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ver aucune preuve pour leur hypothefe; Parce que cela ne fignifie plus que Dieu choififfe les hommes d'une maffe qui eft dans fa previfion; mais d'une maffe qui eft actuellement devant fes yeux. Et par confequent qui n'eft pas fimplement creabilis, mais, actu creata, lapfa & exiftens.

Il ne refte que deux accufations contre l'ouverture de l'Epitre aux Romains qui font plûtôt deux coups tirés en l'air, que deux objections bien formées. La premiere de ces deux dernieres accufations c'eft que cette nouvelle explication ruine tous les commentaires, les rend inutiles, & même ridicules. A Dieu ne plaife qu'on ait eu la moindre intention de rendre inutiles les travaux de tous les grands hommes qui ont travaillé fur cet Epître. Eft-ce donc que l'on n'a rien entendu, fi l'on n'a tout entendu? où font le commentateurs qui ayent rencontré par tout? Et apres tout je voudrois bien fçavoir quel mal fait aux commentaires la nouvelle lumiere qu'on verfe fur cette Epître? Cela empêche-t-il que les commentateurs n'ayent fort bien rencontré quand ils ont dit que dans le premier chapitre S. Paul travaille a y convaincre les Gentils tels qu'ils font fous la condamnation de la mort eternelle, & qu'ils ne fçauroyent eftre fauvés qu'en embrassant Jefus-Chrift & fon Evangile? les commentateurs font en dispute entr'eux scavoir fi

dés le commencement du fecond chapitre il commence à parler aux Juifs, ou s'il continue à parler aux gentils. Mais quoy qu'il en foit tous les interpretes conviennent qu'il continue à convaincre & le Juif & le Grec, qu'ils ne fçauroyent être juftifiés que par Jefus-Chrift & par la foy en fon Evangile. L'ouverture touche-t'elle à cela & le contre-dit elle?

Dans le troifiéme chapitre les commentateurs ont vû, que l'Apôtre continue à preffer le Juif par fa propre Loi, qu'il ne peut-être juftifié, ni fauvé par la Loi de Moife & par leurs œuvres. L'ouverture v'at'elle contre ce fentiment? Le quatrié"ine chapitre prouve par un exemple ce que les trois precedens avoient prouvé par raifon & par autorité, c'eft que l'homme n'eft pas juftifié par les œuvres faites fous la nature & fous la Loi, l'exemple que Saint Paul apporte, c'est celui d'Abraham. Je ne comprens pas comment on fait tort là-deffus aux autres commentateurs; car les lumieres qu'ils ont apportées' là-deffus demeurent dans leur entier furtout on a fuivi celle de feu de Launai. Le cinquiéme chapitre contient une antithefe de la maniere dont la juftice de Jefus Chrift fe répand fur les fideles, & de la maniere dont le peché d'Adam fe répand fur fes enfans. Il n'y a point de commentateur qui n'ait écrit fur ce chapitre dans cette veüe, & on ne s'est en rien

écarté des pensées des plus habiles & des plus celebres. On a vu dans ce feptiéme chapitre, comme les plus habiles interpretes, fur tout des modernes, une vive defcription de l'homme fous la Loi, qui connoît fon devoir, & qui ne le fçauroit faire, parce que les forces lui manquent. Et au contraire dans le huitiéme, on voit tous les mouvemens de l'homme fous la grace, & qui n'eft plus fous la Loi; on ne pretend pas avoir donné fur tout cela de nouvelles lumieres, ni rendre tous les commentaires inutiles. Les trois chapitres fuivans parlent de la rejection des Juifs, de leur incredulité & de leur rappel. Il y a dans ces chapitres des difficultés & de grands embarras. On a profité des travaux des autres Theologiens, où ils ont paru courts on a effayé d'y fubvenir par quelques conjectures. Mais on convient du fonds & de la plupart des chofes avec eux. Eft-ce là rendre leurs travaux inutiles?

Ah! mais, dit-on, c'eft aneantir tous leurs travaux que de fuppofer qu'ils n'ont pas entendu l'état de la controverfe. Je répons que quand-il feroit vrai, qu'ils n'auroient pas tout à fait bien penetré dans l'état de la controverfe, leurs travaux ne feroient pas inutiles pour cela. Ils peuvent avoir bien entendu chacune des pieces de cette Epître, & n'avoir pas tout à fait bien compris la liaifon qu'elles ont entr'elles. Mais

de plus je nie qu'abfolument parlant ils n'ayent pas bien entendu la controverfe. Car dans le fonds ce que dit l'ouverture, & ce que difent les autres interpretes revient à la même chofe. Tous conviennent que Saint Paul combattoit les Pharifiens jufticiaires; tous par les œuvres de la Loi, entendent les œuvres que la loi commandoit tant morales que ceremonielles. Tous foûtiennent que Saint Paul veut prouver qu'on ne pouvoit être juftifié par l'obfervation de ces œuvres que la loi commandoit. Et l'ouverture dit qu'il veut prouver, que l'on ne peut-être juftifié par l'alliance legale, autrement par la Loi de Moyfe. Pour moi je ne voi pas cette grande difference qui peut-être entre ces deux états de la queftion, entre les œuvres de la Loi de Moyfe, & la Loi de Moyfe qui confiftoit en œuvres, & en obfervation de preceptes tant ceremoniels que moraux.

Enfin pour derniere accufation on dit que l'ouverture ruine toute l'œconomie de l'Epiftre aux Romains. Ceux qui difent cela ne fçavent ce que c'eft que l'economie d'un ouvrage. Ruiner l'economie d'un livre ou d'une difpute, c'eft en feparer toutes fes parties, en arracher l'ordre, la methode & les liaifons & les obfcurcir de telles manieres qu'on ne les voit plus. Or je laisse à juger à tous les connoiffeurs fi l'ouverture fait cela à l'égard de l'Epiftre aux Romains.

Aucontraire on peut dire qu'elle découvre la methode de cette Epiftre. Et au lieu que la plus part des gens n'y voyent que confufion, elle fait voir qu'il ne fut jamais fait d'écrit plus methodique. Car il eft precifement selon l'ordre de ceux qui écrivent au jourd'huy avec le plus de methode. L'ouverture fait voir que S. Paul d'abord pofe & prouve fa thefe, fçavoir que l'homme ne peut étre juftifié ni par l'alliance de la nature, ni par l'oeconomie de lalloy mofaïque. C'est ce qu'il fait par raifons& par authorités dans les trois premiers chapitres. La bonne methode veut qu'aprés avoir prouvé une verité par des preuves de droit, on la prouve par des preuves de fait. C'eft auffi ce que fait S. Paul dans lequatriéme chapitre; ou dans l'exemple d'Abraham il trouve des preuves de fait, qu'on ne fçauroit létre juftifié autrement que par l'Evangile, & non par l'alliance de la nature ou par la loy de Moyfe. Enfin la methode la plus exacte veut qu'aprés avoir prouvé une verité, on réponde à toutes les difficultés qu'on peut faire à l'encontre. C'eft precisement ce que fait S. Paul felon l'ouverture. Car dans tous les chapitres fuivans, depuis le cinquiéme inclufivement jufqu'au douzième, il répond à cinq grandes difficultés que l'on faifoit contre cette these. L'homme eft juftifié gratuitement par l'Evangile & par la foy en Fefus-Chrift. L'ouverture découvre ces difficultés & fait voir

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