur. Mais qu'a-t'il dit qui puiffe donner lieu à ce foupçon ? Il a dit ce que difent univerfellement tous les Theologiens bien fenfés. C'eft que felon l'Ecriture Sainte, la foi, la repentance, & le defir d'une nouvelle vie, font d'une abfolue & d'une égale neceffité pour recevoir la remiffion des pechés ou la juftification. Car pour ceux qu'on accufe d'enfeigner que les hommes font juftifiés de toute eternité, où méme dans le tems avant les premiers mouvemens de repentance, on leur fait grace de paffer au prés d'eux fans les toucher, & l'on n'y doit avoir aucun égard: Le moins qu'on puiffe dire de tels fentimens, `c'eft qu'ils font scandaleux. Calvin a dit, que la remiffion des pechés ne nous eft jamais accordée fans repentance. Rivet difoit; * on ne doit point croire, que l'on puisse obtenir Laremiffion des pechés avant la repentance, &c. Auffi l'actuelle remiffion des pechés n'a point été arreftée de Dieu que fous la condition

*Dialyf. Sect. 15. n. 6.

de la repentance precedente, il est donc faux, que felon nôtre doctrine la foi de la remiffion des pechés doive preceder la repentance. L'auteur de l'ouverture n'a rien voulu dire autre chose. La repentance contient ces trois mouvemens, 1. Douleur d'avoir offenfé Dieu par un principe d'amour, car nous n'admettons pas comme falutaire, l'attrition des Scholaftiques qui eft une douleur fans amour. 2. Un defir ferieux de mieux faire a l'avenir, & undeffein formé de renoncer au peché. 3. Et enfin une efperance de la mifericorde de Dieu, & de la remiffion des pechés. Là dedans il y a premierement des actes d'amour de Dieu, fecondement des actes d'humilité & d'humi liation devant Dieu : En troifiéme lieu des actes d'efperance. Or ces actes font des bonnes œuvres. Ces actes doivent prece der la juftification: donc certaines bonnes œuvres outre celle de la foi doivent preceder la juftification. Il faut étre de bien méchante humeur pour trouver à redire à cela. Mais outre la méchante humeur il faut auffi ignorer que c'eft-là le fentiment commun des Reformés. Et. afin qu'on n'en doute pas, j'aime mieux rapporter ce fentiment commun par les paroles d'autrui que par les miennes. Quand

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* Ludov. le Blanc, Thef. Theol. quomodo fides juftific. n. 30,31.

nous difons que la foi feule juftifie, nous n'entendons pas que le feul acte de la foi, precifement confideré entant qu'il eft diftingué &oppofé aux actes d'amour, d'esperance & de repentance, foit la condition que la nouvelle alliance, ou l'Evangile demande, afin que nous recevions la remiffion des pechés, Soyons abfous à cause de Jesus-Chrift. Car l'efperance du pardon, l'amour de Dieu, Love douleur d'avoir peché, le deffein d'une nou velle vie & en un mot tous les actes requis pour une veritable & ferieufe converfion, font auffi neceffaires & entierement requis comme des preallables pour eftre receu en grace de Dieu,

pour eftre regardé de lui comme justifié. Et même cette foy vive operante parcharité, Laquelle nous difons avoir feule la vertu deju ftifer, renferme en foy toutes ces choses. Et comme l'Ecriture Sainte dit fouvent que par la foy nous avons la remiffion de nos pechés ainfo elle n'enfeigne ni moins fouvent, ni moins expreffement que la repentante l'entieré con¬ verfion du pecheur a Dieu, eft une condition fans laquelle on ne peut obtenir de Dieu la remiffion des pechés, qui n'eft pas moins exigée comme devant la préced er, que la foi: enoore que cette condition ne faffe,ni ne merite la remiffion. C'est ce que fignifient les paroles de Salomon, qui cache fes pechés ne profperera point, mais qui les confeffe les delaisse rece

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vra mifericorde. a Et ce que dit Jefus-Chrift en S: Luc, fi vous ne vous amendes vous perirés tous femblablement. C'eft pourquoi S. Pierre exhorte les Juifs de cette maniere ; Repentés vous & que chacun de vous foit b baptizé au nomde Jefus-Chrift en remiffion de fes pechés. cRepentés vous vous convertiffes, afin que vos pechés foyent effacés. Je ne fçay s'il y a quelques Reformés qui vouluffent parler autrement. Au refte l'Autheur, fans efprit de politique, puis qu'il n'avoit aucun deffein de paroître en public, a pris toutes les mefures pour fe mettre à labri des foupfçons. 1. Il'avoue que la foy dans l'affaire de la juftification, a une plus grande efficace que les autres vertus Chrêtiennes, parce qu' outre qu'elle eft une condition egalement avec elle, elle a de plus l'operation d'un inftrument qui embraffe & qui applique à l'ame les promeffes de Jefus-Chrift. 2. De plus l'autheur a pris le foin de diftinguer les bonnes œuvres qui procedent de la juftice habituelle, de celles qui ne font que des effets de la grace actuelle. Et il declare que felon lui les bonnes œuvres du premier ordre, ne font pas les caufes ou les con⚫ ditions de la juftification; au contraire que c'en font les fuites ou les effets. Les bonnes œuvres qui precedent la juftification

a Luc. 13.3. b Actes 2. 38. c Actes. 3.19.

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