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mis de l'Evangile. Mais cependant, c'eft la nation bien aimée, quant à l'élection, à caufe des Peres. C'est à dire, à caufe du choix que Dieu a fait de leurs Peres pour être fon peuple. Precifement au fens que Saint Paul difoit: Le Dieu de ce peuple Ifraël à élu nos Peres, & a hauffé ce peuple du tems qu'ils demeuroient au pais d'Egypte. Je ne croi pas qu'il y ait perfonne qui trouve de la neceffité a interpreter ce dernier paffage d'une élection eternelle. Et par confequent il n'y en pas non plus d'interpreter le paffage precedent d'une autre élection que celle que Dieu a faite dans le tems de la famille des Patriarches. Il y a encore un endroit dans l'Epître au Romains, où il est parlé d'élus. C'eft dans les falutations du chap. 16. v. 13. Salués Rufus élu au Seigneur. Elu pourroit bien fignifier là, precieux & excellent, comme en plufieurs autres lieux. Mais fi l'on veut y laiffer le fens de choix & de feparation, cela ne peut fignifier une feparation faite dés l'eternité, c'eft un tiltre de même fignification que celui qui eft donné à Perfide dans le verfet precedent, falués Perfide la bien aimée. Au même fens Saint Jean addreffe une Lettre à la Dame élue. C'est à dire excellente, bien aimée de Dieu, à laquelle il a donné des ons qui la diftinguent & la feparent du

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Dans l'Epître aux Ephefiens, nous trou vons ce paffage qui femble avoir determiné les Theologiens à prendre l'élection pour un decret eternel. Chap. 1. 4. Selon qu'il nous avoit élus en lui devant la fondation du monde. Je pourrois me contenter de ce qui en a été dit dans l'ouverture, mais fi on ne veut pas cela, je confens fort volontiers qu'ici l'élection, fignifie le decret de l'életion. Mais pourquoi? Parce que ce terme qui ne fignifie pas cela naturellement est determiné à cette fignification, parce qui eft adjoûté devant la fondation du monde. Le mot de créer ne fignifie point naturellement un decret eternel: Mais cependant fi le Saint Efprit difoit, comme il le pourroit bien dire, que Dieu nous a creés à bonnes œuvres dés devant la fondation du monde, il faudroit par le terme de créer entendre un decret eternel: & celà à caufe de l'addition, devant la fondation du monde.

Dans l'Epître aux Coloffiens Saint Paul dit, chap. 2. v. 12. Soyés donc comme élus de Dieu, Saints bien aimés, reveftus des entrailles de mifericorde. Il n'y a perfonne qui ne fente qu'il n'eft nullement befoin de remonter jufqu'à l'eternité pour bien expli quer ce paffage. Et que le fens eft bien entier, fi on le paraphrafe ainfi, foyés donc comme gens à qui Dieu a donné fa grace, & qu'il a feparés du commun des hommes par l'efprit de converfion, Saints & bien-aimés,

&c. Ou plûtôt ces trois termes, élus, Saints & bien-aimés. Sont trois termes Synonymes, qui fignifient la même chofe fous trois idées differentes. Elus, parce qu'il

vous à feparés du refte des hommes: Saints, parce qu'ils vous à feparés des autres, en vous donnant la vraye fainteté : Bien-aimés, parce qu'en ce faitant il vous à donné une marque de fon amour infini.

*

Saint Paul dit aux Theffaloniciens, qu'il fçait leur élection. Sçachans Freres, bien-aimés, vôtre élection, car nôtre predication de l'Evangile, n'a point été entre vous feulement en parole, mais auffi en vertu. Croit-on que l'Apôtre monte ici, jufqu'au decret de la predeftination, & qu'il ait deffein de dire, que les Theffaloniciens font du nombre des predeftinés? En verité il eft beaucoup plus naturel de dire, que Saint Paul étoit affuré que les Theffaloniciens avoient reçû cet efprit de grace & d'adoption, qui fepare les fideles predeftinés de ceux qui ne le font pas. Je sçai vôtre élection. Je fçai que vous étes veritablement convertis, car notre predication entre vous a été pleine de vertu & d'efficace.

L'Apôtre dans la premiere à Timothée parle d'Anges élus, chap. 5. 21. Je t'adjure devant Dieu le Seigneur Jefus Chrift les Anges élus. C'est à dire les Anges.con

* 1 Theff. 1.4.

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firmés en grace par cette élection que Dieu en fit dans le tems de la revolte des demons. Cela fuffit fans remonter à l'éternité. Il eft à remarquer que l'élection en matière de falut, fignifie toûjours un choix purement gratuit, fans merite & fans aucune caufe de la part de la creature. Je remarque cela en cet endroit, afin qu'on voye que la perfeve rance des bons Anges ne fut point un fruit de leur liberté feulement, mais du choix & du don de Dieu. Dans la feconde Epître au même Timothée l'Apôtre dit, chap. 2. 10. pour cette caufe fouffre-je toutes chofes pour l'amour des élus, afin qu'eux auffiobtiennent le falut qui eft en Jefus Chrift, avec la gloire eternelle. Il eft clair qu'il n'y a non plus ici aucune raifon d'ôter au mot d'élus, fa fignification naturelle pour lui en donner une étrangere, Saint Paul dit, qu'il fouffre pour l'amour des élus, c'est à dire pour l'edification de ceux que Dieu avoit appellés efficacement & convertis au Chriftianif

me.

Dans le premier verfet de l'Epitre à Tite l'Apôtre dit: Paul ferviteur de Dieu & Apôtre de Jefus Chrift, felon la foi des élus & la connoiffance de la verité qui eft felon pieté. La foi n'appartient pas toûjours en propre aux élus, c'eft à dire aux predestinés. Car il y a bien des predeftinés qui n'ont pas encore la foi, ou parce qu'ils ne font pas encore nés, ou parce qu'ils ne font pas encore

convertis. Mais la foi appartient proprement aux élus en nôtre fens, c'eft à dire à ceux que Dieu a choifis actuellement & separés de la corruption du monde par une grace efficace. La foi n'appartient qu'à eux, & elle leur appartient toûjours & neceffairement. Ainfi c'eft leur proprium quarto modo.

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Abfolument dans le même fens, Saint Pierre écrivant aux fideles efpars, leur dit,. aux étrangers qui étes efpars, &c. Elus-felon la providence de Dieu le Pere, en fančtifiction a'efprit à l'obeiffance, &c. Nous voions ici a providence, c'eft à dire le decret eternel de Dieu. Les fideles font, élus felon la providence, felon le decret eternel. Cela eft violent, fi par élire on entend auffi un decret eternel: élu dés l'eternité par le decret eternel. Mais il n'eft rien de plus naturel, que d'entendre qu'ils ont été choifis dans le tems, & feparés des incredules felon le decret eternel de la providence de Dieu. Dans le fecond chapitre Saint Pierre cite ces paroles d'Efaye, verf6. Voici je mets en Sion la maiftreffe pierre du coin, elenë precieufe. Perfonne n'a de difficulté là-deffus, & ne va chercher là dedans un decret eternel. Car il eft clair, que cela fignifie une pierre choisie, excellente precieufe. Il n'y a pas de doute, que

1 Pierre 1.2.

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