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font feulement les premiers movemens internes qui viennent de la grace actuelle & prevenante. Au refte ces bonnes œuvres vifibles comme les actes de pieté, de mifericorde, de mortification de foi-même, de renoncement au monde, d'au mône, &c. ne doivent point preceder la juftification, car les bonnes œuvres ne fe font que par celui qui est déja justifié. Et c'eft de ces œuvres qu'on a toûjours entendu cette celebre maxime de S. Auguftin, Bona opera non pra cedunt juftificandum, fed fequuntur justificatum. Jamais perfonne n'a voulu exclurre par là les premiers actes d'amour,def perance, d'humilité & de repentance qui doivent preceder la remiffion & la juftica-,

tion.

LES DEUX accufations precedentes ont attiré sur l'Autheur quelque foupfçon de Papifme & d'erreur Scholastique fur la juftification. En voicy une troifieme qui le fait tomber dans le foupfçon de Pelagianifme & d'Arminianifme, c'eft qu'il a dit que les mots d'élection, d'élus & d'elire dans l'écriture,ne fignifient pas le decret eternel par lequel Dieu a choifi avant tous les temps certains hommes de la maffe du genre humain, pour leur donner la grace & la gloire; par oppofition au refte des hommes qu'il a reprouvés. Sur tout, on s'eft fcandalizé de ce qu'il dit,que ce n'eft pas de l'election eternelle dont il eft parlé dans le neufiéme cha

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pitre de cette Epiftre.

Premierement il declare là-deffus commeil a déja fait fur le mot de juftifier & de juftification qu'il n'a pas deffein de rien changer dans l'ufage des termes de l'école Chrêtienne & reformée. Il trouve fort bon que l'élection fignifie un decret eternel de Dieu pour le falut de fes enfans, opposé à cet acte que nous appellons reprobation,s'il avoit à écrire fur la matiere, il ne parleroit pas autrement. Pour fe rendre intelligible il faut parler felon l'ufage, or les difputes de l'école ont leur ufage auffi bien que le langage du monde. De plus il eft certain qu'il n'y a aucune espece d'abus dans cet ufage, & qu'il eft tres-commode d'appeller election,le decret eternel de Dieu fait pour le falut des fideles.

Mais pour des termes & pour la fignification quon attache aux termes, il ne faut faire procés à perfonne, moyennant qu'on foit d'accord de la chofe. En voici une preuve bien evidente dans la même matiere. C'eft qu'il n'y a rien fi different que les fignifications qu'on attache a ces mots de Predeftinez,de Predeftination, d'élire & d'élection dans les écoles: Quelques uns prennent le mot de Predeftination pour destination de la grace: les autres pour la deftination de la gloire: les autres veulent que la predeftination ne fe prene que pour le bien, les autres l'eftendent au mal, & veulent que

a

la predeftination fe dife des elus& des reprouves: que ce foit ce decret eternel par lequel Dieu à choisi les uns & reprouvé les autres. C'est là le fens auquel l'a pris S. Auguftin; c'eft l'ufage de tous ceux qui s'appellent fes difciples dans l'Eglife Romaine: c'est l'ufage enfin de la pluspart des Theologiens Reformés,& même du Synode de Dordrecht.Il eft. pourtant evident & certain, que jamais le mot de predeftination ne fe trouve pris en mauvaife part pour la reprobation, dans l'écriture. Ce n'eft donc pas toujours un crime de prendre dans l'école des termes autrement que dans l'écriture. De même l'Election, les uns entendent par là le choix que Dieu a fait de certains hommes pour leur donner la gloire. Les autres ne fignifient par ce terme que le decret de donner la grace. Je croy que ni les uns ni les autres n'ont pas pretendu déterminer precisement en quel fens l'écriture prend les mots de predeftination, & d'election. Seulement ils ont attaché aux termes, l'ufage qui leur paroiffoit le plus commode dans la difpute. 11 ne s'agit donc pas du fonds de la question car l'autheur de la question fouftient avec au tant de precifion qu'aucun autre, que Dieu de toute eternité a fait un decret purement gratuit, fans previfion d'oeuvres pour procurer le falut a une partie du genre hu➡

main.

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Je fouhaite qu'on obferve en fecond lieu

qu'on ne fait aucun prejudice à l'Ecriture, non plus qu'à l'analogie de la foy,en fouftenant que l'Election dans fon ftyle fignifie le choix gratuit & libre que Dieu fait dans le temps de certaines perfonnes, pour leur donner la grace & les conduire à la gloire.

Parce qu'il fuffit à l'Ecriture d'avoir un terme ou deux pour fignifier le decret eternel fait pour le falut des hommes, elle a celuy de proorismos, predefinition, ou predeftination. Elle a celuy de prothefis, propofition, deffein, intention. N'est ce pas affez; & que luy fert d'avoir encore dans le même fens & pour même chofe le mot ecloge, election? Non feulement on ne fait pas de tort à l'Ecriture en donnant au mot d'Election le fens que luy donne l'Autheur de l'ouverture, on luy fait du bien. On luy donne un terme qu'elle n'auroit pas fans cela & qui luy eft absolument neceffaire Qu'on me dife un peu comment elle appelle, l'execution de ce decret eternel par lequel Dieu avoit ordonné avant tous les temps de donner la foy & la grace a fes enfans. Elle ne l'appelle point juftification, comme on pourroit pretendre. La juftification n'est point l'acte par lequel Dieu fepare l'élû du reprouvé: Ĉar elle ne vient qu'aprés la feparation. Dieu premierement fepare l'élû du reprouvé par le don de la foy & de la grace prevenante, & puis il le justifie. On dira peut être que cela s'appelle vocation.

Je l'avoue, l'Apôtre S. Paul appelle ainfi quelquefois cet acte par lequel Dieu dans le temps convertit les hommes par une grace efficace. Entr'autres dans ce celebre paffage: Ceux qu'il a predeftinés illes a auffi ap-. pelés; ceux qu'il a appellés il les auffi juftifiés, Et ceux qu'il a juftifiés illes a auffi glorifiés. Il eft clair que cet acte qui eft entre la predeftination, & la juftification ne peut-être que celuy de la converfion par la grace efficace. Mais premierement cet mot eft equivoque, & par confequent il en faut un autre qui foit propre. Les mots d'appeller, de vocation peuvent auffi bien fignifier une vocation generale, inefficace & fans converfion, comme une vocation, qui fait la converfion. Et en effet, c'eft en ce fens qu'il fe prend prefque toufiours, comme, il y a beaucoup d'appellés mais peu d'élus. On fent bien qu'icy le mot appellés ne fignifie qu'une Vocation inefficace. Et c'eft pourquoi quand l'Apôtre s'en fert, il y ajoufte ordinairement, felon le propos arrefté, appellés Selon le propos arrefté. C'est à dire felon le decret de predeftination. Secondement, ce mot ne met dans l'efpritqu'une action externe, appeller, ne fignifie qu'une invitation fimple, & de là les Pelagiens pourroient bien prendre avantage pour leur dogme, & dire que la converfion fe fait par voye de pure invitation & de fimple perfuafion. Enfin le terme de vocation n'exprime pas affés la fouveraine liberté, & ce caractere de

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