Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

de croire à fa parole. Sous l'un & l'autre égard, la foi contribue à la juftification. Sous le premier égard, c'eft à dire, entant qu'elle est une main qui reçoitles promeffes, on peut dire que la foi justifie d'une maniere qui lui eft propre exclufivement aux bonnes œuvres. Mais fous le fecond égard, c'est à dire, entant qu'elle eft une œuvre, il eft certain qu'elle n'entre point dans la juftification, autrement que quelques autres bonnes œuvres. C'eft à dire, qu'elle eft une condition que Dieu demande de l'homme avant que de le juftifier. Or les autres bonnes œuvres comme font les premieres actes dela charité, l'efperance, l'humilité, la repentan ce, font des conditions qui ne font pas moins requifes que la foi pour obtenir la juftification. Selon quoi il eft clair que l'on ne peut dire que l'homme eft juftifié par foi fans les œuvres de la Loi.D'où je conclus que le fens. que l'on donne ordinairement à ces paroles de Saint Paul, a de grandes difficultez qu nous doivent obliger d'en chercher un plus

commode.

Pour le trouver il faut d'abord voir ce que fignifie dans cette difpute le terme de juftifier; chacun fçait que le mot fe prend en deux manieres. Le 1.eft le fens du barreau, dans lequel fens le mot de juftifier fignifie déclarer jufte ou abfoudre. Il faut tomber d'accord qu'il fe prend en ce fens dans beaucoup de paffages de l'Ecriture, par exemplè

au fixiéme verset du Pfeaume cinquante & un. La Vulgate a tourné ut justificeris in verbis tuis; il eft clair qu'ici le mot de juftificeris, fe prend pour être déclaré jufte. Ainfi au dixiéme chapitre de Saint Luc verfet 29. il nous eft parlé d'un Docteur de la Loi qui fe voulant justifier dit à Jefus,& qui eft mon prochain? Au 16. chapitre verset 15. Jefus difoit aux Pharifiens, C'est vous qui vous juftifiez vous-mêmes devant les hommes. Au dixfeptiéme des Proverbes verf. 15. Salomon dit, que celui qui juftifie le méchant

condamne le jufte, font également en abomination à l'Eternel. Au douziéme chapitre de l'Evangile de Saint Matthieu verset 37. Par tes paroles tu feras juftifié, & par tes paroles tu feras condamné Au feptiéme chapitre du Livre de Job, Comment l'homme mortel fe juftifiera-t'il envers le Dieufort,&c. & au verfet 20. du méme chapitre, si je me justifie, ma propre bouche me condamnera. Ileft clair que dans tous ces palages, le terme de juftifier fe prend au fens du barreau, mais il y a plufieurs autres paffages oùce terme ne fe peut prendre en ce fens. Par exemple, au douziéme chapitre de la Prophetie de Daniel verfet 3. il eft dit, que ceux qui en auront justifié plusieurs, réluiront comme des étoilles. Nous avons tourné qui en auront amené plufieurs à justice, mais la Vulgate Latine fuit l'Hebreu en cet endroit, qui juftificant multos. Audixhui

tiéme chapitre de l'Ecclefiaftique, verfet 22. nous lifons felon la Vulgate, Ne expectes ufque ad mortem juftificari, ce que nous avons touné, n'attend point d'être homme de bien jufqu'à la mort. ¡Au vingt-deuxième chapitre de l'Apocalypfe verfet 11. que celui qui eft jufte fe juftifie encore, celui qui eft faint, foit encore fantifié. Pour peu que l'on aitd'équité,il eft impoffible de ne pas avoüer que le mot de juftifier ne fignifie point en ces endroits abfoudre, mais qu'il fignifie plûtôt rendre jufte, devenir jufte, & paffer d'un état de damnation à un état de falut & de grace. Maintenant il s'agit de fçavoir dans lequel de ces deux fens on le doit prendre dans cette difpute de la juftification. Je ne trouve pas que le premier fens foit commode felon les intentions de Saint Paul & le but de toute la difpute; Ainfi felon mon fentiment le terme de juftifier dans cette dispute fignifie transporter de l'état de nature, qui eft un état de condamnation, à l'état de falut & de grace. Or comme l'état de falut & de grace ne confifte pas fimplement dans l'abfolution que nous appellons remiffion des pechez, mais auffi dans l'infufion des qualitez & des difpofitions requifes pour être fauvez, il eft clair que le terme de juftifier doit comprendre l'un & l'autre, c'est à dire, la remiffion des pechez & la communication des difpofitions internes & inherentes.

Or que ce terme de justifier fe doive prendre ici pour tranfporter les hommes de l'état de nature & de damnation à celui de falut & de grace, cela eft clair ce me femble, 1. parce que l'état de la controverfe le demande abfolument. Il s'agiffoit entre Saint Paul & les Pharifiens contre lefquels il difpute, de fçavoir par quelle Alliance les hommes étoient tranfportez de l'état de la nature corrompue à celui de la nature rétablie. L'un & l'autre parti tomboit d'accord que les Payens étoient dans l'état de damnation, mais les zelateurs de la Loy foûtenoient que de cet état de panagifme pour paffer dans l'état de grace, il faloit fubir le joug de la Loi & entrer dans l'Alliance Mofaïque. Saint Paul au contraire foûtenoit que les Payens pour être mis en état de falut, devoient entrer dans l'alliance de grace. Selon cela il eft clair que le mot de juftifier & celui d'entrer en état de falut & de grace font des termes d'une même fignification. Or être mis en état de falut ou en état de grace, comprend ces deux chofes, c'eft à dire, la remiffion des péchez & l'infufion des qualitez. inherentes, puis qu'un homme ne peut être en état de grace s'il n'a l'un & l'autre.

2. Il eft à remarquer que le terme de ju ftification dans la difpute de Saint Paul comprend & fignifie toute la juftice evangelique, c'eft à dire, toute cette juftice qui eft communiquée par la vertu de l'Alliance de

grace. Cela eft clair parce que dans le ftile de l'Apôtre Saint Paul, le mot de justice & celui de juftification font deux termes Synonimes. Par exemple il dit au Chap. 1. v. 16. & 17. Je ne prens pas à bonte l'Evangile de Chrift, parce que c'eft la puiffance de Dieu falutaire à tout croyant, car en lui ferévele tout à plein la justice de Dieu de foi en foi. Ici la juftice de Dieu ne fignifie pas fa justice vangereffe, c'eft la juftice evangelique, ou le moyen par lequel Dieu communique aux hommes fa juftice falutaire, & le fens eft que dans l'Evangile Dieu revele & fait connoître le moyen par lequel il veut juftifier & fauver les hommes. "Ainfi dans le 3. Chap. de la même Epître v. 21. & 22. Maintenant la juftice de Dieu est manifeftée fans Loi, étant à elle rendu témoignage par la Loi & par les Prophetes, voire la justice de Dieu qui eft par la foi en Jefus Chrift envers tous & fur tous les croyans. Il eft clair que dans ces paroles la juftice de Dieu fignifie encore la juftice evangelique & la juftification. Si donc la juftice de Dieu ou la juftice evangelique fignifie la même chofe que la juftification, puifque cette juftice evangelique comprend & la remiffion des péchez, & l'infufion des qualitez inherentes, il eft evident que le mot de juftification qui eft fynonyme, doit auffi comprendre ces deux chofés.

3. Il faut remarquer auffi que l'Apôtre

« VorigeDoorgaan »